Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 mai 2008 6 17 /05 /mai /2008 20:26

Plus Loin Musique / Nocturne 2008

 

 

 

Surprenant aux premiers abords, l’album de ce duo inattendu s’intitule tout naturellement « Two ». Enregistré en septembre 2007 par Fred Betin au « Studio 26 », publié sous le label « Plus Loin Musique » et distribué par « Nocturne », on y goûte un somptueux dialogue entre deux musiciens d’un rare talent, étonnant par sa fraîcheur. Rémi Panossian est un pianiste de 25 ans déjà expérimenté par ses différentes collaborations avec Rick Margitza, Pierrick Pedron ou bien encore Aldo Romano. La réplique est donnée au pianiste par la voix de la contrebasse de Julien Duthu, lui aussi musicien de la nouvelle génération, déjà très présent sur la scène Jazz française. Cette balade enregistrée en duo est essentiellement un recueil de compositions originales des deux protagonistes, à l’exception du dernier morceau intitulé « Le temps des cerises ». Il faut déguster cette tendre complicité comme un parfum huilé, qui n’est pas sans rappeler certaines ambiances méditerranéennes aux odeurs nostalgiques. Au-delà de vaines démonstrations techniques, sachant argumenter son discours de lyrismes démesurés, cette paire indissociable de fidèles coloristes transmet sa profonde passion à travers une vision ultra-personnelle de la musique. Chaque pièce est habitée par une histoire, à chaque fois différente au fil des plages du disque, s’appuyant le plus souvent sur une sorte de danse aussi légère que lancinante. Ces mouvements rythmiques, parfois asymétriques, sont relativement marqués par les fréquences basses de la matière sonore, ce qui permet à l’harmonie d’installer en hauteur toute la suprême beauté dont elle est capable entre les mains d’un tel duo, offrant ainsi à l’auditeur les fruits d’une connivence sans limites. Cette association prend parfois tournure d’expérimentation par le biais de l’utilisation de l’archet par le contrebassiste ou bien de l’approche manuelle des cordes du piano. Ces atypiques considérations musicales font ressortir cette permanente métaphore du rêve, et cela grâce aux reflets que met en relief la résonance des instruments, notamment dans cette improvisation décousue portant logiquement le nom de « Chasin’ The Dreams ». On y entend d’ailleurs presque par hasard une utilisation percussive et boisée des deux instruments à cordes. Selon les goûts, peut-être est-ce la meilleure manière de rendre vivant un tel répertoire, aux travers de coups sur le bois, faisant apparaître ce troisième musicien si absent du coté rythmique. Mais le choix de l’instrumentation, aussi difficile qu’il soit d’être entrepris, a le mérite d’offrir tout le charme d’une texture sonore bucolique et volatile, avec toujours pour centre ce dialogue à double sens, cette mélancolique conversation qui ne laissera personne indifférent. Tristan Loriaut

Partager cet article
Repost0
17 mai 2008 6 17 /05 /mai /2008 20:24

Effendi 2008

 


Saxophoniste français basé à Montréal, Jean-Christophe Béney sort un quatrième album avec une formation en quartet semi-acoustique (fender rhodes et piano/sax/basse/batterie) constitué de musiciens canadiens. L'album s'appelle « Pop Up » et annonce clairement l'utilisation de structures de musiques pop dans le jazz. Dès les premières secondes du CD, Béney attaque avec un morceau-chorus très coltranien que – heureusement- le groupe finit par étouffer dans une mélodie pop très bien amenée et rondement menée. Cela semble être symbolique: un signal de la part du saxophoniste? Comme pour nous signifier que cet album est orienté pop et qu'il s'écarterait des structures jazz, comme celles de Coltrane justement? Il faut dire que les compositions de Béney sont concises et facilement transposables en chansons (Béney ne fait pas de reprises). Elles empruntent à la musique pop en général tant dans l'écriture de la mélodie que dans la structure binaire/ternaire des pièces. De manière générale, les mélodies sont gracieuses, tapent à l'oreille immédiatement (« Chinese Checkers », « Pop Up ») et ont toutes leur évidence. Enfin, les chorus sont épurés et efficaces, sans verbiage « saxophonistique ». Au ténor ou au soprano, Béney ne fait pas dans la démonstration. Son jeu est posé et lyrique et marque volontairement la mélodie. Le leader adopte ainsi un style distingué qui n'écrase pas l'harmonie et la motricité du groupe. Le quartet de Béney fait penser par certains côtés à celui de Jérôme Sabbagh (avec le guitariste Ben Monder) mis à part que Béney utilise des rythmiques plus variées mais originales, comme « Chinese Cheekers » avec sa rythmique afro-cubaine sur le refrain, ou empruntées à des styles de musiques modernes et utilisés de manière diluée. La musique de Béney est moins spacieuse dans les atmosphères et plus dense dans la jouerie. Pour terminer, le quartet de Béney est soudé et présente par son jeu une version intelligente des « power quartet » actuels.
Jérôme Gransac

 

Partager cet article
Repost0
17 mai 2008 6 17 /05 /mai /2008 20:19

UNIVERSAL JAZZ MUSIC 2008



Il faut avoir vu Kenny Barron dédicacer affectueusement son CD, "Images", à la sortie d'un set au Sunside en 2005, pour à  la fois découvrir la modestie du personnage et aussi comprendre pourquoi cet artiste gigantesque s'est résolu à  vouer une partie de sa carrière au service des autres. Qu'on en juge: c'est à  ses qualités que l'on doit le magnifique chant du cygne de
Stan Getz (de 1987 à 1991). Que partenaire du saxophoniste Charlie Rouse, il a fait passer l'héritage titanesque de Thelonious Monk, dans le phénoménal quartet SPHERE. On était alors loin de se douter que ce musicien qui a porté tant d'oeuvres sur ses épaules était lui-même un grand organisateur de voyages. Il nous confiait en 2005 : "mon rêve est de composer une musique qui emmène loin, sans marcher sur les pieds de personne. Je compose  pour faire défiler devant les gens, des climats, des atmosphères, des ambiances". Dans le dernier CD, secondé par son fidèle contrebassiste japonais, Kiyoshi Kitagawa, le pianiste tient la promesse de beauté. Cette fois, confirmant un réel talent d'orchestration, il emmène plus de monde en expédition. Pour la première escale, le compositeur convoque le saxophoniste soprano Steve Wilson, lyrique à  souhait sur les balades comme il le fut brillamment avec Chick Corea. Le philadelphien pousse également en avant, sur un répertoire de sa composition, trois vocalistes haut-de-gamme : Greg Tate, Gretchen
Parlato et Ann Hampton Gallaway. Fidèle à  son personnage, Barron reste très discret, cédant la part du lion de ses mélodies à  leurs voix. On se laisse bercer sans rechigner dans l'écrin confortable et coquet de la tradition. La seconde partie du disque est plus audacieuse, avec l'arrivée de Lionel Loueke. A partir du duo guitare/piano (Duet), nous embarquons en trépignant
de joie vers des horizons plus foisonnants et résolument contemporains. De dériver ainsi porte l'excitation de la découverte à  son comble. Un très bon disque, forcément. Le prochain Kenny Barron, entièrement inspiré du matériel de la deuxième partie de celui-là , serait un bonheur parfait
Partager cet article
Repost0
16 mai 2008 5 16 /05 /mai /2008 07:57

Abondance ne nuit pas ? C’est ce qu’il faut espérer si l’on en juge par le caractère très prolifique de l’actualité du jazz ces derniers mois. Dans un marché du disque en crise, la production de nouveautés n’a jamais été aussi importante. Il vous suffira de jeter un œil au sommaire des DNJ pour vous rendre compte du nombre de CDs que nous avons sélectionné ce mois-ci. Productions labellisées ou autoproductions ne désemplissent pas. Idem pour le livre de jazz. Comme chaque année l’excellent festival de Jazz à Saint-Germain-des-Prés (Esprit jazz) ouvre le bal de la saison festivalière avec un programme de grande qualité. Et lorsque l’on regarde la programmation qui nous attend cet été un peu partout en France elle est, sur le papier totalement bluffante avec son lot de stars américaines et de surprises étonnantes. Tiens, pas plus tard que ce soir la rencontre inédite de Bojan Z avec Petra Magoni en hommage au double blanc des Beatles promet de nous éblouir. Pas mal non ?

Sur les ondes aussi, le jazz est en forme. Tenez, France Musique par exemple qui, Samedi 17 mai se donne exceptionnellement le temps de programmer une nuit entière (de 23h à 7 h du matin !) consacrée à Chet Baker sous la houlette de Alex Dutilh, Philippe Carles et Franck Medioni. Assez exceptionnel pour avaler ses douze cafés et rester éveiller toute la nuit.

Oui visiblement le jazz se porte bien ces temps –ci.

Quant à la nouvelle génération du jazz, elle est plus talentueuse que jamais. Ceux qui ont eu la chance d’assister récemment à des tremplins de jeunes talents, ne manquent pas d’être sidérés par le niveau exceptionnel de ces jeunes issus de l’école de Didier Lockwood, du CNSM ou d’ailleurs et qui à 20 ans à peine possèdent déjà toute l’histoire du jazz au bout de leurs doigts de musiciens déjà plus en herbe.

Alors quoi, tout serait bien dans le meilleur des mondes du jazz ? Le jazz serait-il donc plus vivant que jamais et nous n’aurions que des raisons de nous réjouir ? Pas si sûr car cette abondance de talents et donc de productions nouvelles crée inévitablement un effet de goulet d’étranglement sur le marché pourtant bien étroit et bien encombré du jazz. Et qu’y aurait-il de pire pour le jazz en particulier et la musique en général qu’une banalisation du talent ? Comment alors naviguer et avec quelles balises ?

 

Il est alors urgent et nécessaire d’entendre la voix des vieux doctes qui, avec l’âge deviennent d’ailleurs plus jeunes et plus mutins que réellement sages, pour nous donner encore et toujours quelques repères essentiels. Martial Solal qui, pour les DNJ s’est confié à l’oreille attentive de Bruno Pfeiffer en est un, assurément. Car Solal a ce recul nécessaire et cette distance indispensable qui lui permet aujourd’hui à, plus de 81 ans, de revenir sur le devant de la scène plus libéré que jamais. Avec cette distance qu’il est urgent d’entendre. Indispensable pour tous ceux qui voudraient survivre dans cet océan de nouveaux talents. L’entendre enfin aujourd’hui est vital pour quiconque cherche à se donner des grilles de lecture du jazz actuel.

 

 

Partager cet article
Repost0
15 mai 2008 4 15 /05 /mai /2008 08:11

Act – 2008

 

Pour son quatrième enregistrement, la chanteuse norvégienne Solveig Slettahjell signe cet album entièrement sous son nom. Les membres de son Slow Motion Quintet ne sont présents qu’en tant que musiciens invités. Ce premier disque « solo » enregistré dans son living room, est avant tout un voyage introspectif où Solveig, enceinte de plusieurs mois, nous livre des chansons douces et sensibles, s’accompagnant elle-même sur son propre piano. Des chansons d’amour, belles et dépouillées, qui au fil des écoutes deviennent des petits bijoux de pop songs délicates et justes. Dès le début de l’album, nous plongeons avec ravissement dans le doux cocon feutré que nous suggère 4.30 A.M, I Do ou This Is My People. Dans le même registre, Solveig nous livre une bien belle relecture du Time de Tom Waits, qui est un de ses chanteurs-auteurs–compositeurs préférés (elle avait d’ailleurs repris Take It With Me en ouverture de son premier album Silver). Quelques fois les arrangements deviennent plus fouillés, comme sur les émouvants One of These Days, Snowfall et la superbe version du Because des Beatles. Cette surprenante reprise, avec son étirement de tempo et son ambiance de fanfare de cirque, s’avère être le sommet onirique du disque. Ces subtils et talentueux arrangements sont signés par le co-producteur et multi-instrumentiste Peter Kjellsby avec l’aide du trompettiste Sjur Mijleteig (au jeu influencé par Chet Baker). L’album se termine par Birds and Hopes, chanson pudiquement créditée en bonus track, qui envoie un message d’amour attendrissant destiné à son futur enfant. Lionel Eskenazi

 

P.S : Solveig Stellahjell sera pour la première fois en concert à Paris, le 23 juin au Sunside.

 

 

Partager cet article
Repost0
15 mai 2008 4 15 /05 /mai /2008 08:08

CamJazz 2008




L'artiste qui surprend l'amateur de quelque discipline que ce soit peut s'assurer d'une chose : il a réalisé du bon travail. Il aura contribué à  des moments de bonheur, seraient-ils fugaces. Avec Solal, on est servis. La surprise devient carrément un concept. Chaque note de ce dernier CD est tellement imprévisible que les sourcils restent relevés en permanence. Avant l'écoute, dans les notes du livret, le célèbre critique de jazz américain Dan Morgenstern nous prévient. Il décrète Solal l'un des plus grands pianistes de l'histoire du jazz. Les dix morceaux du trio du pianiste, dont trois standards, iraient plutôt dans son sens. Son jeu époustoufle à  un point tel, il emprunte un nombre si diversifié de virages et de bifurcations, qu'il vaut mieux abandonner le projet de garder une respiration normale pendant trois quarts d'heure. Les idées fourmillent, les mélodies se multiplient, les rythmes se transmutent, puis comme un bateau qui aurait tangué jusqu'au point limite, revient après le cyclone à  leur exposition initiale. C'est vertigineux, swinguant et porteur d'émotions. Ajoutons que le choix de ses accompagnateurs encourage les raids de Solal.

La complicité surnaturelle de François et Louis Moutin (respectivement contrebasse et batterie) déteint sur le leader. Le jeu d'ensemble permet à ce dernier de décomposer encore davantage son assise rythmique, comme dans ce bijou déconcertant : Bizarre, vous avez dit ? Interlocuteurs idéaux, les jumeaux, d'une réactivité confinant à  la vitesse de l'éclair, caressent les acrobaties et portent le style du funambule au niveau du grand art. Enfin, il convient sans doute de mettre au crédit des Moutin d'avoir rendu une expression unique encore plus lisible. On le goûte avec une joie renouvelée. Morgentern a l'oreille du pro. Il a raison : aucun musicien au monde ne propose un itinéraire de cette qualité. Bruno Pfeiffer

 

Partager cet article
Repost0
15 mai 2008 4 15 /05 /mai /2008 08:06

“Mare Nostrum” 

Act 2008.




 
« Mare Nostrum », qui veut dire en latin : « Notre Mer », explore un espace musical aux confins de la Suède, de la Sardaigne et de la France méditerranéenne. C’est le pianiste suédois Jan Lundgren qui a proposé au label Act de former un trio atypique (sans basse, ni batterie) avec l’accordéoniste niçois Richard Galliano et le trompettiste sarde Paolo Fresu. La musique, belle et ludique, nous fait d’emblée voyager dans une atmosphère tendre et nostalgique. Pas de violence, ni de nervosité et surtout pas de prise de tête ou de concept intellectuel dans cette ambiance musicale aérienne où règnent la mélodie et le chant. Un CD pour la détente, la relaxation et le rêve, qui devrait plaire à un très large public et pas exclusivement aux fans de jazz. Galliano et Fresu, aux emplois du temps chargés, n’ont composé chacun qu’un seul nouveau morceau pour ce projet (Principessa pour Galliano et Sonia’s Nightmare pour Fresu), préférant arranger d’anciennes compositions ou effectuer des reprises pour cette formule inédite. La nouvelle version du Chat Pitre de Galliano (écrit à l’origine pour un trio accordéon, violon et contrebasse sur l’album Luz Negra et pour une chorégraphie de Roland Petit) devient avec la trompette de Fresu, une émouvante musique qui évoque la nostalgie du cirque et pourrait figurer dans La Strada de Fellini. De la même manière Paolo Fresu reprend Que Reste-t-il de Nos Amours ? de Charles Trenet (qu’il avait déjà magnifié en quintet sur son album Melos) dans une version où l’association accordéon-trompette la rend encore plus poignante et sentimentale. C’est bien Jan Lundgren, qui, apportant quatre compositions inédites et un subtil arrangement sur une chanson traditionnelle suédoise, s’avère être le véritable leader de ce projet. Les très belles mélodies de Mare Nostrum (qui ouvre l’album) ou The Seagull vous trotteront longtemps dans la tête, ainsi que l’entraînant Years Ahead. Une rencontre magique de trois musiciens en parfaite osmose musicale où l’écoute de l’autre fait partie intégrante du jeu. Un disque à se procurer d’urgence et à offrir à tous vos amis.
Lionel Eskenazi

Partager cet article
Repost0
15 mai 2008 4 15 /05 /mai /2008 08:04

Yolk Records 2008

 


Mais où est passé Francis ? On le cherche partout, vous l’avez croisé ? Rires incontrôlés lorsque l’on s’aperçoit qu’il s’agit tout simplement du pseudonyme du leader de cet atypique collectif. Inutile d’expliquer que Francis Ripolin doit son nom à un produit si cher aux peintres du bâtiment. Il est en fait question du saxophoniste François Ripoche qui s’est entouré de Gilles Coronado à la guitare électrique, Christophe Lavergne à la batterie et Fred Chiffolleau à la contrebasse. Pour un second album plus acoustique dans l’instrumentation, il faut noter aussi l’aimable participation du chanteur trublion Philippe Katerine. Cette sulfureuse équipe de joyeux lurons se devaient d’introduire farouchement ce disque par une sorte de tango, « La Paloma », libéré de toutes traditions castratrices. Plusieurs ingrédients rehaussent la sauce épicée de cette tambouille avec par exemple des rythmiques bissextiles, un timbre acidifié d’une guitare déjantée, un saxophone fou de bruitages. Par la suite, impossible de rater l’enfantine revisite des tubes interplanétaires de la variété que sont « Capri c’est fini » d’Hervé Vilard ou encore « L’idole des jeunes » de Johnny, avec l’incontournable féminité décalée de la voix de Katerine. Décidément, personne ne se prend au sérieux d’un bout à l’autre du disque, ce qui oblige l’oreille à rester attentive aux blagues qui se suivent et ne se ressemblent pas. En témoigne l’immense interaction entre les protagonistes lors du remarquable « I touch, I break, I pay ». A noter aussi l’incontrôlable déhanchement que provoque un des morceaux portant si bien le nom de « Oliver Twist ». Transporté par cette dangereuse folie musicale qui s’empare sans vergogne des styles de Musique populaire comme le Funk ou la Bossa-nova, il est inévitable d’être touché à vif par le talent énorme qui émane de chaque instrumentiste, dédiant chacun leur personnalité à l’homogénéité du groupe. Si l’analyse osait être approfondie, en dépit du résultat final, il s’agirait de remarquer l’héritage jazzistique du saxophoniste qu’il s’amuse à décortiquer, de trouver la subtile utilisation percussive de tous les bruits que peut offrir une batterie, d’être frappé par l’électrique étrangeté des effets soumis au son de la guitare. Mais comment définir l’indéfinissable avec de simples mots. Ce projet devient génialissime à travers une autre reprise, « Le douanier Rousseau », emplie une nouvelle fois de second degré par la voix bucolique de Katerine. Cette constante plaisanterie développe sa fabuleuse envergure à travers le coté brut du son, comme un peintre userait des matières premières que sont les couleurs dont il dispose. En d’autres termes, l’absence du souci de l’apparence laisse place à un humour pittoresque redoutable. Ce collectif déjanté est à découvrir avec l’urgence de la créativité que la scène demande à ceux qui la foule
. Tristan Loriaut

Partager cet article
Repost0
15 mai 2008 4 15 /05 /mai /2008 08:02

 Cristal Records, 2008


 

Ceux-là possèdent l'art du trio au plus haut degré. Cohésion, complémentarité, complicité, imagination : faut-il encore aligner les adjectifs ? Tout est là dans un idiome musical auquel on adhère d’emblée. Avec ce nouvel opus, le troisième à notre connaissance, l’association Cholet-Kanzig-Papaux accède à la pleine maîtrise de ses  moyens. A ces qualités de mise en place, le trio ajoute un sens consommé de la mélodie : aucune reprise dans cet album, mais douze compositions originales qui mettent notamment en évidence les grandes qualités d’écriture de Jean Christophe Cholet (Beyond the Circle, Somme Song, Pablo). Ce pianiste de la race des Brad Mehldau, à la fois fougueux et précis, est épaulé ici par deux remarquables musiciens. On appréciera en particulier la frappe et les qualités de relanceur de Marcel Papaux, impressionnant de solidité tout au long d’album. Tout ou presque  fonctionne, y compris quand la machine sort un peu des voies qu’elle s’est tracée et se met en roue libre comme dans « In flagranti » ou « Rek Rap ». La ligne mélodique fait place alors à une jubilation assez communicative. Recommandé sous tous les prétextes. Loic Blondiaux

Partager cet article
Repost0
15 mai 2008 4 15 /05 /mai /2008 08:01

 BRIan BLADE & the fellowship band– «Season of change »

Verve 2008



Brian Blade est à 38 ans l’incarnation de ce jazz actuel qui va de David Binney à Mark Turner ou Chris Potter. Batteur prodige, on l’entend notamment aux côtés de Wayne Shorter, de Joshua Redman et d’une manière générale de tout ce qui compte Outre-Atlantique. Avec Clarence Penn, Nasheet Waits ou Jeff Tain Watts il représente véritablement une quatrième voie de l’instrument. Celle qu’il explore tout au long de cet album porte la marque des ses propres influences musicales qui se situent exactement entre un jazz post Shorterien et une pop minimaliste. Influence que l’on retrouve d’ailleurs chez ses camarades de jeu à tel point que l’ouverture de cet album semble nous replonger dans le dernier opus de Dave Binney tant les esthétiques sont proches. Mais l’album remarquablement (trop ?) produit et artistiquement co-dirigé de main de maître par Hollis King (Directeur artistique de Verve) mais surtout par Blade lui-même suit une progression ultra scénographiée qui l’emmène ailleurs. Une véritable dramaturgie s’installe qui se perçoit à l’écoute de l’album dans sa globalité. Des solistes exceptionnels, qu’il s’agisse du saxophoniste alto Myron Walden (très impressionnant) ou de Rosenwinkell qui affiche ici un jeu plus Methenien qu’à l’accoutumée, participent à ces crescendi portés à leur paroxysme. Une fois n’est pas coutume ce sont eux qui révèlent l’intensité incandescente du jeu de Brian Blade maître dans l’art de la mise en tension. La construction d’un morceau comme Return of the Prodigal Son  avec ses trois étapes (le départ libérateur puis le tumulte et enfin le retour) est admirablement et intelligemment posée. Cette musique prend alors au fur et à mesure de l’album une dimension presque mystique dans son incandescence voire carrément religieuse (Improvisation ou Alpha et Omega). C’est un peu comme si, ce fils de pasteur redécouvrait alors une autre mystique Coltranienne, bien loin dans la forme mais si proche dans l’inspiration. Dans l’élévation autant que dans le tumulte.
Jean-Marc Gelin

Partager cet article
Repost0