« BIRTH OF THE COOL » le film documentaire sur MILES DAVIS actuellement sur NETFLIX

Jq’imagine que comme beaucoup, en cette période de confinement, vous musardez et faites vos emplettes sur Netflix.
On ne saurait trop vous conseiller de vous ruer sur le film documentaire que la chaîne consacre à Miles Davis.
Disons-le carrément, c’est un petit bijou !
J’imagine que les experts en « milosologie » y trouveront à redire. Les parisiens ont eu eux la chance d’avoir l’eau à la bouche pour ceux en tout cas qui avaient vue cette magnifique exposition que la Cité de la Musique lui avait consacré sous la houlette de Vincent Bessière. Et d’ailleurs beaucoup de matériau qui avait servi à cette exposition s’y retrouve.
Il n’empêche, plaisir intact.
Car ce film est exceptionnel à plus d’un titre. Outre le travail biographique qui, sans prétendre à l’exhaustivité parvient néanmoins à retracer fidèlement la vie et la carrière du trompettiste, les supports documentaires sont remarquables et d’une rare beauté. Qu’il s’agisse des archives filmées ou photographiques, l’esthétique est mise en scène d’une admirable manière par Stanley Nelson, documentariste New-yorkais déjà multi « awardisé ». Un montage qui colle à la musique et au personnage de son héros.
Nelson ne fait pas que du collage d’archives mais ballade aussi son micro auprès de quelques survivants (Herbie Hancock, Ashley Khan, Frances Taylor, Carlos Santana, Jimmy Cobb etc….). Pour certains leur témoignage pourra apparaître un peu (trop) laudatif. Mais rien n’occulte non plus la face sombre de Miles ( voir celui de Frances Taylor qui fut certainement le plus grand amour de la vie de Miles).
J’avoue pour ma part avoir été particulièrement ému à voir les images et les films de l’enregistrement de Kind of Blue, comme le témoignage de la naissance du chef d’œuvre. Mais aussi (re)découvrir les clichés de Miles avec Gil Evans dans ces rares moments où l’on sent chez le trompettiste un profond sentiment de respect et de complicité.
Ce film possède une vraie force. Celle de Miles y transparaît pour ce qu’elle est. Celle d’un génie sans cesse en recherche de création.
Les derniers mots de Carlos Santana apprenant la mort de Miles sont déchirants.
Une plongée sublime dans la vie et l’œuvre de l’un des plus grands jazzmen de tous les temps.
Indispensable.
Jean-Marc Gelin