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9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 18:42

tana_-_livre_-_new_york_en_50_chansons.jpgTana Editions
Parution le 11 octobre 2012
226 x 270 mm
144 pages
15 euros

Un véritable bonheur que de feuilleter ce guide musical de New York, en 50 chansons, sur des textes pertinents et érudits du journaliste Bertrand Dicale  ( France Inter, France Info ) : une promenade musicale et photographique qui fait dialoguer Bruce Springsteen, Harry Belafonte, Sammy Davis Junior, Jay –Z, Serge Gainsbourg avec les clichés d’Hervé Tardy. Le dispositif est simple : une double page de photo sur laquelle apparaît le refrain de la chanson et sa traduction et un texte qui met en lumière le choix iconographique et le contexte de la chanson choisie.
Comme l’écrit l’auteur, ce livre explore une ville folle et ses mythologies, un New york rêvé, imaginé, dans lequel on vit aussi. Ces chansons tissent la trame, réécrivent  l’histoire d’une ville où le regard et l’oreille ne sont jamais en repos. New York a été chantée sur tous les tons dans tous les styles (tubes de Broadway, jazz, rock, rap, funk...). Qui dit New York, reprend immédiatement avec Liza Minelli, « I want to be a part of it, New York, New York »  le refrain de la chanson, dans  le film culte de Scorsese, New York New York, qui surpasse même la version de Frankie « The Voice » Sinatra. Autre référence inoubliable « I like to be in America », la chanson des Portoricains de West Side Story , LA comédie de Leonard Bernstein. On pense aussi  à « Walk on the Wild Side », l’un des tubes incontournables de Lou Reed, période Transformer.
On ne peut oublier Louis Arsmstrong avec l’orchestre de Benny Carter dans  « Christmas night in Harlem », ni Gene Kelly chantant « Broadway melody » dans Singin in the rain.  Mais il y  aussi des surprises dans cette sélection futée et les Français ne sont pas absents, en proie à cette fascination pour la « Grosse Pomme », de Nougaro qui en fit sa « Nougayork » à Louise Attaque sans oublier Gainsbourg, Higelin, Renaud, Yves Simon et Matthieu Bogaerts.
 Si on mettait bout à bout tous les refrains, si on alignait les citations placées en exergue sur chaque page , on aurait le texte le plus fou, le plus représentatif de la ville mythique.
Un bonus : cet ouvrage est réalisé en partenariat avec Spotify. Le lecteur trouvera un QR code qui lui permettra de retrouver la « playlist » en ligne sur le site.Autre bon point, apparaissent non seulemement les crédits des photos, mais des extraits de chansons citées dans l’ouvrage.
Voilà une excellente idée de cadeau, intelligent et moderne, pour les fêtes de fin d’année.
NB : il existe l’équivalent chez Tana Editions, sur PARIS , du même auteur. N’hésitez plus !

Sophie Chambon

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6 novembre 2012 2 06 /11 /novembre /2012 18:52

 

 

Jazz Village / Hamronia Mundi 2012

 onjpiazzola.jpg

Encore une fois l' ONJ signe un album magnifique. Après le travail sur Robert Wyatt, après « Shut up and dance », Daniel Ynivek rempli parfaitement son rôle en proposant cette relecture de l'un des plus grands compositeurs de XXeme siècle que pour ma part je met à égalité avec Jobim, Shorter et Mc Cartney. Mais toute la difficulté est pourtant de voir dans ce travail autour de l’œuvre d’Astor Piazzola, un album de l’ONJ. Car il faut bien dire, que de la même manière que l’on avait apprécié la collaboration de John Hollenbeck, cet album-là est avant tout celui de la rencontre de l’arrangeur Gil Goldstein avec l'un des plus grands compositeurs de ce siècle, Piazzolla. Et de cette rencontre avec ce génial arrangeur ( écoutez son travail dans le dernier album de Laika) naît une véritable pépite de délicatesse et de raffinement harmonique chère au génial bandonéoniste. Il fallait alors des interprètes de haute volée, soucieux et respectueux de cette double écriture pour exhaler ce que recèle cet écrin. Yninek de toute évidence les avait avec cet ONJ de jeunes et hypra talentueux musiciens, magnifiques et sages dans leur exécution.

Gil Goldstein crée pour eux des espaces de jeu incroyables, des couleurs mystérieuses parfois comme ce Soledad à l'épure envoûtante, comme une avancée dans un territoire instable. Le tango d' Adios Nonino revit d'une autre façon, proche de l'idée et de la mélodie mais tirée vers le jazz par les ressors d'un arrangement à tiroirs. Où Goldstein met tout l'orchestre en mouvement, où l'un passe devant l'autre et se transforme insidieusement de leader en soutien rythmique et harmonique tour à tour. Goldstein part toujours de la mélodie, comme balise, comme repère, pour nous ancrer dans un terrain reconnaissable immédiatement et nous emmener ensuite dans une déambulation onirique magnifique (Mi refigio  - morceau sublime) avec autant d'élégance que de grâce et surtout d'apparente facilité qui n'exclut pas la formidable richesse des textures harmoniques. Il se permet même parfois des  paraphrases modernes et presque rock comme sur ce Tres minutos con la realidad très cinématographique tout en privilégiant aussi le mouvement dans ses arrangements. Dans ses choix orchestraux, Goldstein a, avec beaucoup de sens, choisi d’éviter la présence du bandonéon qui aurait sonné un peu kitsch. C’est même tout le contraire dans sa recherche du son puisque l’arrangeur place comme pièce maîtresse, la flûte de Joce Meniel, ici absolument remarquable et essentiel, créant ainsi une sorte de paysage sonore nouveau autour de ces mélodies bien connues. Un soin apporté particulier est apporté au traitement du son n'hésitant pas d’ailleurs à surprendre et à se jouer de la texture sonore comme sur el dia ma quieras).Le bandonéon n’apparaît ainsi que furtivement au travers d’une pièce d’archive en milieu d’album.

Il est alors facile de se laisser emporter et surtout envoûter par cet album qui rend à la modernité la musique universelle de Piazzola. Au travers de ce travail on y trouverait presque une sorte de continuité avec les travaux sur Robert Wyatt autour de cette musique faite de grands espaces et de sentiments.

Jean-Marc Gelin 

 

 

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3 novembre 2012 6 03 /11 /novembre /2012 12:53

FLU-O--Encore-remuants.jpgCircum disc 2012/Cidi 1201
Muzzix
MVS distribution

Le groupe nordiste Impressions dont on avait beaucoup aimé le premier disque sorti en 2004  Le bénéfice du doute, poursuit sa trajectoire à son rythme, sans heurt . Ce nouvel album, le troisième, est  tout simplement captivant. En fait, le quintet revient sous un autre nom FLU(O), avec cet  Encore remuants intriguant qui affirme ainsi sa capacité à se renouveler. La continuité dans le changement, puisque les cinq musiciens originels sont encore de  l’aventure. On aurait tort de s’en plaindre, il s’agit d’un groupe de haute volée. Dès les premières secondes, l’ambiance est mystérieuse, comme si l’on embarquait pour un voyage de nuit, sans connaître la destination. Avec des morceaux fièvreux, d’une vibrante intensité, on se laisse happer pour un voyage de six pièces, assez court, mais intense.
Une musique séduisante, aux climats urbains, changeants :  de puissants emballements qui mettent en résonance, formidable afflux d’énergie brute, jaillissement ininterrompu, convulsions rythmiques. Parfois mélancoliques, parfois montées sur ressort, les compositions sont dopées à l’énergie sincère du rock, l’ambiance ne retombe jamais, mais les musiciens n’en oublient pas pour autant la mélodie, hypnotique et survoltée, comme dans « Annam » où un certain engourdissement installe un climat instrospectif, lenteur planante que trouent la trompette revigorante, par éclats vifs et le friselis de la guitare jusqu’au crescendo final..
Travail du son et des textures, nouvelles couleurs d’un jazz affranchi, résolument moderne, actuel, voire alternatif comme l’on parlait du rock progressif. La belle trompette de Christian Pruvost frise et défrise dans la deuxième composition « Frigorifique », avant que le piano de Stephan Orins ne retentisse, troublant la donne. Le cinquième titre «Toujours remuants » donne à Olivier Benoît l’occasion de nous proposer un long développement à  la guitare, après que le batteur Peter Orins ait jeté l’arrière-plan entêtant, posé les fondamentaux avec la basse de Christophe Hache, créant une rythmique obsédante, crépitante, énervée.
Cette musique reste sophistiquée, allant plus loin que le rock, sombre et lyrique : sous les projecteurs, Flu(o) garde sa densité et reste maître de ses exigences et de son pouvoir, donnant libre cours à son imagination rythmique et à sa fougue sonore. Une expérience poétique autant que physique, un flux continu, éloquent et abrasif . Ainsi en est il du dernier morceau « Polly », solo du batteur aussi généreux que retenu avant l’envolée finale.  On suit jusqu’aux dernières salves, tout à fait conquis !
Sophie Chambon

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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 18:27

soweto---New-Emancipation.jpgSoweto Kinch recordings - 2012

C'est un peu par défaut que j'ai acheté le dernier cd de Soweto Kinch intitulé The New Emancipation, mais sans regret. En effet, les disques dont j’envisageais me sustenter pour le week end, étaient absents des bacs de la Fnac: décidément la distribution n'est plus ce qu'elle était, la Fnac non plus…
 

Plutôt content de trouver The New Emancipation dont l'auteur m'était malencontreusement sorti de l'esprit pour une bonne raison : loin des yeux, loin du cœur ! En ses deux premiers cds Conversations With The Unseen et A Life in the Day of B19: Tales of the Tower Block ont déserté ma musicothèque, après que des camarades d'écoute les aient emportés … je ne sais où.


J'avoue avoir une faiblesse pour ce saxophoniste britannique noir, sorti des banlieues londoniennes - qui n'ont rien à envier à notre grande couronne parisienne – et qui est le sujet central abordé par Kinch sur ces albums.
Cette faiblesse, je la dois au festival Banlieues Bleues un jour où Soweto Kinch, alors totalement inconnu en France, avait fait une trop brève apparition à un concert de Hugh Masakela en 2006 si ma mémoire est bonne. C'était pour moi Le choc de cette soirée! Ce soir-là Kinch, débonnaire et tranquille, dévoile un jeu de sax météorite et apaisant à la fois; du genre inexplicable. Xavier Lemettre, directeur du festival, me le conseille sur disque. Il a d’ailleurs programmé sa formation en 2010.

Kinch est très attaché à sa culture urbaine: mélange de jazz / hiphop / rap avec des sonorités résolument modernes, des scansions à l'accent londonien de banlieues à couper au couteau, des gimmicks mélodiques impossibles à chanter, "un gros son" comme on dit là-bas. C'est surtout un gars talentueux, touche à tout, saxophoniste doué qui ne manque pas d'écorcher de sa verve autodérisoire les banlieues qui l'ont vu grandir.
Comme l’indique le titre du cd, Kinch s'est effectivement émancipé: il change le look de sa pochette, moins urbaine et moins graffée que le sprécédentes, a créé son propre label, met un costume et une cravate, a pris de la hauteur ("Raise tour Spirit") et évoque certaines formes de tyrannie. Respectueux de ses pères du jazz américain, il évoque l'esclavage des noirs ("An Ancient Worksong"), l'esclavage au travail ("Paris Heights"), la dictature de la banlieue, la cupidité ("love of Money").

Musicalement, The New Emancipation ressemble à s'y méprendre aux deux ces précédents, alors que les morceaux ou passages de pur jazz s’affirment en authenticité. Il dévoile un groupe, à géométrie variable, lyrique et plutôt inventif dans le son qui s'exprime brillamment entre jazz bien trempé, hiphop et lignes de basses très groovy ; de celles qui nous font hocher la tête sans discontinuité. Notre attention se focalise essentiellement sur le guitariste Femi Temowo et le trompettiste Byron Wallen, en plus du leader très agile dans la forme et finalement classique dans le fond.
Une fois de plus gourmand et généreux, Kinch livre un album long comme à son habitude, riche en style, en mélodie, et dont le contenu a gagné en profondeur. Un vrai plaisir.

 

JG

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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 17:25

diane-reeves.jpeg
Dianne Reeves rentre sur scène timidement en tirant sur son t-shirt pailleté comme les jeunes débutantes. Elle ferme les yeux et en quelques notes se transforme en "feel good lady". Quelques notes à la puissance incroyable, dans les bas-fonds comme au firmament. Elle est  tantôt charmeuse, tantôt contrebasse. Elle se joue des harmonies et du phrasé ; elle est une femme incroyablement libre, incroyablement intense.  Sa musicalité et sa technique vocale phénoménales ("même sans micro elle chante fort") ne suffiraient pas à décrire son immense talent. Elle se jette de tout son être dans la bagarre et c'est la vie qui jaillit sur scène, une radicale authenticité. Prêcheuse, non. Chanteuse, non. Seulement présente de manière authentique et généreuse dans l'ici et le maintenant. Elle se déchausse, se défait de ses bijoux et se donne. Dans chaque note, dans chaque harmonie, dans chaque rythme, dans chaque improvisation. Avec une joyeuse audace, elle déconstruit, triture, approche, se réapproprie, réinvente, fait sien, chaque thème, chaque genre (rock, reggae, jazz, pop)...pour mieux nous l'offrir. Relaxez-vous dit-elle en début de concert, nous allons passer ensemble un moment de bonheur. Et c'est ce qui se produit. Elle nous transmet sa joie et son énergie, son feeling bestial. Stormy weather (ô combien de circonstance!) est lumineux. Misty est un feu d’artifices. Our love is here is to stay en duo avec le guitariste-orfèvre, Romero Lubambo, est inoubliable.  Jusque dans sa présentation improvisée de ses musiciens, elle fait preuve d’une jubilatoire générosité. Mazette, quel concert !
 
A suivre salle Pleyel Wayne Shorter le 3 novembre et surtout Brad Mehldau le 21 novembre, d’autres régalades en perspective…La salle Pleyel nous gâte !
Régine Coqueran


 
 

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26 octobre 2012 5 26 /10 /octobre /2012 13:30

La soirée Disques de Lily au Sunside à Paris hier était très réussie. La première partie a vu Pierre développer à la guitares cinq titres en guitare solo aux univers très différents, puis il a rejoint Sébastien en duo et dans son quartet dans le deuxième set. Le quartet de Sébastien Llado a fini le concert par un troisième set enlevé. On est parti enchanté, on s'est révéillé "en forme"

 

LES RESULTATS DU CONCOURS

C'est Mr ALain Claverie qui remporte les deux parties du concours.

 

1ière partie du concours:

 

pierre durand

 1/ Pierre DURAND est un abonné des ciné-concerts.

 Citez exactement deux formations auxquelles Pierre DURAND participe et dont c'est la spécialité.

Réponse: "Pierre Durand participe à des ciné-concert avec le Ciné X'TET/Bruno Régnier et en duo avec le guitariste Richard Bonnet sous le nom de duo Bonnet/Durand."

 

 2/ Sur la pochette du disque de Pierre DURAND, il arbore une veste avec de nombreux billets de banque qui y sont accrochés. Quelle est la signification de cette tradition nouvelle-orélanaise?

Réponse: "A la Nouvelle-Orleans, lors d'un mariage, la tradition veut que pour obtenir une danse avec le ou la marié(e), le demandeur épingle -en échange- un billet de banque sur le voile de la mariée ou sur le costume du marié... un moyen de s'assurer que les nouveaux mariés auront un peu d'argent pour débuter leur vie ensemble... pour leur lune de miel ou pour leur premier enfant... plus il y a  de prétendants pour la danse, et plus la somme récoltée sera importante, mais les mariés ne doivent surtout pas compter l'argent devant leurs invités... cette tradition se nomme le "Money Dance"."


Pochette_cd_carre-382-382.jpg

 1 / Quel est le nom du premier groupe de Sébastien Llado (avec quatre trombones) par lequel il s'est fait connaitre?

Réponse:
Le premier groupe de Sébastien LLado : Spice'Bones.

 2 / Quel musicien a appris à Sébastien Llado à jouer des conques?

Réponse:
Steve Turre lui a apprit à jouer des conques.

 

 

2ième partie du concours:

La note préfére de Sébastien LLADO est le sol.

Celle de Pierre DURAND est le Note Bleue.

 

 

 

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23 octobre 2012 2 23 /10 /octobre /2012 08:42

 

Out Note 2012

Stéphane Kerecki (cb), Matthieu Donarier (ts, ss), Thomas Grimmonprez (dms) + Bojan Zulfikarpasic (p, fder), Tony Malaby (ts, ss)

 kerecki-sound.jpg

Stéphane Kerecki, après une parenthèse enchantée, enregistrée en duo avec le pianiste John Taylor, reprend son trio et le format de « Houria » ( celui avec le saxophoniste Tony Malaby **** STEPHANE KERECKI TRIO featuring TONY MALABY : “Houria” ) auquel il ajoute un invité de choix, le pianiste Bojan Z.

Le trio se meut donc en quintet. Et encore une fois l'énergie, la pulse et le sens du jouer ensemble emportent tout. Mais il y a aussi autre chose. Une vraie écriture de Kerecki qui, au-delà de ses talents de rassembleur et d’orchestrateur, au-delà de ses talents de contrebassiste, éclate ici dans sa dimension de compositeur. Son écriture navigue entre les déambulations shorterienne ( le scaphandre et le papillon) portant sur les mêmes flottements et parfois aussi les mêmes dérives. Sa musique peut être sage et sauvage à la fois, tripale autant que réfléchie. Et c’est bien tout le sens de ce titre éponyme, Sound Architect qui montre bien cette démarche d’organisation de l’espace sonore, ce sens du découpage presque géométrique. La démarche n’est pas facile d’autant que Tony Malaby et Matthieu Donarier se partagent cet espace chacun jouant du ténor ou du soprano mais chacun aussi se complétant à merveille. Les thème sont magnifiques comme La source par exemple où l’énergie circulante s’empreint de gravité et d’urgence. Et il y a aussi Tony Malaby dont le son est à chaque fois qu'il s'exprime, un événement en soi. Quoiqu'il soit amené à dire, il le dit en exprimant le jazz et tout son lot des grands saxophonistes qui l'ont précédé ( il a la raucité de Rollins, la déchirure d'Ayler et le phrasé de Shorter....). Pièce maîtresse de ce dispositif, Tony Malaby déchire le rideau, grave l’espace, complice d’un Donarier qui lui, le cisèle et l’orfèvre. Petite concession à Bojan Z un Serbian Folk Song thème collectif composé par le pianiste , Kerecki et Grimmonprez et qui, placé en début d’album, n’entre pas réellement dans l’esthétique de l’album. Mais cela ne fait pas oublier l’énergie qu’apporte le pianiste et surtout les couleurs harmoniques qu’il impose.

Emerge alors la dimension d’un grand album de jazz. Un album où le collectif s'impose avec brio. Un album encore essentiel dans ce groupe majeur.

Jean-Marc Gelin

 

 

L'interview : Stéphane Kerecki, la construction de soi

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21 octobre 2012 7 21 /10 /octobre /2012 20:58

 

Brad Mehldau (p), Larry Grenadier (cb), Jeff Ballard ( dms)

Nonesuch 2012

mehldau-trio-where-do-you-start.jpg

Attention très grand disque. Très très grand disque. N’allez pas chercher à savoir ce qu’il y a d’exceptionnel dans ce nouvel album du pianiste. C’est juste LE trio parfait. Celui qui peut tout jouer avec la même fusion et la même empathie. Mehldau + Ballard + Grenadier atteignent tout au long de cet album à la quintessence du trio. Parce que les trois, dans le même moment parviennent tout simplement à hisser leur jeu à un niveau exceptionnel. Ils se connaissent bien, s’inscrivent dans la permanence du trio, semblent à chaque album dépasser un nouveau cap. Et peu importe au fond ce qu’ils jouent, ils pourraient rendre à la postérité n’importe quel thème qu’il fut ou non tiré du répertoire.

Et pourtant ils brassent large. Les terres en friche de Meldhau sont vastes et si le pianiste ne compose guère qu’un seul titre de l’album, il va le chercher un paysage musical varié. Adepte, on le sait, de régénérescence de la pop music Brad Mehldau ouvre sur un titre du guitariste rock Jerry Cantrell ( Got me wrong), va chercher chez Nick Drake un superbe  Time has told me tiré du superbe album "Five leaves left" et ici totalement réinventé ou encore va puiser du côté de Jimi Hendricks et de Hey Joeoù Brad Mehldau vire au blues un peu sale.

 

 

 

Mais le pianiste, va aussi chercher dans le répertoire hard bop avec Rollins ( Airegin) ou Clifford Brown ( Brownie speaks) où le pinaiste ne cherche pas la modernité mais au contraire s’inscrit dans la pure lignée des grands pianistes bop. Et il ne serait pour s’en convaincre que d’écouter ses talents d’improvisateur bop sur Airegin où il montre tout ce qu’il doit au jazz et aux maîtres (Oscar Peterson dans le jeu de Meldhau !) et combien il en prolonge l’âme.

Il y a de l’intensité dans ce trio. Quelque chose où le légereté du jeu de Meldhau s’acoquine à la gravité de Larry Grenadier ( au passage exceptionnel) et au drive d’une finesse de dentellière et méga énergique de Jeff Ballard. A l’image de cet Aquelas Coisas Todas, thème du compositeur guitariste Brésilien Toninho Horta auquel d’ailleurs un autre pianiste, Manuel Rocheman rend ces jours-ci un bel hommage.

Brad meldhau est un amoureux des chansons et des belles mélodies. Son job et celui de ses compagnons de jeu n’est pas d’en tirer prétexte mais d’en faire un sujet en soi. De les magnifier. De les exprimer. Littérairement. Magistralement.

Jean-Marc Gelin

 

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20 octobre 2012 6 20 /10 /octobre /2012 19:34

Les Disque de Lily 2012

pierre-durand.jpg 

Il faut être sacrement audacieux et avoir un producteur totalement inconscient pour partir comme ça tout seul enregistrer en studio à la Nouvelle Orléans un album de guitare solo. Qui plus est lorsque cet album résonne comme un voyage existentiel au plus proche de ce que sont ses propres racines musicales, album introspectif s’il en est. Mais attention chez Pierre Durand introspectif ne veut pas dire roboratif et maniaco-dépressif. C’est tout le contraire. On est ici dans le domaine de la quête personnelle. Une mystique en quelque sorte. Et il n'y a rien d'étonnant à ce que l’album s'ouvre sur un thème dont le titre est "Coltrane", certes le moins orléanais des musiciens de jazz mais en qui Pierre Durand semble se trouver comme en fraternité, comme avec tout ces musiciens en quête de leur propre substrat musical.

 

Pierre Durand est un guitariste incroyable. Une sorte d’homme fait guitare. Artiste totalement investi dans son art comme on peut le voir, physiquement sur scène où la musique semble lui traverser le corps. Il traîne sa bosse dans le gotha du jazz depuis des années. Fidèle serviteur d'une musique qui n'est pas la sienne il s’est ainsi mis au service de formations prestigieuses comme celles de François Jeanneau ou encore de Daniel Yvinec. On l’a vu aussi  récemment dans le superbe album de David Patrois ou encore dans le staff d’Archie Shepp autour de Atica Blues revisited.

 

Il était temps de rentrer désormais dans l’univers propre du guitariste, dans sa propre intimité musicale. Et quoi de mieux pour cela que cette mise a nu totalement impudique, que cet l'exercice solitaire et néanmoins équivoque du solo.

Au cœur du Delta, Pierre Durand dans les studios mythiques de Piety Street s'aventure ainsi sur les terres du jazz, jette des ponts entre l'africanité et le blues du Croissant ( When i grow too old) ou s'offre un hommage à la musique de John Scofield-ce-heros objet d'une digression toute personnelle ( Who damn is john scofield). Porteur de couleurs et surtout travailleur acharné du son (sonorité et résonance) et architecte des espaces sonores (où les silences joue d'ailleurs un jeu essentiel) Pierre Durand sait tout faire avec sa guitare au point de donner parfois l’impression d’être plusieurd, de sembler dialoguer avec lui-même. Les cordes claquent, tranchantes parfois, moelleuses souvent, le son est glissando et Pierre Durand n'hésite pas a se salir parfois, a rendre le son un peu crade quand il le faut (il faut absolument qu’il aille le faire écouter a Scofield !). Mais il y a surtout de la profondeur dans cet album là. Et tout à son histoire égocentrée Pierre Durand s'offre même le luxe de faire venir dans le studio Nicholas Payton sans lui faire jouer la moindre note à la trompette mais juste pour la voix qu'il pose, aux côtés de John Boutè, sur un thème un peu décalé, beau presque religieux mais pas franchement réussi (et qui perso m'évoque plutôt une after avec I muvrini !).

Tout au long de cet album-ovni qui ne ressemble à rien, tout au long de cet espace méditatif, on est frappé par le gros travail d'écriture remarquable et par celui des explorations harmoniques hallucinantes (comme sur les amants). Et l’on reste impressionnés par la dimension de Pierre Durand, improvisateur assez dement !

Il resterait simplement à tous les programmateurs de franchir le pas. Il le mérite amplement. A condition que l’audace soit aussi partagée.

Jean-Marc Gelin

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19 octobre 2012 5 19 /10 /octobre /2012 18:33

Le saxophoniste et compositeur américain David S. Ware nous a quitté le 18 octobre 2012  des suites d'une longue maladie des reins.

Il était connu pour avoir été le saxophoniste de Cecil Taylor et avoir mené un quartet inoubliable en compagnie du noyau dur "William Parker et Matthew Shipp" pendant 20 ans. Il était reconnu  grand maitre du saxophone.

Après une transplantation d'un rein - dont un fan lui avait le don , il réapparait usé sur scène et signe quelques disques chez AUM Fidelity. Il était agé de 62 ans.

david_S_ware_ok.jpg

 

J'avais eu la chance de l'interviewer à Paris alors qu'il était en résidence pour son projet "Strings". C'était un moment bouleversant que de rencontrer cet artiste mystique, sincère et dévoué à son art.

 

Le jeune contrebassiste et batteur Géraud Portal avait eu la chance de passer six mois à ses côtés alors qu'il était adolescent. Il nous a appris la triste nouvelle: "David S. Ware nous a quitté cette nuit. Pensées d'amour".

 

Pensées émues, David. Que les Deva t'accompagnent et veillent sur toi dans ce nouveau voyage.

JG

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