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8 novembre 2022 2 08 /11 /novembre /2022 16:51

Ellinoa (voix, composition musique et paroles), Christelle Bakhache (textes additionnels), Sophie Rodriguez (flûte), Balthazar Naturel (cor anglais, clarinette basse), Illyes Ferfera (saxophone alto), Pierre Bernier (saxophone ténor), Paco Andreo (trombone), Héloïse Lefebvre (violon I), Widad Abdessemed (violon II), Séverine Morfin (alto), Juliette Serrad (violoncelle), Matthis Pascaud (guitare), Thibault Gomez (piano), Arthur Henn (contrebasse), Gabriel Westphal & Léo Danais (batteries), Philippe Heck (son)

Ludwigsburg (Allemagne), 2020

Les Petits Cailloux du Chemin / l’autre distribution / Believe

 

Un hardi projet d’Art Total. Un thème : une fable écologique et dystopique, une sorte de conte d’anticipation. Une ambition : un spectacle immersif en 3D sonore, un diptyque vidéo et un jeu vidéo. Et pour ce CD, de la musique instrumentale et vocale, et des textes parlés. Il y est question d’une ville sinistrée, recluse et soumise à l’oppression dans laquelle la nature reprend ses droits, envahit les espaces bâtis et crée un nouvel espoir en forme de résistance. Dystopique, assurément, mais avec une lueur d’utopie.

Et la musique fait vivre toutes les étapes de cette métamorphose. Le grand orchestre, la voix d’Ellinoa, sa composition, ses orchestrations, et les improvisations des autres solistes dessinent une autre fiction, musicale, où le mouvement porte les étapes de cette aventure. Très belle écriture, intensité d’interprétation, ferveur des improvisations, puissance des mélodies et des rythmes, tout nous porte à embarquer dans ce périple de l’imaginaire. Une projet d’une très belle ambition, artistiquement aboutie. Bravo !

Xavier Prévost

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L’orchestre sera en concert le 9 novembre à Paris au Café de la Danse, en version de concert ;  en attendant une prochaine version façon ‘art total’ avec l’immersion en 3D sonore, et en images.

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Un avant-ouïr sur Facebook

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4 novembre 2022 5 04 /11 /novembre /2022 22:31

Bruno Angelini (piano, compositions), Régis Huby (violon, violon ténor, électronique), Claude Tchamitchian (contrebasse), Edward Perraud (batterie, percussions)

Pernes-les-Fontaines, 7-9 juin 2021

Label La Buissonne RJAL 397043 / PIAS

 

Le retour au disque de ce quartette, après «Instant Sharings», enregistré en 2014 (chronique ici), et «Open Land», en 2017 (chronique itou), tous deux pour ce même label. Inclassable formule instrumentale et musicale, qui procède tout à la fois de l’esprit de la musique de chambre et de l’aventure du jazz, en équilibre constant sur le fil du devenir. À l’exception d’un thème qui figurait sur le récent «Transatlantic Roots», ce sont de nouvelles compositions. Le pianiste revendique d’avoir pour ce disque avoir été inspiré par la poésie, de William Carlos Williams et ses errances à quelques autres dont j’ignorais jusqu’au nom, comme Ada Mondès ou Chandak Chattarji. C’est tout un monde de lenteur, de suspens, et d’infinies nuances, avec de soudaines saillies de lyrisme, des figures rythmiques obsédantes qui se fondent sans crier gare dans un chant qui nous happe. Une valse impromptue va nous embarquer vers un paysage plus dépouillé, plein des mystères d’instruments qui, en élargissant leurs modes de jeu, nous égarent. Inutile de préciser que cet égarement est un délice…. Et voici qu’un rythme obstiné nous emporte comme un torrent, bousculé par la batterie qui pose ses accents comme autant de météores qui ensoleillent la nuit. Une seule solution : s’abandonner au sortilège de cette musique,comme on céderait à une croyance magique ; le bonheur est au bout du chemin. Décidément Bruno Angelini, ses partenaires et leur Open Land sont comme des magiciens malicieux et bienveillants. Il suffit de succomber au charme, qui n’est pas maléfique mais magnifique !

Xavier Prévost

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Le groupe sera en concert le 11 novembre à Paris au 360 Paris Music Factory

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Des avant-ouïr sur Youtube

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3 novembre 2022 4 03 /11 /novembre /2022 09:41

ECM 2022
Jakob Bro (g), Joe Lovano (ts), Larry Grenadier et Thomas Morgan (cb), Anders Christensen (basse) Joey Baron et Jorge Rossy (dms)


 
Pour cet album qui rend hommage à Paul Motian, le guitariste danois s’est entouré d’une formation originale avec deux contrebassistes (Larry Grenadier et Thomas Morgan) et Anders Christensen à la basse et, pour un hommage à cette grande figure du label et du jazz, deux batteurs avec Joey Baron et Jorge Rossy.

S’il est très produit “ ECM” avec ce qu’il faut de silences qui disent autant que la musique, de prise de son impeccable et d’espace où règne l’écoute des musiciens entre eux, force est de constater qu’il y règne une sorte de force tranquille. Le matériau de l’album est composé de compositions de Jakob Bro et de Joe Lovano mais aussi de grandes plages d’improvisation.

Le guitariste Danois et le saxophoniste se connaissent bien et ont commencé à collaborer en 2009. En quelque sorte très complémentaires (comme peuvent l’être aujourd’hui Charles Llyod et Bill Frisell). Oui Jakob Bro et Joe Lovano se respectent et se font des délicatesses comme sur ce très subtil Song to an old friend où le saxophoniste se fait mélodiste avec finesse. Il y a aussi des moments de libre improvisation comme sur For the love of Paul où l’espace et les rôles sont équitablement partagés entre le saxophoniste et le guitariste avec pour point de jonction le rôle bien sûr dévolu à la batterie qui n’en est pas moins mélodiste.

Avec «  Once around the room » on est en plein cœur de ce jazz qui se nourrit autant des effluves harmoniques autant que des lignes mélodiques et enfin de cette liberté parfois atonale qu’ils s’autorisent.

Joe Lovano y est aussi lyrique qu’expressionniste dans cet hommage à celui qui fut pour lui un maître.

( Expressionisme : projection d’une subjectivité qui tend à déformer la réalité pour nspirer au spectateur une réaction émotionnelle)

Et cet hommage ne fait que renforcer la conviction, l’évidence que nous savions déjà, celle de l’influence énorme de Paul Motian sur le jazz d’aujourd’hui.

Jean-Marc Gelin

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2 novembre 2022 3 02 /11 /novembre /2022 16:57

ANAT COHEN : «  QUARTETinho »
Anzic records 2022

Anat Cohen (clarinet, bass clarinet), Vitor Gonçalves (piano, accordion, Rhodes),Tal Mashiach (bass, guitar), James Shipp (vibes, percussion, analog synth)


 

C’est de la douceur pure ! Luxe, calme et volupté pourrait-on dire tant cette musique sans vous bercer vraiment, vous charme et vous séduit comme un petit sourire à la dérobée.

Après avoir connu les honneurs des Grammy pour son Tentet c’est dans un format beaucoup plus intime qu’Anar Cohen s’exprime ici. Son quartet est composé de musiciens basés à New-York mais hors frontières puisqu’ils viennent des quatre coins du monde : d’Israël (Tal Mashiach), du Brésil (Vitor Gonçalves) ou encore de Big apple (James Shipp).

Vrai travail collectif, ils se font tous les quatre arrangeurs et compositeurs pour montrer une écriture subtile et raffinée d’une rare élégance. Pour ce quartet, la clarinettiste a réuni un instrumentum original à géométrie variable en s’accompagnant de compagnons de jeu, tous poly-instrumentistes, permettant ainsi de s‘envoler gracieusement et de se libérer de toute contrainte formelle. Et c’est ainsi, avec une élégante liberté que l’ensemble passe de leurs propres compositions à une version sublimée et presque symphonique du célèbre Going Home de Dvorak à l’arrangement renversant ou à l’esprit plus joyeux de la Nouvelle Orléans ( Louisiana). Le tour de force est alors de réunir avec le même charme des horizons différents qui puise autant dans la musique européenne, dans les jazz des racines, dans la musique traditionnelle que dans le brésil profond. Et tout cela avec une admirable cohérence.

L’entente des quatre se fait naturelle. Sans forcer. Dans les les chants et les contre-chants qui s’harmonisent comme du velours. Où Anat Cohen y chatoie ( ou plutôt caresse) les mélodies passant de la clarinette à la clarinette basse dans un même mouvement et où James Shipp au vibraphone y apporte toute la rondeur et la suavité sensuelle en réponse à la clarinettiste.

 

Totalement sous le charme. Conquis. Et heureux de cette très soutenable légèreté de la musique.

Jean-Marc Gelin

https://youtu.be/jcNNgCelLtM

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2 novembre 2022 3 02 /11 /novembre /2022 11:09

BAND OF DOGS

Le Triton 2022

Philippe Gleizes (dms), Jean-Philippe Morel (B, Fx), Thierry Eliez ( Fender, kybds, vc), Laurent Bardainne (ts), Emmanuel Borghi ( fd, kybd), Fabrice Martinez (tp, bg, Fx), Julien Desprez (g; fx) + Mike Ladd (vc), Claudia Solal (vc)


 

 

Tout d’abord au-delà de l’engagement que l’on retrouve chez chacun des protagonistes, il y a l’énergie. Cela veut dire une implication de tous dans ce qui se joue sur l’instant, sur le moment. Prêts à en découdre avec la musique facile et avec les airs que certains prennent pour flatter les oreilles des auditeurs passifs. Non, ici on ne triche pas, on fonce, on prend ses risques. Et ça passe ou ça casse et tant pis pour vous si vous vous faites rentrer dedans et bousculer dans de fond de vos tympans.

Ce nouveau volume, enregistré au Triton (décidemment habitué aux très bonnes productions) sur plusieurs sessions entre 2020 et 2021, cette bande de chiens ne manque pas de mordant. Tous les solistes ( quel all-stars !) sont au rendez-vous, impliqués non seulement dans la musique mais dans la compréhension de la musique. Musique libre par excellence, flirtant avec des structures complexes et des improvisations libres à la limite du free ( ah les envolées de Laurent Bardainne !). Leurs influences ? On ne va pas vous faire ce coup-là mais certainement elles doivent venir du jazz, du rock en faisant un détour par Magma (forcément Thierry Eliez !). Les univers et les climats sont en mode énervés et parfois même inquiétants.

Toujours foisonnante si ce n’est bouillonnante, la musique de Band of Dogs vient aboyer à vos fenêtres pour vous prendre au mollet et jamais ne vous lâcher. Quand on est pris….on est pris.

Pour tous ceux que le confort dérange !

Jean-Marc GELIN

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31 octobre 2022 1 31 /10 /octobre /2022 11:08
MADELEINE & SALOMON    EASTERN SPRINGS

Madeleine & Salomon Eastern Spring

 

Clotilde Rullaud (vocals and flute) Alexandre Saada ( piano, vocals) Jean Paul Gonnod Fx effects

Label Tzig'art

 

Un duo étonnant (piano voix) qui reprend des chansons pop du bassin oriental de la Méditerranée, des années soixante et soixante-dix inconnues pour la plupart d’entre nous. “Chansons d’amour, de mort, de révolte”, des thèmes simples, universels même s’ils s’inscrivent dans un espace géographique très particulier ( Israel, Egypte, Liban, Turquie, Maroc, Tunisie ).

Après un travail de sélection minutieux sur un corpus patrimonial de plus de 200 titres, pour n’en conserver que 9, le duo a opéré un travail de traduction, en anglais le plus souvent-ce qui modifie la donne. Ainsi tout naturellement, sur l’hymne de la pop iranienne “Komakon Kon”après les mots que scande avec ardeur la chanteuse, le duo a inséré des fragments du mythique “Howl”, le cri d’Allen Ginsberg, le poète de la Beat géneration. Mais ce n’est pas tout: le duo a travaillé des arrangements de ces versions originales en improvisant des fragments personnels, intitulés justement “Rhapsodies”, c’est à dire des pièces libres utilisant des effets folkloriques et souvent électroniques.

Un répertoire révolutionnaire, humaniste, inscrit dans un temps certes révolu, qui entre hélas singulièrement en résonance avec l’actualité des dernières années, l’échec des printemps arabes, d’où ce titre d’Eastern Springs. Si les langues arabes sont sensuellement poétiques, métaphoriques, jouant toujours avec la censure impitoyable dans tous ces pays, Madeleine (le second prénom de la Française Clotilde Rullaud) ne voulait pas, selon ses propres termes, coudre un "patchwork" linguistique. L'anglais domine donc, une seule chanson est en français “De l’Orient à Orion”, extraite du patrimoine tunisien. Si le duo a gardé les mélodies et leurs rapports harmonico rythmiques, il n’en demeure pas moins que cette suite est remarquable par la sobriété, la volonté de ne laisser qu’un chant épuré dès le premier titre, où sur le piano élégiaque et subtil s’élève la voix fragile sculptant les mots du poète palestinien Mahmoud Darwich (“Matar Naem” libanais du groupe Ferkat Al -Ard).

Quel effet produit cet album, une fois exposé le propos généreux et ambitieux du duo? On est assez loin du monde originel du jazz commun à tous deux. Comme s’ils avaient voulu faire un pas de côté, essayer d’adapter leur regard passionné sur le monde et ses cultures à leur façon de travailler le duo. Pourtant, il fait retour,  le duo poursuit en un sens le travail du précédent album sur les “protest songs” de chanteuses américaines de la même période. Madeleine a d'ailleurs  gardé quelques inflexions de Nina Simone, ce qui contribue à augmenter le trouble. Après quelques écoutes, certains airs deviendraient ritournelles, fredons étrangement familiers. C’est le cas avec les comptines et berceuses israéliennes, plus proches de notre sensibilité occidentale? En particulier “Ha’Yalda Hachi Yafa Ba’gan”.

La voix de Clotilde Rullaud est plus qu’attachante, grave sans être trop profonde, sur cette petite fiction égyptienne “Ma Fatsh Leah” du groupe Al Massrien, qu’entraîne un piano vif, au groove hypnotique. Ou aiguisée sur le rock anatolien "Ince Ince Bir Kar Yagar".

Alexandre Saada (dont le second prénom est Salomon, on commençait à s’en douter) chante aussi. Il n'est pas que l'accompagnateur du duo, il souligne sans effort la ligne de chant, adaptant son jeu à chaque thème, impressionniste, syncopé, uni avec sa partenaire dans une même respiration jusqu’au final libanais "Do you love me?" qui s’achève en un murmure. Parfait.

 

Sophie CHAMBON

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25 octobre 2022 2 25 /10 /octobre /2022 21:36

Rémi Dumoulin (saxophones ténor & soprano), Bruno Ruder (piano), Frédéric Chiffoleau (contrebasse), Pascal Le Gall (batterie)

Sarzeau (Morbihan), septembre 2021

Eddie Bongo EB 0011 / Inouïe Distribution

 

La ligne de démarcation suggère le débat sur la manière de désigner la transformation que font subir les jazzmen à des standards, en utilisant leurs harmonies (souvent enrichies) pour un nouveau thème auquel on donnera…. un nouveau titre. Personnellement j’ai pris depuis des décennies le parti de parler de démarquage ou - démarcage - (on enlève le titre et le thème : la marque) quand la démarcation suggère une limite géographique (la fameuse ligne que les nazis tracèrent en France occupée pour la couper en deux, en 1940). Quoi qu’il en soit, c’est bien de cela qu’il s’agit. Rémi Dumoulin et ses amis transfigurent les thèmes en reprenant leurs harmonies (et leur segmentation rythmique), comme le faisaient Lee Konitz et Warne Marsh en perpétuant le péché mignon de leur Maître Lennie Tristano (et à leur suite Mark Turner, Gary Foster….). Et c’est bien de ce vertige particulier qu’il est question : se lancer sur la structure en cherchant d’autres chemins. Rémi Dumoulin y excelle, avec une sorte de gourmandise, sérieusement épaulé par ses partenaires. Le premier titre est Licks For 1 Penny, manière de se souvenir que Tristano imagina plusieurs démarquages sur les harmonies de Pennies From Heaven…. Je vous laisse découvrir ce que pourrait dissimuler Stelly ou Friendz…. Ce disque est jouissif, plein de verve et de surprises. Une absolue réussite, une œuvre collective forgée sur une passion commune pour le jazz, et plus précisément sur un jazz d’aventure. Chapeau bas !

Xavier Prévost

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Le groupe sera en concert le 15 décembre à paris au Sunset-Sunside

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Sur Youtube la genèse de l’aventure, par Rémi Dumoulin 

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24 octobre 2022 1 24 /10 /octobre /2022 13:11


JOHN COLTRANE
Jean-Pierre JACKSON
. 208 pages. 20 euros.
Actes Sud. Paru le 19 octobre.

    Les amateurs éclairés connaissent le monument de Lewis Porter consacré à John Coltrane et disponible en France aux éditions Outre Mesure avec une traduction de Vincent Cotro (John Coltrane, sa vie, sa musique. Collection Contrepoints. 368 pages. 2007).

    Il faudra compter désormais sur l’ouvrage de Jean-Pierre Jackson, auteur dans le passé de biographies de Charlie Parker, Benny Goodman, Miles Davis et tout récemment (2019) de Keith Jarrett. Certes son livre ne prétend pas à l’exhaustivité, se présentant sous un format poche. Mais il permet d’approcher au plus près et d’appréhender le parcours du saxophoniste (ténor et soprano) né à Hamlet (Caroline du Nord le 23 septembre 1926) et décédé à New-York le 17 juillet 1967. John Coltrane, résume Jackson, incarne à la fois l’apollinien –la sérénité, la maîtrise de soi- au début de sa carrière, en admirant Johnny Hodges, puis, à partir des années 60, le dionysiaque « par la transe, le dessaisissement de soi, le rejet des formes établies ».  

 

    Au fil du récit, on découvre ainsi l’influence du pianiste Hasaan Ibn Ali (1931-1980), proche de Thelonious Monk et Elmo Hope, qui développa au début des années 50 un système qui se traduira chez Coltrane par ces fameuses « nappes de son » ou encore comment Monk, qui engagea le « jeune homme en colère » en 1957-58, « fut l’un des premiers » à lui montrer comment jouer simultanément deux ou trois notes au saxophone ténor !

 
    Parmi les temps forts de cette biographie, figurent les chapitres dédiés à deux titres majeurs dans l’œuvre de Coltrane : ‘’My Favorite Things’’, mélodie de Rodgers et Hammerstein intégrée dans une comédie musicale de Broadway, La Mélodie du Bonheur (The Sound of Music.1959) qui assurera le premier grand succès du saxophoniste en 1961 et qui, aux dires mêmes de Coltrane restera comme son « morceau préféré » ; ‘’Love Supreme’’, composition du saxophoniste, fruit d’un travail solitaire dans sa chambre cinq jours de rang en 1964 (« C’est la première fois que j’ai tout reçu de la musique que je veux enregistrer sous la forme d’une suite », confiera-t-il à son épouse, Alice) et qui stupéfiera le public du festival d’Antibes Juan les Pins le 26 juillet 1965 dans sa première interprétation publique.


D’une lecture aisée, le Coltrane de Jean-Pierre Jackson nous donne quelques clés majeures pour entrer dans l’univers d’un créateur « en quête d’un amour suprême qui par nature est musique ». A conseiller vivement.

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

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24 octobre 2022 1 24 /10 /octobre /2022 10:43

Sakina Abdou (saxophone, flûte), Raymond Boni (guitare)

Lille, 21-23 décembre 2020

Circum-Disc CIDI 2203

https://www.circum-disc.com/abdou-boni-sources/

 

Pour l’auditeur de musique improvisée que je suis, c’est comme un retour aux sources, qui fait écho à d’anciens émois musicaux éprouvés chaque fois que la rencontre est féconde. L’improvisation libre est un exercice périlleux, et il arrive (cela m’est arrivée récemment) que l’on assiste à des concerts peu convaincants. Mais avec ce duo, qui avait émergé pour l’émission d’Anne Montaron, ‘À l’improviste’, sur France Musique, et se poursuit avec ce disque, la communication s’établit dès les premiers instants, et la musique surgit, sans souci d’étiquette, de catégorie, de style, ou d’obédience. S’ils n’appartiennent pas à la même génération, la musicienne et le musicien ont manifestement en commun la maîtrise de leurs outils (instruments, mémoire, goût du risque) et la faculté de faire naître la beauté de la musique en osant le saut dans l’inconnu. Il devient de plus en plus difficile, à propos d’art en général, et de musique en particulier, d’oser parler d’inouï (surtout depuis que c’est devenu une marque commerciale pour une entreprise ferroviaire et néanmoins publique….). Et pourtant j’oserai l’adjectif. Ce disque m’a transporté vers un horizon neuf, un plaisir d’écoute qui, même s’il doit beaucoup à la somme (aujourd’hui assez considérable) des musiques (toutes sortes de musiques) que j’ai écoutées, m’a entraîné vers la fraîcheur d’une aube nouvelle, vers un horizon inexploré, franchissant une fois encore ce que le poète et peintre Bruno Capacci appelait Le balustrade du possible. Ce disque est une expérience musicale unique : on se précipite !

Xavier Prévost

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17 octobre 2022 1 17 /10 /octobre /2022 14:07

Christophe Monniot (saxophones sopranino, alto & baryton), Marc Ducret (guitares)

Lanmeur (Finistère), avril 2022

Jazzdor Series 13 / l’autre distribution

 

Deux irréductibles de la liberté et de l’audace, et deux musiciens qui se sont croisés dans leurs projets respectifs (Monio Mania, Métatonal….). En choisissant de constituer ensemble ce duo, et d’en composer les contours comme ils écrivent, improvisent et arrangent la musique, il était prévisible qu’ils nous entraîneraient loin : loin de nos bases, loin de nos réflexes d’écoute, loin de cette faculté prospective que nous avons tous, et qui nous pousse à attendre au fond ce que nous avons déjà perçu, éprouvé, aimé en écoutant tel musicien, en lisant tel écrivain, en découvrant tel film d’un cinéaste que nous aimons. Dès la première plage, ils passent d’un unisson funambule à un éclat de rock saturé, puis reviennent à des sons plus soyeux, avant de replonger dans des rythmes fracturés. C’est comme un collage, mais très composé, plein de références, de surprises, de pirouettes et d’idées, jetées à la volée et rattrapées en virtuoses, jusqu’à une coda apaisée…. en attendant le prochain éclat ! Et l’on file ainsi, de titre en titre, d’un simulacre de relecture sauvagement cubiste du Dernier Tango à Paris à des nostalgies orientales totalement resongées, en passant par des contrepoints lunaires, ou des impromptus façon pop dynamitée. Avec aussi une pièce du compositeur Michel Petrossian écrite pour eux. C’est totalement jouissif, assez déjantée, très inspiré, mené de part et d’autre avec ce mélange de maîtrise et d’abandon qui fait le Grand Art. Et je ne suis pas certain d’avoir le talent qu’il faut pour rendre compte de la totalité de ces événements musicaux qui m’ont ravi. Alors faites comme moi, plongez-vous dans ce maelström…. que j’avais trouvé génial, en concert au début de l’été dernier aux Rencontres d’Archipel en Charente, et encore maintenant à l’écoute de ce disque !

Xavier Prévost

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Le duo est en concert le 19 octobre à 18h à la Bibliothèque Nationale Universitaire de Strasbourg, puis le 22 octobre en soirée au Comptoir de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne)

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