Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 septembre 2024 3 11 /09 /septembre /2024 15:49

avec :

     Guillaume de Chassy (piano),
     André Minvielle (voix),
     Géraldine Laurent (saxophone alto).

Direction artistique : Daniel Yvinec,
Studio Sextan, février 2024,
La C.A.D. / L’Autre Distribution,
À paraître le 13 septembre,
Concert prévu le 16 octobre au BAL BLOMET (75015).

 

     Un chroniqueur des années 30 le dénomma « le Fou Chantant ». C’était l’époque où Charles Trénet (1913-2001) formait un duo vocal avec Johnny Hess (Charles et Johnny) qui n’engendrait pas la mélancolie et cultivait l’amour du swing. Cet art de faire chanter les mots évoquant un univers de rêve trouve aujourd’hui un héraut de choix en la personne de Guillaume de Chassy. Un pianiste au parcours singulier qui affectionne le compagnonnage avec des vocalistes (Natalie Dessay, Laurent Naouri, Elise Caron, David Linx, Mark Murphy…) et navigue à l’aise dans tous les répertoires musicaux (jazz, classique, chanson française avec un hommage en solo à Barbara en 2019).

     Dans ce nouveau défi sans frontières, Guillaume de Chassy, associé à Daniel Yvinec à la direction artistique, a réuni un trio inédit, avec André Minvielle, chanteur, et Géraldine Laurent, saxophoniste alto.
 

     L’innovation est au rendez-vous, André Minvielle, le concasseur béarnais de mots, se lançant dans un scat effréné (Le soleil et la lune, Je chante) et rivalisant de virtuosité sur ce chef d’œuvre de la langue française que constitue « Débit de l’eau, Débit de lait », écrit en 1943 par Trenet et Francis Blanche ou encore sur cet inventaire drolatique à la Prévert, « L’Héritage Infernal ».
    Guillaume de Chassy nous surprend également en retenant une interprétation uniquement instrumentale en duo avec Géraldine Laurent sur deux compositions, « Quand j’étais petit » et « Coin de rue » qui vient clore l’album par une lyrique envolée de 7 minutes.

 

     Avec « TRÉNET EN PASSANT », Guillaume de Chassy nous offre un bien bel hommage au « Fou Chantant » et au poète rêveur : respect des textes subtils et cocasses, mise en musique gorgée de swing ... Un disque hautement recommandable aux amateurs de jazz, de chanson, de musique tout simplement.


Jean-Louis Lemarchand.

 

Partager cet article
Repost0
7 septembre 2024 6 07 /09 /septembre /2024 20:23
PAUL JARRET  SOLO 2024

 

PAUL JARRET  SOLO 2024

Sortie Juin 2024 / Distribution Digital : Inouïe 

Paul Jarret, guitarist and composer

Pégazz & l'Hélicon (pegazz.com)

 

Paul Jarret solo :

electric guitars, acoustic steel-stringed guitar, acoustic12-string guitar, mandolin, 5-string banjo, virtual B3 organ.

 

Si l’actualité du guitariste Paul Jarret est marquée cette semaine par la sortie de son A. L. E (Acoustic Large Ensemble) chroniqué sur notre site par Xavier Prévost, il ne semble pas inutile d’évoquer son premier solo, sorti en juin dernier.

Publier trois opus différents en leader (PJ5, Solo24 et Acoustic large ensemble) sur une période de 5 mois peut sembler un peu fou mais cette stratégie correspond tout simplement à l’envie, à l’instinct du guitariste franco-suédois!

Paul Jarret a écrit ces treize plages de sons insolites, bande-son d’une continuité conceptuelle intéressante depuis Odd Western, une balade étrange aux riffs hypnotiques qui ouvre l’album jusqu’au final qui ne porte pas le titre Epilog mais Wons eht où l’on retrouve l’imaginaire intériorisé du territoire des ancêtres?

On devient ce voyageur immobile, en partance pour un ailleurs indécis, l’ouest nord-américain ou le grand nord, tous deux désespérément vastes; les guitares recréent les images du genre ou plutôt les contournent, en restant dans une même perspective quand les boussoles s’affolent. Tout un cinéma virtuel se projette dans notre tête à l’écoute de cette musique difficile à qualifier de prime abord qui n’hésite pas à unir post rock bruitiste (Noises, Fuzz) à de l’ambient bien plus planant.

Un solo est une entreprise délicate mais Paul Jarret aime s’adonner à ce genre d’aventures et l’exercice en solitaire était peut être une rampe de lancement pour son projet grand format.

On retrouve en effet une musique qui superpose les strates de son ou les combine dans une recherche maniaque sur les textures et les tuilages. Une douceur  certaine semble au rendez-vous quand le guitariste étire le temps comme s’il voulait assembler les filaments d’une mémoire perturbée. On pourrait également être surpris par des tempi relativement invariables ...si on ne se souvenait de Puissance de la douceur, un projet formidable  constructeur de son identité musicale? C’est qu’il s’agit d’un chaos tout à fait organisé, une dynamique porteuse de résistance à l’oppression. Faire un pas de côté sur une cadence suggestive plutôt qu’une rythmique appuyée dans  un travail d’expérimentation précis sur les sons plus ou moins bruts à partir de divers instruments aux cordes pincées, frottées: guitare acoustique, électrique, douze cordes ... S’entend alors une guitare électrifiée parfois fantômatique aux sinusoïdes marquées pour une musique répétitive voire minimaliste avec boucles, reverb, re-recording avec guitare 12-cordes, mandoline ou banjo. Des ostinatos sur lesquels le soliste peut imaginer un noir et blanc qui reprendrait des couleurs. S'adonner au tissage comme sur la photo de pochette.

Un cheminement harmonique qui met en valeurs reliefs, climats dans un univers pourtant dépouillé, enveloppant jusqu’à l’engourdissement dans Blankets ou Snow .

Qu’importent les bricolages, l’album conserve une unité, une dimension originale et poétique dans le monde floconneux des perceptions quel que soit le style choisi, folk, noisy, ambient ou plus lyrique car Paul Jarret arrive à concocter un magma très personnel dans lequel on demeure en immersion.

Tout un art de petites pièces abstraites souvent, entre deux et trois minutes-sauf la plus lyrique qui est aussi la plus longue Soren’s Home qui raconte une histoire, créant des climats différents même si certains titres ont déjà été joués ou enregistrés dans d’autres contextes : ce Wood aux suspens et bidouillages parasites est en fait une des Ghost Songs enregistrées avec Jim Black, Odd Western, Sören’s Place créées avec Loïs Le Van, Roam Free plus mélodique composé pour PJ5…

Autre attrait de ce solo 2024  la volonté artisanale et écologique de tout faire soi-même.  Le processus de création D.I.Y. (Do It Yourself) implique une maîtrise totale de la création artistique, du défi d’enregistrer et mixer at home jusqu’ au choix d’une distribution uniquement digitale, sans pressage physique sans oublier... la pochette (motif d’un tapis fabriqué par sa grand-mère maternelle) qui a donné le titre Barn på Mattan (en français Enfants sur le tapis).

Très ingénieux, ce solo confirme une vision toute personnelle, actuelle, ouverte, jamais démonstrative mais néanmoins très convaincante.

Sophie Chambon

 

 

Partager cet article
Repost0
7 septembre 2024 6 07 /09 /septembre /2024 16:47

 

Noël Akchoté, Philippe Deschepper (guitares électriques)

Zürich, 22-23 mai 2024

Ayler Records AYLCD-181 (Orchêstra International)

https://ayler-records.bandcamp.com/album/mmxxiv-ad

 

Ultime publication du label Ayler Records, avec deux absolus francs- tireurs, enfin réunis au disque alors que leurs chemins se sont indirectement croisés, par les groupes auxquels ils ont participé, les musiques et les artistes pour lesquels  ils se sont passionnés. Car reprendre des compositions de Paul Motian, Steve Swallow, Ornette Coleman, Henri Texier…. n’est pas un simple exercice d’admiration : plutôt l’affirmation d’une passion commune pour cette musique, vécue au fil des ans, des groupes, des rencontres…. Des thèmes qu’ils avaient parfois joués avec leurs compositeurs, ou des compositions personnelles qu’ils avaient enregistrées avec l’un des dédicataires de l’album (par exemple Sad Novi Sad, sur le disque éponyme de Deschepper dont Steve Swallow était le bassiste). Admiration et passion communes aux deux guitaristes pour ces héros du jazz moderne, dont résulte cet album gravé sans répétitions, au plus vif des sujets choisis. Sur Mumbo Jumbo, immortalisé par Motian avec Frisell & Lovano, le duo s’en donne à cœur joie, surfant sur les intervalles distendus et le centre de tonalité fuyant : c’est d’emblée une porte ouverte vers l’ailleurs. Puis c’est Cheshire Hotel, signé Akchoté, qui l’avait enregistré avec Sam Rivers (Thollot, Hymas….), Mary Halvorson, Marc Ribot…. Là encore c’est l’envol vers des libertés neuves…. Les deux compères s’évadent tout en dialoguant . Abacus, de Motian, serait plus littéral…. mais ce n’est qu’une illusion : Liberté grande, comme disait Louis Poirier alias Julien Gracq. Je ne vais pas vous détailler par le menu le répertoire, d’ailleurs pendant le programme, la création continue (ou plutôt elle discontinue avec jubilation) , à coups de rebonds, de complicité, d’allusions à peine voilées à d’autres musiciens que ceux convoqués par le répertoire. Dans d’autres cas (She Was Young, de Steve Swallow, illustré naguère par Steve Kuhn, Sheila Jordan & C°) on est plus près du texte originel, mais la liberté ne faiblit pas…. Leurs compositions individuelles ou conjointes procèdent du même esprit : inventivité, musicalité et liberté. Et le disque se termine avec Nebbia, composition de Texier qu’ils ont, je crois, l’un et l’autre jouée sur scène en compagnie du contrebassiste. Un régal de bout en bout. Je dirai même plus : intensément jouissif !

Xavier Prévost

 

Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=xzT3UpHN8Hw

https://www.ayler.com/

Message du 14 juillet sur la page Facebook de Stéphane Berland, artisan du label Ayler Records

«J'espère qu'on dira que je finirai "en beauté" en septembre. On aura "fait le boulot". On se sera "bien amusé". On se sera "ruiné" aussi. Je me fais lentement (pas tant, en fait ; assez rapidement) à l'idée que "tout a une fin". En tout cas, ce sera sans regrets. Rendez-vous en septembre pour célébrer les 25 ans de cette petite maison de disques et sa dernière publication», avec ce message visuel


Les références du catalogue resteront disponibles

 

Partager cet article
Repost0
6 septembre 2024 5 06 /09 /septembre /2024 18:32
Jonathan ORLAND   Inner Landscape

JONATHAN ORLAND

Inner Landscape

Label Oddsound

 

www.JonathanOrland.com

 

Dix petites pièces pas si faciles en apparence composent cet album solo du saxophoniste alto Jonathan Orland, son septième depuis l’inaugural Homes en 2013.

Un album né à Montréal, au temps du Covid, en un sens providentiel puisque la pandémie a poussé le musicien à se lancer dans l’aventure toujours périlleuse du solo. Jonathan Orland a choisi de se portraiturer dès le délicat Lament inaugural, vraiment splendide ou plutôt de dévoiler  pudiquement quelques uns de ses “paysages intérieurs”.

Il s'est donc livré à ce travail solitaire et parfois ingrat, un exercice de style plutôt rare au saxophone qui peut pourtant – il nous le prouve, se passer d’accompagnement. Dans ce parcours variant nuances et atmosphères de l’instrument, Jonathan Orland fait se croiser imaginaire, mystères, instantanés et une certaine exigence. Ce n’est pas l’art du solo de saxophone en dix leçons mais des “études” qui proposent grâce à la souplesse et les couleurs de l’instrument des bibelots sonores, affirmant ainsi une dimension narrative ou émotionnelle comme dans ce Yiddish Lullaby dont il nous laisse recréer la scène.

Ces performances méritent d’être suivies en live mais on peut découvrir la teneur de ce parcours poétique avec les vidéos de Jérémy Soudant dont on avait aimé dans le temps pour la regrettée collection BD Nocturne les portraits de Stan Getz et de Ben Webster. Ses travaux mêlent le dessin aux techniques de l’image, y compris en 3D.  C’est encore lui qui a réalisé la pochette illustrant la composition Buffalo Island que le saxophoniste décrit ainsi : Nous prenons une route déserte et glaciale d’Alberta escortés par deux bisons ancestraux dont les nasaux expulsent d’épais nuages de vapeur”. On s'y croirait et une fois encore, on se joue le film dans notre tête... 

Jonathan Orland alterne des pièces vibrantes et enlevées avec d’autres moins rapides,  intégrant avec audace le vide, le vertige du silence qui est encore musique.

Ses improvisations laissent découvrir des formes ouvertes, libres, fluides, spontanées. 

Avec une énergie tranquille il  laisse grand'ouvertes les marges d’exploration, sachant écouter les oiseaux jusqu’à les imiter (Gazouillis, Oiseau Mouillé) .

On resterait contemplatif à l’écoute de cette ode à la nature si, par une pirouette, le saxophoniste ne revenait au bons vieux  fondamentaux du jazz, revisitant avec humour jusqu’au couic final, le We See de T.S Monk et s'il ne montrait son penchant mélodique en rendant un hommage singulier au merveilleux songwriter qu'était Cole Porter (Like Someone in Love) dans Like Someone-What

Un album quelque peu inattendu, dépouillé et pourtant fièvreux... à découvrir.

 

Sophie Chambon

Partager cet article
Repost0
4 septembre 2024 3 04 /09 /septembre /2024 17:16

Paul Jarret (guitare, composition, direction), Thibault Gomez (harmonium), Élodie Pasquier (clarinette basse), Maxence Ravelomanantsoa (saxophone ténor), Fabien Debellefontaine & Fanny Meteier (tubas), Jules Boittin (trombone), Hector Léna-Schroll (trompette), Alexandre Perrot & Étienne Renard (contrebasses), Bruno Ducret (violoncelle), Fabiana Striffler (violon), Éléonore Billy (nyckelharpa), Maëlle Desbrosses (alto)

Nanterre, 12-13 octobre 2023

Pégazz & L’Hélicon / Inouïe Distribution)

 

Une nouvelle aventure pour le guitariste compositeur, et le choix d’un absolue singularité : un instrumentarium inédit : anches, cuivres, mais aussi deux basses, pas de batterie, des cordes, un harmonium, et l’étonnant nyckelharpa, instrument traditionnel suédois, déjà entendu du côté du jazz avec le ‘Super Klang’ de Sylvain Lemêtre et Frédéric Aurier. Comme l’instrumentation la musique, résolument acoustique, affiche aussi son puissant désir d’ailleurs. Même si Paul Jarret cite parmi ses références les répétitifs américains, un compositeur d’Europe centrale ou un groupe de rock britannique, nous sommes bien en présence d’un objet musical inédit, où se mêlent une formidable étendue de la dynamique, un puissant souci du détail signifiant, un indéniable sens collectif, et un goût de la liberté qui s’épanouit notamment dans les envolées des solistes, qui peuvent surgir dans une atmosphère de musique spectrale. C’est à la fois profondément mystérieux, et ponctuellement d’une évidence désarmante. Il se dégage de l’ensemble (l’ensemble du répertoire, et l’ensemble en tant que groupe) une sensation de ductilité : c’est fluide, ça bouge, c’est vivant et cela se transforme en permanence : ce pourrait être fragile mais chaque nouvelle étape, chaque nouveau paramètre d’orchestration, chaque intervention soliste nous confirme que cette œuvre en mouvement, œuvre ouverte en quelque sorte, est à écouter, à lire, à recevoir dans ce mouvement perpétuel. Instable et pourtant ferme dans son principe esthétique, dans sa force expressive. Audacieux, magistral, et tout simplement beau : beauté singulière, assurément.

Xavier Prévost

.

Le disque paraît le 6 septembre, et le groupe est en concert le samedi 7 septembre à Paris à l’Atelier du Plateau dans le cadre de ‘Jazz under the radar’ pour Jazz à La Villette

https://jazzalavillette.com/fr/evenement/28066/under-the-radar-paul-jarret-acoustic-large-ensemble

Un avant-ouïr sur Youtube, extrait du concert de création en mai 2023

https://www.youtube.com/watch?v=3hjk4lTQx9c

Également en concert le 12 novembre à La Soufflerie de Rezé (Loire-Atlantique), et le 13 novembre au festival Djaz de Nevers

Partager cet article
Repost0
4 septembre 2024 3 04 /09 /septembre /2024 16:40


MARTIAL SOLAL « MON SIÈCLE DE JAZZ »
Éditions FRÉMEAUX & ASSOCIÉS (août 2024).
ISBN : 978-2-84468-985-6.


       On croyait tout connaître de Martial Solal, sa vie, ses œuvres, depuis deux ouvrages de référence* ... Que nenni ! Le pianiste-compositeur, qui vient de souffler ses 97 bougies (il est né le 23 août 1927 à Alger), s’est mis à son clavier d’ordinateur pour se livrer sans filet sur quasiment un siècle de musique. Sans ordre chronologique, laissant son esprit vagabonder, évoquant ses souvenirs personnels (sa vie privée, sa passion pour le jeu, le train électrique…) et professionnels (ses rencontres, ses coups de cœur, ses coups de griffe aussi). Une autobiographie qui nous donne quelques clés pour élucider « le mystère Solal ».  


       L’auteur nous facilite la tâche et avance cette explication : « Mes auditeurs auront admis mon amour démesuré de la « bougeotte » que j’attribue à mon impérieuse nécessité de changement. Mon excuse ; je m’ennuie très vite. Passer au cours d’une même mesure d’une tonalité à une autre, mélanger, complexifier sans même m’en apercevoir est chez moi depuis toujours ma marque de fabrique ».

 

       Parcourir cette autobiographie au style alerte, spontané, où fait merveille l’humour solalien -fortement teinté d’autodérision- c’est aussi l’occasion de plonger dans la carrière prolifique d’un artiste aux multiples facettes. Martial Solal revendique d’ailleurs la médaille du « musicien le plus actif » : 70 ans de métier, 30 musiques de films, et en premier chef A bout de souffle, des centaines de compositions, et, ce qui n’est pas la moindre de ses particularités, plus de dix ans comme pianiste attitré en club à Paris dans les années 50-60 (le Club Saint Germain et le Blue Note où il joua 3 ans sans un jour de repos !).

 

     Au fil des pages, on retrouve ses plus belles rencontres (Eric Le Lann, Lee Konitz, Stéphane Grappelli, Joachim Kühn, Michel Portal, Toots Thielemans, Didier Lockwood, Johnny Griffin, Jean-Michel Pilc, Manuel Rocheman…) ses plus imprévues aussi (une soirée au château de Rambouillet avec des ministres des Finances à l’invitation d’un fan de jazz devant l’éternel, Jacques Delors), ses récits de tournée (en costume de velours rouge côtelé signé Yves Saint Laurent au sein d’un big band mené par Jean-Louis Chautemps), ses années de galère également, ses déboires personnels, son infinie reconnaissance enfin à André Francis (1925-2019) producteur et l’un des fondateurs de l’Académie du Jazz qui lui fit signer un contrat de 8 ans chez Vogue en 1953 et auquel il dédia « A San Francisco sans Francis ».

 

On l’aura compris, « Mon siècle de jazz » nous invite à découvrir une personnalité rare qui, selon ses propres termes, « ne voulait ressembler à personne ».  

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

     *Martial Solal, compositeur de l’instant, entretien avec Xavier Prévost (Ed Michel de Maule.2005), livré avec un DVD-Rom des 9 heures d’interview; (Ed. Actes Sud. 2008).

*Ma vie sur un tabouret, autobiographie avec Franck Médioni (Ed. Actes Sud. 2008).


   

 

Partager cet article
Repost0
30 août 2024 5 30 /08 /août /2024 17:07

Act 2024

Jan Lundgren (p), Yamandu Costa (g)

Si vous rêviez de prolonger l’été ou bien si vous aviez envie de mettre un peu de baume à votre cœur avant d’entamer cette rentrée, alors cet album est pour vous. Un vrai bonbon sucré et enchanteur. C’est bien simple l’écouter c’est comme se couvrir d’un ciel rempli d’étoiles.

C’est simple pourtant : la rencontre, tout en acoustique d’un piano et d’une gyuitare autour de mélodies simples. Et surtout ce sont deuxc talents qui se dépuillent de tout pour se mettre au service d’une musique qui vous cajole.

Le pianiste est suédois. Bien établi sur la scène du jazz en Europe, on a pu l’entendre avec des musiciens comme Paolo Fresu ou Richard Galliano ( Mare nostrum). Quant au guitariste brésilien, multi nominé aux Latin Grammy, il excelle dans l’art de sortir mille notes sous ces doigts. Mille notes égrenées avec un attaque aussi franche que délicate.

Ces deux-là se sont rencontrés lors d’un dîner à Malmö en 2019 et la pianiste invita alors Yamandu Costa à venir jouer dans son festival. Puis le plaisir de jouer ensemble, la compréhension mutuelle des choses belles, l’envie aussi de produire un album en duo fit le reste.

Et le talent ! Car pour qu’une telle osmose se produise entre les deux il faut non seulement de l’écoute, de l’intelligence musicale, une même envie de faire vivre la musique mais aussi le talent de lui donner un cœur battant.

Des thèmes qui leur sont chers sont ainsi passés en revue sur la base de leurs compositions respectives : une habanera composée par la pianiste , un hommage à Michel Legrand, un thème de Jobim ou encore et pour conclure le célèbre Manha de carnaval de Luiz Bonfa.

Au final un album qui possède un charme fou. Une sorte de feel-good music au pouvoir de séduction irrésistible qui va tourner longtemps sur votre platine. Parce que la musique livrée ainsi à vos oreilles est en soi une vraie déclaration d’amour.

Coup de cœur total !

Jean-Marc Gelin

Partager cet article
Repost0
30 août 2024 5 30 /08 /août /2024 10:44

Jazz in Marciac : Deux soirs de rêve sous le ciel gersois de Marciac !

Comme tous les ans, nous avons fait un détour du côté de Marciac pour nouvelle édition du festival. Pour deux soirs seulement malheureusement (c’est bien trop court) mais néanmoins pour deux soirées superbes d’un bel été sous le célèbre chapiteau.

31 juillet : ARTEMIS (1ère partie) et KENNY GARRETT (2ème partie)

La première soirée offrait un plateau bien alléchant avec deux formations bien différentes dans l’esprit.

Tout d’abord celle d’Artemis, un formidable quintet féminin que l’on avait découvert il y a trois ans avec leur premier album éponyme et qui, créé par Renée Rosnes réunit quelques grands talents bien installés sur la scène du jazz aux Etats-Unis et ailleurs.

Artemis c’est donc la pianiste Renée Rosnes au piano et à la direction, la canadienne Ingrid Jensen ( que l’on peut entendre dans la formation de Maria Schneider) à la trompette, Nicole Glover au sax ténor, la japonaise Noriko Ueda à la contrebasse et enfin la batteuse américaine Allison Miller.

Ce qui frappe dans ce quintet c’est qu’il s’agit à la fois de l’addition de personnalités musicales bien affirmées mais qui toutes se mettent à l’unisson d’un vrai son de groupe. D’une formidable cohérence homogène. On est alors dans l’enveloppement d’une musique aux harmonies recherchées, servie par des solistes talentueux dont aucun ne cherche l’esbrouffe.

La pianiste Renée Rosnes s’affirme bien comme la leader de ce groupe qu’elle dirige avec bienveillance et discrète fermeté derrière son clavier

On aurait tout aussi bien pu partir regarder les étoiles, tant cette première partie revêtait tous les atours d’une belle nuit d’été.

Mais….. deuxième partie

Changement radical d’atmosphère avec Kenny GARRETT venu présenter son « Sounds from the ancestors ».

Avec ses airs de sorcier un peu fou et proche de la transe, Kenny Garrett sait y faire pour se faire lever les corps et battre les tempos. Kenny au sax alto bien sûr, accompagné de Keith Brown au piano, Corcoran Holt à la contrebasse, Rudy Bird aux percus et Melvis Santa aussi (aux perçus). Autant de musiciens un peu figuratifs tant le saxophoniste occupe tout l’espace en véritable star d’une musique entre jazz, groove funky et réminiscences africaines. Kenny Garrett nous gratifiait de ses solos absolument époustouflants, à la limite de l’apoplexie. Incandescent comme il sait si bien le faire avec cette incroyable maîtrise du son d’alto qui n’a pas beaucoup d’équivalent. A 64 ans, le saxophoniste du Michigan n’a rien perdu de sa fougue et de son envie d’emballer les foules. A preuve ce tube repris à la fin de chacun de ses concert et qu’il laisse tourner infiniment comme une forme de rappel qui tourne en boucle jusqu’à étourdissement de la foule en délire. Kenny connaît par cœur ses recettes pour se mettre le public in the pocket.

1er Aôut : CHARLES LLYOD (1ère partie) et YOUN SUN NAH ( 2ème partie)

La soirée du 1er août était prometteuse et augurait d’un de ces moments forts dont Marciac a le secret. Pour cette dernière soirée d’antenne de notre confrère Alex Dutilh sur France Musique, on ne pouvait rêver de plus beau plateau.

Et c’est peu dire que cette soirée remplit toutes ses promesses !

En 1ère partie Charles Lloyd venait avec une dream team composée du sublime guitariste danois Jakob Bro et de la plus élégante des rythmiques, composée de Larry Grenadier à la contrebasse et de Eric Harland à la batterie. C’était Charles LLyod et son Sky trio.

Moment de pure grâce, de suspension du temps et de l’âme, de l’envol très haut au dessus du ciel de Marciac. Moment quasi mystique avec un Charles LLyod qui, du haut de ses 86 ans n’a jamais perdu sa flamme et la puissance incroyable de son discours. Qu’il soit au ténor ou à la flute c’est toujours l’expression d’un son d’une maîtrise comparable à celle d’un calligraphe. La précision alliée à la puissance et à l’énergie du geste. Et l’on ne peut s’empêcher de s’émerveiller d’entendre Charles LLyod jouer, malgré son âge sans le moindre vibrato.

A ses côtés, celui qui s’impose comme l’un des guitaristes les plus inspiré de la scène actuelle, le danois Jakob Bro dont chacune des interventions était marquée d’une sorte de science harmonique hallucinante ( ou hallucinée). Créateur de nappes évanescentes. Un Wayne Shorter de la 6 cordes. Une inspiration venue de paul Motian qu’il a longtemps côtoyé.

Après un tel moment d’extase, le public se demandait comment la chanteuse coréenne pourrait assurer la 2ème partie.

Et pourtant !

Youn Sun Nah venait présenter son album « Elles » dédié aux voix de femmes en passant par Piaf, Björk, Nina Simone ou Roberta Flack. Le format proposé est des plus original puisque la chanteuse avait choisi de s’entourer de deux claviers ( et non des moindres), celui d’Eric Legnini et de Tony Paelman alternant chacun à tour de rôle le clavier acoustique ou électrique.

Comme toujours, la chanteuse donne ce sentiment d’incandescence : elle brûle sur scène ! Sur un répertoire varié sur lequel elle chante en plusieurs langues, Youn Sun Nah ne cesse de nous émerveiller passant d’un feeling très jazzy à une sorte de sauvagerie pop. C’est qu’en fait la chanteuse est totalement libre sur scène, sans aucune limite. Elle prend des risques, elle ose et mute en 100 personnalités en une.

Loin d’être démonstrative, Youn Sun Nah est habitée. Juste habitée par une forme d’urgence.

Le public est debout, transporté dans son monde et prêt à la suivre jusqu’au bout de la nuit.

L’heure pour nous de finir la soirée comme il se doit au J’Go où se produisent, comme tous les soirs Leonardo Montana (p), Samuel Adusar (dms) et Thibaud Soulas (cb).

On est bien !

 

Partager cet article
Repost0
6 juillet 2024 6 06 /07 /juillet /2024 11:42

Deux nouveaux disques pour célébrer les 20 ans du label lillois de création. Deux univers, deux approches, avec en commun le batteur. Système à contraintes voulues et assumées d’une part, liberté du free jazz d’autre part. Mais grande liberté dans les deux cas
 

TERNOY, CRUZ, ORINS «The Theory of Contraints »

Jérémie Ternoy (piano), Ivann Cruz (guitare), Peter Orins (batterie)

Ronchin, 17-19 octobre 2023

Circum Disc CIDI 2401 -2024

https://www.circum-disc.com/ternoy-cruz-orins-the-theory-of-constraints/

 

Il n’est pas ici question de produire une œuvre en s’imposant des contraintes par jeu de l’esprit. On n’est pas dans la revendication de l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) cher au cœur de Raymond Queneau. Et pourtant c’est bien le même esprit qui règne : faire œuvre d’art en tissant un réseau de contraintes qui fait que le jeu devient fécond, et que cette fécondité produit un objet artistique que l’on appelle œuvre (d’art), musique, performance…. que sais-je. Je me suis régalé à cheminer dans ce labyrinthe où chaque méandre me dit : là n’est pas le sens. Et pourtant sens il y a : giratoire, signifiant ou auditif. On s’immerge, on s’abandonne, la magie est là


WOO - HOO-HA

Christine Wodrascka (piano), Pauline Owczarek (saxophone alto), Peter Orins (batterie)

Ronchin, 12 décembre & Poitiers, 14 décembre 2023

Circum Disc CIDI 2402 -2024

https://www.circum-disc.com/woo-hoo-ha/


 

Elles-il se sont rencontrés en duo, puis en trio, pour des concerts. Et leurs improvisations font explicitement référence à l’univers du free jazz . Ici les libertés anciennes rejoignent les conquêtes du présent le plus vif. Entrée progressive dans une dramaturgie qui s’élabore, pas à pas, et se construit jusqu’au paroxysme, avec des pleins, des déliés, des foucades, des emportements, des méditations et des replis intimes. Musique libre, vraiment, qui nous saisit, et nous captive.

Xavier Prévost

Partager cet article
Repost0
2 juillet 2024 2 02 /07 /juillet /2024 17:51
ALVIN QUEEN TRIO      Feeling good

ALVIN QUEEN TRIO      Feeling good

Stunt Records

www.alvinqueen.com

 

 

 

Est-il besoin de présenter Alvin Queen, batteur de légende qui, encouragé par Elvin Jones, a accompagné un soir Coltrane? En sideman ou en leader, il a tourné avec les plus grands Kenny Barron, Horace Silver, Dizzy Gillespie, Nina Simone... dans une carrière de plus de soixante ans.

Pour cet album en leader, il a choisi d’enregistrer en trio-le format classique-un album conçu à l’ancienne, en parfaite synergie avec son pianiste le très doué Carlton Holmes et son contrebassiste Danton Boller qui lui aussi a fait ses preuves.

Le titre Feeling good est une invitation à laquelle on s’abandonne avec plaisir tant le trio sait travailler à sa manière épurée l’héritage de la musique américaine, revoir divers répertoires du jazz, des thèmes de l’American Songbook déployés avec succès sur scène ou dans les films qui sont toujours source d’inspiration. Soit un spectre large composé de six chansons sorties de musicals, de quatre de jazzmen dont deux du pianiste Cedar Walton, deux autres issues de B.O de films dont le fameux Love Theme d’Alex North dans le Spartacus de Kubrick et aussi une chanson pop de 1961 devenue un standard de jazz The Night has a thousand eyes dont on se souvient de l’interprétation magistrale de Sonny Rollins.

Ce nouvel album ne changera pas la donne, au champ ouvert mais délimité puisqu’il enjambe une grande partie de l’histoire du jazz, de l’ineffaçable mais toujours émouvant-quand le piano sonne aussi bien, Someone to watch over me de Gershwin (1926 ) à Bleeker Street ( Cedar Walton 1985).

La science de l’alternance dans le montage confère tout son relief à cet album: loin d’une relecture facile des standards, on suit une progression lente menée de main de maître, un patient travail d’élaboration. Dès le démarrage allègre d' Out of this world d’Harold Arlen et Johnny Mercer, la complicité est immédiate entre ces trois musiciens qui avancent comme un seul homme. It ain’t necessarily so groove joliment. Waltz for Ahmad de Joe Wilson est un thème magnifique qui souligne l’habileté d’un pianiste vraiment talentueux accompagné d'un batteur  des plus caressants aux balais. Que dire de leur version de cette imparable mélodie Love theme de Spartacus qui vous cueille sans crier gare où, après une exposition élégiaque du thème, le pianiste développe une improvisation soignée aux variations recherchées? Changement de style avec Love will find a way, une chanson douce et chatoyante de 1977 de la femme de Pharoah Sanders où le pianiste joue aussi de synthés dans un esprit très pop.

La suite du programme n’en est pas moins réjouissante, le tempo s’accélère avec cette version éponyme de Feeling Good qui n’aurait pas déplu à Nina Simone qui connaissait la chanson et s’en empara dans son I put a spell on you. C’est en effet mérité que Feeling good donne son titre à l’album tant il a de quoi nous plaire réunissant dans un "mash up" réussi un soupçon de bossa, le thème mais aussi des citations de James Bond qui “matchent” particulièrement .

Impérial aux baguettes, stimulant sur les cymbales dans The night has thousand eyes, Alvin Queen entre dans la danse avec son solo (roulements secs sur la caisse claire) introduisant Firm Roots ; sans jamais forcer le ton,  il  sait utiliser toutes les nuances des peaux et des fûts, batteur “quintessential” qui commente, ponctue, rythme avec un drive d' une rare élégance, propice à induire des plages d’improvisation dont une écoute attentive révèle les subtilités.

On prend plaisir à cette balade dans un paysage musical américain éternel où tout part et ramène aux chansons. En cette période tourmentée, il n’y a vraiment pas de mal à se faire du bien avec ce rappel bienvenu de Send in the clowns de Steven Sondheim ou le final Three Little Words léger et rebondissant comme Fred Astaire. Un trio qui enthousiasme par son aptitude à faire revivre loin de toute performance, avec intelligence et conviction, des musiques essentielles.

Sophie Chambon

Partager cet article
Repost0

  • : les dernières nouvelles du jazz
  • : actualité du jazz, chroniques des sorties du mois, interviews, portraits, livres, dvds, cds... L'essentiel du jazz actuel est sur les DNJ.
  • Contact

Les Dernières Nouvelles du Jazz

Chercher Dans Les Dnj

Recevoir les dnj