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24 mai 2024 5 24 /05 /mai /2024 11:17

Jazz family 2024
Renan Richard-Kobel : (ss); Romain Habert (g), Clélya Abraham (p); Yves Marcotte (cb)Jean-Baptiste Loutte (dms, vc) 



On peut se l'avouer (puisque nous sommes entre nous) nous avions mis un peu de côté cet album lorsque nous l’avons reçu en se promettant de l'écouter plus tard.Et puis les hasards parisiens nous ont conduit un soir de la semaine dernière du côté du Sunside où Crafting donnait leur concert we sortie d'album et à venir y jeter une oreille curieuse. Et là : coup de cœur !Coup de cœur pour ce jeune groupe de talents émergents tout juste sortis du Conservatoire. Il en fallu en effet très peu pour que l'on soit immédiatement happés par la qualité de ces belles compositions magnifiquement servies  par le raffinement d’un groupe en tout point cohérents. Groupe émergent de 5 magnifiques solistes dont aucun ne cherche à en faire trop ou à se laisser aller à un lyrisme exubérant mais cherche au contraire  à se mettre au service du collectif. Sans jamais se départir d’une certaine forme d’engagement. Dans une forme de retenue particulièrement élégant.Dans leur musique s’entendent les inspirations venues de Kurt Rosenwinkel, de pat Metheny ou encore, évidemment de Wayne Shorter. Mais au-delà on y entend aussi une vraie personnalité sur des compositions où la complexité harmonique ne nuit jamais à la fluidité mélodique du propos.Ce groupe a des choses à dire, des univers à raconter et une envie collective.Opération séduction totalement réussie.A suivre de près.
Jean-Marc Gelin 

https://m.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_kD78Ax0xz3f6AIfUZThU7VC-eJNf53VMY

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19 mai 2024 7 19 /05 /mai /2024 18:21
FREE FIGHT   Guillaume Belhomme Philippe Robert

 

 

FREE FIGHT   Guillaume Belhomme Philippe Robert

This is our (new) thing

 

Editions Lenka Lente

FREE FIGHT de Guillaume Belhomme & Philippe Robert / Editions Lenka lente

Free Fight qui était paru pour seulement quatre numéros sous la forme d’un fanzine photocopié sur le site le Son du Grisli a été assemblé une première fois par les éditions Camion. Mais ce sont les éditions Lenka Lente qui leur rendent aujourd’hui leur format initial, à l’italienne, avec des illustrations en noir et blanc des pochettes d’albums photographiées à domicile dans leur environnement “naturel”.

On prend un plaisir certain à découvrir les échanges entre deux spécialistes, véritables allumés du jazz ( et de beaucoup d’autres choses) dans un duel à fleurets mouchetés. On suit leur parcours sans toujours bien saisir les passages, relais et associations d’idée entre eux, une entrée en évoquant vite une autre. Ils vont à sauts et à gambades dans les années fécondes, à coup de vinyles de leurs discothèques respectives que l’on aimerait bien découvrir in situ. Une bataille rangée des plus élégantes chez ces deux gentlemen du free jazz aux bibliographies conséquentes qui se sont rencontrés autour de ces musiques des marges. Des lisières même, sans hiérarchie de style ou d’école.

S’ensuit une grande variété de propositions déroutantes parfois, toujours intéressantes dans une sélection limitée à trente-six disques chacun, soit soixante douze articles. Ce qui n’est pas rien et forme la matière d’un bel objet que le format à l’italienne rend facile à consulter. Les adeptes de ces musiques pourront avec une grande liberté d’exploration, suivre, objecter ou proposer d’autres albums remontant des années soixante et soixante dix jusqu'aux années 2010. Ce n’est pas tant la discothèque idéale -idée rebattue et très déceptive au fond, qu’ils nous proposent tous deux que le résultat d'une écoute subjective privilégiant un découpage particulier. Historique donc mais encore contemporain, défricheur, planant ou militant, au delà du Free jazz, Black Power de Carles et Comolli. Ils insistent dans une interview liminaire sur le fait que cette liste argumentée a été dressée sans aucun calcul, aucun quota de nationalités, de genre, d’instrument, et évidemment aucune (auto)-censure, sans suivre l’ordre alphabétique, ni chronologique. Or l’amateur de jazz est un nostalgique et la chronologie lui importe. Il va chercher quels étaient les premiers albums sélectionnés : Jef Gilson in Oeil*Vision en 1962-1964, George Russel At Beethoven Hall chez Saba pour Shirley Jordan et encore Roswell Rudd America en 1965, tous deux indiqués par Guillaume Belhomme qui pousse aussi le curseur le plus loin, jusqu’en 2010 avec Jazz Pa Svenska où s’illustre Mats Gustafsson.

Philippe Robert dégaine avec du free, jazz, rock  : Steve Marcus in Count’s Rock Band de 1969 chez Vortex du saxophoniste Steve Marcus avec Larry Coryell et Guillaume Belhomme répond avec l’impeccable Cecil Taylor  in Garden en 1981 chez Hat Art. Solo à l’index précise-t-il, ce que montre la pochette. On déroule le fil de chroniques écrites d’une plume affûtée, dans un ton qui leur est propre, reconnaissable même sans la précaution d’une exergue signée pour chaque album. Si vous ne connaissez pas bien le groupe, le musicien, le chanteur, vous vous en ferez une idée d’après ces commentaires authentiques évoquant souvenirs et anecdotes qui balayent bien plus large que ce que le titre sous-entend. Que l’amateur se rassure cependant, il reconnaîtra des pépites dans ces albums de Roswell Rudd, Hamiet Bluiett, Frank Lowe, Andrew Cyrille, Steve Lacy, Wolfgang Dauner, François Tusques et Barney Wilen, Colette Magny, Jef Gilson, Joe Mc Phee, Marion Brown, Arthur Blythe, Sun Ra Aux Nuits de la fondation Maeght vol 1&2 en 1970, Mischa Mengelberg, Gunther Hampel avec Jeanne Lee…. car même si les auteurs font reposer leur choix, forcément subjectifs sur le plaisir et la sensibilité, leur expertise n’est plus à mettre en doute. Ce sont  donc les guides rêvés pour creuser la réalité d’une époque et d’une musique parfois incomprise, révélant au passage les conventions et hiérarchies tacites de la société.

 

Sophie Chambon

 

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16 mai 2024 4 16 /05 /mai /2024 14:30

Pierrick Menuau (saxophone ténor), Gaëtan Nicot (piano)

Porz Gwen (Finistère), sans date

Tinker Label 0323011 / l’autre distribution

 

Une connivence nouée voici bien ds années dans les jam sessions angevines, et affûtée par ce duo. Des standards inoxydables (Monk’s Dream, Stablemates….), des improvisations, et des thèmes originaux, dont une belle évocation d’un duo resté dans toutes les mémoires, sobrement intitulé For Wayne & Herbie, pour un jouissif mélange de science musicale et de décontraction. Avec aussi une ‘plage fantôme’ après la fin de The Nearness Of You.  En d’autres termes un beau cocktail de maîtrise du langage et de liberté (le jazz, n’est-ce pas ?). Le texte du livret, signé par le pianiste breton Didier Squiban, évoque une parenté artistique avec la poésie de René Char ou la peinture de Vassily Kandinsky, ce qui est totalement pertinent : le souci de la forme ne bride en rien l’imagination, et j’entends aussi dans cette rencontre les échos d’un univers où s’épanouissaient Lennie Tristano et Warne Marsh. Bref, vous l’aurez compris, c’est de la très très belle musique.

Xavier Prévost

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Le duo est en concert à Paris (Sunside) le 21 mai , et à Nantes (Pannonica) le 22 mai

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Un avant-ouïr sur Youtube

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15 mai 2024 3 15 /05 /mai /2024 16:04
BLACK LIVES  PEOPLE OF EARTH

 

 BLACK LIVES     PEOPLE OF EARTH

 

I Apologize (youtube.com)

Label/Distribution : Jammin colors

 

Après un premier opus en 2022 From Generation to Generation, l’aventure humaniste de Black Lives continue avec ce People of Earth sur les scènes les plus diverses pour ce collectif d’une vingtaine de musiciens originaires d’ Europe, d' Afrique, de la Caraïbe, des Etats Unis, tous regroupés autour du bassiste Reggie Washington et de sa femme, véritable cheville ouvrière de cette formation conceptuelle.

Un propos généreux, un langage efficace car directement accessible pour lutter contre le racisme et les inégalités sociales, un album dédié à tous les enfants du monde. Quinze compositions courtes et enlevées, des songs aux titres explicites (Move, Awakening, Better Days, People of Earth…) créées pour la circonstance, façonnées pendant les tournées en Europe de l’album précédent, portées par des choeurs ajustés, des musiciens de générations différentes venant du jazz, de la soul, du rap, du hip hop, tous unis vers un objectif commun de changement.

Un “feel good” album dont la force réside dans l’énergie du groupe, la croyance en un avenir meilleur à condition d'agir sans plus perdre de temps. Une remarquable cohésion sous-tend l’album, à écouter d’une traite comme le résultat d’un esprit de groupe engagé et créatif. A la différence des albums explosifs pleins de colère, de rage des années soixante -encore que le poème “I apologize” dit par Ezra Schwarz Bart fasse ressurgir l'esprit de l'époque, c’est l’espoir en un monde différent qui prévaut sans pour autant tomber dans un enthousiasme béat. Cet optimisme surprenant quand on songe à notre époque si anxiogène et brutale, reste militant, festif, irrigué d’une fougue communicative, de la joie d’être et de jouer ensemble. On retrouve autour de Reggie Washington de sacrées pointures, le pianiste Grégory Privat, les batteurs Gene Lake, Sonny Troupé au tambour ka, les guitaristes David Gilmore (solo sur “Better Days”), Jean Paul Bourelly, aux saxophones ténor Jacques Schwartz Bart, Marcus Strickland et notre sax alto toujours enthousiaste Pierrick Pedron dans deux titres “Valley of Kings” de David Gilmore et “Jubie’s Jones”. La suite ainsi composée en écho au mouvement Black Lives Matter dresse un état des lieux d’une certaine musique noire entre Afrique, Antilles, Amérique. Entre doux rêve et folle utopie? Peut-être mais ce sont aussi des armes de résistance qu’ils nous proposent. Si l’album commence avec la belle voix de Christie Dashiell sur l’encourageant “Friendship” accompagnée par le Fender de Federico Gonzalez Peña, c’est Sonny Troupé qui rythme aux diverses percussions avec tout l’entrain qu’on lui connaît  “On sèl rèv”, un final porté par des choeurs émouvants.

Alors prenez vite date pour aller découvrir cet été ce formidable ensemble dans les festivals hexagonaux près de chez vous...

 

Sophie Chambon

 

  

 

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14 mai 2024 2 14 /05 /mai /2024 10:03

     « J’envisage toujours la musique comme quelque chose en progrès, une façon de progresser soi-même ». Cette confidence de Christian Escoudé, figurant dans le livret de son dernier (et ultime) album « ANCRAGE » (Label Ouest/L’autre distribution) sorti dans les bacs en avril prend une résonance particulière ce 13 mai, à l’annonce du décès ce jour même du guitariste, à 76 ans.
 

 

     Affaibli, le jazzman n’avait pu honorer les deux concerts prévus les 3 et 4 mai au club parisien Le Sunside. Ecouter ce disque permet de mesurer l’ouverture d’esprit d’un guitariste qui tout en respectant l’héritage de son frère de la communauté manouche, Django Reinhardt, revendiquait un attachement aussi bien à la chanson française (Bécaud, Aznavour ici et dans des temps anciens Brassens) qu’au jazz West Coast, par un hommage à Paul Desmond, tout en délicatesse. (Il me revient l’hommage qu’il rendit en 2014 lors d’une cérémonie de remise des prix de l’Académie du Jazz au théâtre du Chatelet à un prince de la guitare, Jim Hall).
 

     « Champion du phrasé souple et du lyrisme », selon le chroniqueur Xavier Prévost, Christian Escoudé a emprunté tous les chemins de la musique du XXème siècle : la guitare tzigane avec son père dans sa Charente natale (né à Angoulême le 23 septembre 1947), les airs populaires dans les bals où il apprend « le métier », le jazz sous toutes ses déclinaisons (be-bop, fusion…) avant de « monter » à St Germain des Prés et à ses caves (Le chat qui pêche) où il rencontre Eddy Louiss, Aldo Romano, Steve Potts...
 


     Son abondante discographie (une cinquantaine d’albums en cinquante ans) en témoigne : le « trio gitan », initiative du producteur Jean-Marie Salhani, avec deux collègues guitaristes (Boulou Ferré et Babik Reinhardt), un autre trio à cordes avec Didier Lockwood et Philip Catherine, le big band de Martial Solal, un enregistrement en direct avec le pianiste Hank Jones au mythique Village Vanguard de New-York, une tournée mondiale avec un « guitar hero », John McLaughlin… L’interprète était aussi compositeur et signa notamment « A suite for Gypsies » (Emarcy-Polygram 1998), rencontre d’un quartet de jazz et d’un quatuor à cordes, « dédiée à la mémoire des milliers d’enfants tsiganes morts dans les camps de concentration nazis ».
 


     Au vu de ses « états de service », on ne s’étonnera pas que Christian Escoudé ait décroché la plus prestigieuse récompense de l’Académie du Jazz, le Prix Django Reinhardt, succédant en 1976 à un autre guitariste, au destin tragique, Joseph Dejean. Le lauréat 1975 trouva la mort le 9 juin 1976 dans un accident de voiture au retour d’un concert dans les Charentes. Région où Christian Escoudé s’était retiré voici quelques années, « retournant à la vie rurale » (dixit Boulou Ferré) et élevant des chevaux.

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

Crédit photo Bérengère Desmettre


    

 

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13 mai 2024 1 13 /05 /mai /2024 15:38

CHRISTOPHE PANZANI : «  Mères océans »

The drop music 2024

Christophe Panzani (ts, cl, clb, fl), Tony Paeleman (p, claviers, mix), Enzo Carniel (p sur deux titres), Guilhem Flouzat (dms), Antoine Pierre (dms)


 

Il y a d’abord dans cet album une forte charge émotionnelle. Mais aussi une extrême pudeur qui s’en dégage. Christophe Panzani explique en effet les raisons de cet album conçu comme une façon d’écrire à sa mère au moment où celle-ci perdait l’usage du langage. D’où aussi une forme d’urgence à exprimer pour elle, par la musique ce que le langage ne peut plus dire. Et c’est donc un acte d’amour que nous entendons dans cet album qui s’écoute comme on lirait par-dessus l’épaule un album de souvenirs intimes.

Depuis que l’on suit le parcours de Christophe Panzani (ancien membre de l’orchestre de Carla Bley), on a toujours été fasciné par sa maîtrise et son extrême sensibilité. Que ce soit dans des groupes comme The Drops, Watershed (quel groupe !), aux côtés d’Anne Paceo ou encore dans ses aventures en solo, on retrouve toujours avec Christophe Panzani la maitrise et la souplesse du son qui a bien des égards nous rappelle ceux d’un Mark Turner dans un autre environnement. C’est toujours l’expression d’un lyrisme soyeux et délicat. Un verbe caressant.

Cet album ne déroge pas à la règle. A l’unisson la section rythmique tend, sur ces superbes compositions une sorte de voile soyeux. Dans une sorte d’écrin de velours serti d’une rythmique toute en finesse, Panzani effleure le langage, murmure. Avec une infinie tendresse.

Jean-Marc Gelin

 

Christophe panzani sera en concert au Son de la Terre à Paris le 6 juin.

https://m.youtube.com/watch?v=P1QXC9huHQw

 

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13 mai 2024 1 13 /05 /mai /2024 14:55

Young Turks Recordings/Beggars.
Double Cd. paru le 3 mai.

     Kamasi WASHINGTON est annoncé salle Pleyel le 13 octobre prochain. Une sorte de consécration pour le saxophoniste californien, considéré comme le nouveau prophète du jazz universel d’aujourd’hui, intégrant hip-hop et funk. Un concert qui pourrait -qui sait ?- provoquer pour les fans de 2024 la même passion que le big band de Dizzy Gillespie en 1948 dans cet antre historique de la « grande »musique, qui suscita dans la presse des vocables tels que « ouragan », « cyclone » ou encore « cataclysme ».

     Débarqué sur la planète de la « Big Black Music » voici dix ans avec un incroyable triple album (The Epic), Kamasi Washington décloisonne le jazz et lui donne un souffle épique qui n’est pas sans rappeler entre autres Pharoah Sanders ou Sun Ra. « Merci Dieu pour votre amour, et pour avoir créé le chemin que ma vie a suivi », exprime-t-il dans le bref livret qui accompagne son cinquième album (Fearless Movement).


LESANU

 

     Sans peur, le musicien né à Los Angeles, quadragénaire (43 ans) rugissant, renoue également avec l’un des piliers ancestraux du jazz, la danse. Dans cette quête du rythme et de la pulsation, Kamasi Washington, au ténor et à l’alto, mobilise quelques-uns de ses compagnons de route de la scène californienne et notamment de son groupe historique, The West Coast Get Down (plutôt éloigné du mouvement original cool des années 50). On retrouve ainsi le bassiste Stephen « Thundercat » Bruner, le claviériste (et organiste) Brandon Coleman, aux côtés d’invités de marque dans les parties vocales, la star du funk George Clinton, les rappeurs BJ The Chicago Kid, D Smoke, Taj et Ras Austin (des frères), sans oublier une pléiade de batteurs, percussionnistes et autres as des synthétiseurs.


PROLOGUE

 

     Avec ce double album de plus de 80 minutes, Kamasi Washington démontre une fois encore ses qualités d’improvisateur fougueux (ses solos dans le titre ouvrant le premier disque, LESANU, et le titre fermant la marche sur le second, PROLOGUE, composition d’Astor Piazzolla) et de leader de groupe multidirectionnel propre à emporter l’adhésion des amateurs de rythmes et d’expressions fusionnelles et mystiques.

 

      Jean-Louis Lemarchand.

 

    Kamasi Washington se produira cet automne lors d’une tournée européenne au Rocher Palmer le 12 octobre et le 13 à la salle Pleyel (places à partir de 44,40 euros, debout).
 

©photo X. (D.R.)
     

 

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13 mai 2024 1 13 /05 /mai /2024 12:18

Ah mes amis !

3 jours à Coutances sous un temps aux douceurs enfin printanières, un festival qui battait son plein, une programmation d’enfer avec quelques concerts exceptionnels et des amis au rendez-vous : une certaine idée du bonheur !

 

MERCREDI 8 MAI

 

BRAD MEHLDAU ou l’art caressant du trio

Pour démarrer ce festival rien moins qu’un concert de Brad Mehldau avec son nouveau trio. Si Jorge Rossy à la batterie est le compagnon des premières heures, cela faisait longtemps qu’ils ne s’étaient pas retrouvés. Il leur a d’ailleurs fallu quelques moreaux pour qu’ils (re)trouvent leurs marques. A la contrebasse, un tout nouveau venu aux airs d’adolescent (il a quand même 27 ans), le jeune Danois Felix Moseholm.

Concert tout en finesse et en subtilité. Brad Mehldau affichait son élégance coutumière, égrenant les notes avec autant de raffinement que de sensualité. Le concert culminait avec cette version renversante de The nearness of you de Hoagy Carmichael. Comme un déclic pour que les pièces de l’engrenage se mettent en route et que le trio nous emporte alors dans une autre dimension et révèle une nouvelle facette de l’art du trio de Mehldau. Un art caressant.

 

KAREEN GUIOCK-THURAM ou l’incandescence de Nina Simone

Kareen Guiock-Thuram (vc), Kevin Jubert (p), Rody Cereyon (cb), Tilo Bertholo (dms)

La chanteuse que tous les festivals s’arrachent et qui est présentée comme la révélation du jazz vocal venait ici présenter son projet autour de l’œuvre de Nina Simone. Une œuvre sur laquelle la journaliste reconvertie a travaillé pendant près d’un an pour présenter un projet dont on ne peut que saluer la cohérence narrative. Kareen Guick-Thuram, dans un registre vocal totalement adapté aux reprises de Nina Simone, prend à bras le corps l’œuvre de la chanteuse de Tyron (Caroline du Nord) et met le feu aux planches avec force engagement.

 

@jmgelin

FRED HERSCH & AVISHAI COHEN, un dialogue sur la canopée.

Fred Hersch (p), Avishai Cohen (tp)

En fin de soirée le Théâtre de Coutances accueillait un duo exceptionnel. Fred hersch à 69 ans est déjà une légende du piano. Un monstre sacré qui, à la différence de tant d’autres, se remet constamment en cause dans des formats et des styles différents. Avec lui ce sont les magies de l’harmonie qui se déploient sous vos oreilles. 23 ans d’écart avec l’immense trompettiste israélien Avishai Cohen et pourtant entre les deux, autour des standards du real book, la même vision du jazz où l’improvisation partagée est un révélateur de la poésie de la musique. Un moment de pur musique débarrassé de tout superflus pour que ne reste, au-delà des cimes que la musique qui parle et élève.

 

@jmgelin

 

Soirée Electro avec Jeff Mills… et flop !

Jeff Mills (electro, perçus), Rasheeda Ali (fl), Jean Phi Dary (p)

Cela s’annonçait pourtant prometteur. On avait retiré les chaises du pare terre pour que le foule, venue en masse puisse s’agiter corps à corps dans la salle Marcel Helie censée se transformer en dance floor. La mise en scène était à l’avenant dans un décor somptueux aux allures orientales.

Et pourtant…. flop, peine à jouir. Le légendaire DJ de Detroit Jeff Mills ne parvenait pas à chauffer la salle, certainement pas aidé par Rasheeda Ali qui s’obstinait à jouer le dos tourné au public dans un attitude qui frisait le mépris. Ça n’aide pas à mettre l’ambiance mais cela donnait une bonne raison d’aller se coucher.

 

A suivre pour la journée du jeudi 9 mai 😉 

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6 mai 2024 1 06 /05 /mai /2024 15:24

     Le jury du Prix René URTREGER de l’ECUJE (Espace culturel et universitaire juif d’Europe) destiné aux jeunes talents du jazz (moins de 30 ans) a tranché le 2 mai pour l’édition 2024 en distinguant parmi les cinq groupes en compétition NINANDA, formation vocale et instrumentale animée par deux jeunes musiciennes Nina GAT (piano, chant) et Ananda BRANDÃO (batterie, chant) et constituée également de Maxime BOYER (guitare) et  Mathieu SCALA (contrebasse).

 

Nina Gat et Ananda Brandão composent, chantent, arrangent, en explorant de nouveaux métissages et exposent leurs compositions originales, en portugais, hébreu, français et anglais. Ninanda que l’on a entendu au SUNSET en mars se produira dans un autre club parisien, le BAISER SALÉ, le 29 juin et sur la scène du Festival Jazz à Vienne le 1er juillet.

Ninanda - Savlanout Hama

    

     Le jury a décerné un Prix Spécial au Jeremie LUCCHESE Groupe, formation du saxophoniste ténor qui comprend Oliver Van Niekerk (guitare), Levi Harvey (piano), Gabriel Sauzay (contrebasse) et Paul Lefèvre (batterie). Le saxophoniste méridional ancien élève du CNSM a sorti en octobre 2023 son premier album "Essais pour l'imaginaire".

Vélioge

 

     Les récompenses ont été remises aux lauréats lors d’une soirée à l’ECUJE* le 2 mai par René URTREGER, notre légende du piano, Olivier HUTMAN, pianiste et programmateur des saisons Jazz à l'Ecuje, et Gad IBGUI, directeur de l'Ecuje.


     Le jury était composé cette année de Frédéric Charbaut (Festival Jazz à Saint-Germain des Prés, FIP), Alex Dutilh ( France Musique ), Jean-Charles Doukhan (TSF JAZZ),  Olivier Hutman (pianiste, programmateur des saisons Jazz à l’Ecuje),  Alice Leclercq (Jazz News) et  Daniel Yvinec (ancien directeur de l’ONJ, directeur artistique).

 

      Lors de sa première édition en 2023, le prix René Urtreger avait été attribué au groupe CONGE SPATIAL formé de Pierre LAPPRAND, saxophones et effets, et Etienne MANCHON, piano, Fender Rhodes et effets, (programmé le 11 mai au Festival Jazz sous les Pommiers à Coutances) quand un prix spécial du jury était allé au trio du pianiste Mark PRIORE (qui depuis a décroché le Prix Evidence 2023 décerné par l’Académie du Jazz).

 

Jean-Louis LEMARCHAND.

 

*119, rue La Fayette. 75009.
L’Ecuje propose deux concerts pour clore sa saison 2023-2024, le 30 mai avec Minino Garay et le 20 juin Tierney Sutton).

 

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4 mai 2024 6 04 /05 /mai /2024 17:43
JACKY TERRASSON     MOVING ON

 

JACKY TERRASSON    MOVING ON

Label Earth Sounds- DistributionNaïve-Believe

 

Sortie du CD le 19 avril

Concerts à venir à Marseille à la Caverne à Jazz le 17 Mai et à Paris au Bal Blomet le 07 Juin

 

Moving On Jacky Terrasson

 

On ne présente plus le pianiste franco-américain Jacky Terrasson qui a commencé sa carrière il y a suffisamment longtemps pour que, sans être encore un grand ancien, il ne soit plus un jeune moderne. Mais son dernier album au titre tout indiqué Moving on sort sur le label qu’il vient de créer, Earth Sounds.

Change t-il vraiment de direction avec ce nouvel opus? S’il raconte sa musique et donc sa vie après plus de trente années, c’est qu’il ressent moins la nécessité de déployer toute sa virtuosité, de jouer beaucoup de notes. Il s’entoure d’une équipe de haut vol avec de nombreux guests, car il connaît beaucoup de pointures dans le monde du jazz. Avec qui n’a t-il pas joué dans sa longue carrière entre France et Etats Unis depuis ses débuts? Avec gourmandise, il choisit de faire apparaître diverses orientations à partir de ses deux trios de base, l’un français (Sylvain Romano et Lukmil Perez), l’autre américain (Kenny Davis, Alvester Garnett) enregistrés à Pompignan (entre Nîmes et Montpellier, chez Philippe Gaillot) et à New York.

Mais il tient le fil de son programme jusqu’au bout avec cohérence. Il est ce mélodiste qui soigne thèmes et arrangements privilégiant la clarté sans rechercher d’inutiles difficultés, privilégiant cette joyeuse énergie qu’il partage avec ses complices dont certains sont des fidèles de longue date. Les musiciens rentrent ainsi dans une danse qu’ils mèneront alternativement sans que les parties ne diffèrent de trop, Jacky Terrasson étant l’élément unificateur de l’ensemble. Le pianiste se fait plaisir en invitant deux batteurs américains en plus de ceux des deux trios! Il fait le choix de tous les possibles : Kenny Davis et Billy Hart aux cymbales font une choréographie qui swingue de ce “Misty” où le pianiste fait cascader les notes. Jouer du bon vieux jazz, comme on sait le faire là bas!  Kenny Davis et Eric Harland constituent une autre des rythmiques américaines possibles sur la composition qui a donné son titre au disque, ce Moving on qui déménage et pourrait bien devenir un tube!

Le répertoire équilibré est composé de quinze titres dont  huit originaux et de savoureuses reprises fort bien reconstruites. Une réussite ouvre d’ailleurs l’album, cette version très originale de “Besame mucho” sur un tempo étiré bien plus que ralenti qui file vers des accords classiques et ferait presqu’oublier la mélodie si souvent ressassée.

Quand on vous disait des invités de choix, "Est ce que tu me suis?” fait appel à  la formidable Camille Bertault qui pose ses mots sur la mélodie pleine de chausse-trappes que lui a concoctée le pianiste. Il racontait qu’il avait d’abord pensé à faire un unisson avec son vieux camarade bassiste Sylvain Romano d’où le premier titre “Si le vin est bon” mais très vite s’imposa l’idée de Camille, elle seule pouvant arriver à chanter ainsi, funambule du son et poète du verbe, aux hardiesses vocales d’une musicienne accomplie. Elle sait composer des textes tissés dans son vécu, emballés avec style, des mots qui sonnent juste. 

Moving on est un album à la palette sonore élargie à un groove continu et des choeurs féminins : une deuxième chanteuse Kareen Guiock Thuram se joint à Camille Bertault sur le solaire “Happy” de Pharrell Williams où domine l’harmoniciste Grégoire Maret.  Ainsi chaque pièce a sa petite histoire : c’est le batteur Alvester Garnett, rencontré du temps où ils accompagnaient la chanteuse Betty Carter qui rythme le virevoltant “AF 006”, vol souvent pris entre Paris et New York que l’on suit de son décollage intrépide à ses accélérations saccadées et ses turbulences. On entendra encore un “Solar” et surtout un “I Will Wait For You” qui dynamitent complètement le tube de Michel Legrand, des Parapluies. Quant il ne part pas dans une interprétation enflammée, de son toucher sûr et souple, Jacky Terrasson peut basculer vers plus de douceur comme dans ce “Love Light” fin et nuancé, un thème où s’épanouissent mélodie, harmonie et rythme dans une forme courte conjuguées.

Avec une identité et  un style propre à présent bien affirmés, le pianiste a réussi ce nouvel album qui n’échappe pas à l’idée d’un mouvement et d’une intensité permanentes. Où liberté et rigueur se rejoignent dans la quête de ces moments où fusionnent la chaleur brillante du piano et le soutien immuable de rythmiques légères. Un pétulant enchaînement qui ne manque pas de substance.

Hautement recommandé en ces temps troublés.

 

Sophie Chambon

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Published by Sophie Chambon - dans Chroniques CD

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