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7 novembre 2018 3 07 /11 /novembre /2018 23:05

Philippe Sellam (saxophone alto), Guillaume Orti (saxophone alto), Laurent Dehors (saxophone ténor), François Thuillier (tuba), Laurent Blondiau (trompette), François Verly (percussions, marimba), Éric Échampard (batterie), Claude Tchamitchian (contrebasse), Andy Emler (piano, composition, direction)

Pernes-les-Fontaines, décembre 2017

La Buissonne RIAL 397032/Pias

 

Bientôt trente ans que le MegaOctet sévit en territoire musical joyeusement et savamment élaboré. Et bientôt trente ans qu'il m'étonne, et souvent m'émerveille. En décembre 2017 le groupe se retrouvait au studio de La Buissonne, pour enregistrer un répertoire déjà rôdé sur scène depuis quelques mois : le savoureux DVD Andy Emler «Au son de sa voix», concert filmé par Stéphane Jourdain en juin 2017 au Parc Floral, augmenté des commentaires d'Andy Emler sur la musique et ses musiciens, en témoigne éloquemment (lire sur ce même site la chronique de Sophie Chambon en cliquant sur ce lien

Ces nouvelles compositions sont inspirées par des réflexions sur la marche du monde, le temps un instant suspendu pour scruter ce qu'il advient de nous, entre constat lucide et espoir, malgré tout. Pas une musique à programme, rien qu'un geste d'artiste pour dire le présent, et ce qu'il contient d'avenir. Musique très collective, écrite avec cette précision qui sait aussi réserver de grand espaces à l'improvisation. Et ça tombe bien, car depuis qu'il existe cet orchestre est une phalange de solistes improvisateurs parmi les plus intensément inventifs de ces dernières décennies. Pour s'en convaincre, écouter la déferlante improvisation de François Verly au marimba sur Move out... if, et au fil des plages les dialogues des souffleurs, le méandres expressifs de Laurent Blondiau, les envolées de Laurent Dehors, Guillaume Orti et Philippe Sellam, l'aventureuse contrebasse de Claude Tchamitchian, l'agilité funambule de François Thuillier et les ébouriffants contrastes d'Éric Échampard, sans parler des relances et autres digressions d'Andy Emler au piano. Bref, même sur disque, c'est de la musique TRÈS vivante ! À vérifier aussi sur scène le 9 novembre 2018 au Triton, près de la Mairie des Lilas.

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?1&v=m45U0b9Xup4

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5 novembre 2018 1 05 /11 /novembre /2018 18:04

Eric Le Lann (trompette), Paul Lay (piano).

Studio de Meudon, mars 2018. Gazebo/ l’autre distribution

 

Voilà un bien bel exemple de cette complicité qui fait fi de l’état-civil et illustre l’esprit jazz. Eric Le Lann remporta en 1982 le prix Django Reinhardt de l’Académie du Jazz, Paul Lay en 2015. Le pianiste fit connaissance du trompettiste dans le quartet que ce dernier animait, formé également de Sylvain Romano, basse et Donald Kontomanou, batterie (Life on Mars. Moods Recordings.2015). A l’occasion d’une tournée au Maroc, ils jouèrent en duo. L’album aujourd’hui dans les bacs reflète cette harmonie sur un répertoire ancien (et toujours actuel) des années 30, celui interprété par Louis Armstrong. Le choix est apparu comme une évidence pour Eric Le Lann qui découvrit la trompette à l'écoute des 78 tours de Satchmo tirés de la collection d’un père trompettiste amateur. Quant à Paul Lay, il était, nous rappelle dans le livret Laurent de Wilde, producteur de l’album, « fasciné par Jelly Roll Morton et Earl Hines dont il a longtemps étudié le jeu ». Sur de telles bases, nos duettistes pouvaient s’en donner à cœur joie, piochant dans les tubes du Roi Louis (Tight Light This, St James Infirmary, Mack the Knife, ou encore Thanks a Million, signé Gus Kahn et Arthur Johnson). Ils vont même jusqu’à respecter (quasiment) la courte durée initiale des titres tout en donnant un coup de chapeau au King avec chacun une composition (Louison pour Eric, Farewell to Louis pour Paul). Aérien, léger, lyrique, malicieux, ce voyage au pays du jeune Satchmo constitue un moment de grâce absolu.

Jean-Louis Lemarchand

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Un aperçu sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?1&v=65Qe4oNVT-o

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Eric Le Lann et Paul Lay seront en concert le 7 novembre au Bal Blomet (75015), le 9 novembre à Pontoise (95), en ouverture du festival Jazz au fil de l’Oise, et le 28 novembre à Marseille à l'hôtel C2

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4 novembre 2018 7 04 /11 /novembre /2018 13:19

Jacques Schwarz-Bart (saxophone ténor), Grégory Privat (piano), Stéphane Kerecki (contrebasse), Arnaud Dolmen (batterie). Invités : David Linx (voix), Darren Barrett (trompette)

Paris, 28-29 septembre 2017

Enja Yellow Bird YEB-7789/l'autre distribution

 

Une œuvre singulière, à la fois offrande d'un artiste à la mémoire de son père, défi personnel et manifeste pour une culture universellement transversale (ou transversalement universelle....). Le saxophoniste Jacques Schwarz-Bart, fruit de la rencontre de deux artistes, de deux cultures, de deux mondes, s'est immergé dans cette identité croisée qui est la sienne. Fils d'André Schwarz-Bart, écrivain français, juif de la diaspora, prix Goncourt 1959, et de Simone Schwarz-Bart, née Brumant, romancière et dramaturge originaire de la Guadeloupe, il célèbre avec ce disque son «identité juive comme le fruit épanoui d'une polenisation croisée et universelle», ainsi qu'il l'écrit lui-même dans le livret du CD. Le hazzan est le chantre dans la tradition juive. En revendiquant ce titre, et ce rôle, le musicien, bien au-delà du projet initial qui était de célébrer, à la mémoire de son père (et d'un personnage imaginé par celui-ci dans un de ses romans), les chants de la tradition juive, va tendre à l'universel (ce qui demeure l'ambition, et le rôle, de bien des œuvres d'art). Se saisissant, comme matière musicale, des mélodies traditionnelles de la hazanout, il va déployer un lyrisme des plus intenses, en plein territoire du jazz, avec un pianiste et un batteur antillais, un contrebassiste parisien et un vocaliste belge aussi anglophone que francophone, avec de surcroît le renfort sur une plage d'un trompettiste canadien. Tous contribuent, avec une passion teintée de ferveur, à l'intensité de ce métissage. Ces musiques, originellement religieuses et rituelles, deviennent de magnifique envolées jazzistiques, emblématiques de cet idiome et pourtant intimement reliées à leur terreau d'origine. Chacun des instrumentistes attise la flamme qui dévore cette entreprise artistique jusqu'au vertige, et David Linx, en plus d'un chant sans parole sur la première plage, va déployer sur Ahot Ketana, mélodie sépharade, un poème en anglais de sa composition. On est porté, de bout en bout, par l'effervescence et la ferveur de cette musique. Le défi a été relevé, plus que brillamment : c'est magistral.

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=WilQMEeXPJY

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Le groupe est en concert à Paris le 4 novembre 2018 au Studio de l'Ermitage. Puis le 16 novembre à Ermont (Jazz au Fil de l'Oise), et le 28 novembre aux Trinitaires de Metz.

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Jacques Schwarz-Bart est également partie prenante du groupe Shijin (chronique du CD sur le site des DNJ) 

Shijin sera en concert à Vitrolles le 24 novembre (Jazz sur la Ville), et à Paris, au Duc des Lombards les 29 & 30 novembre 2018

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31 octobre 2018 3 31 /10 /octobre /2018 22:20

Amaury Faye (piano), Louis Navarro (contrebasse), Théo Lanau (batterie)

Bruxelles, Jazz Station, mars 2018

Hypnote Records HR-008 / InOuïe Distribution

 

Le trio bruxellois (avec partenaires du Sud-Ouest hexagonal) d'un pianiste toulousain passé par le Collège de Marciac, le Berklee College de Boston, et multi-primé dans les tremplins d'ici (Avignon, Vannes, Vienne) et d'ailleurs (Allemagne, USA). Deuxième opus de ce groupe, après «Clearway» (Jazz Village, 2017), cet enregistrement de concert réalisé par la radio belge francophone (RTBF), rend parfaitement justice à l'art du trio. Cela se passait à la Jazz Station, haut-lieu du jazz bruxellois, établi dans une ancienne gare sur la Chaussée de Louvain.

Dans ce trio, pas d'effets intempestifs, un parcours de rigueur musicale, de feeling et d'interactivité entre les trois instrument(iste)s, bref tout ce qu''il faut pour apprécier le canonique trio piano-basse-batterie dans sa vérité originelle. On commence par une sorte de valse hétérodoxe, tendue entre le rythme de son thème et une espèce d'ostinato faussement anguleux qui détermine l'exacte dramaturgie de la composition. Après la contrebasse dans le premier rôle, le piano s'évade vers la seconde plage, où le trio joue une valse, guère plus orthodoxe, de Thelonious Monk : Ugly Beauty : respect du texte, puis libre déambulation evansienne. Il faut dire que le pianiste fut à Boston l'élève de Joanne Brackeen, grande prêtresse d'un certain lyrisme : profondeur sans ostentation, tout est dit.

Changement de registre avec le thème suivant : Fascinating Rhythm, engagé par un solo presque tritanien avant décollage collectif, au bout de deux minutes, en suivant maintenant les rails du thème, mais pour s'en affranchir bientôt. Vient ensuite un très vieux standard, de dix ans antérieur au précédent, They Didn't Believe Me, composé par Jerome Kern. Version recueillie, harmonies denses, phrasé expressif et mélancolique, bref de cette forme de beauté intemporelle qui traverse l'histoire de la musique américaine grâce au jazz. Suivra un Interlude d'une sombre et belle atmosphère, qui s'enchaîne au thème suivant, rythmique et convaincant, sans ces facilités du groove pour le groove que l'on entend depuis deux décennies environ, et où l'aspect hypnotique tient lieu d'inspiration. Ici la densité de la forme, du déroulement, et la finesse du développement, nous entraînent sur d'autres chemins, riches d'imaginaire et de surprises. Et le disque se conclut sur une sorte de valse dévoyée qui va changer de rythme (et de tempo), retour à la source pour boucler la boucle : belle coda en forme de pirouette qui révèle, derrière le désir accompli de musique, l'endurance de la pensée.

Xavier Prévost

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Le groupe sera en concert à Paris, le 3 novembre au Jazz Café Montparnasse, et le 22 décembre à la Maison de la Radio (pour un concert 'Jazz sur le Vif')

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Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=SQY6uK2Z-Ao

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30 octobre 2018 2 30 /10 /octobre /2018 09:00

Barre Phillips (contrebasse)

Pernes-les-Fontaines, mars 2017

ECM 2575/Universal

 

Pionnier du solo de contrebasse à Londres en 1968 avec «Journal Violone» (publié en France par Futura sous le titre «Basse Barre»), Barre Phillips a plusieurs fois récidivé, jusqu'à ce disque au titre elliptique, mystérieux ou conclusif. Ce qui frappe, d'abord, c'est le son : Gérard de Haro, du studio de La Buissonne, est passé par là, mais quand on le complimente, comme je l'ai fait, sur la remarquable qualité sonore de l'enregistrement, il en attribue tout le mérite à Barre Phillips, à son art et à sa contrebasse. Avec ce qui semble être la clôture du cycle entamé par le premier opus de Journal Violone, le contrebassiste nous offre la quintessence d'une musique où la virtuosité et la profondeur du son paraissent n'avoir d'autre but que l'expression, dans son sens le plus fort. C'est une voix humaine qui nous parle, une voix que l'on dirait venue d'ailleurs, et qui pourtant s'exprime dans un idiome qui nous semble familier, à nous qui baignons dans cet univers où jazz et musique improvisée parlent une seule et même langue. A l'archet ou en pizzicato, dans des intervalles familiers ou dans de grands écarts distendus, dans l'apparent confort d'une tonalité identifiable ou dans le mystère des douze sons aux centres mouvants, la magie opère en permanence. Ici la contrebasse danse, ailleurs elle distille une sombre mélancolie, plus loin elle nous entraîne dans un labyrinthe dont l'issue semble plus qu'improbable, au point que nous aspirons, plus que tout, à nous perdre. Grande et belle leçon de (grande et belle) musique, grande œuvre, Grand Œuvre au sens alchimique, bref une sorte de chef d'œuvre, tout simplement.

Xavier Prévost

Un avant-ouïr sur YouTube 

https://www.youtube.com/watch?v=yaoFPIQ5870

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29 octobre 2018 1 29 /10 /octobre /2018 20:55

Motema 2018

Personnel: Stefon Harris: vibraphone & marimba, James Francies: piano (1-8) & keyboards (1,3,7); Joshua Crumbly: bass (1-8); Terreon Gully: drums (1-8); Casey Benjamin: alto saxophone (1, 2, 4, 5), soprano saxophone (6, 7), vocoder (3, 8); Mike Moreno: guitar (1, 4, 5, 7, 8); Jean Baylor: vocals (3, 8); Regina Carter: violin (8); Joseph Doubleday: marimba (9); Daniel Frankhuizen: cello (8); Pedrito Martinez: percussion (1, 2, 4, 6); Felix Peikli: clarinet, bass clarinet (1, 2, 4-6, 8); Elena Pinderhughes: flute (4, 8).

 

Ce n'est pas un hasard si le vibraphoniste fait ce mois-ci la couverture et 4 pages intérieures du prestigieux magazine Down Beat à  l'occasion de la sortie de son nouvel album Sonic Creed !
Car car album qui vient de sortit est une pure merveille. Une oeuvre collective, prolixe et soulfull à  laquelle il se livre en explorant et surtout en réinventant des territoires qui lui sont chers, associant des couleurs  et des sons surprenants (l'usage bien senti du vocoder  p.ex).
Stefon Harris (tel Lionel Hampton jadis) est inspiré  et mène  son monde aux mailloches, grand orchestrateur et arrangeur d'une musique qui tutoie le sublime. Toujours au plus près de très belles mélodies, il transfigure  la version de Throw it away jadis transcendé par Abbey Lincoln puis par son  maître  Bobby Hutcherson, l'autre légende du vibraphone ( pour la petite histoire  lors de l'enregistrement Stefon Harris avait demandé  à ce que les lumières du studio soient éteinte  pour au final donner cette couleur crépusculaire  dont les musiciens se sont inspirés ). Son hommage aux grands noms du jazz débute d'ailleurs par un grand coup de jeune donné  à Dat Dere  (de Bobby Timmons) en hommage à Art Blakey.
C'est que le vibraphoniste (aussi éducateur  et pièce maîtresse du SF Jazz Collective) est transpercé par le sens de la musique qu'il porte plus haut que lui même.
Celui qui dirige la Manhattan school of  music où il jette des ponts avec Harlem, livre ici une oeuvre  très personnelle. Celui que l'on présente comme le digne successeur de Gary Burton et du regretté  Bobby Hutcherson, met dans sa musique, dans le son, dans le mix, plus que de la musique, de l'amour.
On a souvent dit que les vibraphonistes étaient avant tout des percussionistes. Ici Steffon Harris se fait mélodiste et démontre combien cet instrument est l'un des plus riche qui soit sur le plan harmonique avec ce son tournant que rares sont ceux qui le maîtrise.  Tout y est d'une infinie délicatesse, que ce soient les tapis angéliques de ses mailloche, les voix éthérées  et vaporeuses qui s'élèvent ou parfois le voile des cordes qui soulignent le trait. Son association avec les marimbas  de Joseph Doubleday sur Gone too soon (jadis chanté par Michael Jackson) est un moment admirable de tendresse cotoneuse  pour finir dans les nuages.
Album aussi inspiré qu'inspirant Sonic Creed poursuit de travail d'exploration de ces territoires du jazz avec âme et passion.
Jean-Marc GELIN

A lire : Down Beat nov  2018 ainsi que la chronique consacrée à  d'album de Cécile Mc Lorin Salvant

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28 octobre 2018 7 28 /10 /octobre /2018 20:39

Daniel Humair, A bâtons rompus. 

Postface de Francis Marmande. Collection Paroles. Editions MF. 176 pages, 13

euros. Octobre 2018

Quelle lecture rafraichissante et instructive à la fois. En déballant sa malle aux souvenirs, Daniel Humair (4 fois 20 printemps)  nous donne une leçon de vie, sa version toute personnelle qui se résume en un seul mot, liberté. « Je ne veux pas qu’on m’emmerde. Et j’essaye de ne pas emmerder les autres. On ne peut pas trouver une musique où on soit plus libre que le jazz. Dans mon parcours musical, j’ai été assez libre » (p.108). En six décennies, il en a croisé et accompagné des jazzmen, le batteur suisse et qui a conservé sa nationalité de naissance même s’il se trouve plus libre en France. Dans ces entretiens avec Franck Médioni présentés sous forme d’abécédaire, ils sont croqués, anecdotes à l’appui, par un artiste qui a le trait juste, tour à tour admiratif ou saignant. « A bâtons rompus » n’est pas seulement un carnet d’impressions d’un jazzman maestro de l’improvisation où l’on retrouve Bud Powell, Martial Solal, Michel Portal, Kenny Dorham, Barney Wilen, Jean-François Jenny-Clark, Kenny Clarke, Sadi Lallemand, Michel Hausser (liste naturellement non exhaustive). Daniel Humair nous présente sa vision du jazz et de ses composantes (swing, solo, tempo…)avec une liberté de ton qui caractérise ce livre de poche, ode au jazz bien revigorante. Et c’est avec la même gourmandise que le musicien traite de ses deux autres passions, la gastronomie et la peinture. « Peintre abstrait, batteur concret », pour reprendre la définition de Francis Marmande, Daniel Humair se découvre tout au long de ses 176 pages. Laissons lui le dernier mot (à la rubrique Zygomatiques qui referme l’abécédaire) : « J’aime la vie. J’aime ma vie. (…)Pour être honnête j’ai l’impression d’être toujours au premier jour ».
Jean-Louis Lemarchand
 
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27 octobre 2018 6 27 /10 /octobre /2018 18:32

Sylvain Darrifourcq (batterie, percussions, cithare, composition), Théo Ceccaldi (violon), Valentin Ceccaldi (violoncelle)

Malakoff, 16-18 avril 2018

Gigantonium GIG 006 ILW1/ https://www.gigantonium.com/label

 

Le texte du livret annonce, sous l'influence de William Faulkner et Samuel Beckett «...l'évitement du point d'arrivée». En page de garde, un court poème du batteur-percussionniste-compositeur rappelle un peu la technique surréaliste du cadavre exquis. Quoi qu'il en soit l'inspiration littéraire est là, pour un projet radicalement musical (qui à reçu l'Aide à l'écriture d'une œuvre originale du Ministère de la Culture). Les protagonistes sont connus pour leur propension à franchir les limites, et ils s'en donnent à cœur joie. On part d'un ostinato de violon et de violoncelle sur des rafales évolutives de batterie, ostinato récurrent au fil du CD, dont la forme globale, celle d'un album concept fracturé, conjugue la précision, la cohérence, et la plus totale liberté. Les interruptions brutales côtoient des insertions de leitmotive, le tout composant un paysage formel aussi surprenant qu'attrayant, aussi inconfortable que cohérent. L'espace d'un instant, les pizzicati des cordes, en dialogue avec la batterie, procurent l'illusion d'une musique de ballet où des silhouettes indécises se mouvraient. Images, littérature..... et c'est pourtant la musique qui règne, en majesté. Il faut attacher sa ceinture (de sécurité, pas de chasteté....) et s'abandonner à ces coïts répétés dont l'interruption n'engendre nulle frustration, mais au contraire le désir d' y revenir : recommencer ? continuer ? Chaque protocole individuel d'écoute déterminera le mode de réception, mais il y a là, manifestement, une musique vraiment originale, et jouissive, à scruter par l'oreille !

Xavier Prévost

Le groupe sera en concert le 29 octobre 2018 à la Dynamo de Pantin, puis le 14 novembre à l'Embobineuse de Marseille (Jazz sur la ville), le 27 novembre au Conservatoire de La Roche-sur-Yon, et aussi le janvier au Pannonica de Nantes.

Extraits sur le site

http://www.sylvaindarrifourcq.com/Sylvain_Darrifourcq/IN_LOVE_WITH.html

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27 octobre 2018 6 27 /10 /octobre /2018 10:40

PJ5 : «  I told a little bird »
Jazz and People 2018
Paul Jarret (g), Maxence Ravelomanantsoa (ts), Leo Pellet  (tb), Alexandre Perrot (cb), Ariel Tessier (dms), Isabel Sörling (vc), Jozef Dumoulin (fender)m

Le guitariste Paul Jarret est un jeune musicien de talent entouré de jeunes musiciens de talent qui tournent ensemble depuis quelques temps déjà.
Même s'il n'en sont pas à leur premier album, on est chaque fois agréablement surpris par la façon d’écrire du guitariste. Nous disons bien "écrire et non "composer" puisque cet album, dont on oubliera l’idée sous-jacente ( les petits oiseaux, les papillons tout ça tout ça) est éminemment littéraire et poétique dessinant un univers qui lui est propre et qui touche à la narration.
Les espaces qu'emplissent la voix évanescente d'Isabel Sörling sont oniriques  et nous emportent  loin. Tout comme les sons où les cuivres et la guitare tapissent leur univers entre jazz et pop. Ainsi la remarquable orchestration sur ce Peacefull  struggle qui se déchaîne en furie ou cette construction paroxystique sur The  Nest (part.1) où tout le groupe se mobilise pour déchaîner les éléments. On dirait du Björk matiné de Radiohead.

Gros travail sur le ou plutôt les sons qui se trament et surprennent dans un enchevêtrement de voix, d'eletricité, de cuivres et de peaux percussives ( ah le jeu d’Ariel Tessier en maître des forges et des forces !).
Les pages héroïques des solistes passent loin derrière la notion du collectif et une admirable orchestration  où les épures et les lignes étirées précèdent ou succèdent à la saturation très noisy d'un rock lourd.
Ces jeunes-là sont inspirés, foisonnants d’idées et d’énergies.
Jean-Marc Gelin

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26 octobre 2018 5 26 /10 /octobre /2018 22:32

Cérémonie des Victoires du Jazz 2018, jeudi 25 octobre en soirée, à l'Auditorium Debussy-Ravel de la Sacem. Cérémonie animée par Sebastian Danchin et Sandra Nkaké.

 

Le coup de gueule de Joëlle Léandre après l'édition 2017 n'aura pas été vain : dans la catégorie 'Victoires de la profession', 3 lauréates ; avec en prime un petit speech bien senti, et bien envoyé, de Pierrette Devineau.

Et une Victoire d'Honneur à Rhoda Scott, qui a joué pour nous avec son Lady Quartet (photo ci-dessus)

 

Beau palmarès, qui reflète plutôt bien la diversité de cette musique polymorphe.

Après la litanie toujours un peu longue des nommé(e)s, lauréat(e)s, remises des trophées, etc...., vint le moment du film qui sera projeté au soir du samedi 1er décembre sur France 3, à 0h35, et accessible ensuite à la demande sur CultureBox. Le film 2017 représentait un progrès au regard du filmage des cérémonies antérieures.

Comme en 2017, c'est un film réalisé durant l'été qui montre les lauréats dans leur contexte. Mais cette fois le ton, le rythme et la qualité de la réalisation montent d'un cran. Mon voisin dans la salle (un ami-confrère-collègue de longue date) l'a trouvé un peu long. Moi pas. C'est plutôt la soirée qui fut longue : nous étions arrivés vers 19h30, début des opérations à 20h, et c'est vers 23h que l'on s'est précipité vers le bar-buffet. Votre serviteur, peu expert en slalom de cocktail, est rentré sagement dans sa banlieue orientale et populaire après une flûte de champagne et un grignotage distrait.

A suivre donc, le 1er décembre, après minuit, sur France 3, et aussi sur CultureBox

Xavier Prévost

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Palmarès des Victoires du Jazz 2018

Artiste de l'année : Laurent de Wilde

Également nommé(e)s : Tony Allen, Sophie Alour

 

Artiste qui monte (Prix Frank Ténot) : David Enhco

Également nommé(e)s : Naïssam Jalal, Fred Nardin

 

Voix de l'année : Cécile McLorin Salvant

Également nommées : Camille Bertault, Sandra Nkaké

 

Groupe de l'année : Amazing Keystone Big Band (dir. Bastien Ballaz, Jon Boutellier, Fred Nardin & David Enhco)

Également nommés : Fox (dir. Nicolas Moreaux et Pierre Perchaud), le Sacre du Tympan (dir. Fred Pallem)
 

Album sensation de l'année : «Dadada" de Roberto Negro» (Label Bleu/l'autre distribution)

Également nommés : « Interplay » de François Moutin et Kavita Shah, "Tribute to Charlie Haden" de Diego Imbert, André Ceccarelli et Enrico Pieranunzi

 

Album inclassable de l'année : « Music is my Hope » de Raphaël Imbert (Jazz Village/Pias)

Également nommés : « Butter in my brain » de Claudia Solal et Benjamin Moussay, « La Chose commune » de La Chose commune (direction : Emmanuel Bex)

 

Victoire d’Honneur : Rhoda Scott

 

Prix spécial du comité : Selmer (leader mondial du saxophone)

 

VICTOIRES DE LA PROFESSION 2018

Programmateur de l’année : Pierrette Devineau (Paris Jazz Festival, Belle-Île en Jazz)

Également nommés : Vincent Anglade, Xavier Lemettre

 

Producteur de spectacles/tourneur de l’année : Marion Piras (Inclinaisons)

Également nommés : Jean-Noël Ginibre, Pascal Pilorget

 

Ingénieur du son de l’année : Philippe Teissier du Cros (PTDC Music, Studio Boxon)

Également nommés : Tristan Devaux, Philippe Gaillot

 

Homme/Femme de médias de l’année : Nathalie Piolé (France Musique)

Également nommés : Jacques Denis, Francis Marmande

 

Label de l’année : La Buissonne

Également nommés : Label Bleu, Laborie Jazz

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