LES MC CANN : « The Pacific jazz colllection 1960-1963 »
4 CD’s
personnel : Leroy Vinnegar, Ron Jefferson, Herbie Lewis etc….
Le pianiste Les Mc Cann, disparu en décembre 2023 à l’âge de 88 ans n’était certainement pas le pianiste de jazz le plus légendaire ou le plus emblématique de l’ère post-bop. Il est cependant pour nous très largement sous-estimé surtout si l’on en revient à son abondante production discographique des années 60 pour le label de la West Coast, Pacific. Il est vrai qu’Alain Tercinet dans son livre « West Coast » disait du pianiste « qu’il débitait de la soul music au kilomètre avec une absence totale d’imagination ».
Constat qui, s’il s’approche parfois de la vérité est tout de même un peu sévère si l’on en juge par cette retrospective qui couvre les années 1960-1963.
Car ce que l’on entend c’est surtout un pianiste dans la pure lignée d’un Erroll Garner avec la même fluidité et la même souplesse au travers des standards égrenés avec cette rythmique de Los Angeles ( Leroy Vinnegar et Ron Jefferson). Un sens rythmique exceptionnel, un sens de la mesure dans l’impro et surtout une grande forme d’élégance.
Le pianiste qui a fait, comme beaucoup ses armes dans les choeurs d’église s’y montre surtout empreint de gospel et de soul.
Cette collection est à découvrir car elle nous semble la meilleure du pianiste qui, à partir de la fin des années 70 s’est peut être un peu égaré dans des formes plus commerciales ( chanteur ou joueur de synthé) et moins intéressantes à l’exception peut être de son album avec le saxophoniste ténor Eddie Harris ( « Swiss movement » pour le label Atlantic)
Collectif, dans tous les sens du terme : communauté des artistes qui se sont engagé.e.s mutuellement dans ce groupe sans leader, sextette qui rassemble des musiciennes et musiciens qui ont souvent joué les uns-les unes avec les autres (tiens : les autres échappent à la pesante tyrannie du genre). Amitiés, goût de faire de la musique (de la porter, de la penser, de l’offrir) en commun. Choix de thèmes empruntés aux admirations collectives, au souvenir des figures marquantes des musiques libres et émancipatrices.
Plaisir d’écouter des compositions qui parlent de légèreté autant que de gravité, de découvrir sous un nouveau jour une musique de Michel Portal pour un film de Jean-Louis Comolli, ou un thème de Beb Guérin pour rappeler ce contrebassiste qui fut une sorte d’étoile filante dans l’effervescence des années 60-70. Se souvenir autrement de ce qui ne peut demeurer immuablement même, identique au souvenir arraché au fil du temps : Cinq Hops, du disque éponyme de Jacques Thollot ; Four Women, à jamais marqué par l’aura de Nina Simone ; Charangalila, naguère gravé par Lol Coxhill avec les Melody Four, ou Waste No Tears, inauguré par Sidney Bechet au temps du 78 tours…. Nostalgie ? Que non ! Cri d’amour joyeux et obstiné, avec La Paloma métamorphosée par l’arrangement de François Corneloup ; et salut amical, et posthume, à Jef Lee Johnson, compagnon de route d’Ursus Minor. Avec aussi des compositions originales des membres du groupe, pour célébrer les surgissements de liberté et de révolte. Les textes du livret, signés Jean Rochard, nous en disent plus encore sur ce qui se joue dans la mise en abyme de l’identité et de l’altérité. Et une plage résume peut-être ce qui, précisément, ne saurait être rejoué, et pourtant nous saisit comme le retour d’émotions surgies du passé : la Romance de la Guardia Civil española, ici dans la voix de la rappeuse Billie Brelok, fait resurgir en nos mémoire la façon dont Violeta Ferrer portait ces mots de Federico García Lorca, comme une tragédie immémoriale.
J’avais écouté ce groupe en concert, avec une bonne partie du répertoire de ce disque (c’est le premier du trio, mais la connivence entre eux est ancienne). C’était en juin dernier à Paris, à la Galerie 19 Paul Fort. Et j’avais été conquis, comme tout le public présent. La musique,composée par Trevor Watts, est un effervescent mélange de jazz de stricte obédience et de musique libre (libre mais très syncopée). La pulsation est reine, elle est souvent véhémente. Les thèmes sont structurés, mais ils incitent à l’échappée, et les membres du trio ne s’en privent pas. La musique puise à toutes les sources. En permanence se télescopent une foule de micro-événements musicaux dont le développement est toujours fécond : musique intensément vivante, qui fait bouger nos pieds autant que nos neurones. Un régal en somme.
Xavier Prévost
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Le trio est en concert le samedi 1er juin à Paris à la Galerie 19 Paul Fort
Editions Le Mot et le Reste, (312 pages).
À paraitre le 31 mai.
Janvier 2009. Théâtre du Châtelet. Sur la scène lors de la remise des prix de l’Académie du Jazz, Alain Goraguer, au piano, joue un air de la bande originale de « J’irai cracher sur vos tombes », musique de sa main composée pour le film de Michel Gast adapté du roman de Boris Vian. Un hommage à l’écrivain-jazzman disparu en 1959, le jour de la première projection pour la presse du film et qui prend une saveur particulière. Boris Vian avait ce matin-là confié à Goraguer, présent à la séance : « J’ai écouté ta musique, elle me plaît beaucoup ».
Ce soir de janvier 2009, « personne de son entourage ne se souvenait d’avoir vu Goraguer jouer sur scène depuis sa participation en 1953 au Tournoi de Paris des pianistes amateurs » (ndlr : où il avait terminé troisième derrière René Urtreger et Georges Arvanitas), relève Rémi Foutel dans une biographie très précise consacrée à Alain Goraguer.
Toute la personnalité du pianiste né en région parisienne (le 20 août 1931 à Rosny-sous-Bois) se trouve ainsi résumée. Un musicien, homme de l’ombre et qui a marqué l’histoire de la musique française pendant un demi-siècle.
Disparu le 13 février 2023 à 91 ans, Alain Goraguer aura contribué comme arrangeur et compositeur au succès de vedettes de la chanson, débutant avec Boris Vian ( Complainte du progrès) en 1954, avant de coopérer avec Serge Gainsbourg (Le poinçonneur des Lilas, l’eau à la bouche, Black Trombone), « la période de sa carrière qu’il préfère », Boby Lapointe (Aragon et Castille, la maman des poissons, Méli-mélodie), France Gall (Poupée de cire, poupée de son, qui décroche le Grand Prix de l’Eurovision en 1965, les Sucettes), Jean Ferrat (Ma môme, La Montagne, Nuit et brouillard), Adamo (Inch’Allah), Serge Reggiani (La chanson de Paul), Régine, Isabelle Aubret, Georges Moustaki (Le métèque)…
A l’apogée de sa renommée, dans les années 60-70, Alain Goraguer pouvait signer une cinquantaine d’arrangements par an (un par semaine !). Arrangeur salarié de maisons de disques (Philips pour commencer), le pianiste prend aussi le temps de composer pour le cinéma (après J’irai cracher sur vos tombes, Les loups dans la bergerie, Sur un arbre perché, la Planète sauvage, l’affaire Dominici …) sans oublier quelques films pornographiques (dont l’Essayeuse) et la télévision, notamment en 1982 avec la musique d’une émission devenue culte, dédiée a l’aérobic, Gym Tonic, de Véronique et Davina (« j’ai écrit ce morceau très rapidement, il fallait seulement que ce soit un titre entraînant ») .
Les années 80 s’avèrent plus délicates pour Alain Goraguer avec la fin des grandes sessions orchestrales en studio pour raisons financières mais il va dès lors s’investir au sein de la SACEM, se battant ainsi pour obtenir dans les contrats des droits aux arrangeurs. Dans les années 80-90, il vit grâce à ses droits d’auteur, la publicité et la musique de film. Sa dernière œuvre le ramène à Boris Vian. En compagnie du parolier Claude Lemesle, il écrit la musique d’une comédie musicale, « Mademoiselle Bonsoir », dont le Bison Ravi avait rédigé le livret. Le projet est déposé à la Sacem le 15 janvier 2013 mais restera lettre morte.
Et le jazz dans cette carrière prolifique ? Il ne sera jamais loin tout au long de ses œuvres, dès les débuts comme pianiste à Nice, qui « montera » à Paris sur les conseils de Jack Diéval (star du jazz à la télévision des années 50-60), formera un trio avec Paul Rovère (basse) et Christian Garros (batterie), et sortira chez Philips en 1956, à la demande de Boris Vian, « Go… Go… Goraguer ». Et les jazzmen sont largement mis à contribution dans les enregistrements d’Alain Goraguer, et notamment Pierre Michelot, Michel Portal, Georges Grenu, Roger Guérin, ou encore Eddy Louiss…
Grâce à Rémi Foutel, qui a rencontré à plusieurs reprises entre 2018 et 2021 Alain Goraguer, nous découvrons le parcours singulier d’un musicien qui a marqué son époque par une œuvre colossale. « Forçat de l’écriture, résume Rémi Foutel, Alain Goraguer est le compositeur d’environ neuf cents musiques et l’arrangeur d’un nombre prodigieux de chansons, peut-être le double ». Et quel talent ! « C’est l’un des seuls orchestrateurs français qui lisent vraiment les textes, s’émerveille Claude Lemesle. C’est un musicien qui connaît son métier sur le bout des doigts ».
Lire cette biographie c’est aussi découvrir une personnalité dotée d’un sens de l’humour froid et dévastateur, qui n’a pas sa langue dans sa poche pour évoquer les artistes auxquels il a prêté son concours, et qui a accompli son rêve, « devenir musicien ». « Je n’avais pas de plan B…. Je n’ai aucun regret ». Une lecture, on l’aura compris, fortement recommandée, d’un ouvrage vivant et richement documenté.
JEANNE MICHARD : « Entre las flores » Quai son records 2024
Jeanne Michard (ts, compos), Clément Simon (p, Rhodes, vc), Natascha Rogers (percus, vc), Pedro Barrios (percus, texte et vc), Maurizio Congiu : (cb, vc), Julien Lourau (DA) + GUESTS :Paloma Pradal : (vc), Nelson Palacios (vc),Sebastian Quesada (timbales),Rodin Sotolongo vc)
Jeanne Michard était la révélation de Jazz Magazine en 2022 et Victoire du Jazz en 2023. Jusque-là, il faut bien l’avouer nous ne la connaissions pas vraiment et son précédent album nous était passé très vite entre les oreilles.
Mais Jeanne Michard, à 31 ans confirme aujourd’hui et d’autant plus avec ce nouvel album, qu’elle est le nouveau son du sax ténor en France avec sa formation orientée vers un latin jazz entre New-York et Cuba. Car, si l’on juge un sax ténor par la qualité de son son, alors Jeanne Michard s’impose assurément dans le paysage avec cette texture à la fois ample, soyeuse et avec ce grain de raucité qui évoque certaines légendes de l’instrument. Un lyrisme félin, un placement rythmique exceptionnel et une façon de vous caresser les mélodies autant que de les projeter dans l’espace, tout cela vous fait sentir un vent de sensualité bien agréable. De suavité devrait-on dire.
Il y a chez Jeanne Michard de ces formes d’ancrage, les deux pieds dans la terre et la tête dans les voyages partagés qu’elle exprime avec un lyrisme impeccable et vous donne de ces balancements au bout des pieds qui donnent envie de danser, de chalouper, de se laisser aller tout simplement.
Si l’on y ajoute une superbe écriture empreinte de ses voyages à la Havane on ne peut qu’être totalement convaincus et séduits par cette saxophoniste qui fut en d’autres temps élève de Luigi Grasso d’où elle tient peut être l’art de sculpter le son.
Jeanne Michard porte haut les couleurs du latin jazz.
Rien à jeter dans ce nouvel album de la saxophoniste : on prend tout avec gourmandise !
Jeanne Michard sera au Studio de l’Ermitage vendredi 31 mai. A ne pas louper. En plus cela tombe bien, le Studio fait les meilleurs ti’punch de Paris ! De quoi rêver à la danse sur des plages cubaines.
Kenny Barron (p), Immanuel Wilkins (as), Steve Nelson (vb), Kiyoshi Kitagawa (cb), Jonhatan Blake (dms)
Tout nouvel album signé du pianiste de Philadelphie est en soi un évènement. Evènement qui, de toutes façons sera encensé par la critique.
Normal, Kenny Barron est une légende. C’est bon, c’est dit, c’est écrit partout et proclamé dans la presse qui est unanime sur le sujet : Kenny Barron est une légende. Cela ne se discute pas. Cela est.
Alors forcément nous étions impatients de découvrir à notre tour cet album qui est pré-destiné à devenir légendaire dans la discographie abondante du pianiste dont nous gardons tous en tête les duos sublimes qu’il nous livrait avec Stan Getz sous la houlette du regretté Jean-Philippe Alard. On atteignait alors des sommets desquels le pianiste n’est jamais vraiment redescendu.
Avec Kenny Barron c’est à la fois un pianiste-caméleon et aussi l’éloge de la simplicité. Quel que soit le format dans lequel il s’exprime ( en solo, en duos en quartet), Kenny Barron impressionne par sa façon de…ne pas impressionner et de rendre la musique aussi limpide que dépouillée de tout le superflus. Kenny Barron c’est la science de l’harmonie et du placement au service du verbe. Et il n’est pas étonnant de voir un pianiste comme Alain Jean-Marie porter aux nues Kenny Barron tant ils ont en commun l’art de l’effacement, de la discrétion sublime tout en imposant un style imprégné de toute l’histoire du jazz.
Kenny Barron n’hésite pas à se mettre au service d’un collectif renouvelé comme avec ce quintet pour lequel il est allé chercher le jeune et incroyable saxophoniste Immanuel Wilkins, qui malgré son jeune âge ( 27 ans) s’imprègne des racines du jazz, comme il se plaît à le faire avec son camarade Micah Thomas.
Mais au-delà de cette belle surprise, cet album est aussi un bel écrin pour les compositions du pianiste pour qui l’influence d Monk reste prégnante.
Kenny Barron continue d’écrire sa propre légende à l’encre d’une histoire du piano-jazz qui n’est ni sèche ni sur le point de se tarir. La preuve par Barron.
C'etait hier sur Jazzbox avec le pianiste Arshid Azarine (pour l'album Vorticity) et le contrebassiste Joachim Govin pour la sortie du Volume 2 de "Tree"
Studio de l’Ermitage 12 Juin concert de sortie du CD
Un disque important pour ce trio de camarades toujours aussi soudés après plus de vingt ans d’activité. Même s’ils ne sont pas du genre à éprouver de la nostalgie, le coup d’oeil nécessaire dans le rétroviseur leur a fait mesurer la distance parcourue et l’évolution de leur musique improvisée depuis 2002. Il ne s’agit pas pour autant d’un travail de collectage des musiques héritées pendant toutes ces années. Si leurs deux premiers albums Ballads and Barricades en 2009 et Conflicts and Conclusions en 2011 étaient consacrés aux influences du passé, aux compositions de ce musicien au parcours extraordinaire et pourtant peu connu, Hans Eisler, exilé à Hollywood avant de revenir à l’Est (créateur de l’hymne national allemand), ils se sont très vite abandonnés à leur propre partition, des chansons sans parole d’une grande beauté.
Difficile de définir leur style mais “ça joue” toujours autant entre eux, gardant mélodie et pulsation, sans aucun dogme, tout à leur seul désir et pour notre grand plaisir, ne s’interdisant rien et surtout pas de mêler traditions, références aimées et indépendance dans la musique qui surgit de cet élan collectif. Du lyrisme enfin qu’ils ne dédaignent pas d’injecter dans leur arc narratif et dramaturgique.
Pendant les cinq jours à Amiens chez Label Bleu, enregistrant en direct dans le studio Gil Evans, ils ont joué à perdre haleine et sorti 41 improvisations dont ils n’ont au final retenu que 7 titres* après une écoute des plus attentives. L’ingénieur-son Maïkol Seminatore, le quatrième homme, a fignolé les thèmes choisis avec des arrangements, recadrements et loupes. Du sur mesure,“sans l’éclat, la distanciation ironique, la violence iconoclaste” des débuts disent-ils.
On arrive à se faire une idée précise de la tonalité de la séance dès la première écoute, tant le climat reste homogène. Une musique toujours aussi énergique grâce à la batterie de Perraud, au lyrisme souvent énervé, écorché des saxophones ténor et soprano de Daniel Erdmann et à la guitare maîtresse de Hasse Poulsen. Un triangle plutôt équilatéral qui ne respecte pas l’arrangement habituel (trop classique pour ces poètes libertaires) de guitare-basse/batterie.
SiEdward Perraud, batteur et percussionniste, coloriste et rythmicien attire l’attention dès l’origine avec ce “Birth” à l’ostinato perturbant, s’il varie ses effets par des ruptures de rythme, il s'avère assagi et plus régulier sur “The River” puis “Earth”; il brosse largement l’arrière-pays, ce socle sur lequel s’élance Daniel Erdmann inimitable, au timbre identifiable.C’est toujours la même séduction, immédiate, à l’ écoute de ce saxophoniste vibrant, tout en souffle, impressionniste ou fougueux… Plus en retrait semble le guitariste à moins que l’auditeur ne soit moins sensible aux accords de guitare qui s’enchaînent, imparables pourtant. Ce serait sans compter les doux effleurements d’Hasse Poulsen sur ce “Dancing star” en deux parties qui courent sans transition, une délicate musique des sphères; la construction ascendante de Hasse Poulsen, intègre avec bonheur tous les imprévus d’une musique invasive, constamment sous tension jusqu’au final prometteur, annonçant une “First Light” plutôt free rock.
Cet album semble une parfaite illustration en images virtuelles, écho à trois voix souvent irréelles, comme les photos d’Edward Perraud fantasmatiques et troublantes. Une suite continue où l’esprit se recentre autour d’ostinatos et de grondements sourds, le saxophone soufflant volontiers le chaud et le froid, la douceur étant du côté de la guitare.
Un peu plus étonnante est cette citation interminable tirée d’“Ainsi parlait Zarathoustra”. On ne comprend pas vraiment comment fonctionne leur alchimie, mais il est manifeste que cette musique à trois est structurée, parfaitement élaborée entre folk, jazz, rock. Ils continuent leur histoire sans perdre leurs repères. Attentifs, délicats, sans fébrilité excessive, ils savent donner à l’album son unité avec une dimension originale et poétique.
Bo Van Der Werf (bs), Fabian Fiorini (p), Joris Roelofs (clb), Esther Coorevits (alto), Eugenie Degraigne (cello), Jozef Dumoulin ( clavier, électr.), Laure Bardet (vl), Dré Pallemaerts (dms) A la frontière du jazz, du classique et de la musique contemporaine ce nouvel album d'Octurn, le mythique groupe belge créé sous la houlette de Bo Van Der Werf, nous embarque dans une fusion entre écriture et improvisation qui ne perd jamais en cohérence. La base de cet album, ce sont des variations autour de l'œuvre un peu méconnue du compositeur Sandòr Veress, compositeur hongrois ( 1907-1992) proche de Bela Bartok.Sur ces bases se mêlent alors acoustique et effets électroniques dans une sorte de plongée dans un véritable univers sonore et musical.Chacune de ces pièces ( ou de ces mouvements) est extrêmement impressionniste et presque narratif, jetant des ponts entre les genres musicaux en toute fluidité et surtout en toute liberté.Le résultat est fascinant et comme toujours avec Octurn depuis leur début en 1996, la musique aux structures complexes devient intelligible et prenante. Il y a dans la complexité parfois ténébreuse à force de dissonances et de rythmiques complexes, une forme évidente qui se dégage. Une sorte de forme cellulaire et organique en mouvement. Au final le travail sur l’œuvre de Veress devient totalement fascinant et captivant. Jean-Marc Gelin