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4 janvier 2022 2 04 /01 /janvier /2022 18:02
FREDERIC BOREY BUTTERFLIES TRIO

FREDERIC BOREY BUTTERFLIES TRIO

DAMIEN VARAILLON  (cb) STEPHANE ADSUAR (dms)

GUEST LIONEL LOUEKE (g, voc)

FRESH SOUND RECORDS

BUTTERFLIES TRIO | France | Frederic Borey

Frédéric Borey BUTTERFLIES Trio Feat. Lionel Loueke - YouTube

 

Cet album étonne -c’est la première remarque qui vient à l’esprit, tant il est différent de ce que l’on connaît des différents projets de Frédéric Borey. Une manière de se renouveler assurément, même au sein de ce Butterflies Trio dont pour le deuxième album, le saxophoniste s’est assuré la collaboration d’un ami de longue date, le guitariste Lionel Loueke. D’ordinaire, l’invité apporte sa touche, donne une couleur supplémentaire, complète le portrait de groupe. Mais la palette reste la même, The song remains the same.

C’est un peu différent ici, le guitariste, présent sur huit plages sur onze, donne aussi de la voix, même s’il ne la force jamais, elle est plutôt une texture additionnelle qui fait chair. Il fredonne tout en nuances, glisse des bribes de chanson même sur “Camille”, la seule composition qu’il apporte, sans jamais couvrir le chant du saxo, au timbre toujours aussi étincelant, même s’il est volontairement plus voilé. Les univers de ces deux amis ont réussi à se fondre dans une alliance peu commune, à s’ajuster parfaitement.

Des petits bruits, cliquetis des baguettes, friselis de guitare attaquent “Commencement” avant que n’entre en jeu le saxophone qui s’adapte au rythme répétitif adopté de concert. Dans “Dont give up”, chacun s’ajuste, les éclats du saxo ne sont pas tranchants, mais mesurés sans exhaler pour autant leur plainte. La dominante n’est pas vraiment mélancolique ou alors si délicatement qu’il en résulte une douceur entraînante, délicieuse, envoûtante que renforcent nombre ostinatos et autres effets répétitifs comme sur "Do Hwe Wutu" (Grâce à toi en béninois ). Jamais l’expression de jazz de chambre n’aura été plus juste pour décrire cette musique épurée, qui atteint une dimension spirituelle. Une écriture sans gras, précise, très rythmée, celle de véritables auteurs dont les transitions sont tellement habiles qu’elles paraissent naturelles. Les compositions se suivent avec une belle cohérence comme une longue suite tout en gardant leur identité.

On entre par petites touches fines dans le bizarre de la bande-son d’un film imaginaire, une ambiance onirique et flottante, comme en suspens où les nappes mélodieuses de la guitare, les pulsations continues, douces mais fermes de la rythmique, le babil de la voix qui susurre, invitent à se laisser bercer. Pas de longues volutes ciselées au saxophone ténor qui semble chuchoter lui aussi par moment.

Tous entrent dans la danse, se glissent dans le moule d’où sortent des sons inouïs comme dans "Insomnia" qui fait entendre deux batteries et deux guitares enregistrées simultanément. Une force collective irréfutable, à la fois expérimentale et chaleureuse. L’entente palpable favorise l’homogénéité du son, la liberté de l’interprétation, chacun pouvant compter sur le jeu des autres, les appuis des partenaires pour reprendre élan.

A la manière d’une peinture impressionniste des sentiments,   ces plages atmosphériques font sourdre des émotions plus ou moins enfouies ("Lou"). Tout en nuances.

Pour peu que l’on se laisse aller à une écoute attentive, cet album de plus d’une heure de musique est enivrant, jamais insistant. Volontiers persistant, il résonnera longuement à vos oreilles.

 

Sophie Chambon

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3 janvier 2022 1 03 /01 /janvier /2022 22:07

Christophe LeLoil (trompette, bugle), Julia Minkin (voix), Andrew Sudhibhasilp (guitare), Pierre Fenichel (contrebasse), Cédrick Bec (batterie & percussions)

Rognes (Bouches-du-Rhône), sans date

Onde Music OND 8 / Inouïe Distribution

 

Comme chaque fois que le trompettiste propose un nouveau programme, un nouveau groupe, et un nouveau disque, le niveau musical et instrumental, ainsi que la conception, forcent le respect, et même l'admiration. Qualité du quintette rassemblé d'abord : des partenaires déjà côtoyés, comme le batteur Cédrick Bec, ou le contrebassiste Pierre Penichel. Un nouveau complice en la personne du guitariste Andrew Sudhibhasilp. Et la chanteuse Julia Minkin, qui joue le rôle de catalyseur, en ce qu'elle apporte de singularité vocale, de textes (la plupart), ainsi que l'une des compositions. Les lignes mélodiques, comme les harmonies, sont très sinueuses ; elles font converger voix et trompette (ou bugle) dans un esprit qui rappelle un peu ce qui se passait naguère dans la collaboration entre Kenny Wheeler et Norma Winston. Et la guitare s'immisce dans ce dialogue qui devient vraiment pluriel, soutenu/ravivé/exalté par la basse et la batterie. Les interactions fines entre les lignes rappellent un peu l'alchimie du quatuor à cordes dans la musique classique. «OpenMindeD», titre du disque autant qu'emblème du groupe résume bien l'atmosphère générale, fondée sur la collaboration féconde entre tous les membres de ce quintette, et l'état d'esprit, très ouvert, de cette musique qui mêle le jazz, assurément, et les tropisme musicaux de la vocaliste venue de Chicago pour s'établir à Marseille. La tonalité générale est assez mélancolique, musicalement très fine, et pour tout dire d'une grande beauté.

Xavier Prévost

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Le groupe sera en tourné tout au long de janvier 2022

le 7 janvier à Marseille, Restaurant O'Zinc, programmation 'Le Jam hors les murs'

le 12 à Paris, au Bal Blomet

le 13 à Digne-les-Bains, centre culturel René Char

le 14 à Nîmes, Milonga del Angel

le 18 à Salon-de-Provence, IMFP

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Un avant-ouïr sur Youtube 

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2 janvier 2022 7 02 /01 /janvier /2022 22:04

Geoffroy Gesser (saxophone ténor, clarinette basse), Quentin Ghomari (trompette & trompette à coulisse), Jean-François Riffaud (guitare), André Pasquet (batterie)

Paris, 9 décembre 2017 & Pantin, 24 mai 2018

Gigantonium GIG 020 FLOU 1

https://gigantonium.bandcamp.com/album/flouxus-kind-of-the-blues

 

À une voyelle près, on devine que le quartette fait référence au courant esthétique né des influences croisées de Marcel Duchamp et John Cage, et immortalisé par l'épisode du lièvre mort de Joseph Beuys. En fait, il s'agit bien d'une conception transgressive de l'Art (art musical en l'occurrence), mais ici la transgression magnifie le matériau revendiqué (sur une plage un blues fameux de Robert Johnson), et plus largement prend son envol sur des éléments formels du blues jusqu'à aborder des espaces, insoupçonnés, de liberté. Ce qui se joue ici renvoie autant au quartette d'Ornette Coleman, aux groupes de Don Cherry dans les années 60 ou aux envolées (sans intention d'atterrir) d'Albert Ayler, qu'à l'hyper-expressivité des sources afro-américaines. Enregistrée lors de deux concerts, l'un au Lavoir Moderne Parisien, l'autre à la Dynamo de Banlieues Blueues, cette musique fourmille de créativité sonore, d'exploration extrême (mais toujours fine) des limites instrumentales, avec le sens du jeu, et plaisir de la musique : jouissif, et en tant que tel hautement recommandable.

Xavier Prévost

 

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2 janvier 2022 7 02 /01 /janvier /2022 14:16

Don Cherry (cornet, composition), Gato Barbieri (saxophone ténor), Henry Grimes (contrebasse), Ed Blackwell (batterie)

Englewood Cliffs (New Jersey), 24 décembre 1965

Don Cherry (cornet, composition), Gato Barbieri (saxophone ténor), Pharoah Sanders (saxophones ténor & piccolo), Karl Berger (vibraphone, piano), Henry Grimes & Jean-François Jenny Clark (contrebasses), Ed Blackwell (batterie)

Englewood Cliffs (New Jersey), 19 septembre 1966)

Hat-Hut Ezz-thetics LC 91771 / Distrijazz

Origine Blue Note

 

ATTENTION CHEFS-D'ŒUVRE !!!

Ces deux disques sont assurément les chefs-d'œuvre de Don Cherry, parutions-phares des années 60, conçues après une série de concerts en Europe, en 1965, (avec Gato Barbieri, Karl Berger, Jean-François Jenny-Clark et Aldo Romano) dont des éditions plus ou moins pirates portent la trace phonographique sous le titre de «Togetherness» (dont on peut dire que ce fut une sorte de brouillon esthétique des deux disques enregistré fin 1965 et à la fin de l'été 1966).

Cet automne les a vus reparaître conjointement, et c'est tant mieux. L'occasion, pour ceux qui n'avaient pas eu le bonheur de les découvrir plus tôt (clivage générationnel : malgré les rééditions en CD des années 1994 et 2000, ils ont échappé au radar de beaucoup de nouveaux amateurs, même très éclairés). Ce qui est en jeu, ce n'est rien moins qu'une nouvelle musique, comme le label Blue Note en accueillit dans les années 60 : Ornette, Sam Rivers, Tony Williams, Grachan Moncur III, Cecil Taylor, Eric Dolphy, Andrew Hill.... Ces deux disques de Don Cherry sont un mélange détonnant de construction formelle et de grande liberté. À découvrir d'urgence pour les jeunes générations. À retrouver sans délai pour les autres.

Xavier Prévost

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À signaler : le label Tinker (l'autre distribution) publiera en février une disque du quintette de Pierrick Menuau («Togetherness Ensemble», avec Yoann Loustalot, Julien Touéry, Sébastien Boisseau & Christophe Lavergne) inspiré par Togetherness, première source historique des disques ici réédités. Concert au New Morning le 9 mars

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27 décembre 2021 1 27 /12 /décembre /2021 13:34

Sophia Domancich (piano, piano électrique), Simon Goubert (batterie)

Malakoff, 15-16 septembre 2020

PeeWee! PW 1004 / https://peeweelabel.com/fr/albums/31

 

Une musique inspirée par les films de David Lynch. À l'origine de cette aventure, comme le raconte Simon Goubert dans le livret, la proposition de Jean-Pierre Bonnet, membre actif de l'association des Amis du Méliès (le cinéma d'Art et d'Essai de Montreuil), d'imaginer une rencontre entre la musique et le cinéma. Sophia Domancich répond sans ambages «...quelque chose avec des films de David Lynch». Pas question de faire un ciné-concert classique, où la musique se pose sur les images du film. Pas question de court-circuiter l'univers sonore (dialogues, ambiances sonores et musiques). L'idée, c'est plutôt de choisir des courts-métrages de Lynch, de les projeter pour le public, et de jouer entre ces extraits des musiques improvisées, ou écrites pour la circonstance. Une première expérience, en 2016 et en public -où la musique réagit, commente, vagabonde et recrée son propre imaginaire- concrétisera la pertinence du projet. Et 4 ans plus tard, Sophia Domancich et Simon Goubert acceptent la proposition de Vincent Mahey (Studio Sextan, label PeeWee!) d'enregistrer la musique née de cette aventure. Twofold head, est-ce une tête double, celle de la pianiste et du batteur, qui pratiquent de longtemps le duo fusionnel, une pensée musicale duale qui s'exprime avec évidence depuis des années  ? Ou une nouvelle œuvre, qui conjuguerait le cinéma et la musique, inspirée par cet autre objet artistique qu'est le film ? Mystère.... En tout cas, l'aventure tient ses promesses : avec ce duo, nous allons naviguer de sensations en émotions, de nuances en éclats, embarqués que nous sommes dans un univers qui nous captive, une captivité consentie et riche de rebonds et de détours. L'enregistrement s'est fait, comme le concert, entre le visionnage de chaque film, au plus près de la source. Le résultat est confondant. Chaque plage nous entraîne dans ce qui pourrait être l'imaginaire du cinéaste autant que celui du duo ; et le nôtre n'est pas de reste, car notre propre fiction s'élabore à mesure que cette musique nous envahit, qu'elle nous touche, qu'elle nous livre (ou non) ses clés. C'est d'ailleurs l'hypothèse de Philippe Ghielmetti, grand producteur de disques (notamment de piano) et cinéphile averti : il l'évoque dans un court texte à l'intérieur de la jaquette du CD. C'est comme chez Lynch. À trop chercher le sens, on risque de se perdre : la clé du secret ne serait elle pas simplement le chemin que nous suivons, loin de toute élucidation. Infinies nuances ou éclats de sons et de rythmes, nous sommes emportés, de plage en plage, par ce récit sans fin. La preuve : quand le terme semble venue, à 4 minutes et 12 secondes de la plage 7, une plage fantôme se faufile, 3 minutes plus tard, et pour 2 minutes et 40 secondes. Dernier sortilège.

Xavier Prévost

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Le duo participera le 31 janvier à Paris, au Théâtre des Nouveautés, à la 'PeeWee ! Night', soirée du label PeeWee !, avec Biréli Lagrène, Andy Emler, Patrick Bebey, Mathias Lévy, Kartet....

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Sur Youtube, cinq fragments dans la vidéo 'Pause' du Studio Sextan et de l'EMC, réalisée lors des séances d'enregistrement

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22 décembre 2021 3 22 /12 /décembre /2021 16:03

Barney Wilen (saxophones ténor & soprano), Michel Graillier (piano), Riccardo Del Fra (contrebasse), Sangoma Everett (batterie)

Yerres, 24-26 juin 1987

Elemental Music 5990540 (double LP) 5990440 (CD) / Distrijazz

 

Une réédition, oui. Mais avec quatre inédits : quatre prises alternatives de thèmes qui figuraient sur le 33 tours et le CD originels, mais qui assurément méritaient de venir jusqu'à nous. Des versions qui musardent, ou qui font parfois un pas de côté. Et ce plaisir de voir revenir cette musique en LP, avec ce grand format qui rend justice à la très belle photo de Marie-Paule Nègre, différente de l'édition originale. Et, au-delà de l'attrait d'un bon pressage, l'intérêt de lire les souvenirs de Philippe Vincent, producteur de la séance pour son label IDA, sous lequel il accompagna les dernières années de la carrière de Barney  ; ainsi que le témoignage de Riccardo Del Fra, partenaire de ces aventures, et qui évoque aussi le rôle joué par le regretté Michel Graillier dans cette belle séance d'enregistrement. Sangoma Everett, qui égrène aussi quelques souvenirs de son arrivée en France, et de sa collaboration avec Barney. Et le poème de Marie Möör qui parle d'un monde presque rêvé, et pourtant là sous nos yeux, présent à notre écoute. Sans oublier la photo qui montre Hervé Le Guil, qui enregistra naguère la séance, et posait voici quelques mois devant la console de son studio, avec son assistant Daniel Cayotte, pendant le travail de remastérisation pour cette nouvelle édition. Et, pour couronner le tout, un texte d'Ashley Kahn, grand exhumateur de trésors (la première version en public du fameux A Love Supreme de Coltrane ; le récit de l'aventure du disque «Kind of Blue» de Miles Davis....). Un texte qui reprend les témoignages de Patrick Wilen, le fils de Barney, et de Martine Palmé, qui fut son agent durant les dix dernières années de sa vie. L'une et l'autre se sont considérablement investis pour que cette réédition, et récemment le coffret «La Note Bleue», voient le jour. Bref ce disque ravive la mémoire, en ouvrant à nouveau une très belle page de l'aventure de Barney.

Xavier Prévost

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Chronique du coffret «La Note Bleue» par Jean-Louis Lemarchand sur le site des DNJ en suivant ce lien

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22 décembre 2021 3 22 /12 /décembre /2021 14:52

L’année 2021 s’achève sous de bons auspices pour Yakir Arbib. Une situation pas si courante dans la jazzosphère en ces temps de crise sanitaire. Explications. Après deux soirées au Sunset, le pianiste israélo-italien vient de se produire salle Pleyel lors de la soirée annuelle de TSF. Certes, sa prestation était ce 13 décembre limitée à six minutes, le temps alloué à chacune de la quinzaine de formations invitées. Mais sa composition, Yellow Sonata, présentée ce soir-là, « tournait » depuis quelques semaines sur la playlist de la radio « 100 % jazz ». Un signe de reconnaissance pour un musicien arrivé à Paris voici près de trois ans et qui a déjà publié deux albums chez Jean-Marie Salhani (JMS), le premier en solo « My name is Yakir »(2020) et le second, « Three Colors » en trio avec Roberto Giaquinto (batterie) et Chris Jennings (basse) en novembre 2021.

Yakir Arbib n’est pourtant pas un nouveau venu sur la scène jazzistique. A 19 ans, le pianiste était couronné en Italie par le prix Massimo Urbani avant une tournée aux Etats-Unis et une session au Berklee College de Boston. treize ans plus tard, lui qui a vécu dans cinq pays différents se trouve heureux d’être en France, « le pays où les musiciens, les artistes en général sont respectés » et de vivre à Paris, « une métropole mais pas immense » et où, souligne Yakir Arbib, aveugle de naissance, « les gens m’aident dans la rue ».

Côté expression artistique, le pianiste évoque pêle-mêle comme influences Jean Sébastien Bach, Charlie Parker, Art Tatum, Schoenberg ou Brahms. « A 15 ans j’étais obsédé par Erroll Garner et à 18 par Bill Evans, mais aujourd’hui, j’écoute aussi bien Elliot Carter, compositeur contemporain américain (1908-2012) que Brad Mehldau ou encore Eminem qui déploie un vrai sens rythmique ».


Une approche sélective qui le conduit à effectuer « une synthèse personnelle de la musique classique et du jazz, deux genres essentiels pour moi » dans son jeu comme dans ses compositions (8 des 10 titres joués dans son dernier disque). Yakir Arbib refuse de se laisser « enfermer » dans un style. Et le solo demeure son exercice préféré, « là où je me sens le plus libre, le plus évident, le plus naturel, où je peux changer de rythme, de styles en cours de jeu ».


La complicité n’en est pas moins la règle avec le batteur Roberto Giaquinto, un compagnon régulier d’une dizaine d’années, ou, plus récemment avec Chris Jennings, un bassiste choisi à Paris (« un son profond et une connexion avec la musique orientale »).

Yakir Arbib : The Pink Kasbah

 

Quid de 2022 ? Au-delà des concerts escomptés, Yazir Arbib travaille à deux projets de composition, une sonate pour piano et violoncelle avec Vincent Segal, et une œuvre pour harmonica de verre destinée à Thomas Bloch, l’un des rares interprètes de cet instrument, une commande de l’institut culturel italien de New-York. Deux preuves supplémentaires de l’éclectisme de ce musicien, assurément l’une des révélations de l’année qui se clôt.

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

Yakir Arbib featuring Roberto Giaquinto (batterie) et Chris Jennings (contrebasse), ‘’Three Colors’’.
Studio de Meudon, juin-juillet 2021.
JMS/PIAS.
www.disquesjms.com

 

 

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19 décembre 2021 7 19 /12 /décembre /2021 22:31

Keith Tippett, Matthew Bourne (pianos)

Leeds, 8-9 juillet 2019 & Londres 12 octobre 2019

double CD Discus 120 CD / https://discus-music.co.uk/catalogue/dis120-detail

 

À l'issue d'une série de concerts en duo, entreprise deux ans plus tôt, les deux pianistes nous livrent ce témoignage, en studio à Leeds, et en concert à Londres. Riche et passionnant dialogue entre deux musiciens qui, s'ils appartiennent à des générations différentes, ont l'un et l'autre tracé des voies singulières. Pour l'aîné, disparu l'an dernier, un parcours qui va du pharaonique big band 'Centipede' (50 musiciens = 100 pieds....) à des compositions pour quatuor à cordes en passant par le groupe King Crimson, le free jazz, Robert Wyatt, et j'en oublie.... Et pour le plus jeune toutes les aventures du jazz contemporain et de la musique improvisée, de Barre Phillips, Marc Ribot ou John Zorn à Laurent Dehors.... Une musique très vivante, audacieuse, libre mais richement pourvue de références. Et une richesse d'interaction remarquable, portée par une maîtrise des instruments (le son, la dynamique, le phrasé, les couleurs harmoniques....) qui force l'admiration. À découvrir d'urgence !

Sous le même label une œuvre insolite et magistrale de Keith Tippett «The Monk Watches The Eagle» (Discus 102 CD), enregistrée en 2004 par la BBC, et publiée récemment, avec une belle brochette de jazzmen britanniques (Paul Dunmal, Chris Biscoe....), mais aussi les BBC Singers, et la voix soliste de Julie Tippett, qui fut dans les années soixante, sous son nom de Julie Driscoll, l'une des très grandes voix soul d'Europe avant de devenir une figure de la musique expérimentale.

Xavier Prévost

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18 décembre 2021 6 18 /12 /décembre /2021 15:44

Grand Prix Jazz

Edward Perraud « Hors Temps » (Label Bleu / l'autre distribution)

 

Grand Prix Blues & Soul

Cedric Burnside : "I Be Trying" (Single Lock/Modulor)

 

Prix in honorem Jazz, Blues & Soul

Bruce Iglauer, fondateur d'Alligator, le label indépendant qui porte haut les couleurs du blues depuis 50 ans, à l'occasion de la parution de "50 Years of Genuine Houserockin' Music" (Alligator/Socadisc)

 

Coups de cœur Jazz

Airelle Besson « Try » (Papillon Jaune / l'autre distribution)

Vijay Iyer-Linda May Han Oh-Tyshawn Sorey « Uneasy » (ECM / Universal)

Samara Joy « Samara Joy » (Whirlwind Recordings / Bertus )

Vincent Lê Quang « Everlasting » (La Buissonne / PIAS)

Pierrick Pédron « Fifty-Fifty » (Gazebo / l'autre distribution)

Edward Perraud « Hors Temps » (Label Bleu / l'autre distribution)

Léon Phal « Dust to Stars » (Kyudo Records / l'autre distribution)

Veronica Swift « This Bitter Earth » (Mack Avenue / PIAS)

Umlaut Big Band « Mary’s Ideas » (Umlaut Records / l'autre distribution)

Louis Winsberg Trio « Temps réel » (Gemini Records / Absilone)

 

Coups de cœur Blues & Soul

Cedric Burnside : "I Be Trying" (Single Lock / Modulor)

Eddie 9V : "Little Black Flies" (Ruf / Socadisc)

Robert Finley : "Sharecropper's Son" (Easy Eye Sound / Bertus)

 

Ont participé aux votes

Commission Blues & Soul

Joe Farmer, Stéphane Koechlin, Jacques Périn, Jean-Michel Proust & Nicolas Teurnier

Commission Jazz

Philippe Carles, Alex Dutilh, Alice Leclercq, Arnaud Merlin, Nathalie Piolé, Xavier Prévost, Jean-Michel Proust & Daniel Yvinek

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Sur le site de l'Académie Charles Cros, le palmarès Jazz, Blues & Soul 2021, avec présentation des disques par les membres du groupe Jazz, Blues & Soul

http://www.charlescros.org/Palmares-2021

http://www.charlescros.org/Selection-Jazz-Blues-Soul-2021 

http://www.charlescros.org/Selection-Jazz-Blues-Soul-2021

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18 décembre 2021 6 18 /12 /décembre /2021 12:19
PIERRE FENICHEL QUINTET    FRENCH TOWN CONNECTION

PIERRE FENICHEL Quintet FRENCH TOWN CONNECTION

 

LABEL DURANCE

label durance (label-durance.com)

Frenchtown Connection teaser 1 - YouTube Music

 

Un CD assurément étonnant dès la pochette sombre au graphisme proche du Bauhaus et qui peut rappeler la tension de certains titres du mythique groupe anglais Joy Division; un titre qui joue habilement sur Trenchtown, le quartier musical de Kingston (ska, rock steady et reggae jamaïcains) et French Connection, le film emblématique de William Friedkin sur Marseille, capitale d’un certain banditisme lié à la drogue, dans les années 70. Un autre regard sur la cité phocéenne, bien différent de la vision pagnolesque un peu folklorique, reconnaissons-le, mais toujours très populaire. Citons un extrait des liner notes très précises et soignées:

L’imaginaire marseillais traverse cette musique Frenchtown Connection...Le film m’a fait comprendre que la cité phocéenne avait le potentiel de produire de la narration… Frenchtown rencontre Trenchtown, le quartier de Kingston, une musique se glisse entre deux mondes.”

Pierre Fénichel est un contrebassiste marseillais que l’on connaît ici depuis longtemps ( Compagnie Nine Spirit),  l’un des musiciens du quartet du saxophoniste Raphaël Imbert, aujourdhui directeur du Conservatoire Régional. Après une première expérience en leader avec ce Breittenfeld en 2016, autour de l’altiste Paul Desmond, en trio avec Alain Soler et Cedric Bec, le voilà qui se lance pour son deuxième opus dans une adaptation jazz de la musique jamaïcaine qui a ébloui sa jeunesse dans le quartier ouvrier et isolé (Marseille est tellement étendu) de St Marcel/ La Barasse. Et encore plus épatant, il déjoue les clichés autour de l‘icônique Bob Marley et du reggae, tant la production musicale de cette petite île, un peu plus grande que la Corse, mais bien plus peuplée ( près de 3 millions d’habitants) est étonnante de diversité. Ce n’est en effet pas le reggae que le contrebassiste veut évoquer. Il n’y en a qu’un et il n’est pas de Marley, c’est l’une des deux seules compositions originales sur les 8 titres de l’album qui comprennent donc 6 reprises, réminiscences des premières amours musicales mais aussi des découvertes récentes tant la musique jamaïcaine est riche d’influences métissées.

Enregistré dans les studios du label Durance (Alpes de Haute Provence) dont le guitariste Alain Soler est le directeur artistique, avec une prise de son fluide et rapide, les arrangements de Pierre Fenichel ont la spontanéité de l’original. Lisible et pourtant mystérieuse, cette musique interroge dès le premier titre, cérémonie lancinante qui vous emporte immédiatement, “Bongo Man” de Count Ossie, le premier musicien rastafari à accueillir cette pratique, “un Sun Ra jamaïcain des années quarante”. Retenez ce nom, un autre titre de sa composition nous balade dans l'ambiance d'une “Ethiopan Serenade”

Un autre crooner de l’île est à l’honneur, Ken Booth, un Marvin Gaye de la Jamaïque avec ce “I don’t want to see you cry”  dans un arrangement d’une douceur exquise, une rythmique dansante, un trombone gouleyant qui flirte avec la trompette. On retient instantanément la mélodie. Sans avoir besoin de vocaliste, le quintet est remarquable par la qualité des instrumentistes, l’alliage de leurs timbres: le trompettiste domine sur ce “Simple song” dont la facilité n’est que dans le titre : le son joufflu d’un vrai petit orchestre,  le trombone enjôleur, la guitare impeccable dans ses enluminures et la batterie au rythme combatif.

Si le contrebassiste connaît bien le guitariste Thomas Weirich, Braka le batteur (Simon Fayolle), et Romain Morello le tromboniste ( actuel professeur au Conservatoire), le trompettiste sud africain Marcus Wyatt est la révélation de cet album.

 Dans ses arrangements le contrebassiste fait revivre intelligemment la tradition sans renoncer à l’un des principes directeurs du jazz, laissant la part belle à l’improvisation du groupe dans un cadre aménagé, quelque peu détourné. Le groupe se réapproprie les originaux jamaïcains en changeant rythmes, couleurs et instruments, en opérant un rhabillage neuf et insolite. C’est bien l’oeuvre de jazzmen qui gardent l’empreinte d’une musique aimée, délaissée mais jamais oubliée. Quand elle fait retour, elle a une intensité et une force peu communes.

Le plus bluffant est peut être cet “Exodus” qui n’est pas, contre toute attente, une revisitation en trio (guitare, basse, batterie) du tube de Marley mais une recomposition à la fois nostalgique et épurée (il n’ y a pas d’autre terme, croyez moi ) du thème original d’Edmond Gould qui irrigue continûment le film d’Otto Preminger (1960) d’après Leon Uris.

Entre exercice et hommage, cet album est une vraie réussite,  originale, plaisante et surtout libre. Une découverte pour une Marseillaise native qui, si elle connaissait la French Connection, de la Jamaïque, hormis le reggae, ignorait totalement l’étendue de cette culture musicale insulaire si éloignée de la Méditerranée. Le jazz sait s’en emparer avec aisance. Alors merci Monsieur Fenichel!

 

Sophie Chambon

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