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3 janvier 2016 7 03 /01 /janvier /2016 16:23
PATRICK CABON « African Flower »

Patrick Cabon (piano), Sylvain Gontard (trompette & bugle), Manuel Marchès (contrebasse), David Grébil (batterie).

Meudon, 12-13 mai 2014

Peach Prod pp002-14/1 / Rue Stendhal

Le jazz est ainsi fait que l'on peut être un jazzman de plein droit, formé entre les conservatoires français et les Maîtres new-yorkais, avoir joué dans les clubs et les festivals, et accompagné nombre de pointures américaines ou hexagonales, et cependant attendre la quarantaine pour signer son premier disque en leader ; et de surcroît avec une réussite incontestable. Pourtant le pari est osé : jouer exclusivement Ellington, toutes périodes confondues, des années 20 aux années 60. En ouverture, Isfahan, thème insipré par une tournée du Duke au Moyen-Orient en 1963, et enregistré en décembre 1966 : Sylvain Gontard se substitue à Johnny Hodges, le tempo est plus vif, mais c'est le vif du sujet. La musique d'Ellington et Strayhorn est servie, magnifiée, enrichie aussi d'une nouvelle interprétation, magie dont le jazz détient le secret. Le pianiste, dans son chorus, se rappelle qu'il a étudié avec les dépositaires de la mémoire du bebop (Barry Harris) et de son prolongement (Mulgrew Miller). Et dans la plage suivante, après une introduction empruntée à Rachmaninov (Prélude en Do dièse mineur, transposé en Do naturel), il évolue avec aisance et délectation dans le style d'Avant-guerre, en jouant East Saint Louis Toodle-Oo (créé en 1926). Ici le trompettiste fait revivre magistralement le son du jungle style des années 20 (ce sera encore le cas plus loin avec The Mooche et Black Beauty). Dans la plage suivante, Warm valley, le pianiste se souvient à nouveau du bebop : quoi de plus naturel, ce thème, comme le suivant (Fleurette africaine, joué en solo) figuraient dans le disque « Money Jungle », qui associait Ellington à Mingus et Max Roach. Et la fête continue, jusqu'au terme de l'album, avec au passage un Come Sunday torride, qui rappel l'esprit gospel qui prévalait dans ce thème de la suite Black,Brown & Beige, immortalisé par Mahalia Jackson. Et le plaisir d'écoute demeure total, avec au passage un revigorant trio sur Drop me off in Harlem. Réussite incontestable disais-je en prélude ; je confirme en guise de coda.

Xavier Prévost

Le quartette jouera le 7 janvier 2016 à Paris au Studio de l'Ermitage

Infos et musique sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=byxXXDxNzWg

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3 janvier 2016 7 03 /01 /janvier /2016 15:17
ATLANTICO : «  En rouge »

La Fabrica’Son 2015

Dave Schroeder (ss, cl, fl, harmc), Sébastien Paindestre (p), Martin Wind (cb), Billy Drummond (dms)

Un quartet transatlantique et une bien belle rencontre du pianiste Sébastien Paindestre avec trois musiciens américains de grands talents. Parmi les plus connus, on ne présente plus Billy Drummond, immense batteur qui joua avec Rollins ou Konitz et qui fut longtemps un des compagnon de route de Carla Bley. Martin Wind, quand à lui est le bassiste allemand depuis si longtemps intégré à la scène New-Yokaise qu’on le mettrait plutôt de l’autre côté de l’Atlantique. Dave Shroeder est lui un multi-intrumenstiste très impliqué dans la vie du jazz de la grosse Pomme et a notamment pas travaillé l’art des compositions avec des maîtres de la pointure de Gil Goldstein ou Kenny Werner. Quand à Sebastien Paindestre c’est sur un terrain beaucoup plus pop qu’il évolue habituellement, celui de son groupe fétiche, Radiohead auquel il a déjà consacré plusieurs albums remarquables (et remarqués) (http://www.lesdnj.com/pages/AMNESIAC_QUARTET_Tribute_to_radiohead_vol2_-8813098.html)

S’ils se retrouvent ici, c’est avec une sorte de plaisir d’artisans qui aiment à faire de la musique ensemble dans le creuset commun qu’ils partagent en toute fraternité.

Ce quartet repose essentiellement sur les compositions de Dave Schroeder et de Sébastien Paindestre dans le climat d’un jazz particulièrement relaxé et relâché. Et ce n’est certainement pas un hasard si une des compositions s’intitule Giuffre Cool, en hommage au célèbre clarinettiste de la West coast mais surtout ancien partenaire de Paul Bley et de Steve Swallow. Car c’est bien cet esprit-là qui flotte sur cette session.

Une session où le drive raffiné et subtil de Billy Drummond ( écoutez le sur Bruce Lee) s’allie à la belle musicalité de David Schroeder tant au soprano qu'à la clarinette ( et même à l’harmonica) et aux enluminures très bopiennes de Sebastien Paindestre, le tout servi par le swing implacable et métronomique de Martin Wind.

Ce jazz-là coule tout seul, coule tranquille et alerte. Toujours léger et classe. Et ce n’est pas pour rien si Joe Lovano signe quelques lignes sur la pochette pour rendre hommage à l’inspiration de ce quartet.

Une bien belle surprise pour commencer l’année.

Jean-Marc Gelin

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2 janvier 2016 6 02 /01 /janvier /2016 18:51

Pour cette nouvelle année, réenchantons notre vie et sabordons l'inutile.

Puisqu'il reste encore des arbres autour de nous, regardons les pousser.

Allons vers la sobriété heureuse ( Pierre Rabi) et vers l'ivresse des instants partagés.

Partageons entre nous. Faisons palabres à la terrasse des cafés, partageons le rock et le jazz, le vin et le rugby, partageons la table, regardons comme nos amoureux sont beaux et nos enfants joyeux.

Partageons avec les vieux et surtout écoutons bien ce que les jeunes nous disent. C'est précieux.

Redécouvrons avec enthousiasme notre pays, notre ville.

Battons-nous pour nos idées avec fraternité et partage.

Redevenons citoyens et acteurs et agissons pour un monde meilleur.

Le bonheur est à portée de mains. Je nous souhaite pour 2016 de le saisir et de le partager.

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29 décembre 2015 2 29 /12 /décembre /2015 17:51
MYRIAM ALTER « Cross / Ways »

Luciano Biondini (accordéon), John Ruocco (clarinette), Michel Massot (tuba, trombone), Michel Bisceglia (piano & arrangements), Nicolas Thys (contrebasse), Lander Gyselinck (batterie), Myriam Alter (composition, piano solo sur le dernière plage)

Bruxelles, 13-14 septembre 2014

Enja ENJ-9626 2 (Harmonia Mundi)

Myriam Alter est à elle seule un cas d'école : formée dès l'enfance au piano classique, elle l'a abandonné à l'adolescence, a étudié la psychologie, travaillé dans une agence de publicité, dirigé une école de danse, avant de revenir au piano, et de choisir le jazz, en composant son propre répertoire. Dans son premier disque « Reminiscence », en 1994 (dont le contrebassiste était Michel Benita), et dans le suivant, « Silent Walk » (1996) elle tenait le piano. Pour les deux suivants, enregistrés à New York, elle céda le clavier à Kenny Werner. « Cross / Ways » est son sixième CD, le pianiste Michel Bisceglia signe les arrangements, et Myriam Alter se met au piano, en solo, pour l'ultime plage, dédiée à Mal Waldron, qui fut un ami proche. Cette dernière plage tranche d'ailleurs sur le reste du répertoire : une basse obstinée, avec une ligne mélodique qui va vers doucement vers des intervalles très tendus. Mais ce thème conclusif respire, comme l'ensemble de l'album, une belle et douce mélancolie. À ce climat l'accordéon de l'Italien Luciano Biondini contribue largement, comme en 2002, pour « If », celui de l'Argentin Dino Saluzzi, grand expert en mélancolie s'il en fut. Sur Youtube, à la page où l'on trouve l'intégralité de « If », un commentaire affirme « c'est du tango, pas du jazz.... ». On pourrait, sur telle ou telle plage de ce nouvel opus, penser au tango, mais c'est bien de jazz qu'il s'agit, avec cette liberté de cheminement, ces bouffées de mélodies judéo-espagnoles, et ces escapades à trois temps, comme au bon vieux temps de Bill Evans. Myriam Alter a le talent de composer dans cette veine nostalgique, ce qui lui vaut de s'adjoindre les partenaires les plus idoines, et aux qualités considérables : naguère, outre Kenny Werner et ceux déjà cités, Marc Jonhson, Joe Baron.... et aujourd'hui la fine fleur de la scène bruxelloise (dont l'Américain John Ruocco, établi de longtemps dans les plats pays belges et néerlandais). Quelle que soit votre langue imaginaire, si les mots Sehnsucht, saudade, melancholy, malinconia, melancolia.... résonnent en vous, précipitez vous sur ce disque : il est pour vous !

Xavier Prévost

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25 décembre 2015 5 25 /12 /décembre /2015 13:26
ERIC SEVA : « Nomade sonore »

Gaya 2015

Eric Seva (bs,ss), Daniel Zimmerman (tb), Bruno Shorp (cb), Mathieu Chazarenc (dms), Ludovic Lanen (enr, mix)

Si au pied du sapin vous n’avez pas trouvé le dernier album du saxophoniste Eric Seva, sachez qu’alors le vieux barbu s’est gouré grave et qu’il ferait bien de retourner à son atelier pour réparer sa boulette et vous le déposer illico presto au fond de vos chaussettes.

Quant à nous, il ne nous a pas oublié et c’est tant mieux ! Car le nouvel album, d’Eric Seva est un pur moment de joie communicative.

Eric Seva est en effet un des piliers indéfectibles de ce jazz hexagonal dont il porte haut l’identité très forte dans l’écriture ( on pense à l’écriture des Sclavis, Texier ou Emler) ou grâce aux multiples collaborations qui émaillent un CV ma foi fort bien rempli. Et c’est vrai qu’au fil du temps, fort de deux ONJ et de rencontres multiples ( Khalil Chahine, Franck Tortiller, Didier Lockwood etc…) le saxophoniste ne cesse de s’affirmer et de parvenir au fil de ses albums à une sorte de lâcher prise totalement libéré.

Avec Daniel Zimmerman, Mathieu Chazarenc, et Bruno Shorp il se lance ici à cœur et à corps perdu dans une sorte de danse effrénée. Eric et Daniel se courent après (Cheeky monkey), se dépassent, font le route ensemble et se laissent distancer. C’est parfois un tourbillon de la vie, une danse légère, une douce valse jazz ( Kamar). C’est un blues moite et qui colle. C’est une sorte de conversation animée et vive entre potes comme ceux que l’on a en terrasse des cafés (Monsieur Toulouse). Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si cet album est dédié aux douzes personnes disparues le 7 janvier ( attentats à Charlie Hebdo) et à cet esprit libre, goguenard et amoureux qui animent nos rues et nos vies.

A l’exception de 3 thèmes ( 2 de Khalil Chahine et un de Michel Marre), tous les titres sont de la plume du saxophoniste. Plume alerte et sacré sens des alliages des sons et des textures, associant avec un immense bonheur ceux de Zimmerman ( toujours magnifique) et ceux d’Eric Seva lui même qui tant au soprano qu’au baryton s’y révèle éblouissant. Tiens d’ailleurs tant que l’on y est et que l’on parle de soprano : Eric Seva s’y montre renversant de puissance expressive sur un thème comme Matin Rouge alors qu’au baryton il imprime toujours une sorte de groove irrésistible et sensuel.

Libres voix, libres paroles, libres expressions, libres improvisations.

Sur cet album flotte définitivement un air de la liberté.

Jean-Marc Gelin

PS : en écoutant l'album, mon fils qui jouait dans sa chambre est venu me voir pour me dire : " c'est du jazz ça Papa ? ". Je lui ai dit :" oui c'est du jazz". Alors il m'a dit " ben alors j'adore le jazz !"

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22 décembre 2015 2 22 /12 /décembre /2015 22:56
ENRICO PIERANUNZI « Proximity »

Enrico Pieranunzi (piano), Ralph Alessi (trompette, cornet, bugle), Donny McCaslin (saxophones ténor & soprano), Matt Penman (contrebasse)

New York, 9-10 avril 2013

Cam Jazz CAMJ 7894-2 ((Harmonia Mundi)

En publiant aujourd'hui cet enregistrement réalisé deux ans plus tôt, Enrico Pieranunzi confirme son tropisme new-yorkais, et son désir de se frotter à d'autres expériences. C'est cette fois un quartette sans batterie, et des partenaires très impliqués dans quelques-unes des aventures jazzistiques les plus exigeantes des deux dernières décennies (avec Fred Hersch, Uri Caine, Don Byron, Steve Coleman, Maria Schneider, Joshua Redman....). L'absence de batterie, et la liberté prévalente dans la conduite des thèmes (Line For Lee, Proximity, Five Plus Five ), rappellent certaines connivences de la galaxie Lennie Tristano-Warne Marsh-Lee Konitz ; ce n'est d'ailleurs pas un hasard si l'un des thèmes fait référence à Konitz, et à cette manière de concevoir des lignes libres et inventives sur de harmonies empruntées à des standards. Toute les compositions sont signées par le pianiste, et certaines portent indiscutablement une empreinte musicale européenne, et même italienne (Simul). L'ensemble laisse poindre une touche de mélancolie, et les solistes captent nos émois (Donny McCaslin, au soprano, Ralph Alessi, au bugle, dans Sundays). Pieranunzi parcourt l'album en majesté, avec cette façon d'être libre et rigoureux tout à la fois. Quant à Matt Penman, solide et expressif dans l'accompagnement, il brille par son lyrisme chaque fois qu'un solo lui en offre le loisir. Bref c'est une excellente cuvée pour le pianiste italien, très prolixe sur le plan phonographique, mais qu'une telle profusion ne prend jamais en défaut.

Xavier Prévost

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20 décembre 2015 7 20 /12 /décembre /2015 00:54
LE JAZZ DE CABU

Une petite histoire du swing de Louis Armstrong à Miles Davis

BDJAZZ collection de BDMUSIC (directeur Bruno Théol)

Difymusic https://www.difymusic.com/bdmusic

www.bdmusic.fr

On le sait bien, Cabu aimait le jazz, enfin pas vraiment celui que l’on classe dans les musiques actuelles. Un peu comme Jacques Réda, il était tombé amoureux de ce jazz historique, jazz classique, et de cette fabuleuse période swing ; aussi la collection BDJAZZ, en présentant ce florilège de ses portraits de jazzmen, est particulièrement bienvenue de « rendre hommage à cet indéfectible compagnon de swing ». Ce qui se confirme dès la couverture où un jeune batteur à lunettes (Cabu) s’exprime avec allégresse aux balais, sur l’anthème ellingtonienne : “It don’t mean a thing if it’ain’t got that swing”.

Les 2 CDs habituels de la collection présentent sans suivre l’ordre chronologique ni alphabétique, quarante figures emblématiques de l’histoire du jazz, ces maîtres du jazz, du blues, du bop auxquels Cabu avait déjà rendu hommage dans plusieurs collections : si on s’amuse à reclasser dans le temps, cela part de « l’impératrice du blues » Bessie Smith en 1929 avec « Nobody knows you when you’re down and out » à l’année 1954... avec plusieurs pépites « Love me or Leave me » de Billie Holiday, «Round about Midnight» par son créateur en piano solo, «Down by the Sycamore tree» de Stan Getz ou «Solar» de Miles Davis. Un bonus track indiqué comme Cabu ‘s favorite number, version 2 de «It don’t mean a thing... » est interprété en 2014 par Sylvia Howard and the Black Label Swingtet sur des arrangements de Christian Bonnet, le rédac-chef de ce numéro où ont participé les amis Philippe Baudoin, Jean Buzelin, Pierre Carlu, Claude Carrière, Irakli, Daniel Nevers, Alain Tercinet, Fabrice Zammarchi.

Cabu croque avec gourmandise chaque artiste dont le portrait malicieux et toujours très ressemblant illustre une notice qui inclut quelques éléments biographiques tout en analysant avec une juste concision l’intérêt du morceau choisi dans la sélection.

Voilà un numéro particulièrement réussi, bienvenu aujourd’hui, et une merveilleuse façon de se souvenir longtemps, sans nostalgie paralysante de Cabu, disparu tragiquement avec les attentats de Charlie Hebdo en janvier dernier et de ce jazz qu’il aimait tant.

PS : www.jazzradio.fr/news/radio/28220/bd-music-nous-presente-les-meilleurs-dessins-de-cabu-sur-le-jazz

Sophie Chambon

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20 décembre 2015 7 20 /12 /décembre /2015 00:52
Alain Gerber présente Sarah Vaughan

Sera & Aranthell

BDJAZZ www.bdmusic.fr

https://www.difymusic.com/bdmusic#!sarah-vaughan

http://www.francemusique.fr/jazz/jazz-culture-sarah-vaughan-en-bd-music-109865

Voilà une belle cargaison de bulles qui nous arrive pour cet hiver et les fêtes en particulier. La collection BDMusic est toujours bien identifiable même si elle a changé de distributeur : c’est le même concept de « long box » consacré à une BD inédite et 2 CDs (quintessence des enregistrements) consacrés à un musicien incontournable.

C’est au tour de Sarah Vaughan -chanteuse pour musiciens, celle qu’on appelait « matelot », qui se comportait comme un musicien de l’orchestre, d’être « racontée » par Sera, artiste cambodgien, auteur et enseignant sur la bande dessinée à Paris I. La plasticienne Aranthell met en couleurs les albums dessinés par Sera. Le résultat est assez saisissant : de grandes plages à la palette sombre, atmosphères hivernales et nocturnes, quadrillent les pages avec assez peu de textes, des titres forts comme « Ce monde si blanc », des références directes aux chansons et à la vie agitée et souvent difficile de « la divine égaleent appelée «Sassie», l’effrontée. On a le plaisir de retrouver Alain Gerber, le romancier du jazz, avec un texte superbe sur « la plus savante des chanteuses de jazz... refusant toute routine, recréant sans cesse un répertoire qui, lui-même, évoluait fort peu ». Il revient à son habitude sur certains repères biographiques, concluant sur l’été 1963, sans doute le plus heureux de sa vie, où elle se produisit en trio au Tivoli Garden de Copenhagen.

Pour la bande-son de ce livre-disque, les enregistrements du premier CD partent de 1944, avec un All Stars où joue Dizzy Gillespie, s’attardant ensuite sur son propre trio où le batteur Roy Haynes est une figure primordiale - Swingin’ Easy. Le deuxième CD illustre les années fastes 1957-1958, où elle triomphe en trio à Chicago (At Mr Kelly’s) puis, At the London House, avec des membres de l’orchestre de Count Basie. Pour Philippe Carles, son « Shulie a bop » de 1954 est un « condensé explosif de son talent, de sa vivacité rythmique » de son ample tessiture qui la fait passer des aigus les plus tendus à des graves proches de ceux d’un baryton.

Et sans doute, faudrait il rajouter que le swing était son arme absolue... ce qui nous facilite la transition avec Cabu.

Sophie Chambon

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20 décembre 2015 7 20 /12 /décembre /2015 00:50
Jazz Temptation

BLUE NOTE

Universal Music France

http://www.universalmusic.fr/2918-jazz-temptation-la-nouvelle-collection-jazz-par-blue-note.html

La nouvelle collection jazz de Blue note…

https://www.youtube.com/watch?v=VpfsT6CCiLo

Une couverture et un trailer ad hoc pour célébrer le jazz vocal, glamour évidemment, pour ces voix splendides féminines et masculines (Gregory Porter, Jamie Cullum ...) dans une proportion écrasante pour les divas du jazz : j’ai compté 21 chanteuses sur un total de 24. Cette compil chic et intelligente de 2 CDs met en effet en valeur les chanteurs et chanteuses d’aujourd’hui qui sont de plus en plus nombreux. Qui écouter ? Voilà une sélection plutôt brillante des CDs parmi les plus exemplaires de la carrière de ces musicienn(e)s. Par exemple, pour Youn Sun Nah, c’est sa version singulière et mémorable de « My favorite things » qui est retenue, Melody Gardot est impériale dans ce tube de 2004 « Your heart is as black as night », on remonte aussi très loin, en 1994 pour entendre la version superbe de Cassandra Wilson du standard « You don’t know what love is » ; on entend Laïka Fatien, révélation 2004, dans un album de 2011 sur un titre intitulé « Imagination». Kelly Lee Evans par contre est saisie dans son dernier album sur un titre coécrit avec le pianiste Eric Legnini « Hands up ». Une façon de retraverser l’histoire récente du jazz, du blues par le medium, l’instrument le plus sensible et fragile, la voix. Et puis quel formidable guide à placer dans la hotte du Père Noël, une mini-discothèque du jazz vocal. Madeleine Peyroux, la plus vivante incarnation de la voix de Billie Holiday, chante une de ses propres chansons « Don’t wait too long ». Il y aussi les nouvelles venues comme Melanie de Biasio, Cecile Mc Lorin Salvant qui reprend du Lennon « Oh My love » et puis cette Australienne extraordinaire découverte dans la playlist de France Inter (!) Sarah McKenzie dans ce très drôle et virtuose « Quoi, Quoi, Quoi ».

Alors, n’hésitez plus et bonne écoute.

Sophie Chambon

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16 décembre 2015 3 16 /12 /décembre /2015 14:16
UN CADEAU IDÉAL POUR LES AMATEURS DE PIANO : BRAD MEHLDAU « 10 Years Solo Live »

Brad Mehldau (piano solo) Enregistré en concert, en Europe, entre 2004 & 2014

Nonesuch 549103 / Warner Music

Pour élaborer ce coffret (4 CD ou 8 vinyles), Brad Mehldau a réécouté 40 concerts donnés en Europe entre 2004 et 2014, enregistrés par son ingénieur du son, et aussi par les radios publiques (Radio Danoise, BBC & Radio France). Il a ensuite sélectionné des extraits de 19 d'entre eux, qu'il a organisés pour l'édition phonographique en 4 grands chapitres : l'un associant le sombre et le lumineux, l'autre redessinant un concert idéal, le troisième associant l'idée d'intermède à celle de regard rétrospectif, et le dernier mettant en relation des musiques, en Mi mineur et Mi majeur, empruntées à Léo Ferré, Brahms, Pink Floyd, les Rolling Stones.... Le tout est, comme souvent chez le pianiste, accompagné d'un copieux commentaire rédigé par ses soins : à la faveur d'une de ses compositions intitulée Meditation I - Lord Watch Over Me, Brad Mehldau évoque Dieu, comme coexistence de l'ombre et de la lumière, comme le silence qui rend possible la musique, le négatif qui suscite l'affirmation de l'être. Et le propos dérive de titre en titre, d'inspiration en concrétisation, sans que l'on sache toujours si c'est le discours qui structure cette fresque musicale, ou la musique qui serait la source de ce discours, voire son simple prétexte. Quoi qu'il en soit, c'est la musique que l'on évoquera, en survol, car l'abondance rend un commentaire détaillé illusoire en une telle chronique. C'est une vision panoramique de tout ce que l'on peut déceler des tropismes du pianiste : les nouveaux standards issus de la pop et du rock (Le cher Radiohead bien sûr, mais aussi Jeff Buckley, les Beatles, Massive Attack, Nirvana, les Beach Boys....) ; les « vrais » standards comme le jazz les chérit depuis des décennies (ceux de Richard Rodgers, Harold Arlen, Jerome Kern, Jobim....) ; les « standards du jazz » (Coltrane, Bobby Timmons ; Monk, avec deux thèmes, un Monk's Mood réharmonisé avec révérence, et Think of One, entraîné progressivement de sa claudication originelle vers une sorte de tempête rythmique et de déconstruction amoureuse). À quoi s'ajoutent deux pièces de Brahms, jouées dans leur littéralité originelle, et bien sûr quelques compositions de Mehldau, pour baliser mieux encore son univers. On se penchera avec délices sur deux versions de Knives Out de Radiohead (Rome 2011 & Londres 2004), très différentes, entre furia romantique et vertige contrapuntique. Les contraintes du vinyle ont obligé à intervertir à deux reprises des plages en raison de durées dissymétriques, mais le tout restitue bien le désir de Brad Mehldau d'offrir une vision, un ordre, une cohérence, une voyage ou une dérive. Et l'on est conduit progressivement vers les longues plages finales, en apothéose, qui concluent l'objet, à grand renfort d'ostinato et de transe hypnotique. Le voyage est envoûtant, vertigineux : c'est du grand piano de jazz, du grand piano tout court, bref de la grande musique au sens le plus œcuménique du terme.

Xavier Prévost

Infos et extrait sur le site de Nonesuch

http://www.nonesuch.com/albums/10-years-solo-live-cd

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