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7 février 2025 5 07 /02 /février /2025 18:25

Alexandra Grimal (saxophones ténor & soprano), Giovanni di Domenico (piano, orgue, célesta)

Gand, 14 avril 2023

Relative Pitch Records RPR 1216

https://relativepitchrecords.bandcamp.com/album/shakkei

 

Une sorte d’idéal du déroulement de la musique improvisée : d’abord le piano développe un long prélude, dans lequel le sax soprano va s’insérer en douceur et en dialogue. À la plage suivante le célesta esquisse, et le soprano réagit, questionne, avant d’embarquer le partenaire dans un récit presque onirique, une main sur le piano, l’autre sur le célesta. On respire la spontanéité du geste, l’intuition de l’instant décisif…. C’est assez fascinant de se sentir ainsi entraîner dans un imaginaire qui n’est pas le nôtre, et dont pourtant la porte s’entrouvre pour nous. Plus loin l’orgue et le saxophone s’aventurent dans une sorte de repons tellurique d’où surgissent des accords mystiques. Au travers des titres s’exprime une relation sensible à la culture japonaise, ce qui fait écho à ce que cette musique peut avoir pour nous d’un peu mystérieux. En plus de dix années, c’est la quatrième rencontre phonographique de la saxophoniste avec ce pianiste. Écouter le saxophone d’Alexandra Grimal dans un nouveau contexte, c’est toujours le bonheur d’une découverte. Et ce le sera encore quand on découvrira, en avril, sa présence dans le prochain disque de Yaron Herman au côté de la saxophoniste Maria Grand. Pour l’heure, ce duo est une très belle expérience de musique, à vivre intensément.

Xavier Prévost

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6 février 2025 4 06 /02 /février /2025 09:58
TRIO TASIS      ...   PORQUE SÍ

 

TRIO TASIS

 

Label Triton 

Sortie le 7 février 2025

Les concerts | Le Triton

 

Carmela Delgado bandonéon
Emilie Aridon-Kociołek piano
Mathias Naon violon

 

Trio Tasis | FONICA
 

Ce premier album du trio Tasis ne manque pas d’atouts et cela n’a pas échappé au directeur du Triton, le club de jazz des Lilas qui a accueilli le groupe. JP Vivante s’attache à faire connaître en effet des oeuvres originales qui pourraient demeurer méconnues, voire inouïes.

PORQUE SÍ ou la vision personnelle du tango, musique d'ancrage des trois virtuoses de ce trio chambriste à l’instrumentation atypique (bandonéon, piano, violon). Ils agrémentent leur musique d’emprunts ( leur formidable culture musicale le leur permet) de la musique classique du début du XXème ( Bartok, Stravinsky…) à la chanson avec ce Parce que d’Aznavour qui prend de nouvelles couleurs sous leurs doigts.

 

Radical, le trio l’est tout de même dans ce désir de trancher dans le vif, de ne pas séduire les seuls tangueros, amateurs de tangos de toutes sortes à condition qu’ils puissent danser sur ces airs.  Ce qui s'avère difficile sur Porque sí,  car la montée en puissance seulement instrumentale, parfois bruitiste, imprime une tension permanente à l’ensemble dont même les accalmies sont intenses.

On est quand même sur les terres du tango avec ce qu’il faut de mélancolie mais aussi de fureur. Des assauts aussi flamboyants, on en redemande sans être forcément un passionné du genre. D’où l’invitation à une écoute continue des onze titres jamais trop longs ni pesants d'un album conçu avec soin de l’initial El Andariego d’Alfredo Gobbi, l’un des maîtres argentins de ce style jusqu’au Revirado final de l’immense Piazzola qu’on ne présente plus, avec ces attaques caractéristiques du bandonéon.

Un hommage actualisé aux grands argentins du tango Osvaldo Fresedo, Anselmo Aieta, Virgilio Exposito  et une chanson Lucia du seul Espagnol-en fait Catalan (nuance), surnommé la gauche divine où Carmela Delgado  exprime la quintessence du bandonéon, bruit des soufflets compris.

Un petit accroc au contrat avec l’emprunt à Schönberg de son Farben (mélodies de timbres et accords sur cinq sons) pas vraiment écrit pour évoquer un tango, les autorise à arpenter avec brio d’autres terres avec un malin plaisir.

Toutes ces incartades, ces passages de frontières stylistiques ne rompent en rien la cohésion  de la musique de nos trois amis qui se connaissent depuis longtemps. Fougueux, fort expérimentés, ces jeunes musiciens peuvent virevolter d’un style à l’autre sans vraiment laisser place à des sonorités planantes : grondements sourds du piano, vibrations des pédales qui rythment un ensemble ombrageux comme à l’approche de l’orage et encore un solo empruntant à Chopin sur la valse Palomita Bianca, jouée en son temps par un autre trio, celui de Mosalini/ Betelman/Caratini qui reprenait aussi la scie tanguera de la Comparsita.

"Facilité" que ne s’autorise pas notre trio dont on raffole des surgissements et jaillissements d'un bando qui tangue, de l’éclat lunaire et souvent déchirant du violon (l’archet étire certaines notes aigues) prenant parfois ses distances avec le continuo piano-bando.

Des solistes raffinés qui se  risquent à corps perdu dans ces vibrations de tonalités, rythmes et tessitures. Leur musique dessine des contrées sauvages. Cette sombre beauté, raffinée dans l’écriture, si elle impressionne n’empêche jamais de plonger dans ce lyrisme à fleur de peau.

 

Et le jazz dans tout ça? Cette musique, lumineuse semble très écrite (trois compositions du violoniste) pour un collectif voué aux puissances féminines du piano-bandonéon orchestrées par un arrangeur aussi subtil que créatif.

Mathias Naon révèle en effet des dispositions d’arrangeur talentueux avec par exemple cette amusante mécanique du réveil (piano et bandoneon) sur Mi Viejo Reloj & Variaciones. Une adaptation de la musique si codée du tango où chacun utilise ce qui se joue et se crée dans l’instant dans un échange souvent fusionnel jusqu’aux silences et brusques ruptures qui cassent l’ondulation de la danse.

 Cette entente plus que parfaite irrigue ces pièces purement instrumentales, un comble pour le tango qui a su utiliser les voix. Cela ne manque en aucun cas au trio Tasis d’une vitalité ébouriffante qui apporte de la sève à un genre dont la mécanique inusable pourrait parfois lasser. Purement réjouissant.

 

NB Le trio Tasis sera  entre autre en concert au Festival de Radio France Montpellier du 15 au 18 juillet 2025…. et pour la sortie du disque le 12 Juin 2025  dans la salle 2 du Triton.

TRIO TASIS | Tango | Le Triton

 

Sophie Chambon

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6 février 2025 4 06 /02 /février /2025 06:13
BEAUTIFUL LOVE      BRIGITTE BÜHLMANN

Beautiful Love

 

Sortie le 7 février 2025

Autoproduit

 

Beautiful Love | Brigitte Buhlmann

 

My Funny Valentine

 

Accueillons comme il se doit le premier album Beautiful Love de la Suissesse Brigitte Bühlmann ( une B.B qui aurait un petit air de Sylvia Montfort) accompagnée par un trio de formule classique piano-basse-batterie.

Reprendre dix standards parmi les plus connus dont ce Beautiful love marqué par  la version d’Anita O’Day ou le mythique God Bless the Child de Billie Holiday relève d’un pari insensé. Mais c’est la règle du jazz et la jeune chanteuse a quelques atouts dans sa manche : une voix originale d’un beau grave voilé qu’elle ne force jamais, au grain particulier, rauque, animal, “comme si je chantais près de l’oreille de l’auditeur” nous dit elle.

Puis force est de constater sa diction parfaite en anglais dans ses bibelots sonores dont elle sculpte et “sublime” chaque mot. Ce sont des petites histoires d’amour évidemment, éternelles et pourtant modernisées. Gérard de Haro ne s’y est pas trompé puisque l’album a été enregistré en sessions live à la Buissonne.

Last but not least, le trio qui sert d’écrin à la voix de Brigitte Bühlmann transforme les mélodies originales et parfois conventionnelles par la science des arrangements, véritables passages créatifs  (climat original et mystérieux de Night and Day, délicatesse de I love You Porgy’s, tropisme pop sur My funny Valentine).

Notre chanteuse est guidée par Noé Macary, pianiste et formidable arrangeur, Sylvain Pourrat à la contrebasse et Thomas Chignier à la batterie, une section rythmique effficace imprimant sa marque sur des tempos lents, étirés même. Brigitte Bühlmann interprète alors à sa façon sauvage et cool chaque chanson d’une durée idéale d’environ 3 minutes. Si elle se laissse prendre par ce qu’elle chante, elle sait nous guider dans son univers musical, avec l’intrication d'intonations troublantes et d’un piano complice.
Beautiful Love se veut minimaliste et organique, loin du bruit et de la fureur de bien des albums de chansons actuelles sans l’obligation de scat effréné ou de vocalises ahurissantes.

Un groupe convaincant à écouter aussi en live. Un premier album qui en a le charme et les promesses.

 

Sophie Chambon

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4 février 2025 2 04 /02 /février /2025 15:51

 

 

Nicolas Fargeix, Élodie Pasquier (clarinettes Sib), Emmanuelle Brunat, Florent Pujuila, Louis Sclavis (clarinettes Sib, clarinettes basses), Catherine Delaunay (clarinette Sib, cor de basset), Thomas Savy (clarinette basse), Laurent Dehors (clarinette Sib, clarinette basse, clarinette contrebasse), Éric Echampard (batterie), Claude Tchamitchian (contrebasse), Andy Emler (piano, compositions)

Malakoff, 22-25 avril 2024

Peewee! PW 1016 / Socadisc & Believe


 

Une fois encore, Andy Emler fait un pas de côté, là où on ne l’attendait pas forcément. Parallèlement au déjà historique Megaoctet (35 ans d’âge), qui comme son nom ne l’indique pas vraiment, est un nonette, il rassemble un endekaband (onze membres, comme le suggère cet emprunt que je fais au grec ancien). Autour du tout aussi historique trio qui l’associe depuis plus de 20 ans à Claude Tchamitchian & Éric Échampard, il a rassemblé huit clarinettistes virtuoses, venus du jazz et de la musique improvisée, parfois aussi de la musique classique ou contemporaine, pour une véritable aventure musicale, esthétique et artistique qui, comme toujours avec Andy, bouleverse nos repères. Une écriture survoltée et subtile, souci permanent de la surprise, de l’audace, bref du plaisir de la musique, accueille ces solistes à qui s’offre un terrain de jeu, et de liberté. Le trio produit sa force propulsive, mais aussi son authentique sens des nuances, et les clarinettistes donnent leur meilleur, en termes de libre imagination, ce que permet leur impeccable maîtrise instrumentale et musicale. C’est un pur régal, et je dirais même que l’écoute est intensément jouissive.

Xavier Prévost

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Des avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=DI3I0wRy2a8

https://www.youtube.com/watch?v=YrAC_rlCreY

https://www.youtube.com/watch?v=e2PHrJUFL1

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Le groupe est en concert à Paris, au Studio de l’Ermitage, les 5 & 6 février 2025

 

ANDY EMLER «Le Temps est parti pour rester»
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27 janvier 2025 1 27 /01 /janvier /2025 10:35

Alex KOO : « Blame it on my chromosome »

Werf records

Alex Koo (p), Dré Pallemaerts (dms), Lennart Heyndels (cb) + Ambrose Akinmusire (tp sur plusieurs titres)

 

Derrière ce titre un peu énigmatique ( qui fait référence au célèbre standard « Blame it on my youth ») se cache un non moins énigmatique pianiste puisque Alex Koo, il faut bien le reconnaître est relativement peu connu sous nos contrées.

Atypique déjà dans son environnement familial puisque Alex Koo est le fils d’un missionnaire belge envoyé au Japon dans les années 70 et d’une mère militante activiste pour la Paix. En faire pour autant un artiste inclassable serait abuser du langage et des concepts puisque, lorsque l’on écoute cet album qui paraît ces jours-ci, c’est profondément un album de jazz, avec ses idiomes et son identité qui nous est révélé. Le jeune pianiste ne renie pas qu’il a été élevé dans un environnement très jazzy. Et d’ailleurs, de très grands noms de cette musique se sont déjà penchés sur lui comme Kenny Werner, Brad Meldhau ou Kurt Elling. Excusez du peu. A noter aussi que son album, Applebluesgreen  ( sous le nom d’Alex Koo Derudder) avec Mark Turner et Ralph Alessi avait été classé parmi les  meilleurs albums  de l’année par le magazine Downbeat. Re-excusez du peu !

« Blame it on my vhromosome » respire le jazz déjà par ses compositions à la fois brillantes d’intelligence et emballantes par la fluidité des harmonies et de leurs progressions. L’album c’est aussi une réussite d’un magnifique trio à la rythmique de haut vol. Dré Palleamaerts, on le connaît très bien sous nos contrées et son drive est irrésistible. On connaît moins le contrebassiste Lennart Heyndels qui nous a franchement bluffé sur cet album par la force tranquille qu’il dégage. Mais, à tout seigneur tout honneur, toute la lumière revient sur le pianiste Alex Koo qui est ici une véritable découverte. L’école Brad Meldhau n’est pas loin. Ca sent le jazz à plein nez.  Les harmonies sonnent en clair-osbcur avec quelques rappels à une pop façon Radiohead. Ca va chercher dans des formes un peu labyrinthiques mais toujours avec la grâce de l’élégance.

Et lorsqu’un invité de la dimension du trompettiste d’Oakland, Ambrose Akinmusire vient apporter sa pierre à l’édifice, cela touche au grand art. La force qu’apporte Ambrose Akinmusire et l’expressivité qui va avec, confirme si besoin en était qu’il est bien l’un des plus grand trompettiste actuel. 

Au final un album totalement séduisant qui permet d’entrer dans l’univers d’un pianiste prometteur. A suivre….

Jean-Marc Gelin

Alex Koo Trio | live @ Flagey | feat. Jean-Paul Estiévenart

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27 janvier 2025 1 27 /01 /janvier /2025 09:35

Enregistré aux Studios de la Buissonne, (84210) en novembre et décembre 2023.
La Buissonne/ L’autre distribution.
Paru le 24 janvier.  

       Entrant dans sa vingtième année, le grand orchestre Danzas, animé par Jean- Marie Machado, trace sa voie avec une juvénilité créatrice doublée d’une ouverture sur le monde qui forcent toujours l’admiration et enchantent. Son patron, compositeur et instrumentiste (piano), tire son inspiration de ses différents territoires (la Méditerranée de sa naissance, la Bretagne, sa résidence partagée avec le Val de Marne) sans oublier le jazz « canal historique » et les musiques européennes sans frontières. Ensemble mixte dans tous les sens du terme, Danzas regroupe interprètes de jazz et musiciens de formation classique.


       « Collecteur éternellement fasciné par les pépites de son patrimoine, explorateur de mélodies et de rythmes différents » selon Alain Surrans, directeur général d’Angers-Nantes Opéra (extrait du livret), Jean-Marie Machado poursuit cette quête dans « SINFONIA ». Donnée sur scène ces dernières années, cette œuvre signée du chef d’orchestre nous est proposée ici en version studio, qui met en relief l’ampleur des mouvements d’ensemble et la dentelle des solos.

       A la direction d’orchestre, Jean-Charles Richard (délaissant pour l’occasion ses saxophones) réussit ces alliances (alliages) sonores improbables où l’accordéon converse avec le tuba, le (trop rare) saxhorn, un quintette à cordes (trois altos, deux violoncelles), dans cet ensemble sans batterie mais avec deux percussionnistes (marimba, vibraphone, glockenspiel). « L’ouverture d’esprit n’est pas une fracture du crâne », assurait Pierre Desproges. Jean-Marie Machado illustre avec Sinfonia que garder les oreilles et les yeux ouverts permet de sortir des sentiers battus et d’arpenter des contrées de rêve. Un album chaleureusement recommandable aux amateurs d’envolées lyriques et de liberté (à tous pour résumer).

 

        DANZAS : Jean-Marie Machado (piano et compositions), Jean-Charles Richard (direction), Cécile Grassi, Cécile Grenier, Gwenola Morin (alto), Guillaume Martigné et Clara Zaoui (violoncelle), Marc Buronfosse (contrebasse), Elodie Pasquier (clarinettes), Stéphane Guillaume (saxophone ténor, flutes), Renan Richard (saxophone baryton et soprano), Tom Caudelle (saxhorn), François Thuillier (tuba), Didier Ithursarry (accordéon), Joachim Machado (guitare), Marion Frétigny et Aubérie Dimpre (percussions, marimba, glockenspiel).

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

       Jean-Marie Machado présente ces temps-ci avec le groupe Danzas son premier opéra « La falaise des lendemains » dans une mise en scène de Jean Lacornerie et avec une direction musicale de Jean-Charles Richard. Proposé en trois langues (français, anglais et breton) il évoque le destin tragique de huit personnages lors de la première guerre mondiale ayant pour décor le port de Roscoff.
       Nantes, théâtre Graslin du 26 février au 1er mars, Angers, opéra, le 24 avril.

 

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23 janvier 2025 4 23 /01 /janvier /2025 14:10

 

Sandrine Deschamps (voix),

Marie Christine D’Acqui (contrebasse)

invités :

Jean-Charles Richard (saxophones soprano et baryton),

Keyvan Chemirani (percussions)

Trebim Music / L’Autre Distribution

 

Retour au disque d’un duo déjà écouté sur un premier opus paru en 2021. Duo singulier, qui conjugue la contrebasse et la voix, et unique dans son projet d’évoquer à la fois des artistes femmes (compositrices, instrumentistes, interprètes….) et le fait d’être femme(s) dans la musique, et dans la vie. Sandrine Deschamps chante, du côté du jazz, avec notamment le grand orchestre Pee Bee de Gary Brunton & Claudio Pallaro. Marie Christine Dacqui joue de la contrebasse dans les orchestre classiques, mais aussi avec ceux du jazz, comme dans le Chamber Jazz Quintet, où elle était aux côtés notamment de Frédéric Loiseau, et de l’Ami que nous regrettons tous : Claude Carrière. La confrontation de la voix à la seule contrebasse donne naissance à une forte expressivité, de part et d’autre, comme une conversation complice. Évocations de musiciennes, avec la très emblématique composition de Mary Lou Williams, Mary’s Waltz, augmentée d’un texte en anglais imaginé par la chanteuse pour célébrer cette grande artiste. Ou reprise d’un hommage de la chanteuse Sam Phillips à Sister Rosetta Tharpe. Souvenir de Pannonica de Koenigswarter, amie des plus grands jazzmen d’après-guerre, et qui prit soin de Monk quand il s’enferma dans le mutisme, avec la musique du grand Thelonious à elle dédiée, et un texte de Jon Hendricks. Ici le sax baryton de Jean-Charles Richard, après une introduction, tisse un contre-chant. Et aussi une très belle reprise de Joni Mitchell. Keyvan Chemirani vient en renfort sur d’autres titres. Et huit compositions de l’une ou de l’autre complètent ce paysage où toutes ces Elles convergent, parmi lesquelles on croise une Joan Anderson qui pourrait être Joni Mitchell (dont c’est le nom….). Belle réussite vocale et instrumentale : artistique en somme. Un art sur lequel a veillé Daniel Yvinec, très sollicité homme de l’art d’être…. directeur artistique.

Xavier Prévost.

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Le duo sera en concert le 13 février à Paris au Studio de l’Ermitage

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Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=rb-izhfXBn8

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16 janvier 2025 4 16 /01 /janvier /2025 10:22

François Couturier (piano), Dominique Pifarély (violon)

Neumarkt (Bavière), octobre 2023

ECM 2819 / Universal


 

Nouvelle rencontre de ce duo, rare au disque (mais sur scène, on les a retrouvés un peu plus souvent). Il existe entre eux une très ancienne complicité (quatre décennies, au bas mot), une connivence musicale tissée des mêmes convictions esthétiques (et à ce niveau-là, l’esthétique est aussi une éthique). La communication entre les deux musiciens est d’une intensité palpable. Leur précédent disque en duo, «Poros», enregistré en 1997, ne comportait qu’un standard, Warm Canto, de Mal Waldron. Cette fois le programme mêle des thèmes que je les ai entendu jouer ensemble en concert ces dernières années : standards anglo-saxons (A Nightingale Sang in Berkeley Square, I Loves You Porgy ), standards du jazz (Lament, de J.J. Johnson, Solitude de Duke Ellington), et un standard de chez nous (La chanson des vieux amants, de Jacques Brel). Toutes ces musiques traitées évidemment avec audace dans l’intime respect de leur expressivité, et assemblées en une sorte de suite lyrique avec des compositions du pianiste et du violoniste. Leur expression conjugue à merveille les langages d’hier et ceux de demain. Il s’en dégage une sensation de grande beauté, tendue ou sereine, selon les instants. Du très Grand Art Musical, auquel il faut succomber sans délai : notre bonheur en état de salubrité émotionnelle est à ce prix !

Xavier Prévost

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En concert le mardi 11 février, Paris, 19 Paul Fort

Réservations indispensables à helenaziza@19paulfort.com

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15 janvier 2025 3 15 /01 /janvier /2025 15:49

 

Emily Remler (guitare), Cocho Arbe (piano), Carson Smith (contrebasse), Tom Montgomery & John Pisci (batterie)

Las Vegas, 1984 &1988

Resonance Records (2 CD ou 3 LP)

https://resonancerecords.org/product/emily-remlercookin-at-the-queens-live-in-las-vegas-1984-1988-2cd/

 

Dans un hôtel de Las Vegas, où Shirley Horn avait aussi joué, NPR, la radio publique états-unienne, avait enregistré ces concerts d’une guitariste disparue très prématurément en 1990 à l’âge de 32 ans. Sept disques de son vivant, mais il fallut attendre 34 ans pour que Zev Feldman, grand exhumateur de trésors enfouis, publie ces beaux moments de jazz moderne dans la plus pure tradition surgie des années 50-60. Des standards (de Broadway, mais pas que : Autumn Leaves, alias Les feuilles mortes….), des classiques du jazz des années 50 (Moanin’ -celui de Bobby Timmons et des Jazz Messengers-, Tenor Madness , All Blues), des monuments du bop (Hot House) et du Brésil (How Insensitive, Manha de Carnaval) et les indispensables évocations de Wes Montgomery, dont Emily Remler était une admiratrice (West Coast Blues, D Natural Blues). Beaucoup de vigueur et d’énergie, mais aussi d’infinies délicatesses (You Don’t Know What Love Is). Avec de surcroît un copieux livret plein de souvenirs de musiciens et musiciennes. Indispensable à qui n’a pas oublié Emily Remler (comme votre serviteur), et à ceux qui auront la chance de la découvrir.

Xavier Prévost

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8 janvier 2025 3 08 /01 /janvier /2025 15:41

 

Bill Evans (piano), Eddie Gomez (contrebasse), Marty Morell (batterie)

Kongsberg (Norvège), 26 juin 1970

Elemental Music 5990547 / Distrijazz. Existe en CD et vinyle)


 

Enregistré une semaine exactement après le concert de Montreux 1970 («Montreux II», CD Columbia COL 481264 2, origine CTI), et avec un programme différent (un seul doublon, 34 Skidoo, et dans une version très sensiblement différente : plus sereine, peut-être). Le festival de Kongsberg, créé en 1964, célébrait en 2024 ses 60 ans, et ce fut l’occasion d’exhumer cet enregistrement réalisé par un ingénieur du son de la NRK, la radio publique norvégienne. On a publié ‘à tour de bras’, ces dernières années, beaucoup d’inédits du pianiste en concert. Intérêt variable souvent, sauf pour les evansolâtres, mais cette fois la pêche est bonne. Moins de pression qu’à Montreux, comme le révèlent les entretiens publiés dans le livret, dont une conversation avec Bill Evans pour la radio au lendemain du concert. Beaucoup de liberté dans les intros et les impros, une interaction palpable entre les trois, bref un très beau concert (et le plaisir de retrouver Gloria’s Step, divine composition de Scott LaFaro). Belle restitution du son, avec une petite table de mixage mise au point depuis peu par le directeur du festival et l’ingénieur du son, tous deux enseignants à cette époque dans une école d’ingénieurs, l’enregistrement se faisant en ‘direct 2 pistes’ sur un Revox A 77. Ici ou là peut-être un coup de potentiomètre un peu vif qui éloigne légèrement, pour quelques secondes, la présence du piano. Beau document, très beau concert, avec en plus un livret très fourni de documents, témoignages et analyses. On se précipite !

Xavier Prévost

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