Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
4 décembre 2022 7 04 /12 /décembre /2022 17:53

Bruno Ruder (piano solo)

Pernes-les-Fontaines, janvier 2022

Vision Fugitive VF 313025 / l’autre distribution

 

Autant l’affirmer d’entrée de jeu : un très beau disque de piano solo. Et pas d’anomalie dans cette réussite. Bruno Ruder parcourt avec talent, pertinence et profonde musicalité bien des univers du jazz (et de son entour), depuis deux décennies. Du formidable trio ‘Yes Is A Pleasant Country’, qui l’associe encore, quand les circonstances le permettent, à Jeanne Added et Vincent Lê Quang, jusqu’à Magma, en passant par de nombreux concerts, et disques, avec Riccardo Del Fra, ce pianiste m’a toujours impressionné par ses choix musicaux et ses talents d’improvisateur. Dans ce disque, une succession de pièces, que l’on devine improvisées (même si l‘on peut supposer des intentions préalables), et qui pourraient être appelées impromptus, nocturnes, préludes, fantaisies, voire études…. Le très bon piano du studio de La Buissonne sonne magnifiquement, du plus ténu pianississimo jusqu’aux éclats du fortissimo. Le pianiste crée constamment des couleurs et des formes, il croise en chemin la mémoire des musiques qu’il aime et connaît : un cheminement d’une belle intensité, que nous suivons plage après plage.

Comme toujours chez Vision Fugitive, la pochette et les images du livret (ici en forme de leporello) sont signées par Emmanuel Guibert. Un texte très éclairant de Stéphane Ollivier, hélas absent du livret, est accessible en suivant ce lien.

Deux personnes rencontrées récemment m’ont dit : est-ce que c’est du jazz ? Ma réponse fut chaque fois : «C’est un grand disque de piano d’un grand jazzman….». Grand disque !

Xavier Prévost

Partager cet article
Repost0
2 décembre 2022 5 02 /12 /décembre /2022 11:15

Le prix " EVIDENCE"

L’Académie du Jazz a le plaisir de vous annoncer la création d’un nouveau prix, le Prix Evidence, complétant ainsi son palmarès qui couvre déjà un large spectre des expressions du jazz.

 

Le nom "Evidence" se réfère à la fois à la composition originale de Thelonious Monk et à sa triple signification de "preuve", de "signe" ou de "témoignage", qui traduisent bien la portée de cette nouvelle distinction et les notions qu'elle recouvre à l'intérieur de l'univers du jazz.

 

« Le Prix Evidence récompense un album français ou étranger d’un(e) artiste ou d’un groupe en développement, qui se singularise par sa charge créative, sa qualité d’exécution, sa musicalité. La vocation de ce prix consiste à distinguer un nouvel enregistrement se concevant comme une pépite à sortir de l’anonymat ».

 

Ce prix est voté dans le cadre d’une *commission dédiée, présidée par David Koperhant, membre du bureau, l'organe exécutif de l’Académie.

 

Le premier lauréat du Prix Evidence est le guitariste suisse d’origine hondurienne Louis Matute à la tête de son "large ensemble" pour son troisième album « Our Folklore » (label Neuklang).

« Our Folklore »  se distingue par la cohérence et la qualité de ses compositions qui chantent de la première à la dernière note. Plus qu’un soliste, Louis Matute est un coloriste, un créateur de mélodies pensées pour rester. Empreint de lyrisme, conçu autour d'harmonies sophistiquées, « Our Folklore » révèle un univers personnel et un parfum de saudade, cette nostalgie latino-américaine qui donne à cet album rare une partie de ses couleurs. La commission a voulu souligner également l’émergence d’une formation abritant des révélations du jazz européen de ces deux dernières années, dont le ténor Léon Phal et le trompettiste Zacharie Ksyk, sans oublier Andrew Audiger au piano, Virgile Rosselet à la contrebasse et Nathan Vandenbulcke à la batterie, rejoints par le oudiste Amine M’Raihi. C’est donc une nouvelle scène et un son inédit qui sont ici célébrés par ce Prix Evidence, marquant ainsi la naissance d’un folklore aux sonorités universelles dont s'enrichit la famille du jazz.

 

Le Prix Evidence 2022 sera remis à son premier lauréat lors de la prochaine soirée de l’Académie du Jazz qui aura lieu au premier trimestre de l'année prochaine et au cours de laquelle sera dévoilé le Palmarès 2022 au complet.

 

L'Académie du Jazz a été créée en 1954 et compte aujourd'hui une soixantaine de membres indépendants : journalistes, chroniqueurs, hommes et femmes de radio, blogueurs, écrivains, photographes, musicologues, programmateurs de clubs ou de festivals...

Elle est présidée par François Lacharme depuis 2005.

 

*Font partie de cette commission : Jean-Charles Doukhan, Alex Dutilh, Lionel Eskenazi,

David Koperhant, Alice Leclercq, Nathalie Piolé, Stéphane Portet, Jean-Michel Proust, Benjamin Tanguy.

 

http://www.academiedujazz.com/

Partager cet article
Repost0
2 décembre 2022 5 02 /12 /décembre /2022 11:04

C’était, hier une soirée où tous les clubs de jazz de la capitale s’étaient visiblement donné le mot pour assurer une programmation de haut niveau. Il fallait donc choisir et, vous savez comme on dit : choisir c’est aussi renoncer.

Notre choix s’est donc porté sur le Studio de l’Ermitage où le contrebassiste Francois Poitou présentait son nouveau projet, accompagné de la chanteuse-rappeuse, Pumpkin ( « Arômes complexes » Yovo Music / L’Autre Distribution).

Nous sommes sortis emballés et conquis par ce projet pourtant pas gagné sur le papier. D’un côté un quartet pianoless à l’esprit très Colemanien (tendance Ornette) et de l’autre une chanteuse rappeuse, Pumpkin. Pas gagné ?

En réalité l’alliance des deux semble une évidence avec un point commun qui réunit les deux univers : l’énergie !

Car c’est un écheveau parfaitement imbriqué où les ciselures du ténor ( voire de la clarinette basse) et les fulgurances de la trompette viennent en écho aux mots acérés et percutants de Pumpkin. Et pour faire la liaison, la contrebasse (ou la basse) de François Poitou qui vient ponctuer l’ensemble.

Le public à la tempe largement grisonnante n’était pas forcément acquis à la cause et l’on se réjouissait de les voir battre le tempo du pied ou de la tête, visiblement séduits, comme nous ( tout aussi grisonnants) par cette forme modernisée du jazz.

The shape to come comme dirait un certain …. Ornette Coleman

Jean-marc Gelin

 

Partager cet article
Repost0
2 décembre 2022 5 02 /12 /décembre /2022 09:59

   L’Académie du Jazz vient d’élargir son palmarès avec la création du Prix Evidence, destiné à « récompenser un album d’un(e) artiste ou d’un groupe en développement, qui se singularise par sa charge créative, sa qualité d’exécution et sa musicalité ».

    Le premier lauréat du Prix Evidence est le guitariste suisse d’origine hondurienne Louis MATUTE, à la tête de son "Large Ensemble'' pour son troisième album « Our Folklore » (label Neuklang) sorti au printemps, a annoncé le 1er décembre l’Académie qui regroupe une soixantaine de membres (journalistes, hommes et femmes de radio, blogueurs, écrivains, photographes, musicologues, programmateurs de clubs ou de festivals...) et est actuellement présidée par François Lacharme.


 
    La commission qui a attribué le prix, présidée par David Koperhant, précise que l’album ‘’Our Folklore’’ « se distingue par la cohérence et la qualité de ses compositions qui chantent de la première à la dernière note ».

 

    La formation animée par Louis Matute comprend, souligne l’Académie, « des révélations du jazz européen de ces deux dernières années », dont le saxophoniste ténor Léon Phal, le trompettiste Zacharie Ksyk, le pianiste Andrew Audiger, le contrebassiste Virgile Rosselet, le batteur Nathan Vandenbulcke et l’oudiste Amine M’Raihi.

 

    Le Prix Evidence 2022 sera remis à son premier lauréat lors de la prochaine soirée de l’Académie du Jazz, au premier trimestre 2023 au cours de laquelle sera dévoilée la totalité du Palmarès 2022 dont le Prix Django Reinhardt accordé depuis la création de l’Académie en 1954 au musicien de l’année.

 

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

Partager cet article
Repost0
30 novembre 2022 3 30 /11 /novembre /2022 17:00

Daniel Zimmerman (trombone, arrangements), Pierre Durand (guitare électrique), Jérôme Regard (contrebasse), Julien Charlet (batterie). Invité : Éric Truffaz (trompette)

Amiens, janvier 2022

Label Bleu / l’autre distribution

 

Très très étonnante (et formidable !) relecture/ déconstruction / recomposition de l’univers musical du Grand Serge. Les thèmes et les climats sont traités amoureusement, mais avec cet esprit libre et légèrement transgressif que requiert le sujet. Les partenaires sont de très haut vol et la moindre de leurs interventions est pertinente, inspirée, et source de création. Éric Truffaz fait trois apparitions tout aussi convaincantes. À ce niveau de réalisation et d’expression musicale, ce disque est une rareté, et une pure merveille. Cela fait longtemps que Daniel Zimmermann nous a appris, et démontré, qu’il est un musicien de premier plan. C’est une confirmation, éclatante.

Xavier Prévost

.

Le groupe est en concert le 1er décembre 2022 à Paris au Bal Blomet

Un avant-ouïr sur Youtube

Le Brussels Jazz orchestra publie également un album «Gainsbourg» (Label BJO) avec la chanteuse Camille Bertault

Un avant-ouïr sur Youtube

Partager cet article
Repost0
23 novembre 2022 3 23 /11 /novembre /2022 16:43
SOMEDAY                    MARC  COPLAND  QUARTET

SOMEDAY Marc Copland Quartet

 

Marc Copland (piano), Robin Verheyen (tenor and soprano saxophones), Drew Gress (bass), Marc Ferber (drums)

 

Label InnerVoiceJazz New York

Welcome » Innervoicejazz

 

En réaction à la pandémie et au repli qui s’en suivit, le pianiste Marc Copland éprouva la nécessité de revenir au monde, à la musique et fit appel à des compagnons de route de longue date pour un nouvel album sorti sur son propre label fondé en 2016, le bien nommé InnerVoiceJazz . Signes distinctifs, l’élégance sobre de la pochette et pour tout texte, un poème de son ami Bill Zavatsky.

Le pianiste revint en quartet pour une rencontre créative et mémorable dans un studio du Queens, au début de l’année 2022, d’où sortiront cinq compositions dont deux standards. Marc Copland ne rechigne pas à revenir aux fondamentaux- il sait d’où il vient : il s’est décidé pour un swingant monkien “Let’s cool one” qui n’était pas prévu au départ mais qui apparut possible dans l’humeur groovy du moment et pour le final de l’album, ce “Nardis” que s’attribua Miles en profitant quelque peu de Bill Evans. Pendant la séance surgit une irrépressible envie de jouer et de composer à quatre, la forme de la musique à venir : alors, pendant une heure, sans prendre aucune pause, ils se lancèrent comme ils l’auraient fait en club en un set. Le résultat fut à la hauteur : trois nouvelles compositions et non des moindres furent retenues, “Nardis”, une ballade de Robin Verheyen, “Dukish” qui annonce la couleur, en hommage à Ellington et “Someday my prince will come” qui inspire le titre de l’album Someday, allusif au standard inoxydable Someday My Prince Will Come. La composition de Frank Churchill et Larry Morey est liée à l’enfance et au cinéma, à la chanson de Blanche-Neige et les Sept Nains,  le Disney de 1937 que tous les jazzmen ont repris, Dave Brubeck en premier en 1957, Donald Byrd, Miles avec son sextet où Bill Evans se l’appropria tellement bien qu’il est irrémédiablement associé à ce thème.

Dès les premières notes de “Someday my prince will come” qui ouvre donc l’album, on ressent une intense réciprocité d’écoute, et on devine le propos finement structuré d’un quartet dont l’autorité est à toute épreuve. Il est vrai que des musiciens chevronnés comme le pianiste et le contrebassiste Drew Gress n’ont plus grand-chose à prouver. Ils continuent néanmoins à travailler, explorer les limites de cette musique, faisant entendre ce chant intérieur qui les anime, tendant vers l’esprit même de cette musique, à travers des signes qui ne répondent à aucune nostalgie. Dans le quartet se crée ainsi une combinatoire où chacun suit sa voie tout en retrouvant les autres à chaque occasion, une entente assez idéale dans le partage.

Avec le saxophoniste Robin Verheyen, Marc Copland expose le thème et on sent qu’ils n’ont pas eu à réfléchir longtemps pour s’ajuster, dans une grande fluidité. Marc Copland, quand il écoute le ténor d’origine belge, n’a pas oublié qu’il fut saxophoniste avant de se mettre au piano. Tous deux s’entendent pour développer de nouvelles idées d’harmonie et de mélodie.  Ils réussissent alors ce tour de force de s’inscrire dans l’ histoire du jazz tout en favorisant de nouvelles percées, réinventant les formes d’une musique qui n’oublie jamais le sens de la liberté. Avec la finesse de touches impressionnistes, on savoure cette retenue qui rejoint un art consommé de l’implicite. Rien de mieux qu’une ballade pour apprécier le travail de ces virtuoses, leurs justes couleurs et groove aérien. Mais on ne saurait rester sur cette douceur ineffable quand on écoute “Round she goes” ou “Spinning things” qui nous cueillent à revers, la vitalité irrépressible, le rebond réjouissant de Mark Ferber, la verve narrative de Robin Verheyen rompant alors l’ensorcellement possible de ces tourneries car ils font circuler autrement la poésie du moment. Stimulant!

Sophie Chambon

Partager cet article
Repost0
18 novembre 2022 5 18 /11 /novembre /2022 10:36

Rémi Gaudillat & Fred Roulet (trompettes), Loïc Bachevillier (trombone), Laurent Vichard (clarinette basse)

Invitée : Sophia Domancich (piano)

Renaison (Loire), 14-15 octobre 2021

Label Z-Production (Inouïe Distribution)

https://www.possibles-quartet.com/no-work-songs.html

 

Une œuvre très singulière, née comme beaucoup d’autres de la sombre période de la pandémie, de ses confinements et de son absence de concerts in vivo, si peu compensée par la musique jouée pour des diffusions (filmées ou pas) sur les ondes et sur la toile. Objet musical d’autant plus singulier que, publié en vinyle et en support numérique, il s’associe à des textes de Patrick Dubost, conçus pour être lus à l’écoute de chaque séquence musicale, et à des dessins d’Olivier Fischer qui figurent sur la pochette du disque, et que l’on voit naître en musique sur le vidéo ci-dessous

Art transversal ? Art total ? En tout cas belle conception collective d’un objet artistique non identifié, dont la singularité fait la valeur.

La musique procède à certains égards d‘une fibre mélancolique issue des circonstances de sa genèse. Très belle écriture (et interprétation) des ensembles (cuivres/clarinette), entre consonance et tensions, velours et friction. Solistes inspirés et investis dans le collectif, et renfort de la présence en invitée, sur une suite qui occupe toute la face ‘A’ du vinyle, de Sophia Domancich au piano, laquelle avec son talent de prendre les chemins de traverse, apporte une touche supplémentaire d’aventure. On a aussi des instants de jazz pulsé qui réveille chez l’amateur le souvenir de Mingus. Bref liberté, beauté et inspiration : que demander de plus ? Des concerts évidemment, afin que cette musique très vivante renaisse en public.

Xavier Prévost

.

Le groupe est en concert au Périscope de Lyon le 18 novembre, avec en invitée Sophia Domancich. Il sera de retour sur scène le 13 janvier 2023 au Théâtre Pêle-mêle de Villefranche-sur-Saône

Partager cet article
Repost0
17 novembre 2022 4 17 /11 /novembre /2022 01:08

    Leïla Olivesi (piano, composition), Baptiste Herbin (saxophone alto et flûte), Adrien Sanchez (saxophone ténor), Jean-Charles Richard (saxophone baryton et soprano), Quentin Ghomari (trompette et bugle), Manu Codjia (guitare), Yoni Zelnik (contrebasse) et Donald Kontomanou (batterie).
Invités : Chloë Cailleton (voix), Géraldine Laurent (saxophone alto).


Juin 2022. Studio Sextan La Fonderie, Malakoff.
Attention Fragile/L’autre distribution.
Disponible le 18 novembre.

    Les talents de compositrice de Leïla Olivesi ne sont plus à prouver. Après Utopia (2015), la Suite Andamane (2019) distinguée par l’Académie Charles Cros vint confirmer l’opinion des observateurs attentifs de la scène parisienne sur la pianiste franco-mauritanienne : nous avions affaire à une « architecte musicienne » pour reprendre l’expression d’un expert (Vincent Bessières).

 

    C’est à nouveau avec un grand ensemble que Leïla Olivesi nous propose aujourd’hui « ASTRAL ». Si l’on fait abstraction d’une œuvre de Mary Lou Williams, grande inspiratrice de la pianiste (Scorpio), nous sommes en présence de compositions personnelles et originales. « Un jazz acoustique contemporain de très haut niveau », apprécie dans le livret le pianiste américain Geoffrey Keezer. Dérogeant au classique thème-improvisations, le grand ensemble nous prend par la main pour découvrir des contrées surprenantes, chacun des interprètes apportant son écot à ces œuvres collectives séduisantes. Réussir à marier modernité et classicisme, c’est le pari relevé haut la main par Leïla Olivesi.


    Nous garderons pour la fin, en guise de couronnement, l’hommage rendu à Claude Carrière, auquel la liait une passion pour le Duke : une ‘’Missing CC Suite’’ en deux parties (Portrait, Missing CC) qui donne à entendre mouvements d’ensemble et solos de saxophones (Jean-Charles Richard, Baptiste Herbin), trompette (Quentin Ghomari) et de la pianiste-compositrice elle-même invitant à la rêverie sans oublier le swing. Un régal vivement conseillé !

 

    Jean-Louis Lemarchand.

 

    En concert le 1er février 2023 au Bal Blomet (75015) ; Leïla Olivesi participe au festival Pianorama aux Bouffes du Nord (Paris) le 20 novembre.

 

    ©photo Jade Brunet

 

 

Partager cet article
Repost0
16 novembre 2022 3 16 /11 /novembre /2022 15:54

 

 

Cécile Cappozzo (piano, composition), Guillaume Bellanger (saxophone ténor), Jean-Luc Cappozzo (trompette), Patrice Grente (contrebasse), Étienne Ziemniak (batterie)

Meslay-du-Maine (Mayenne), 13 janvier 2022

Ayler Records AYLCD-179 / Orkhêstra / http://www.ayler.com/cecile-cappozzo-quintet-hymne-dautomne.html

 

Mélancolie de saison, doublée d’escapades libres et fougueuses : cet hymne d’automne est en tout point conforme à l’idée que l’on peut se faire d’une musique ouverte, hardie, et cependant soucieuse de la forme, fût-elle une forme ouverte. De belles compositions, des partenaires assurément investis dans l’urgence collective du programme, et un goût manifeste de franchir le seuil du probable pour ouvrir un terrain d’aventure. Un thème s’intitule Carla, et c’est à Paul que je pense parfois, dans ces lignes qui bifurquent dès qu’un intervalle prévisible montre le bout de son nez. Mélodies sinueuses et tendues, dans les règles de l’art, qui se diffusent ou se résolvent (ou pas) dans des improvisations mesurées, et soudain la liberté explose et nous saute aux oreilles. Intense et jouissif pour l’amateur de jazz aventureux, ‘à l’ancienne’, que je n’ai pas cessé d’être. Dans l’art, la musique, et le jazz en particulier, l’inattendu du devenir est toujours lié, d’une manière ou d’une autre, au passé, proche ou lointain, et au présent immédiat. Comme au bon vieux temps, le piano n’est pas idéalement accordé. Mais ce n’est pas grave, et n’a en rien altéré mon plaisir….

Xavier Prévost

Partager cet article
Repost0
14 novembre 2022 1 14 /11 /novembre /2022 17:20

Esbjörn Svensson : « Home.s »

ACT 2022

Esbjörn Svensson (p)

On peut se souvenir d’un temps pas si lointain où les détracteurs du groupe EST ne voyaient en eux qu’un pur produit marketing et remettaient en cause les talents pianistiques d’Esbjörn Svensson. Ce temps heureusement est révolu et s’il en fallait une ultime preuve, elle nous est apportée ici avec cet enregistrement posthume. Le seul et l’unique enregistrement que le pianiste ait réalisé en solo.

Ecouter cet album c’est aussi prendre en pleine face une vraie charge émotionnelle lorsque l’on sait qu’Esbjörn Svensson s’est livré à l’exercice dans un moment d’intimité très fort, quelques semaines avant sa disparition accidentelle en juin 2008 . C’est donc de l’ultime témoignage dont il s’agit. Et c’est bien de témoignage dont il s’agit.

Mais c’est plus que cela.

Car ici c’est un tout autre visage du pianiste auquel nous sommes confronté. Loin de l’énergie irrésistible que dégageait EST, le pianiste se met ici à nu dans un exercice, on l’a dit d’une grande intimité. De proximité. Où Svensson laisse apparaître dans un moment de vérité ce qu’il était vraiment. Les maisons qu’il a habité dans son parcours de pianiste. Ses origines et ses passions musicales. On est loin ici des influences pop qu’il revendiquait avec EST mais au plus proche de l’ensemble de son parcours de pianiste, élevé à l’école classique et baroque, à celle de Bach notamment. Et pour un peu on entendrait pièces dans ses différentes pièces, un claveciniste au phrasé délié (écouter Iota pour vous en convaincre).

Alors, peut-être parce que nous avons le recul de sa disparition, il nous semble flotter autour de cet album une sorte de poésie mélancolique. Un moment où, débarrassé des lumières et des projecteurs, Svensson se dévoile avec son sens des mélodies et des airs, son sens d’une improvisation douce.

Oui, peut-être parce qu’il manque dans le paysage du jazz actuel, découvrir ce visage d’Esbjörn Svensson nous a terriblement ému.

Jean-Marc Gelin

Partager cet article
Repost0