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20 juin 2022 1 20 /06 /juin /2022 10:37

Stefan Orins (piano), Christophe Hache (contrebasse), Peter Orins (batterie)

Tourcoing, 11 octobre 2021

Circum-Disc CIDI2201 / www.allumesdujazz.com

https://www.circum-disc.com/stefan-orins-trio-october-11/

 

Enregistré en concert à l’Hospice d’Havré dans le cadre du Tourcoing Jazz festival, ce disque résonne de multiples échos. Le concert a lieu 25 ans après l’enregistrement de la première maquette du trio. Avec aussi un autre symbole : l’un des thèmes est dédié au philosophe bouddhiste Daisaku Ikeda, arrivé en France exactement 60 ans plus tôt, le 11 octobre 1961. Le répertoire emprunte à différentes périodes, et différents disques, du trio. Avec aussi un inédit inspiré par l’Inde, où le pianiste à effectué des tournées avec un autre groupe. Mais il serait sans doute vain de projeter ces tropismes comme grille de lecture, ou plutôt d’écoute. Reste dans ce trio une intensité, une intériorité qui envahissent la musique et la font exploser en une foule d’instants privilégiés. Cela commence souvent par une ligne sinueuse, jouée par l’un des instruments, puis le paysage s’anime en de multiples détours, dialogues, tensions ou résolutions apaisées, comme une sorte d’épiphanie, surgissement d’un éclat de beauté singulière. Je suis constamment surpris, et touché, par ce cheminement collectif, interactif, qui toujours se résout dans l’évidence d’une forme. Décidément, ce trio est d’une qualité, et d’une inspiration, rares. Bien des programmateurs de festivals devraient prendre la peine d’y tendre vraiment l’oreille. Mais la fureur du temps, hélas, tend à noyer les pépites dans le flot des urgences autoproclamées. Reste aux amateurs que nous sommes à savourer ces instants musicaux pour ce qu’ils ont d’exceptionnel.

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur Youtube 

 

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17 juin 2022 5 17 /06 /juin /2022 08:38
John Corbett    IMPROVISATION   MANUEL LIBRE D’ECOUTE

John Corbett

IMPROVISATION MANUEL LIBRE D’ECOUTE

Edition LENKA LENTE

www.lenkalente.com

Improvisation libre : Manuel d'écoute de John Corbett / Editions Lenka lente

 

C’est le livre que j’attendais, que j’espérais inconsciemment. Il vient de paraître aux éditions Lenka Lente, maison que l’on vous recommande chaudement aux Dernières Nouvelles du Jazz. Son auteur, John Corbett est écrivain, critique, directeur d’un label qui a réédité des pointures du free jazz, et il est traduit de façon impeccable par Ludovic Florin. Son titre est en soi un programme, sans ambiguïté : Improvisation Manuel libre d’écoute. Corbett s’adresse à tous ceux qui aiment écouter et voir de la musique, partager le temps et l’espace du concert avec les musiciens, tout en naviguant dans la complexité des modes, des manières et des styles. C’est un bréviaire, un viatique, le mode d’emploi pour comprendre et apprécier ce que l’on appelle l’improvisation ( à ne pas confondre avec l’abréviation “impro” pratiquée couramment au théâtre en particulier).

Si vous êtes néophyte ou amateur peu éclairé, ce manuel très pratique que l’on peut emporter partout, vous donnera les clés du royaume de cette musique performative qui bouscule la temporalité, les idées reçues, une nouvelle façon de penser le son, l’espace, l’expérience temporelle et l’interaction personnelle.

Mais si vous étiez comme moi intéressée, étonnée à chaque fois, mais jamais fondamentalement convaincue, vous comprendrez d’où venaient vos réticences, vos objections. C’est le premier pas vers la l’appropriation et la connaissance, "cercle vertueux qui chasse l'ennui".

Avec un sens pédagogique affirmé que pourraient lui envier nombre d’enseignants, Corbett, non sans humour, use dans une première partie de métaphores triviales mais parfaitement accessibles pour définir les fondamentaux. En tentant une synthèse, on commence par se débarrasser des principaux obstacles comme le rythme, la durée, l’identification (qui joue quoi et comment), puis on se concentre sur la dynamique des interactions, le coeur du système et tout cela en temps réel, cet éternel présent  idéalisé. Parvenu à ce stade, on peut passer alors aux techniques avancées,  attentif au point de glisser vers d’autres voies d’audition.

 

Plus délicat, comment distinguer l’improvisation libre de l’improvisation structurée, du free Jazz ou même de la noise? Et aussi de ce que l’on nomme Polyfree, forme hybride entre improvisation et composition dont Steve Lacy a dessiné les contours pour sortir du piège de la routine. Intégrer des éléments prédéterminés pour permettre à la musique libre de ne pas l’être. “Eviter la cosmétique”, pour ne pas dénaturer cette pratique et rendre la musique inintéressante. 

Corbett conseille de choisir de façon tout à fait décomplexée, après avoir écouté les différents types de jeu, les musiciens qui vous correspondent.

Ajoutons pour finir une présentation claire, des jeux de typographie faciles à suivre, des photos des principaux artistes avec, en couverture le grand Evan Parker. Une bibliographie sélective, une liste des 20 premiers albums, plus les références de Polyfree, soit une liste de survie à emporter sur l’île déserte.

Que demander de plus? N’hésitez plus, suivez mon conseil, procurez-vous ce livre...

Sophie Chambon

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14 juin 2022 2 14 /06 /juin /2022 20:53

    Ludivine Issambourg (flûtes), Nicolas Derand (claviers), Timothée Robert (basse), Julien Sérié (batterie) et en invités Théo Ceccaldi (violon), Ellinoa (voix), et Dj Green (scratch).
Loops Production/L’autre distribution.
Paru le 20 mai.

    Voilà dix ans que Ludivine Issambourg mène le groupe Antiloops, devenu une référence dans l’univers électro jazz. Flutiste précoce –premiers pas avec l’instrument à 6 ans et premier enregistrement à 14 ans dans un big band de sa région natale, la Normandie- l’artiste voit dès lors ses qualités reconnues, notamment par un trophée du Sunset, révélateur des jeunes talents.

 

    Mariant jazz, hip-hop et funk, la musique qu'elle développe avec ses trois acolytes, Timothée Robert (basse), Julien Sérié (batterie) et Nicolas Derand (claviers), se révèle planante, envoûtante, entêtante. Nous sommes (bien) loin des exercices en boucles hypertrophiés assourdissants avec force décibels qui ont droit de cité sur les plages estivales à toute heure du jour (et surtout de la nuit). La sensibilité est au rendez-vous avec Ludivine Issambourg avec des accents qui évoquent l’univers de Steve Reich ou de Philip Glass.

    Après un album en solo remarqué en 2020 consacré au légendaire flutiste texan Hubert Laws (Outlaws), « Supernova », disque co-signé avec Nicolas Derand, vient confirmer la voix originale de Ludivine Issambourg, propre à rassembler les fans de jazz et autres musiques improvisées contemporaines.
 

Jean-Louis Lemarchand.

 

Concerts prévus :

 

Le 15 juin au New Morning (75010),
Le 18 juin, le Normandy, St Lô (50),
Le 10 juillet St Omer (62),
Le 29 juillet Juan les Pins (06),
Le 16 août, Parfum de Jazz, Montbrun-Les-Bains (26),
Le 24 août  Festival les Jazzitudes, Lisieux (14),
Le 8 septembre, Festival Volcans de Nuits, Nuits-Saint-    Georges (21).

 

©photo X. (D.R.)

 

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13 juin 2022 1 13 /06 /juin /2022 14:57
 ALL INDIANS?   IMPERIAL QUARTET

ALL INDIANS ?    IMPERIAL QUARTET

Damien Sabatier (sax alto, sopranino), Gérald Chevillon (sax ténor), Joachim Florent (contrebasse), Adrien Leymarie (batterie). 

Compagnie Imperial/ Inouïe Distribution

https://compagnieimperial.com

"White Keys" - Nouveau clip ! - Compagnie Impérial (compagnieimperial.com)

 

Le site de la Compagnie Impérial regroupe plusieurs formations Impérial, l’Imperial quartet des origines créé en 2003, GRIO (Grand Impérial Orchestra), Pulsar pour l’Afrique, et Imperial Orphéon.

Impérial quartet qui nous intéresse aujourd’hui avec la sortie de cet ALL INDIANS ? est identifiable par le son du groupe : un trio de musiciens qui se rencontrèrent dans la Compagnie Tous Dehors, Gérard Chevillon, Damien Sabatier et Antonin Leymarie, un saxophoniste pluriel à deux têtes et un batteur hyper actif ( Supernatural Orchestra, TTPKC, Wild Mimi). Joachim Florent, le contrebassiste est arrivé plus tard, du collectif COAX (l’expérimental RadiationX), Métal-O-Phone, Jean-Louis.

On comprend ainsi d’où vient le goût d‘une musique populaire et décalée.Si leurs concerts sont festifs, cette musique est aussi très accrocheuse en disque. On est au bal, mais à un bal moderne qui fait voir du pays, cherche l’aventure, aimant le métissage pas sage, les folklores réels ou imaginaires, à l’ombre de l’ARFI, le plus vieux collectif de jazz en Rhône Alpes qui a nourri tant d’aventures collectives. Le quartet puise des musiques glanées dans un espace ouvert aux quatre vents et au monde.

Ce quatrième album est un retour à quelque chose de plus essentiel, une formation resserrée, un quartet jazz où Joachim Florent quitte la basse électrique pour reprendre la contrebasse.Tous les quatre rêvaient d’aller dans le grand sud des Etats-Unis, à la Nouvelle Orleans, fantasmant pas mal sur ce territoire exotique dont la culture et la musique ne peuvent que fasciner. Ils ont donc construit leur répertoire autour d' un voyage pour l’instant impossible, imaginant comment le groupe pourrait sonner là-bas.

Huit compos où l’imaginaire a pleinement fonctionné, tout en puisant très sérieusement dans ce creuset musical d’influences et de styles créolisés : acadien, antillais, cajun, Zydeco (d’abord appelé dans les années trente “Zarico” qui mixe jazz, swing et R&B), Marching bands, Black Indians. S’ils ne sont que quatre, leur énergie est telle qu’ils peuvent aisément faire penser à un brass band néo-orléanais. Dès le premier titre, “Procession”, on se croirait au milieu de jazz funerals, ou de célébrations des Second lines. Les quatre cherchent en utilisant couleurs et timbres différents à démultiplier sons et effets, à construire et déconstruire. Virevoltant dans la rigueur et tiraillés entre diverses polarités, les musiciens cultivent un goût du paradoxe, puisque leur musique ne fait pas croire longtemps à la légèreté d’un divertissement.

Avec une stricte répartition des rôles, ils nous entraînent dans leur sillage, avec des rythmes très soutenus, une énergie folle mais constamment canalisée. Ainsi Rouge baton” est un morceau attachant dès les élucubrations suraiguës du sopranino contrebalancées par une basse très chantante. Mais cela vire vite à autre chose, grand fest noz avec binious déchaînés ou stridences de free... Animés de ce goût du risque, ces quatre là vont (bien) ensemble, les nuances, la danse, le rythme sont au rendez vous. Assurément, ils ne manquent pas d’air, de ce souffle joyeux qui fait vibrer l’ensemble avec ces ruptures et changements de rythme constants, cette justesse qui requalifie à chaque virage le son. Etonnant “White keys” à l’ambiance foutraque que traduit le clip sur le site de leur Compagnie Imperial. Indian’s first” est le triomphe d’une batterie survoltée, hypnotique jusque dans le tempo plutôt vif qu’elle impose. Moins dansant assurément mais tout aussi captivant, le rythme à l’état pur, les soufflants se font plus discrets, moins effervescents et free sonnants.Aïe Coco” démarre comme un rock avec une basse tellurique et des klaxons de sax puis s'ajuste à un traditionnel avec des citations décontractées, chantantes, empruntées à James “Sugar Boy” Crawford, musicien de Rythm&Blues, figure du carnaval de New Orleans,que l'on aperçoit dans la mythique série Treme de David Simon.

Plus apaisé est ce “Chant du matin” qui clôt l’album, le tempo restant soutenu, où se détache un chant plus mélancolique à l’unisson des sax, d’une douceur exquise en contraste avec la vivacité générale de l’album plutôt chahuteur. Cet ALL Indians? des plus savoureux confirme une impression de dérèglement raisonné au service d'une musique drôle,déjantée, baroque. Vivante en un mot !

 

Sophie Chambon

 

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11 juin 2022 6 11 /06 /juin /2022 17:40
ÔTRIUM   QUENTIN GHOMARI Trio

ÔTRIUM QUENTIN GHOMARI

Quentin Ghomari (tp), Yoni Zelnik (cb), Antoine Paganotti (dms)

NeuKlang Future

Sortie le 10 juin 2022

ÔTRIUM - Striptyque - YouTube

 

Quentin Ghomari? C’est le trompettiste que l’on a entendu dans de multiples formations, toutes fort appréciées, le ludique Papanosh, le vibrant Big Four de Julien Soro, les formidables ensembles Grand Schwab, la Ping Machine de Fred Maurin avant qu’il ne prenne la direction de l’ONJ… le collectif Pégazz & l'Hélicon ou encore, et ce n’est pas le moins mémorable, dans le duo poétique Gonam City avec le pianiste Marc Benham... Le trompettiste revient avec un nouveau trio et un album de compositions originales, ÔTRIUM, contraction maligne entre trio et “otium”, ce fameux loisir que les Romains opposaient à "Neg-otium", le commerce. Le plaisir commence dès la pochette dessinée ( Claire Detallante), des bols qui s’animent dans un univers cartoonesque, à la Lewis Carroll.

Du loisir forcément, pendant un "temps libre mais imposé", ce temps suspendu, obligé du confinement qui résulta en de nombreuses projets, plus restreints mais non moins créatifs. Une certaine vacance mais utilement employée quand il s’agit de composer avec un trio (trompette-batterie-contrebasse) intéressant par son instrumentation, soulignant les échanges féconds entre des musiciens doués qui s'autorisent à pousser assez loin leurs recherches. On ressent constamment une énergie frémissante au sein de leurs conversations, une suite de questions-réponses où chacun prend la parole, se sachant compris dans cet engagement complice, ces impros sous tension.

Neuf compositions, des petites pièces alertes mais sans précipitation excessive, souvent lyriques: elle mettent en valeur le jeu plein, charnu, sans vibrato du leader selon une ligne mélodique pure qu’il tient sans trop d’effets. Des mélodies qui sinuent, serpentent (“Kenny and Jim”), du petit solo bruitiste de l’intro “Knock, Knock” qui frappe à notre imaginaire au “Scratched disk”, référence au crissement d’un 33T qui tourne sans fin quand on ne se relève pas pour changer le disque… Si la trompette peut exulter et se forcer un passage dans les aigus, elle est aussi délicate dans le titre éponyme qui vient à point, à la mitan de l'album, plus méditatif, élégiaque.

La rythmique tient parfaitement son rôle, elle sait brosser tout un arrière-pays propice à l'envol du soliste :  le contrebassiste Yoni Zelnik est impérial dans ses interventions ( "Kenny and Jim") que l’on capte avec précision. Gardien du tempo, il sait  donner cette pulsation essentielle, doté d'un sens métronomique pour régler la cadence. Le batteur Antoine Paganotti est le troisième homme, vif, précis, bondissant quand il le faut, réactif et subtil aux balais, décisif aux baguettes. Le trompettiste qui s’adosse à pareil duo rythmique peut  oser toutes les variations dans l’instant, en un élan spontané, jamais à bout de souffle.

La musique du trio, jamais hybride, fait advenir des expressivités individuelles qui se fondent dans le collectif. Le montage est réussi, les titres alternent les climats, les compositions sont d’une longueur parfaite, sans baisse de régime pour l’auditeur. Un album au charme persistant d’un bout à l’autre, intelligent et raffiné qui se déguste pour qui sait prendre le temps, les “Babillages”(qui n’en sont pas vraiment) sont exquis. Le final plus que réussi, “Striptyque” marquera les esprits, entretenant un groove irrésistible, après quelques impulsions au triangle, un solo bienvenu de batterie qui ne paraît pas superflu dans l’architecture du morceau. Tout paraît parfaitement réglé, des brusques changements opérés avec maestria aux collages audacieux qui s’emboîtent dans le puzzle d'un travail d'ensemble, maîtrisé magnifiquement.

Quentin Ghomari aime différentes esthétiques, avouant suivre en cela sa référence,  Dave Douglas : peu soucieux de choisir une ligne exclusive par trop tranchante, il ne dédaigne pas de revenir aux standards, apprécie évidemment Miles-son hommage "Charms of Miles’ Skies” en dit long sur sa révérence aux ainés. Il fait entendre sa voix, parvenant en gage d’unité, à une manière de jouer d’une singulière fluidité, gracieuse sans être trop fragile. 

Sophie Chambon

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10 juin 2022 5 10 /06 /juin /2022 17:19

Noël Akchoté (guitares électrique et acoustique), Mary Halvorson (guitare électrique), Bill Frisell (guitares électriques)

Solo Akchoté : 26-27 novembre 2019

Duo Akchoté - Halvorson : Anvers, 4-5 janvier 2020

Duo Akchoté – Frisell : dans leur domiciles respectifs, août 2020

Ayler Records AYLCD-173-174 / Orkhêstra

https://ayler-records.bandcamp.com/album/loving-highsmith

 

Un double CD qui rassemble les séances d’enregistrement qui ont fourni la bande originale du film consacré à la romancière américaine Patricia Highsmith par la réalisatrice Eva Vitija.

 

Le disque 1 rassemble les titres enregistrés avec Mary Halvorson : après un solo de Noël Akchoté, ce sont 12 plages en duo destinées au film (dont un thème de Jim Hall, Careful), et aussi 13 plages issues de la session d’enregistrement avec des standards (What is This Thing Called Love ?, I Remember You, Just Friends….) et des co-compositions de la guitariste et de son partenaire. Dans toutes ces plages, ce sont autant d’échanges complices, de jeux musicaux délicats, inventifs, avec ce qu’il faut de subversions des codes (sur les standards notamment) pour que le duo, et les auditeurs, se sentent chez eux. Épatant !

 

Le disque 2 regroupe les enregistrements réalisés en compagnie de Bill Frisell. On retrouve le premier titre du CD 1, non plus en solo mais en trio, car Mary Halvorson mêle sa guitare à celle des duettistes, le tout sur un mode assez country, et des notes qui glissent hors du cadre. Puis c’est le duo Akchoté-Frisell, dans un esprit qui fait la part belle au style de l’invité. On y trouve aussi 4 prises alternatives de thèmes choisis dans une autre version pour le film. Et enfin, comme pour le duo avec Mary Halvorson, deux standards (I’m a Fool to Want You, You’ve Changed), et aussi deux mélodies médiévales signées Hildegard von Bingen, ainsi que deux compositions de Noël Akchoté (dont un très beau blues dédié à Sarah Murcia. Et ce second CD se termine par le retour du thème qui inaugurait les deux disques, cette fois en duo Akchoté-Frisell, et dans un esprit encore différent. Pour ce deuxième volume, à nouveau de délicats frissons.

Xavier Prévost

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9 juin 2022 4 09 /06 /juin /2022 22:51

Jeanne Michard (saxophone ténor), Natascha Rogers et Pedro Barrios (percussions), Maurizio Congiu (contrebasse) et Clément Simon (piano).
Studio Quaison 14-15 juillet 2021.
Parallel Records/Socadisc. Sortie le 3 juin.

    Au carrefour du jazz et des musiques latines, la saxophoniste ténor Jeanne Michard nous prend par la main pour un parcours transatlantique -ainsi que l’indique le titre de l’album- qui a pour étapes l’Amérique Latine, Cuba et New York. L’occasion de découvrir une saxophoniste ténor, tant il est peu de femmes à pratiquer cet instrument (il me vient à l’esprit dans la production récente l’américaine Nicole Glover. Strange Lands/Savant Records).

    Premier disque publié sous son nom, « Songes transatlantiques » propose uniquement des compositions d’une jeune artiste (pas encore 29 ans) qui témoigne d’une belle énergie assortie d’une sonorité veloutée. Nous voici immergés dans un univers latin des plus revigorants où se confrontent les instruments et les chœurs. Emmené par une saxophoniste qui ne baisse jamais la garde, ce quartet latin est promis à un bel avenir sur scène.

 

En concert :


    Le 17 juin au Studio de l’Ermitage (75020),


    Le 2 juillet à Angoulême pour le Respire Jazz Festival, (Abbaye de Puypéroux, 16190- Montmoreau),

 

    Le 3 juillet à Chantilly (69500) pour le TSF Jazz Festival,

 

    Le 23 juillet à Poët Laval Jazz Festival (26160).
 

Jean-Louis Lemarchand.

 

©photo X. (D.R.)

 

 

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9 juin 2022 4 09 /06 /juin /2022 11:22

Jean-Michel Pilc (piano), Rémi-Jean LeBlanc (contrebasse), Jim Doxas (batterie)

Montréal, 26 juin 2021

Justin Time JUST 275-2 / Bertus

 

Plaisir de retrouver la musique de ce pianiste superlatif, qui combine la maîtrise de l’instrument et du langage avec une liberté, une fantaisie et un goût du risque propres à réjouir les amateurs de grands trios (dont fait partie l’auteur de ces lignes). Deux sets d’une soirée au Dièse Onze, un club de Montréal, la ville où Jean-Michel Pilc enseigne depuis 2015, après vingt années de vie professionnelle dans le jazz à New York, où il s’était installé après son départ de France en 1995. Le CD restitue le premier set, et la seconde partie du concert est disponible en format numérique.

Le trio est de type équilatéral et interactif : le pianiste est en communication presque télépathique avec ses confrères canadiens, et chaque liberté prise avec le thème suscite une réaction instantanée des partenaires, un rebond, l’ébauche d’un nouvel horizon.

C’est patent dès la première plage du CD, Softly As In A Morning Sunrise : après une intro mystère, le thème s’ébauche, déjà nourri d’altérations jouissives. Et le trio joue à cache-cache autour de ce matériau familier, avec une liberté insolente. Le piano s’envole et digresse, le tandem basse-batterie assure le continuum avant de réagir à d’autres sollicitations. Parfois les deux mains du pianiste jouent simultanément des phrases qui devraient se succéder. Vertige garanti !

Au début du second set (le complément téléchargeable), Freedom Jazz Dance est déconstruit, remodelé et subverti dans un esprit ludique avec la constante complicité de Rémi-Jean LeBlanc et Jim Doxas. Il serait vain de vouloir détailler chaque titre, tant les surprises abondent, et justifieraient chaque fois une tentative, forcément pauvre et probablement vaine, de description. Jean-Michel Pilc fait partie des très rares pianistes capables d’étonner encore sur All The Things You Are (et ses amis réagissent au quart de tour!)

Sur le CD (1er set) Nardis est nimbé de mystère, et ne se dévoile qu’au fil des digressions. Et les deux thèmes signés par le pianiste (une sorte de blues dévoyé, et une sorte de rêverie mélancolique autant qu’interactive) sont encore le lieu de belles surprises. Décidément, ce disque est un pur régal !

Xavier Prévost

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On espère que les clubs et les festivals français nous offriront bientôt le plaisir de retrouver en concert ce pianiste, et ce trio

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Des avant-ouïr sur Youtube

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8 juin 2022 3 08 /06 /juin /2022 15:53

LA MARMITE INFERNALE «Humeurs et vacillements»

Mélissa Acchiardi (vibraphone), Jean-Paul Autin (saxophone sopranino, clarinette, flûte), Olivier Bost (trombone), Clémence Cognet (violon, voix), Colin Delzant (violoncelle), Jean-Marc François (objets sonores), Xavier Garcia (clavier, échantillonneur), Christophe Gauvert (contrebasse, guitare basse), Clément Gibert (saxophone alto, clarinette basse), Félix Gibert (soubassophone), Damien Grange (voix), Guillaume Grenard (trompette, euphonium), Antoine Läng (voix), Marie Nachury (voix), Thibaut Martin (batterie, métallophone), Alfred Spirli (batterie, objets sonores)

Bourg-en-Bresse, septembre 2021

ARFI AM 073 / l’autre distribution

 

Telle qu’en elle-même l’éternité la préserve du changement, la phalange orchestrale de l’ARFI nous revient avec un album pluriel : pluralité des compositeurs/trices, arrangeurs/euses, auteurs/trices des textes, globalement la plupart des membres de l’orchestre. Et c’est une fois encore un festival d’inspirations diverses et d’éclats de liberté. Dans cette démocratie réalisée qu’est la Marmite, les surprises croisent les fondamentaux, et les saillies transgressives font écho à des valeurs amoureusement cultivées en matière d’esprit collectif. C’est joyeux souvent, grave quand il le faut, plein d’idées et de fantaisie, et le collectif avance en musique, parfois surgissant d’un solo mélancolique ou d’une prosodie syncopée qui se métamorphose en explosion instrumentale. Pour avoir souvent écouté cet orchestre sur scène, depuis la génération des fondateurs jusqu’aux dernières années, je dois dire que je retrouve, intacte, cette folie collective et cette passion assumée qui n'en finissent pas de me ravir.

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Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=gd4xYryeRjU

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L’orchestre est en tournée en juin 2022 : le 12 à Mazan l’Abbaye (Ardèche), le 14 à Latour-de-France (Pyrénées-Orientales), le 15 à Simorre (Gers) et le 16 à Faux-le-Montagne (Corrèze)

 

XAVIER GARCIA - GUILLAUME GRENARD «Quidquib latet apparebit»

 

Xavier Garcia (traitement audionumérique), Guillaume Grenard (trompette)

Sathonay-Camp (Rhône), 31 août – 2 septembre 2021

ARFI Circuit Court CC 04 / Les Allumés du Jazz

Quand, au jugement dernier, le Commandeur officiera, «tout ce qui est caché apparaîtra». Dans cette musique, inspirée par les gravures de Gustave Doré pour une Bible publiée en 1868, le traitement sonore réalisé par Xavier Garcia révèle les arcanes surgis de la trompette de Guillaume Grenard. De la Vision de la vallée des os secs à la Sixième vision du prophète Daniel en passant par L’armée du Pharaon engloutie dans la Mer Rouge, ce sont autant de prétextes à comproviser, selon l’expression des deux musiciens, qui précisent que «rien n’est écrit mais tout pourrait l’être». Cela fait bien longtemps que Xavier Garcia pratique le traitement du son en temps réel, souvent sur scène, c’est ici, dans un studio de la Banlieue Lyonnaise, que s’opère la magie d’un imaginaire suscité par la musique vivante combinée à la technologie. C’est d’une sorte d’aventure sonore que nous sommes les témoins, et notre écoute active peut nous entraîner loin de nos bases sensorielles autant qu’esthétiques.

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur le site de Xavier Garcia

https://xaviergarcia.ovh/disques/disque-44-quidquid-latet-apparebit/

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7 juin 2022 2 07 /06 /juin /2022 20:56

Matthieu Marthouret (orgue), Julien Alour (trompette, bugle), Robby Marshall (saxophone ténor, clarinette basse), Thomas Delor (batterie)

Malakoff, 4-5 novembre 2021

WeSeeMusic / Absilone

 

Une instrumentation très singulière au service d’une musique qui fleure bon l’hommage au classicisme du jazz moderne. Le premier thème, Pigeon on a Chessboard, rappelle le goût de la segmentation, et cette sorte de claudication rythmique, que l’on trouvait chez Thelonious Monk. L’orgue mène la danse, mais en retrait. Les souffleurs ont la part belle, et la batterie veille constamment au rebond, à la tension, à la vie de la musique, en somme. Les cuivres et les anches ont carte blanche pour des envols expressifs, avec leur cortège de nuances et d’égarements contrôlés, et l’orgue leur donne la réplique, dans un langage qui privilégie les fines ressources sonores de l’instrument, avec sa palette de timbres, sans forcer sur les effets de masse que pourrait fournir l’instrument si l’on cédait à la facilité léguée par l’histoire. Pourtant le groove et le swing sont là, renforcés par les basses de l’orgue.

Dans Fragments, j’entends cette cursivité qui faisait merveille dans un standard comme You, and the Night, and the Music, et le thème devient tremplin pour chacun des solistes. On a aussi une version surprenante d’un Prélude de Chopin, affolé par les pleurs de la trompette en sourdine, de la clarinette basse, et de l’orgue qui, là encore, soigne le choix des registres. Je ne vais pas vous décrire le disque plage après plage, mais je dois dire que j’ai été charmé par la force et l’inventivité de ce disque, qui remet au goût du jour l’originalité surgie naguère de l’imagination de Gigi Gryce (par exemple). Hautement recommandable !

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=FYtOC6GrmMQ&feature=youtu.be

 

https://www.youtube.com/watch?v=gcEqzWTH8yo&feature=youtu.be

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Le groupe sera en concert le 10 juin, à Paris au 360° Music Factory

https://le360paris.com/evenement/davis-marthouret

et aussi le 9 juillet au Saint Omer Jaaz Festival

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