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23 mars 2023 4 23 /03 /mars /2023 11:22

ROLANDO LUNA : «  Rolando’s faces »

Esprit du piano/Inouie distribution 2023

Rolando Luna (p)

Dans l’innombrable production de pianos solos qui nous arrive ces derniers temps, notre oreille s’est trouvée captivée par ce double album du pianiste cubain, Rolando Luna qui présente avec ce « Rolando’s faces » deux versions de son art, l’une enregistrée en studio et l’autre en live lors d’un concert privé à Toulouse.

Rolando Luna est une vraie découverte pour nous et il faut rendre hommage à Paul-Arnaud Péjouan et Philippe Monsan (deux amoureux du piano) qui ont produit cette petite merveille. Le pianiste cubain n’est pourtant pas une révélation puisqu’il a longtemps tenu le piano au sein du Buena Vista Social Club et qu’il a connu une forme de consécration en remportant un double prix en 2007 au Concours du piano solo à Montreux, celui du jury mais aussi celui du public.

Et il faut bien dire que ce pianiste, adoubé par le grand maître Chucho Valdès a cette capacité de nous emballer dès les premières notes par son jeu fabuleux. Son lyrisme est d’une superbe inventivité. Son phrasé est à la fois tendre et percussif comme savent le faire les grands pianistes cubains dont la culture est toute à la fois empreinte de jazz, de rythmes latins mais aussi très fortement imprégné du piano classique du 19eme. Au fil de ce double album, Rolando Luna se ballade entre quelques standards de jazz ( My one and only love, La belle vie) , rend hommage à Michel Petruciani dont on sent à juste titre, le jeu si proche, revisite Debussy ( le bien nommé Clair de lune) ou les Stranglers ( Golden brown) et, bien sûr reprend à sa façon quelques standards cubains.

C’est dire que son univers et ses influences sont vastes et tout au long de ce double album on découvre un pianiste incroyablement libre, délié de tout carcan formel dans une forme de fluidité qui sonne comme une évidence. Une sorte de poésie virtuose. De cette virtusosité positive qui n’est pas le signe d’un étalage de richesse mais plutôt d’une grande générosité d’âme.

Luna est définitivement lunaire.

A découvrir d’urgence.

Jean-Marc Gelin

 

En concert en trio au Bal Blomet à Paris le 19 avril.

 

 

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20 mars 2023 1 20 /03 /mars /2023 20:06


LIVE AT THE VILLAGE VANGUARD
Label Edition 2023


CHRIS POTTER ( ts), Craig Taborn (p), Scott Colley (cb), Marcus Gilmore (dms)

Chris Potter et le sacre du flow !

On entend parfois certaines personnes désabusées (de tout) nous dire : «  mouai, un concert de Chris Potter, c’est toujours un peu la même chose ». Et bien je vais vous le dire franchement, laissons tous les pisse-froid à leur morosité et laissez vous embarquer dans ce nouvel enregistrement capté en live au célèbre Village Vanguard ( le 3eme dans sa discographie). Parce que comme toujours avec Chris Potter, c’est le flow sacré !


Et aussi parce qu’avec un concert de Chris Potter on entend pas seulement un concert de Chris Potter mais tout le flow d’un groupe qui, ensemble élève les exigences du jazz à des niveaux qui tutoient les sommets. Tous à l’unisson d’un jazz à très haute intensité.


Bien sûr à tout seigneur tout honneur, le saxophoniste au son purement et simplement gigantesque. On pourrait dire « saxophone colossus » si cela n’avait pas déjà été pris par celui dont il porte haut et fort l’héritage, Sonny Rollins et son son âpre et dense. Chris Potter ici s’exprime essentiellement au ténor et délaisse un peu le soprano, pour une prestation au lyrisme brut et sauvage.

Et que dire de ses camarade de jeu au premier plan desquels Craig Taborn au piano, absolument lumineux dans chacune de ses interventions. Quand à l’ssociation Scott Colley ( aussi phénoménal et pardon pour les superlatifs) avec Marcus Gilmore, là aussi c’est un vrai moteur que le quartet a sous le pied.

Et pour ceux qui penseraient encore ( si, si il y en a) que Chris Potter est tout en muscle, qu’ils écoutent cette version renversante de Blood count de Billy Strayhorn qui a tous les coups vous fera chavirer.

Et au final plus de 30ans de scène et Chris Potter accompagné de ses bandidos ne faiblit pas, de chancèle pas. Droit dans son jazz . Celui qui fait pousser les racines.

Jean-Marc Gelin

https://m.youtube.com/watch?v=aUgFXJxQIgs

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17 mars 2023 5 17 /03 /mars /2023 17:40
WILD TALES        GRAHAM NASH

WILD TALES GRAHAM NASH

LE MOT ET LE RESTE

Musiques (lemotetlereste.com)

DocHdl1OnPR001tmpTarget (flib.fr)

 

La disparition récente de David Crosby et la réapparition miraculeuse de Joni Mitchell m'ont fait redécouvrir le livre de mémoires de Graham Nash, le plus discret des trois musiciens du trio CSN. Cette chronique est un rattrapage puisque Wild Tales est sorti en 2013, publié par le Mot et le Reste, une référence.

Voilà une autobiographie passionnante qu’on ne lâche pas, qui se lit comme un roman découpé en 17 chapitres  : Graham Nash qui a aujourd’hui plus de 80 ans a eu une vie incroyable. Ce petit Anglais du Nord est passé du rock and roll avec Bill Haley aux harmonies vocales des Everly Brothers,  a créé The Hollies, un groupe majeur (juste derrière les Beatles et les Stones) avec Allan Clarke, son copain d’enfance dans cette Angleterre de l’après-guerre. Puis il a tout quitté pour vivre l’aventure californienne des années 60, participant à l’une des formations les plus extraordinaires de cette décennie.

Par l’intermédiaire de Mama Cass (The Mamas and The Papas), il découvre Laurel Canyon, haut lieu de l'avant-garde musicale de Los Angeles, rencontre en 1968 David Crosby des Byrds et Stephen Stills, séparé du Buffalo Springfield. Malgré le succès des Hollies, l’appel de la Californie sera le plus fort et sa voix se combine à merveille à celle des Américains créant une harmonie unique. Ainsi avec des styles différents se forme le trio CSN : virtuosité du perfectionniste Stills, le véritable leader, originalité de l’incontrôlable Crosby, talent d' auteur de pop songs de Nash...

Ce Wild Tales (un de ses albums solo de 1973) témoigne d’une vie de musicien-star, document sur une époque flamboyante, la décennie de tous les dangers et excès mais d’une créativité absolue dans tous les arts.

En 1969, c’est leur premier album dont nous découvrons en détail la genèse avec cette pochette épatante d’une bicoque abandonnée sur Santa Monica Bd avec un vieux divan  installé devant, sur lequel les trois musiciens sont assis, dans le désordre. Une maison volatilisée juste après en avoir pris la photo, alors qu’ils voulaient précisément refaire le cliché, le titre annonçant Crosby en tête. 

CROSBY STILLS AND NASH -FIRST ALBUM - YouTube

CSN est cependant conduit à s’adjoindre très rapidement un autre talent, une autre guitare, l’incontournable Neil Young, celui là même qui s’est toujours affronté à Stephen Stills. CSN deviendra CSN&Y. Neil Young n’est attaché à CSN que par une conjonction qui le singularise, car il a toujours été différent, The Loner dès le Buffalo Springfield où il rencontra Stephen Stills. Ses compositions se démarquent de celles du trio qui a pourtant fait ses preuves et signé un contrat solide et durable avec l'Atlantic d’Ahmed Ertegun. Car Stills est un musicien génial, un guitariste hors pair et le trio vocal surpasse l’entente vocale dejà exceptionnelle entre Nash et Crosby. 

Sens mélodique affirmé, acrobaties vocales, harmonies raffinées, guitares virtuoses dans “Our Home”,Carry On”, “Long Time Gone”, “Helplessly Hoping”, “Chicago”, “Déjà Vu”, “Teach your Children” jusqu’à ce vibrant "Ohio"  “protest song” emblématique de leur fort engagement politique. Déjà dans les Byrds, Crosby cherchait à joindre au contenu socio-politique d'un Dylan une certaine audace harmonique, en intégrant aussi des influences indiennes dues à Ravi Shankar. Mais il  écoutait aussi  du jazz, Coltrane, Miles, Charles Lloyd. Par un juste retour des choses, Miles reprendra au moment de Bitches Brew son “Guinnevere”, titre que l’on entend à Woodstock avec les  autres merveilles que sont “Suite Judy Blue eyes" ou “Wooden Ships”. L’anecdote raconte que Miles fut très désappointé quand Crosby lui fit savoir qu’il n’avait pas aimé du tout sa version!

Malgré un succès devenu très vite planétaire, le groupe va connaître bien des aléas, des "breaks" suivis de reformations éphémères, comme celle de mai 2013, où au Lincoln Center l'orchestre jazz  de Marsalis joua 12 des morceaux les plus connus du groupe que Wynton avait arrangés.

Leur “éloignement” n’est pas une séparation, d’après Nash, ils restent un groupe, même s’ils sont allés voir ailleurs, formant l’un des mariages libres les plus réussis qui soient. Quand Stephen Stills et Neil Young enchaînent les disques en solo, Graham Nash, fidèle en amitié, enregistre des albums avec un Crosby au plus bas et à chaque fois se recrée leur alchimie. Avec Eric Clapton, Keith Jarret, David Crosby -qui vient de mourir après une vie pour le moins cahotique, faisait partie de ces "survivants" alors que dans le jazz, tant ont payé le prix fort pour des conduites aussi addictives. Graham Nash a commencé à toucher aux diverses drogues en débarquant à Laurel Canyon. Pas sûr qu’il ait eu une conduite plus sage, il livre ses mémoires desinhibées sur ses années folles de sex, drugs and rock and roll. Mais l'addiction la plus tenace de Nash, il l’avoue, c’est la musique beaucoup plus importante que n’importe laquelle de nos existences individuelles

Ainsise poursuit la vie de Graham Nash, moins intéressante musicalement après cette période inoubliable, mais on apprécie sa manière sans détour, son recul et son humour tranquille quand il dépeint son enfance de fils d’ouvriers, le Swinging London et la formidable éclosion du rock anglais, la liberté de moeurs, sa relation aux femmes et son histoire avec la grande Joni Mitchell qui l’incita à peindre. C’est avec Croz sans doute l’une des attaches les plus fortes de Nash. C’est d’ailleurs lui qui donna des nouvelles de Joni Mitchell, lors d’un concert à l'Olympia alors qu'elle venait d'être victime d' un A.V.C et hospitalisée à Los Angeles.

Ajoutons que le livre est illustré de photos magnifiques, car à ses qualités musicales, Graham Nash ajoute un autre talent artistique, celui de la photographie. On appréciera  les gros plans de Judy Collins avec Stephen Stills, les portraits de Johnny Cash, de Joni Mitchell, de David Crosby sans sa veste frangée, du trio en train d’enregistrer “Marrakesh Express” en 1969, de Nash avec Jerry Garcia en 1971, Nash toujours avec sa Fender Stratocaster en 1974 pour un concert de CSN&Y, en train de sculpter son ami Croz…

On l'aura compris, ce livre est un coup de coeur qui m' a entraîné à faire un pas de côté en revenant sur une période où le jazz aussi était à l'honneur...   

 

NB : Jetez un oeil sur la longue liste de remerciements, synthèse qui restitue précisément le déroulé de la carrière et de la vie de Graham Nash. Il a tenu à n'oublier personne, en toute honnêteté.

 

Sophie Chambon

 

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15 mars 2023 3 15 /03 /mars /2023 13:49

Julien Soro (saxophones ténor & soprano, clavier, raquette), Stephan Caracci (vibraphone, percussions, clavier, raquette), Ariel Tessier (batterie, raquette)

Ludwigsburg (Allemagne), 12-13 avril 2022

Neuklang NCD 4265 / Big Wax

 

C’est comme une métaphore du ping-pong musical : la première plage (Dreaming Ping Drumming Pong) commence avec les raquettes et la balle…. Mais c’est bien le vif du sujet dans lequel nous venons d’entrer. On est assurément dans le collectif, l’interactif et le réactif. Ce qui n’exclut ni le lyrisme, ni le concerté, voire le concertant. Tout le spectre du jazz et de ses provinces est visité, à partir d’un motif, d’un rythme, d’une esquisse ou d’une impression diffuse. Bref, c’est comme un condensé de la vie de cette musique et de ses interprètes-improvisateurs. Des surprises, à la faveur d’une pulsation qui s’emballe, d’un instrument qui surgit. Comme un voyage dans l’imprévu, le mutin ou le grave, selon les instants. Et toujours ce condensé d’intelligence, de sensualité musicale et de jeu. Beau travail d’artistes !

Xavier Prévost

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Le groupe est en concert le samedi 18 mars à Paris au 360 Music Factory

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Des avant-ouïr sur Youtube 

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14 mars 2023 2 14 /03 /mars /2023 17:00

    Samara JOY, Leïla OLIVESI et Diunna GREENLEAF ont capté l’attention lors de la cérémonie le 12 mars au Pan Piper (75011) de remise des prix 2022 de l’Académie du Jazz, la dernière animée par François LACHARME qui transmet, après 18 ans, la présidence de l’association prestigieuse à Jean-Michel PROUST. Preuve que le jazz s’écrit et se pratique de plus en plus au féminin.

    Frôlant l’élection dès le premier tour dans le scrutin intervenu le 8 décembre dernier, la prodige américaine Samara JOY s’est vu remettre le trophée du Prix du JAZZ VOCAL, catégorie où s’était distinguée il y a peu Cecile McLorin Salvant. Souriante, la récente lauréate de deux Grammy Awards pour ‘Linger Awhile’ (Verve-Universal) s’est déclarée touchée par cet hommage français… tout en laissant sur leur faim ses fans qui eussent apprécié une courte prestation vocale (la jeune new-yorkaise de 23 ans venant de donner trois concerts en région parisienne voulait-elle ménager sa voix pour une émission télévisée le lendemain ?).

    Prix DJANGO REINHARDT du meilleur musicien français de l’année, la pianiste-compositrice Leïla OLIVESI ne s’est pas fait prier pour régaler le public des très nombreux professionnels du jazz présents avec deux compositions figurant sur son dernier album (‘ASTRAL’, Attention Fragile). Particulièrement appréciée fut ‘Missing CC Suite’, hommage aux accents ellingtoniens à Claude Carrière, un ami et ancien président de l’Académie disparu voici deux ans exactement. Leïla Olivesi devient ainsi la quatrième jazzwoman depuis 2014 à obtenir cette récompense suprême de l’Académie du Jazz (après Airelle Besson, Cecile McLorin Salvant, Sophie Alour).

 

    Diunna GREENLEAF, lauréate du Prix du BLUES (‘I Ain’t Playing’, Little Village), venue pour l’occasion de Houston, fit monter la tension par un mini-concert de trois chansons clôturant la soirée. Chanteuse généreuse, femme engagée, se passant désormais d’agent pour gérer sa carrière, la texane entonna ainsi avec conviction un tube d’une star du blues (Koko Taylor), ‘Never Trust A Man’.

 

    Il était déjà 22 heures, la cérémonie approchait les 3 heures. Le public avait eu droit à son lot de prestations instrumentales: le groupe de Dany DORIZ-Michel PASTRE (Prix du JAZZ CLASSIQUE), mettant l’ambiance sur des airs d’Illinois Jacquet et Lionel Hampton, le Quintet de Stéphane KERECKI (Prix du DISQUE FRANÇAIS) la grande classe, le tromboniste allemand Nils WOGRAM (Prix du JAZZ EUROPEEN) en duo avec le pianiste BOJAN Z (élégance et sobriété), la jeune formation, très mondiale, de Louis MATUTE (Prix EVIDENCE, nouvelle distinction pour les jeunes talents), un solo virtuose du pianiste espagnol Chano DOMINGUEZ et, délice pour les esthètes, en hommage à Jean-Louis Chautemps (1931-2022), le Quatuor de Saxophones version 2023 avec deux « historiques » de la formation de 1980 (Jacques di Donato et François Jeanneau) rejoints par Jean-Charles Richard et Richard Foy.


    Spécialement en verve pour cet ultime show, François LACHARME avait interviewé les lauréat(e)s présent(e)s, envoyé les vidéos des absents (dont Joshua Redman) et alterné souvenirs et anecdotes évoquant entre autres trois saxophonistes disparus, Marcel Zanini, Wayne Shorter et naturellement Jean-Louis Chautemps, prix Django Reinhardt 1965 (« s’il avait évolué dans les arts plastiques, il aurait été Marcel Duchamp »).

 

Les engagements du nouveau président

 

    L’heure était venue de tirer sa révérence et de présenter son successeur - élu par un bureau renouvelé de dix membres et féminisé (grâce à Nathalie PIOLE, France Musique, et Alice LECLERCQ, Jazz News) - Jean-Michel PROUST, saxophoniste et directeur artistique de festivals (Jazz au Phare à Ré, et Paris Guitar Festival à Montrouge).

 

    Après des remerciements appuyés à François LACHARME réélu à deux reprises, le cinquième président de l’histoire de l’Académie du Jazz fondée en 1955 (André Hodeir, Maurice Cullaz, Claude Carrière) s’est fixé trois objectifs pour les 5 ans à venir : la transmission, la vulgarisation et la glorification du jazz.

 

    « Le mot jazz, ne nous le cachons pas, a lancé le nouveau président, n’est plus très à la mode. Il n’exprime plus quelque chose de concret pour les nouvelles générations. L’Académie, forte de 60 membres, experts affûtés, va travailler sans relâche pour soutenir les musiciens de jazz de toutes générations, renforcer son engagement envers la diversité et l'inclusion dans notre genre musical, et à mettre en œuvre des stratégies visant à faire du jazz une partie encore plus importante de la vie culturelle de notre pays. »

 

Jean-Louis Lemarchand.
(Membre du bureau de l’Académie du Jazz)

 

 

 

 

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13 mars 2023 1 13 /03 /mars /2023 18:47

GREG WARD’s ROGUE PARADE : « Dion’s quest »
Sugah Hoof records



Greg Ward (as), Dave Miller, Matt Gold (g), Matt Ulery (b), Quin Kirchner (dms)

 

Voilà une belle surprise transatlantique d’un jeune groupe que nous ne connaissions pas et qui fait ce mois-ci les honneurs de Down Beat.

Par curiosité nous sommes allés jeter une oreille sur ce quintet original à deux guitares mené par le saxophoniste Greg Ward.

Le groupe avait déjà été repéré pour son précédent album " Stomping off from Greenwood'"  qui pour tout dire nous avait un peu échappé. Il confirme avec de deuxime opus sous la houlette de ce saxophoniste de Chicago déjà rompu à d’autres esthétique ( Tortoise, William Parler, Roscoe Mitchell etc…)

Et le résultat est franchement séduisant, naviguant entre les sonorités très rock (voire blues un peu gras) des deux guitaristes et l’énergie et le lyrisme de Greg Ward au sax alto, ce groupe possède un vrai son et une vraie cohérence qui l’emmène dans une direction certes très sage et pas du tout révolutionnaire mais carrément emballante. Le genre d’album plutôt feel good et plutôt pas mal écrit.

A suivre et à découvrir.
Jean-marc Gelin
https://youtu.be/R2yboQoTswk

 

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10 mars 2023 5 10 /03 /mars /2023 17:49

Stéphan Oliva (piano), Sébastien Boisseau (contrebasse), Tom Rainey (batterie)

Sarzeau (Morbihan), mai 2022

Yolk Records J 2085 / l’autre distribution

 

Le programme annonce la couleur : 8 compositions du pianiste, 2 compositions-improvisations collectives, 2 thèmes du bassiste et, pour conclure dans la logique du titre, Orbit de Bill Evans. Le tout constitue presque un manifeste, celui d’une certaine idée du trio (très) contemporain, loin des tourneries de groove nombrilique qui n’en finissent pas de se mordre la queue depuis le milieu des années 90. Un concentré d’invention, d’audace, de liberté et d’interaction qui nous rappelle que le jazz, au sens d’hier comme à celui d’aujourd’hui (ici c’est dé demain), continue de se recréer, de se régénérer, nourri de l’histoire autant que du désir de voir loin : vers l’insondable cosmos ? Et pourquoi pas vers l’horizon que contemple L’Étranger du poème éponyme de Baudelaire « … là-bas… là-bas… les merveilleux nuages ! ». La peinture a parlé depuis l’Après Guerre d’abstraction lyrique. Ici l’on est en territoire d’abstraction sensuelle (pardon pour l’oxymoron). La matière sonore fait corps avec l’idée musicale, qui nous entraîne loin de nos repères, de nos présupposés, de nos habitudes d’écoute (même si nous sommes habitués à écouter ces trois oiseaux-là, libres comme l’air). Bref, c’est magnifique.

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur Youtube

 

 

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10 mars 2023 5 10 /03 /mars /2023 16:21

MOWGLI : «  gueule de Boa »

Bastien Andrieu (claviers), Ferninand Doulerc (saxs, fl), Pierre Pollet (dms)

 

Et voilà Mowgli lâché en pleine jungle ! Et forcément c’est sauvagement libre et farouche !

En tout cas, les trois garnements de ce trio ( garnement étant bien le mot le plus édulcoré) se retrouvent dans cette jungle, affranchis de toutes les bonnes manières de la vie en société. Aucun code, aucune limite et une volonté intrépide de tout bousculer sur son passage. De jouer des poings s’il le faut et de renverser la table.

Ici le jazz baise avec la musique électro et vient nous interpeller avec force uppercuts. A trois ( + toute la machinerie qui va avec), ce trio a une formidable dimension orchestrale à coup de beats et de nappes sonores qui réveilleraient les morts pour leur donner envie de danser. Cette jungle-là est à la fois inquiétante et revigorante. Ferdinand Doumerc ( que l’on connaissait avec Pulcinella) donne dans le sport de combat avec un son totalement libéré dans une sorte de corps-à-corps avec ses deux camarades de jeu. Tous formidables de puissance, d’expression et d’énergie.

La liberté de ce jazz-là émoustille et donne envie de les rejoindre dans cette jungle pas très convenable. Et c’est tant mieux !

Jean-Marc GELIN

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10 mars 2023 5 10 /03 /mars /2023 15:32

AZADI : «  les orbes »

Anaya/Cristal records

Camille Saglio (vc, oud, n’goni), Madeleine Cazenave (p), Gurvan L’helgoual’ch (cb, dms), Xavier Pourcher (kybd, machines)

 

Ce n’est plus une surprise depuis déjà longtemps : le jazz, cette grande musique du métissage fait décidemment bon ménage avec la musique des pays arabes. On a encore en tête le récent duo de Madeleine et Salomon ( entendez Clotilde Rullaud et Alexandre Saada) et bientôt vous allez vous laisser séduire par Sarab ( on vous en dira plus).

Et justement, viens de sortir ces jours-ci « Les orbes » du groupe Azadi qui fleure  bon les parfums et le voyage d’orient et qui puiser aux sources du Kurdistan comme symbole d’une belle liberté musicale. Puisque c’est de cela qu’il s’agit, Azadi signifiant « Liberté » en Kurde.

On avait déjà suivi le parcours de la pianiste Madeleine Cazenave avec «  Rouge ». On la retrouve aujourd’hui dans une superbe association avec le chanteur-oudiste Camille Saglio. Leur association fait merveille au travers de compositions riches mariant le chant arabe et ses mélismes au jazz, à l’éléctro et même à la musique classique.
Et c’est comme un conte des mille et une nuits qui nous emporte dans une sorte de songe, un voyage imaginaire tout à la fois apaisé ou évanescent et qui parfois aussi peut nous bousculer comme la liberté peut elle-même bousculer. Et toujours ce voyage est porté loin dans le ciel par une belle spiritualité et par la voix de haute contre de Camille Saglio qui transperce et transcende, qui invite à la prière( Incantation), à la transe et à la danse  (Atish Bazi) par la force prégnante des arrangements puissants.

Derrière cet onirisme orientalisant, il y a aussi la force d’un groupe en mouvement, syncretique et fusionnel.

ET nous d’être là, totalement sous le charme.

Jean-marc GELIN

 

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8 mars 2023 3 08 /03 /mars /2023 19:02

   ... Avec Esaïe CID (saxophone alto et clarinette), Benjamin Dousteyssier (saxophone baryton et soprano), Alex Gilson (contrebasse) et Paul Morvan (batterie).
    Studio Boléro, Draveil, juin 2022.
   Swing Alley Records – SA 046 / Fresh Sound Records / Socadisc
    Paru en décembre 2022.
    Concert prévu le 9 mars au SUNSIDE (75001).

    Le personnel change, l’instrumentation aussi mais restent le format (quartet sans piano) et l’esprit (une atmosphère West Coast des années 50).

 

    Deux ans après le second volet consacré à la compositrice américaine quelque peu oubliée, Kay Swift (1897-1993), le saxophoniste espagnol Esaïe Cid nous revient avec une balade dans sa ville francilienne d’adoption, Saint-Ouen. Uniquement des compositions personnelles qui mettent en valeur le lyrisme et l’élégance distillés par le leader ici accompagné par un saxophoniste baryton et soprano (la seconde voix cuivrée était tenue dans l’album précédent par un tromboniste) et une rythmique basse-batterie.

 

    Le parcours musical proposé permet ainsi de découvrir quelques-unes des figures ayant marqué l’histoire de la cité audonienne, du marquis de Sade à Dadon, le saint patron de la ville, en passant par Louis Cressé, grand-père maternel de Molière. Sur ces repères, Esaïe Cid a laissé aller sa plume avec grâce, ouvrant l’album par un mambo revigorant (Cressé Mambo) et n’hésitant pas à adopter une mesure à 3 temps (Boigues le dépeceur).

 


     Un livret donne force détails sur les personnalités évoquées et apporte un éclairage apprécié sur l’histoire d’une ville qui ne doit donc pas sa renommée uniquement au Marché aux Puces et (pour les amateurs de ballon rond) au Stade Bauer, terrain d’évolution d’un club au passé glorieux, le Red Star.
 


    Un album chaudement recommandé qui fait souffler un vent léger.

 

Jean Louis Lemarchand.

 

 

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