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25 décembre 2024 3 25 /12 /décembre /2024 18:48
CHRISTIAN  LAURELLA          Détours

CHRISTIAN L AURELLA        Détours

 

 

Sur les routes d’Europe

avec Chet Baker, Art Blakey, Dizzy Gillespie, Archie Shepp, McCoy Tyner, Ahmad Jamal, Jaco Pastorius, Tony Williams, James Carter...
 

Lenka Lente
Décembre 2024

Détours de Christian Laurella / Editions Lenka lente

 

Après le tendu Jusqu' à la corde de Marc Ribot, dans un tout autre genre, un livre plus divertissant, voilà le bien nommé Détours, toujours chez Lenka Lente de Christian Laurella, musicien qui troqua un temps cymbales et batterie contre la casquette de tour manager et accompagna ainsi en tournées nombre de jazzmen américains parmi les plus célèbres de Chet Baker à James Carter, sans oublier Jaco Pastorius (pas les plus faciles). On retrouve très souvent Ahmad Jamal pour lequel il éprouve une affection particulière que lui rendait d'ailleurs le pianiste en le qualifiant de "chef d'orchestre" du tour.

On suit Christian Laurella sur les routes d’Europe dans le dur métier d’accompagnateur-superviseur, un rôle plutôt ingrat qui consiste à s’occuper de tout et de tous en voyage, de régler les innombrables problèmes logistiques d’hébergement, de transport, de bagages. Avoir une vie de super roadie, incroyablement excitante mais pas de tout repos, à bride abattue.

Premier levé, dernier couché, toujours en piste, véritable tampon entre organisateurs de concerts, musiciens et agents, le travail exige de materner les musiciens pour qu’ils arrivent en forme au concert. Mais les tracas ne font souvent que commencer car il faudra veiller à l’après-concert et au départ du lendemain, donc s’assurer que tout soit en place à l’heure prévue, les taxis ou les bus pour les transferts et bien entendu  s'assurer que les musiciens soient réveillés et d’attaque pour un nouveau départ. Ce qui est loin d’être évident. Faire preuve d’une patience infinie, de diplomatie et de psychologie et d’ une adaptabilité à tout épreuve. Car ce qui peut arriver en route est souvent inimaginable : hôtels éloignés, surbookés ou ne répondant pas aux exigences du manager, vols retardés voire annulés, enregistrements perturbés, bagages égarés, caprices des musiciens... Pour qui a accompagné des groupes de touristes français ou étrangers en voyage organisé, cela rappellera le quotidien du tour leader…

Avec humour et au fond beaucoup de tendresse pour tous ces musiciens souvent géniaux mais aussi fantasques, Christian Laurella nous livre avec un sens inné du rebond-il a écrit des polars et il s’y connaît en suspense, de formidables portraits backstage où les anecdotes aussi savoureuses qu’insolites créent un vrai plaisir de lecture. On partage son stress, on admire sa débrouillardise et on comprend sa jubilation quand tout s’est bien terminé. On connaît aussi les manies des musiciens, espèce très particulière, qu'ils soient "second couteaux" ou stars ( Ceux qui dorment debout, Sportifs et grands hôtels...). 

Ces Détours se lisent d’un trait ou se picorent au hasard de titres qui savent "teaser"... Une lecture hautement recommandable et complémentaire de celle de Marc Ribot. 

 

Sophie Chambon

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25 décembre 2024 3 25 /12 /décembre /2024 18:18
MARC RIBOT            Jusqu’à la corde

MARC RIBOT Jusqu’à la corde

 

Editions Lenka Lente

Home / Editions Lenka lente

 

Jusqu'à la corde de Marc Ribot / Editions Lenka lente

 

 

On connaissait le guitariste atypique de l'avant-garde new yorkaise, flamboyant accompagnateur des Lounge Lizards de John Lurie, de chanteurs Tom Waits, Susanna Baca et surtout compagnon indéfectible des projets excentriques autant que prolifiques de John Zorn. Mais pouvait-on imaginer qu’il ajoutait une corde supplémentaire à son art en écrivant et drôlement bien, d’un style alerte et imagé des nouvelles sèches, épurées, des réflexions sur la musique et les musiciens, sa vraie passion et des souvenirs toujours passionnants qui éclairent une personnalité pour le moins complexe? Sauf que jamais complaisantes, ses confessions ne sont peut-être pas aussi exactes que sa franchise nous le laisserait penser. Néanmoins quand il évoque certains musiciens qu’il admirait et avec lesquels il a joué, qu’il a connus de près comme le contrebassiste Henri Grimes, les guitaristes Robert Quine et Frantz Casseus, son modèle, le ton est particulièrement juste. Perdants plus ou moins magnifiques que l’Amérique laisse de côté, sur le carreau.

On peut commencer par une préface édifiante Marc Ribot écrivain de Lynne Tillman, romancière qui suit le travail de Ribot depuis longtemps que complète la postface de sa traductrice Isabelle Blandin (Jusqu’à la corde,  jolie trouvaille pour rendre le titre original Unstrung) s’entretenant librement avec le musicien Bruno Meillier. Une chambre d’écho en somme qui éclaire cet auto-portrait en creux, cette drôle d’autobiographie qui révèle un musicien attachant, profondément engagé dans l’existence. On retrouve une indéniable volonté militante dans le texte du livret de son album Song of Resistance 1942-2018 (Anti-records), chansons des luttes sociales américaines, des grèves du début du XXème siècle que reprenait Joan Baez par exemple dans la chanson Bread and Roses.

La lecture de ces divers textes complète le puzzle Ribot, le mystère de ce musicien peu loquace qui s’immerge complètement en concert, penché sur sa guitare. Il compose ses histoires comme ses musiques, au plus près des mots comme des sons. Des récits qui montrent une face sombre, plus désespérée encore que mélancolique, sensible à l’absurdité du réel, témoin d’une civilisation en crise. Cette noirceur est estompée quelque peu par un humour qui contamine jusqu’à son usage du son où il “abuse” souvent du tremolo et du vibrato, le décalage (sa signature) dans ses groupes depuis Cubanos postizos ou Ceramic Dogs, une pratique qui lui sied comme celle du collage pour Zorn. Il privilégie le déroulement de la ligne mélodique sur l'enchaînement des formules et autres gimmicks chers aux guitaristes les plus renommés.

On retiendra peut être de ce feuilleté de Jusqu’à la corde la partie consacrée à la musique, aux musiciens, aux guitares avec Mensonges & Distorsion, Y’a peut-être un truc à explorer là (Trois courts riffs sur Derek Bailey ) qui évoque le solo absolu, l’improvisation libre jusqu’au point de non-retour. Sans doute la plus instructive pour tout amateur de musique un peu pointu ou simplement fan de ce guitariste culte. Mais on peut aussi être séduit par une série de textes On est tous gagnants, plus ou moins fictionnels, récits de diverses longueurs,  les souvenirs ( La tournée qui dura vingt trois jours, Prendre un souvenir dans ses bras) et découvrir avec intérêt ses observations et réflexions sur son pays (Hymne à l’Amérique), sur la judéité (Kadish pour Joan) et la notion d’apatride à New York. Un blues de l’homme blanc américain. Dans l’avant-dernière rubrique assez stupéfiante, Ribot a l’oeil caméra avec ses Notes de mauvaises intentions cinématographiques, des scénarii non filmés, films infilmables comme il les appelle et que l’on aimerait pourtant voir… Le livre s’achève sur des textes en roue libre Veuillez nous excuser nous rencontrons quelques problèmes techniques. Toujours cet humour féroce pour un amour vache de l’existence.

Loin d’un certain effet disparate, ce patchwork de textes dont certains furent déjà publiés dans des revues, forme un ensemble qui se tient alors que l’on peut attraper et tirer la corde par n’importe quel bout. Ses textes le racontent dans tous ses états, entre observation et méditation, doute et émotion, colère froide souvent. Ah! Ribot! Cavalier seul terriblement attachant.

 

Sophie Chambon

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23 décembre 2024 1 23 /12 /décembre /2024 11:10

JEAN-JACQUES AVENEL-DAUNIK LAZRO « Duo »

Jean-Jacques Avenel (contrebasse), Daunik Lazro (saxophone alto)

Bibliothèque de Massy (Essonne), 13 novembre 1980

Fou Records FR-CD 68 https://fourecords.com/FR-CD68.htm

 

DAUNIK LAZRO - TRISTAN HONSINGER – JEAN-jACQUES AVENEL «True & Whole Tones in Rhythms»

Daunik Lazro (saxophone alto & tubausax), Tristan Honsinger (violoncelle, voix), Jean-Jacques Avenel (contrebasse)

Paris, 28 rue Dunois, 9 mai 1982

Fou Records FR-CD 66 https://fourecords.com/FR-CD66.htm

 

Deux nouveaux inédits de Daunik Lazro : après Annick Nozati,un autre héros disparu de la musique (très) libre , le contrebassiste Jean-Jacques Avenel. Dans le premier volume, en duo, une rencontre fantasmée entre John Tchicai en Afrique de l’Ouest et Jimmy Lyons au Maghreb ouvre la voie d’une musique très ouverte, où d’écho en écho transparaissent toutes les passions de ce temps-là. Puis un double hommage à Steve Lacy et Anthony Braxton où se jouent, dans le même geste, le funambulisme et l’imagination créatrice.

L’autre disque, en trio avec le violoncelliste Tristan Honsinger, capté dans ce lieu qui demeure mythique, le Dunois historique, au 28 de la rue du même nom, nous fait entendre des improvisations autour de motifs de chacun, dont l’un figurait déjà dans le CD évoqué ci-dessus. Avec aussi un texte d’Antonin Artaud. Daunik Lazro utilise à un moment donné le ‘tubausax’, saxophone alto augmenté d’un tube entre le bocal et le corps de l’instrument. De l’aveu du saxophoniste,il a emprunté cet artifice à Michel Portal. Sylvain Kassap avait aussi utilisé cet accessoire.

Deux témoignages vivants d’un temps qui, quoi qu’on en dise, n’est pas révolu….

Xavier Prévost

 

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22 décembre 2024 7 22 /12 /décembre /2024 20:01

Le ton vertical / Coax 2024

Geoffroy Gesser (ts, cl), Romain Clerc-Renaud (kybds), Linda Olah (vc, elc), Yann Joussein (dms, elec)

Comment diable est-il possible que cet album soit passé entre les mailles du filet ?

Sorti le 8 novembre il était passé totalement inaperçu alors que, nous pouvons bien vous le dire ici, c’est un véritable choc total que ce «  sky is crying » au cours duquel ce quartet revisite la musique de Ma Rainey, Bessie Smith et Billie Holiday dans une version modernisée du blues.

Quelle liberté ! quelle audace ! quelle modernité ! et au final quel talent !

L’idée de départ est venue pendant le confinement au travers la lecture par Geoffroy Gesser de « Blues Legacies and Black feminism » d’Angela Davis, de reprendre dans une vision contemporaine les histoires torturées de ces trois femmes que sont Ma Rainey, Bessie Smith et Billie Holiday et des paroles de leurs chansons à la fois émancipatrices et parfois teintées de douce melancolie.

A force d’expérimentation autour de ce sujet, les 4 musiciens ne s’interdisent rien et explorent tous les recoins de ce blues autrefois magnifié par ces légendes du blues, dans une version où l’on navigue entre les chansons portées par la voix superbe de Linda Olàh et les irruptions volcaniques et farouches d’un Geoffroy Gesser incandescent et Aylerien. Romain Clerc-Renaud aux claviers et Yann Joussein portent une rythmique bassless en gardiens d’une sorte de temple mi- sacré, mi-profane dans une profusion de détails sonores qui aiguisent l’écoute.

C’est tout au long de cet album un engagement sans faille des 4 musiciens de cette formation qui navigue entre jazz, free et rock progressif. Qui mêle les sons éléctro dans un environnement sonore au service du texte.

Cocktail fascinant et presque hypnotique qui trouve son apogée dans cette version poignante de Strange fruit comme on l’a rarement entendue et qui plonge au plus profond du tripal.

 

Totale réussite !

Un disque rare

 

 

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18 décembre 2024 3 18 /12 /décembre /2024 19:04

Giovanni Mirabassi (piano), Rosario Giuliani (saxophone alto)

Jazz Eleven / Baco Distrib

 

Enregistré à Paris par deux Italiens, dont un pianiste de longtemps établi dans notre pays. Un dialogue fécond, à la tonalité générale assez mélancolique, et qui mêle des respirations de valses, des souvenirs du jazz états-unien et d’un certain lyrisme italien (Fellini, Nino Rota, Ennio Morricone….). Quatre compositions du pianiste, trois du saxophoniste, et une reprise d’un thème enregistré par Freddie Hubbard en 1971, Yesterday’s Dreams. Le tout sous une très belle pochette qui fleure bon la nostalgie des graphismes Blue Note de la grande époque, et dans une belle unité de climat, d’inspiration et de liberté. Les thèmes sont joués dans leur expression première, mais s’évadent très vite dans les harmonisations subtiles, et des improvisations qui dérivent de paraphrases en escapades assumées. Bref l’aventure du jazz, dans ce qu’elle a de meilleur, entre mémoire et parti pris d’émancipation. Très très belle réussite, comme un condensé de musicalité complice.

Xavier Prévost

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Le duo est en concert à Paris, au Duc des Lombards, les 22 & 23 décembre à 19h30 & 22h

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Des avant-ouïr sur Youtube

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18 décembre 2024 3 18 /12 /décembre /2024 17:20

Autoprod.

Melchior Farudja (ss, as), Graham Farudja (ts, bs), Alexandre Ostrovski (p, cl), Nicolas Gossiaux (dms)

Un premier album, une autoproduction, des jeunes jazzmen pas très connus et au final… un disque réussi et emballant avec ce zeste de charme léger et aérien.

On lui pardonnera son titre un peu passe-partout pour retenir surtout son éclectisme dans plusieurs formes de jazz qui vont puiser dans des sources musicales allant du jazz classique à l’éthno-jazz ou au funk en passant par un mariage subtil entre musiques traditionnelles et chansons. En conséquence on ne s’ennuie pas un seul instant et ce d’autant que les musiciens sont ici à pied d’œuvre, totalement concernés et à 100% engagés.  Les deux frères Farudja se partagent les sons de saxophones en parfaite cohérence et la rythmique (bassless. Tiens pourquoi donc ?) assure le cadre avec une belle maturité.

Les solistes parviennent à emballer et à éviter que cela ne ronronne.

Compos efficaces, sonorités léchées, solistes au top. Tout semble simple (pas simpliste) léger et bien ficelé.

On est séduits. C’est une sorte de bonbon dont on aurait tort de se priver.

A retrouver le 16 janvier au Sunside à Paris

Jean-marc Gelin

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13 décembre 2024 5 13 /12 /décembre /2024 10:31

 


     « Je ne voulais ressembler à personne. » Martial Solal, qui est décédé le 12 décembre dans l’après-midi à l’hôpital de Versailles à l’âge de 97 ans, avait fait cette confidence dans « Mon siècle de jazz *», son autobiographie publiée l’été dernier (Frémeaux & Associés).


     Un défi relevé avec brio tout au long d’une carrière de sept décennies entamée dans l’orchestre de danse du casino à Alger (sa ville de naissance le 27 août 1927) et achevée publiquement par un concert à la salle Gaveau le 23 janvier 2019 : des centaines de compositions (pour petites formations, big bands de jazz, orchestres symphoniques), des milliers de concerts dans le monde, des dizaines de disques, trente musiques de films (dont « A Bout de Souffle » de Jean-Luc Godard qui lui assura la gloire dans le monde du cinéma) , et même un tube à l’époque du « yé-yé », « Twist à Saint-Tropez » sous le pseudonyme de Jo Jaguar.


     Sa musique n’a cessé de dérouter. Trop brillante pour les uns, trop sévère pour les autres. Autodidacte, recalé au conservatoire, Martial Solal aura toujours surpris. « Je crois que je ne suis à l’aise que dans les situations compliquées ». Le pianiste s’en sortait par une technique qui, disait-il, lui « permettait de tout faire, y compris tous les excès ». L’improvisation c’était son domaine. « Martial Solal, une vie à l’improviste** », titrait justement un roman graphique de Vincent Sorel paru cet automne (Editions du Layeur).


     Dans les standards les plus connus, il trouvait en permanence le moyen de surprendre son auditeur. En 2018, le pianiste avait accepté le jeu proposé par le producteur Jean-Marie Salhani en improvisant 19 pièces assez courtes inspirées par un nom ou quelques mots inscrits sur 52 petits carrés de papier contenus dans un chapeau. (Martial Solal. Histoires improvisées, paroles et musiques. JMS). On y retrouve le Solal singulier et pluriel, l’encyclopédiste curieux, brillant, pétri d’humour et de swing. « Ses acrobaties ahurissantes sont uniques dans le jazz », salue un confrère pianiste et son contemporain René Urtreger.


     Le compositeur de « Suite en ré bémol pour quartette de jazz » et de « l’allée Thiers et le poteau laid » aura toujours conservé une forme de dérision et de modestie. « Je ne m’attribue aucun mérite, le hasard, encore le hasard, et toujours le hasard, associé à mon utopie », confiait-il en conclusion de son autobiographie.


     En 2022, recevant le Grand Prix de l’Académie du Jazz pour « COMING YESTERDAY -Live at Salle Gaveau 2019 »  (Challenge/DistrArt Musique), le pianiste, prix Django Reinhardt de la même académie en 1955, avait adressé ce message : « Cette récompense me touche. Elle est la preuve que j’ai fait correctement mon travail, un travail difficile, un métier de passion mais aussi de compétition, d’embûches, de critiques ».

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

 

*MARTIAL SOLAL, MON SIÈCLE DE JAZZ
Éditions FRÉMEAUX & ASSOCIÉS (2024)
ISBN : 978-2-84468-985-6.
Paru en août 2024.

 

**Vincent SOREL, MARTIAL SOLAL, UNE VIE A L'IMPROVISTE.
Éditions du Layeur. 2024.
ISBN : 978-2-38378-065-6.
Paru le 10 octobre 2024.

 

*°Autres ouvrages :

 

Ma Vie Sur Un Tabouret : Autobiographie.
Martial Solal et Franck Médioni, Actes Sud, (2008).
ISBN :   978-2-7427-7618-4

 

Martial Solal, Compositeur De L'Instant. Entretiens.
Martial Solal et Xavier Prévost, Éditions Michel de Maule (2006).
ISBN : 978-2-8762-3170-2

 

©photo-dessin Maurice Henry et X. (D.R.)

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13 décembre 2024 5 13 /12 /décembre /2024 09:45

Hier soir j’apprenais la mort de Martial Solal. La veille je m’étais rappelé que cela faisait exactement 55 ans que je publiais mon premier papier dans la presse, un quotidien régional de Lille : un compte-rendu succinct du concert que Martial avait donné la veille au TPF Jazz , festival éphémère (2 éditions ?) qui se tenait au Théâtre Populaire des Flandres, rasé quelques années plus tard pour ce qui allait devenir la Place des Archives, dans le vieux Lille. Ce même 11 décembre 1969, le responsable des pages culture du quotidien m'avait envoyé un télégramme (je n’avais pas le téléphone….) pour me demander de faire un entretien pour le supplément culturel : ce qui fut fait le soir même, car Martial jouait trois soirs de suite en trio à deux contrebasses (Guy Pedersen, Gilbert Rovère : pour le disque enregistré début 1970, ‘Sans tambour ni trompette’, Jean-François Jenny-Clark succéderait à Guy Pedersen). Martial me fit bon accueil : je l’avais écouté en concert JMF à l’adolescence, je possédais quelques uns de ses disques, les quelques lignes que j’avais écrites sur le concert lui plaisaient : cette première rencontre ne fut pas étrangère à ce qui, une bonne dizaine d’année plus tard, devint mon activité professionnelle pour plus de 30 ans : le jazz, à la radio, et dans la presse spécialisée. J’avais noué avec lui une sorte de relation amicale, et ces dernières années j’allais régulièrement lui rendre visite chez lui, à Chatou.

J’ai pendant des décennies rencontré et côtoyé des musiciens, mais je ne me faisais jamais photographier en leur compagnie (d’ailleurs, je suis rarement sur les photos, que j’évite depuis ma jeunesse….). Le 14 septembre 2018, j’ai demandé à Anna, la femme de Martial, de nous prendre en photo. C’est vers elle, vers leur fille Claudia, et leur petite fille Amalia, que vont aujourd’hui mes pensées. Et aussi vers le premier fils de Martial, Éric, né d’un premier mariage, gastronome patenté dont l’étagère de ma cuisine accueille depuis plus de 20 ans le livre Les clés du savoir-cuisiner

Xavier Prévost

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10 décembre 2024 2 10 /12 /décembre /2024 18:54
FARUDJAZZ                      L'Ailleurs

FARUDJAZZ   L’ Ailleurs

 

Autoproduction/ Inouïe Distribution

Sortie le 15 novembre

Concerts : le 14 décembre Allegria, Toulouse

le 16 janvier au Sunside, Paris

 

Chant des dunes

 

Voilà le premier album autoproduit d’un jeune quartet  emmené par deux saxophonistes parisiens, les frères jumeaux Graham et Melchior Farudjazz. Compositeurs de tous les titres, ils trouvent leur inspiration dans un jazz à la lisière des styles funk, fusion.  On est frappé de la cohérence malgré la diversité des thèmes de cet instrumentarium atypique, un quartet sans contrebasse avec sax ténor et baryton (Graham), soprano et alto ( Melchior), piano-synthé pour Alexandre Ostrovski et batterie pour Nicolas Gossiaux. Sans oublier pour deux titres sur les huit de l’album le violoncelle de Valentin Delafontaine qui contribue au registre medium.

Une formation équilibrée qui laisse à chacun suffisamment d’espace pour expérimenter une musique libre, aux timbres et couleurs chatoyants avec des plages improvisées qui se fondent dans la fluidité de l'ensemble.

 Ce premier album permet aux musiciens de donner libre cours à la musique qui les anime tout en concrétisant leurs ambitions. Une musique allègre, pleine de vitalité qui, comme son titre l’indique, ouvre l’imaginaire aux grands espaces, à "l’ailleurs" avec certains thèmes très expressifs : on entend le souffle du vent  dans Chant des Dunes, on s’évade vers les sommets (Sweet Sun) et on ressent la douceur voluptueuse de ce Marshmallow.

Un premier album prometteur et une formation à suivre.

 

Sophie Chambon

 

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8 décembre 2024 7 08 /12 /décembre /2024 08:55
DMITRY BAEVSKY    ROLLER COASTER

DMITRY BAEVSKY ROLLER COASTER

 

 

 

Sortie 6 Décembre 2024

Fresh sound New Talent/Socadisc

 

Dmitry Baevsky

 

C’est le onzième album du saxophoniste russe Dmitry Baevsky qui vit aujourd’hui à Paris après s’être formé à New York : il reste donc sous influence de ce bop délicieux qu’il revisite avec talent. Il a créé un quartet “américain” en invitant l’une de ses idoles, pointure de la guitare jazz Peter Bernstein avec lequel il partage les envolées de ces montagnes russes, traduction appropriée en français de “Roller Coaster” qui illustre parfaitement ces hauts et bas émotionnels que la sélection judicieuse des titres nous fait revivre. La rythmique discrète mais excellente Dave Wong à la contrebasse et Jason Brown à la batterie propulse les deux solistes qui jamais ne se disputent l’avantage  comme dans ce Matador du maître Grant Green. Une entente cordiale, raffinée et une musicalité évidente. Dès les premières notes on est pris par le jeu souple, virtuose, maîtrisé, le timbre et le phrasé sensuel de l’altiste, d’une élégance nonchalante. Out of time du regretté Benny Golson, ce pourrait être la griffe du passé qui fait retour, thème repris avec une intensité lyrique qui se combine à une douceur obstinée,

Gloomy Sunday, la tristement célèbre chanson du Hongrois Rezso' Seress est un exemple parfait du style du quartet, tout en juste retenue, sans aucun débordement dans la précision de chaque instant, entre élan et dépression. Un sens de la mesure, des couleurs et energies, en faisant passer par des nuances les émotions contrastées des compositions choisies.

Onze titres composent l’album avec deux compositions originales de Dmitry Baevsk, une cohérence dans ces musiques qui parfois se répondent. Les reprises vont voir autant vers Duke Ellington que Ray Charles. Sur ce Mount Harissa libanais, tiré de la Far East Suite du Duke, on se laisse piéger sur ces chemins de traverse, envoûté par les souples ondulations, les sinuosités du phrasé du saxophoniste et du guitariste.

Sur The Sun has died que Ray Charles avait adapté à partir de l’original français (!) “ Il est mort le Soleil’’ ( Pierre Delanoe, Hugues Giraud) de Nicoletta, le saxophoniste garde le sens dramatique de ce blues jusqu’à un final qui meurt dans le souffle. Rien à voir avec le swing du Sentimental blues plus décontracté qui suit, toujours de Ray Charles.

La cadence accèlère avec ce Will you still be mine? dans l’urgence de la déclaration ou la recherche de la confirmation. La machine s’est emballée avant de continuer et de s'abandonner, rassurée sur un éclatant calypso de Tommy Flanagan (titre de 1957) Eclypso.

Cette musique procure un plaisir immédiat qui dure tout le temps de l’album aussi délicat que fougueux. A écouter d'une traite.

Alors comment ne pas conseiller aux Parisiens d’aller aux concerts du quartet

16 Décembre
Salle Pleyel TSF JAZZ - You & The Night & The Music
Paris, France
Dmitry Baevsky & Peter Bernstein

17 Décembre
Sunside Jazz Club
Dmitry Baevsky Quartet
with Peter Bernsein, David Wong & Jason Brown

 

Sophie Chambon

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