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3 novembre 2015 2 03 /11 /novembre /2015 20:57
Frank Sinatra 100, un livre de mémoire photo

Il aurait eu 100 ans le 12 décembre prochain, Francis Albert Sinatra. Le rejeton new yorkais d’une famille sicilienne promettait dès sa naissance : 5,8 kilos sur la balance quand sa mère en pesait une quarantaine ! Plongé dans l’eau glacée pour survivre, Frank atteindra l’âge canonique de 83 ans (décès le 14 mai 1998 à Los Angeles). Entre temps, plus de soixante années de carrière-il donna son dernier concert en 1995-des millions de disques et une renommée mondiale sur scène et sur les écrans, un doublé rarissime (on ne voit guère comme autres exemples que Bing Crosby ou ses « potes » Dean Martin et Sammy Davis Jr). Et dire que son père, patron d’un bar-restaurant, lui avait riposté quand il émit le souhait de devenir chanteur : « Tu veux avoir un travail décent ou tu veux être vagabond ? ».

C’est toute cette vie forte en notes, en émotions, en amours et autres passions que décrit « Frank Sinatra 100 », signé Charlie Pignone, spécialiste du crooner (on lui doit « The Sinatra Treasures » ou encore « The Sinatra Family Album » et la production de nombreux albums) et actuellement 1er vice-président des Entreprises Frank Sinatra.

Ouvrage de grand format, cet album offre surtout comme intérêt de présenter plus de 400 photographies du chanteur, dans sa vie privée (marié à quatre reprises), en studio (défilent ainsi Count Basie, Tommy Dorsey, Duke Ellington, Perry Como, Antonio Carlos Jobim…), sur scène (notamment des images rares d’un concert de 1962 dans une boîte de nuit propriété du mafioso Sam Giancana en remerciement de l’aide apportée à la campagne présidentielle de John Kennedy) ou dans ses activités caritatives (aide à l’enfance illustrée notamment par une visite à l’hôpital Broussais ). Le lecteur y retrouvera des documents déclassifiés témoignant de la surveillance serrée du FBI sur les liens (supposés) de Sinatra avec la mafia et le parti communiste. Et il découvrira aussi des aspects moins connus comme sa passion pour la photo : le magazine Life l’avait engagé pour « couvrir » le match de boxe Ali-Frazier le 8 mars 1971 et publié une de ses photos en couverture.

Jean-Louis Lemarchand

Frank Sinatra 100, Charlie Pignone. Fonds Mercator. 288 pages, format 34,5 X 27,5 cm, 49,95€

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3 mai 2015 7 03 /05 /mai /2015 14:55

Guillaume BELHOMME / Daunik LAZRO

Sales Rectangles/ Vieux Carré ( + CD)

Editions Lenka Lente

Edition limitée à 300 exemplaires

Toujours chez le même éditeur nantais Lenka Lente, Guillaume Belhomme, écrivain-musicien sort une « miniature », un petit ouvrage, à la fois livre et CD sur le Vieux Carré, célèbre quartier français de la Nouvelle Orléans. Avec cet objet délicat et délicieux, dû à la collaboration de la librairie rouennaise de l’Armitière, l’auteur a réuni des textes mêlant métafiction et cut up, réflexion autour de la composition éponyme du grand saxophoniste Joe McPhee, dédiée à Sidney Bechet et Steve Lacy. On y retrouve en fil rouge, la ville du Vieux Carré, des éléments du parcours musical du saxophoniste Daunik Lazro qui s’est imposé dans la musique libre et bien sûr Joe McPhee. Quant aux « sales rectangles », ce sont les codes barres qui coupent les fragments de texte.

Le CD présente l’enregistrement au baryton par le fidèle Daunik Lazro, dans le cadre du festival Jazz à Part à Rouen dans la librairie en 2011.

Une « curiosité » à se procurer et à lisotter au hasard de sa rêverie. Sans oublier le plaisir de passer sur son lecteur Cd la rondelle du Vieux carré pour écouter Lazro.

Sophie Chambon

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3 mai 2015 7 03 /05 /mai /2015 14:53
LUC BOUQUET : "COLTRANE  SUR LE VIF "

LUC BOUQUET

COLTRANE SUR LE VIF

Editions Lenka Lente

www.lenkalente.com

Chroniqueur d’Improjazz et du Son du Grizzli, Luc Bouquet est aussi batteur (on se souvient par exemple de son Boumag A3 de 2002, Ajmi 004, sortis sur le label avignonnais Ajmiseries). Il nous présente ici une discographie, commentée avec le plus grand soin, des enregistrements «live», souvent pirate, de John Coltrane, de ses débuts le 13 juillet 1946 ( First Giant Steps) jusqu’à l’un de ses derniers concerts (The Olatunji Concert-The Last Live Recordings, Impulse), le 23 avril 1967, trois mois avant sa mort, survenue le 17 juillet.

L’auteur s’explique sur son choix dans l’avant-propos, soulignant tout l’intérêt de capter ces « live » non officiels, où, sans les contraintes de timing, le saxophoniste pouvait développer outre mesure sa musique. Luc Bouquet a choisi de respecter l’ordre chronologique pour nous présenter à sa manière, de sa plume incisive et efficace, ce qui fait l’intérêt de ces enregistrements « non officiels ». La matière première est issue de sa propre discothèque comprenant la quasi-totalité des pirates publiés à ce jour : c’est un travail de collectionneur fou, de passionné, d’une grande précision sur les conditions de prise de ces concerts. Pour qui connaît et lit Luc Bouquet, on retrouvera sa verve, son sens particulier de l’écoute, son analyse pertinente et toujours personnelle.

Certes, s’attaquer au plus grand saxophoniste jazz est périlleux, puisque, près de cinquante ans après sa mort, l’œuvre de JC demeure l’aventure musicale absolue. Si le jazz a un goût pour l’inachèvement, Coltrane en est le héros incontestable, puisqu’ il n’a jamais cessé de jouer les mêmes thèmes, comme cette bluette de «My favorite things» qu’il a magnifiée. Le jazz, musique de l’improvisation, ne devrait pas se répéter mais, obsédé par la circularité, Coltranerevenait sans cesse sur sa musique. Le livre montre l’ascension inéluctable du «soleil noir de la galaxie jazz», l’ évolution constante, inéluctable de son engagement.

Ce petit livre sera précieux pour les amateurs déjà éclairés de l’auteur de «Love Supreme» mais aussi pour les néophytes, amoureux du live, qui souhaitent découvrir au plus près cette œuvre immense, singulière et spirituelle.

Sophie Chambon

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29 novembre 2014 6 29 /11 /novembre /2014 22:38

 

BD FOLK

Editions BDMusic

BOD DYLAN

PaBLO

Preface Philippe Manoeuvre

www.bdmusic-egalerie.com

 dylan.jpg

Toujours dans la même collection mais dans la série BD FOLK cette fois, un incontournable numéro dédié au Bob Dylan des débuts, le chanteur folk , conteur inspiré, poète et barde...celui que certains préfèrent tant il est vrai que le personnage  complexe  a changé d’identité, presque de peaux comme dans le film de Todd Haynes  I’m Not There, où il ne fallut pas moins de 6 acteurs/ actrices pour le représenter. La préface est signée de Philman, notre Monsieur rock français, qui dans son style inimitable sait si bien raconter la vie du rock. Bob Dylan est une icône à présent mais si l’on revient à ses deux premiers albums entre 1961 et 1963, on aura le choc d’une révélation, car domine  l’intensité de son chant, sa voix rouillée apportant « une force aussi personnelle que féroce ». « Il est les années soixante à lui tout seul » écrit Philippe Manoeuvre qui a  invité le jeune Bergeracois (déjà auteur du Gainsbourg dans cette collection à tremper  ses pinceaux dans l’encre noire du psychédélisme.  Les pleines pages sont superbes, les portraits justes, l’odeur du temps perceptible, « the sweet smell of success » et Pablo évoque avec talent les personnages qui ont inspiré Dylan, Woody Guthrie, les Beatles, Joan Baez. On repère aussi les citations fines  du documentaire extraordinaire de D.A Pennebaker en 1967, Don’t Look Back Certaines chansons sont immortalisées comme le fameux « The Times They Are A-Changin » qui inspira un clip célèbre  et surtout « Knockin’On Heaven’s Door », tube du film de Sam Peckinpah dont Dylan fit la musique et  auquel il participa en jouant l’énigmatique Alias.

NB : A ceci s’ajoute une biographie en français et anglais bien faite ; quant à la bande son, elle comporte  en plus des deux premiers albums, des extraits d’émissions radio et d’un show de Cynthia Gooding  où elle interviewe le chanteur, pièces rares et documents d’époque.

 

Sophie Chambon

 

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29 novembre 2014 6 29 /11 /novembre /2014 15:14


 

(Fest in jazz & Jazz en cuisine)

BD JAZZ

2CD +1 Bande dessinée

Collection des éditions BDMusic

www.bdmusic-egalerie.com

 jazz-en-cuisine-copie-1.jpg

 

Voilà de nouvelles parutions de la superbe collection de Bruno Théol,  BDMusic qui, rappelons, le allie le plaisir des yeux à celui des oreilles, puisqu’il associe à une Bd classieuse, deux CDs choisis selon un style  à définir : BD Jazz, BD Chansons, BD Ciné....

Cette fois, la sélection croise jazz et cuisine et  le résultat est délectable :   une bande dessinée par José Correa, « flâneur aquarelliste »  qui a déjà travaillé pour la collection, en illustrant Ray Charles, Léo Ferré, Jacques Brel.  L’histoire raconte cette fois une succession ... de recettes de cuisine élaborées par Joelle Huth, médecin chirurgien qui, de ses nombreux voyages a rapporté le goût des saveurs lointaines (Madagascar, Réunion,  la Louisiane et La Nouvelle Orléans). La sélection musicale ad hoc est de Stéphane Colin ,  l’auteur d’une préface roborative. Il nous a concocté comme les menus de Joelle Huth un programme inventif et surprenant.

Ainsi ce numéro tout à fait exceptionnel s’imprègne de couleurs musicales et autres, mariant trois disciplines  artistiques : peinture, jazz et gastronomie.  Ces recettes dépaysantes sont simples et faciles à réaliser nous dit Joelle Huth avec nos produits français. Cuisiner créole ou cajun est aisé si l’on acquiert la technique... Même si ce n’est pas chose facile,  ce sera toujours plus évident que de jouer  comme Louis Armstrong  ou  Sidney Bechet.  Car la liste des chanteurs et musiciens convoqués autour de la cuisine est plus qu’alléchante,  c’est « la crème de la crème » : Cab Calloway  aime la volaille dans « A chicken ain’t nothing but a bird »,  Miles Davis nous propose  a « Tasty pudding » ;  on peut comparer les pieds de porc cuisinés par l’impératrice Bessie Smith et la chanteuse  Lavern Baker,  Slim Gaillard  dont on ne peut se rassasier, de ses « Potatoes chips » à son irrésistible  « Avocado Seed Soup Symphony ».  Rien que pour entendre ce chef d’œuvre de drôlerie absurde... il faut se précipiter sur ce numéro surréaliste.

On pourra ensuite toujours s’écrier « C’est si bon » comme Satchmo, espérer que « Everybody eats when they come to my house » comme le chante Cab Calloway,  s’accommoder de  « The Frim Fram Sauce » de Louis & Ella,  danser  en croquant  les «Salt Peanuts » de l’impayable Dizzy , s’entendre susurrer par le crooner Nat King Cole  « You’re the cream of my coffee »... Car un bon repas se finit par un café brûlot.

Les plus grands ont tourné autour du thème c’est dire si le jazz est la musique du plaisir, de la danse, de l’amour et de la bonne chère,  une musique festive qui sait réunir autour de compositions relevées, épicées, « caliente » évidemment... et arrosées  Roy Eldridge, Dave Brubeck, Count Basie, Ornette Coleman...

Vous ne regretterez pas de goûter à ce numéro qui vous révèlera bien des surprises,  une révélation de raretés ou d’ « inédits » même pour les amateurs de jazz éclairés. Un festin , on vous dit, ....particulièrement recommandé en ces périodes de fête qui approchent. Ne vous privez pas d’un aussi beau régime .

Sophie CHAMBON

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29 juin 2014 7 29 /06 /juin /2014 21:05

 

Guillaume Belhomme

Jackie McLean

 Editions Lenka Lente

www.lenkalente.com

(117 pages/ 11 euros)

 mc-lean.jpg

 

Ce petit livre des éditions Lenka Lente peut paraître court comparé aux copieuses biographies de certaines maisons d’édition. C’est que son auteur Guillaume Belhomme s’en tient à la seule musique, sans tomber dans les anecdotes plus ou moins sordides sur les démons et autres addictions qui hantèrent les jazzmen. Ce qui l’intéresse, c’est le parcours d’une aventure humaine, avant tout musicale.

De «Don’t explain» à «Closing», en 42 courts chapitres, de deux pages en général, il dresse un portrait sensible du saxophoniste  Jackie Mc Lean et le révèle musicalement sous toutes les coutures, tous les profils.  Une écriture dense, brûlante qui colle au sujet. Guillaume Belhomme ne pouvait que s’intéresser à ce musicien à risques, dont la passion pour le jazz qui défrise, déstructure, l’approche du free, le goût pour les dissonances, lui sont chers. Il aime ce musicien qui a « une sonorité propre, un goût pour l’audace et l’iconoclastie, enfin un mépris des anathèmes ».On comprend de quel côté il se place en lisant par exemple « aux joliesses du trompettiste (Kenny Dorham), Mclean oppose quelques solos récalcitrants sur « Lover Man » ou Let’s Face the Music and Dance »

Les titres de ces courts chapitres ou vignettes, empruntés le plus souvent à la discographie du saxophoniste, sont de précieux repères chronologiques pour baliser le parcours d’une vie bien remplie. (1931-2006).

On voit à l’œuvre le processus opiniâtre d’auto-engendrement de l’artiste, l’histoire authentique d’un musicien qui assuma vite sa singularité, objectant une résistance aussi ferme que discrète, sans cesser d’être bienveillant aux autres. Jackie McLean eut très vite conscience d’un but à poursuivre qui pouvait s’exercer sous diverses formes, d’une œuvre à créer. Il est de ces « seconds couteaux » devenu malgré lui un musicien de légende: « il ne tarda pas à se faire entendre et.... il fit beaucoup pour le jazz à une époque où il y avait encore tant à faire ».  Influencé par Lester Young, Bud Powell, Thelonius Monk, et bien entendu Charlie Parker, il eut le courage, sans renier cet héritage, de s’en affranchir. Il écouta et assimila le travail de Coltrane, Sonny Rollins, Andy Kirk Jr. Il tenta de trouver sa propre voie, stimulé  par des rencontres décisives, celle de Miles Davis[i], et plus encore, de Charles Mingus, musicien hors norme qui le fit sortir de sa réserve et l’aida à s’émanciper de façon irrévocable. Il joua avec tous ceux qui devaient compter à l’époque (Art Blakey entre autre et les hard boppers). Guillaume Belhomme montre bien la belle complexité de son jeu et de son inspiration : il ne perdit jamais de vue les fondamentaux du bop et hard bop aussi straight et clinquants soient ils. Et sortit sous son nom entre 1959 et 1963 les pépites suivantes au titre emblématique Let Freedom Ring, One Step Beyond, Destination Out, It’s time ! Action, Right Now

Il enregistra beaucoup sur Blue Note car les dirigeants du label, le classant très vite dans la catégorie des novateurs, le soutinrent dans sa quête de liberté ». Jusqu’à un certain point d’où son désir d’aller voir  ailleurs sur le label Steeple Chase de Nils Winther ( Dr.Jackle,  A Ghetto Lullaby.)

 Plus encore, il voulait que l’on se souvienne de ses autres réalisations, époux et père, musicien et professeur, activiste et éducateur...  Sorti de la dépendance à l’héroïne (The Connection), il se consacra à l’enseignement avec passion et lutta pour la réhabilitation des toxicomanes par la musique  dans son quartier d’Hartford.

Vous l’aurez compris, ce livre est conseillé à tous ceux qui veulent en savoir plus, avoir les clés de la discographie de Jackie  McLean. Connaître un musicien au plus près, et approcher musicalement une trajectoire singulière et toujours actuelle. Une belle rencontre.

 

Sophie Chambon



[i][i] Mc Lean refusait par exemple de jouer les standards et sortait donc de scène quand Miles attaquait «Yesterdays».

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6 mai 2014 2 06 /05 /mai /2014 22:16

Jean Claverie

Folio Cadet - Gallimard Jeunesse

64 p

little-lou.jpg

 

 

Retour de Little Lou, petit enfant noir du Mississipi dans les années 20, surdoué du piano né sous la plume et l'imagination de Jean Claverie et dont les jeunes avaient pu suivre la première partie de l'histoire parue en 1994 chez Gallimard Jeunesse.

 

Né en 1946 en Bourgogne, l'auteur Jean Claverie a deux passions : les livres pour enfants et le blues qu'il découvrit un jour par le biais de Memphis Slim.

 

Little Lou revient donc dans la collection Folio cadet ( 1ères lectures) pour une nouvelle aventure où il est question de road story, de voyage dans le Sud à la recherche de son oncle Sonny, guitariste mourant avec qui le gamin rêve de pouvoir jouer une dernière fois.

 

Jean Claverie dessine et raconte avec une simplicité émouvante l'histoire de ce petit gosse prêt à braver un cyclone et le KKK pour aller retrouver son oncle, comme si sa propre vie en dépendait.

 

 

Cette histoire de blues, cette histoire de moiteur du sud, cette histoire du racisme du Sud, cette histoire de transmission des secrets de cette musique entre Little Lou et son oncle est une plongée très simple et très poétique à la fois dans le monde noir du Delta.

 

Le récit est très attachant et très sensible et peut se lire à tout âge.

 

De préférence avec un bon blues de Mister Slim pour initier aussi les jeunes au blues.


 

 

 


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4 avril 2014 5 04 /04 /avril /2014 20:24

 

Nouvelle série 10/ 2013

Le JAZZ AUJOURD’HUI

EDITIONS OUTRE MESURE

www.outre-mesure.net 

 les-cahiers.jpg

C’est peu dire que l’on attend toujours avec une certaine impatience la publication des  Cahiers du Jazz, nouvelle série. Et ce numéro 10,  dont le dossier est intitulé Le jazz aujourd’hui, a terminé  l’année 2013 en beauté.  On  y retrouve  la même exigence, la rigueur rédactionnelle qui animent les publications, toujours excellentes,  des éditions Outre mesure.

Isabelle Leymarie  présente en ouverture un panorama de la scène jazzistique actuelle d’une belle vitalité avant de dresser un portrait du regretté  Mulgrew Miller accompagné d’une discographie exhaustive du pianiste. Marilyn Crispell,  Steve Coleman auront droit à des articles circonstanciés  et  Etienne Brunet  lancera  non sans finesse,  que ce n’est pas « le  jazz qui est mort aujourd’hui mais le disque de jazz....»

On peut lire ces cahiers dans tous les sens, en rebondissant au hasard des pages, en se laissant entraîner par le jeu des associations, jouant de l’interdisciplinarité artistique : ainsi, Lucien Malson dans  Gatsby. De l’âge du jazz à l’âge du rap,  compare les deux dernières  versions cinématographiques américaines du(grand) livre de Francis Scott Fitzgerald, espacées tout de même de près de quarante ans [i],  Philippe Frechet  découpe finement  le Jazz dans le roman  noir français de Manchette à  Izzo, Villard ou Pagan ...  

Accompagnant  le dossier traité dans le numéro,  des études « sérieuses »  témoignent de l’essor de la recherche universitaire en musicologie, étudiant  de  très près, un musicien  et son style, ici «La singularité rythmique de Kurt Rosenwinkel », une période de la carrière d’un artiste ou l’évolution d’un  thème avec ses variations....

A la fois accessibles  pour les amateurs et suffisamment techniques pour les professionnels,  ces  Cahiers  s’attachent à la structure de cette musique et  en dévoilent  toutes les  promesses, sans négliger une perspective  historique indispensable de nos jours. On sera ainsi tenté de jeter un coup d’œil  dans le rétroviseur,  dans le miroir que tendait le trompettiste et compositeur Christian Bellest  en 1962,  déjà dans les  Cahiers,  sur  « L’écriture dans le jazz actuel ». Sont évoqués dans ce numéro  des souvenirs de Radio France et du Bureau du Jazz, ainsi que la démarche actuelle, favorisant « la continuité dans le changement », comme le souligne Xavier Prévost.

Passages en revue  est une rubrique où l’on revient sur l’actualité avec deux parutions du confrère  éditeur des Pyrénées Orientales, Alter Ego,  le formidable Hess-O-Hess que l’on se permet de recommander chaudement (à nouveau) et le non moins édifiant  Petit dictionnaire incomplet des incompris d’Alain Gerber[ii] .

Ainsi ces  Cahiers s’avèrent précieux pour  tous ceux qui,  justement, ne s’intéressent pas qu’à l’immédiateté, au « hic et nunc »,  à l’actualité promotionnelle du jazz, mais aiment à resituer inlassablement dans son contexte l’histoire de cette musique aimée.    



[i] On voudrait cependant signaler à Lucien Malson que dans  la version de 1974 de Jack Clayton, Nelson Riddle qui obtint un oscar pour la B.O du film, utilise le  thème d’Irving Berlin de 1923 « What ‘I’ll do » comme un leitmotiv très approprié à l’époque du  livre.   

[ii] Deux livres chroniqués avec enthousiasme  sur les DNJ...

 

Sophie Chambon

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23 février 2014 7 23 /02 /février /2014 12:02

la-rage-de-vivre.jpg

Buchet Chastel rééd 2014

 474p; 24 euros

 

C’est un classique de la littérature jazz. Le classique des classiques. Le livre incontournable que tout amateur de jazz se doit d’avoir lu au moins une fois dans sa vie. Je dis bien au moins une fois car il faut en effet régulièrement revenir à cette autobiographie écrite par le clarinettiste Mezz Mezzrow pour en découvrir toute son incroyable richesse. Non pas seulement pour ce qu’il raconte sur le jazz.

Car «  La rage de Vivre » que les éditions Buchet Chastel viennent de rééditer, n’est pas seulement un livre de jazz, c’est aussi tout simplement une grande oeuvre littéraire.

Editée pour la première fois en 1972 sous le titre original “ Really the blues” et avec la traduction de Maurice Duhamel, cette oeuvre a certainement inspiré pas mal d’écrivains au premier titre desquels Henry Miller qui en signait la préface.

Pas la peine de vous raconter ici la vie du clarinettiste qui participa à la Nouvelle Orléans mais surtout à Chicago à l’émergence de cette révolution musicale que fut le jazz. Pas besoin de vous raconter non plus par le menu ce que fut la ville dans les années 20, ce que furent les relations très troubles des musiciens avec la prohibition et les bordels de Capone. Pas besoin de vos raconter cette rage de jouer «  jazz ». Cette rage d’exploser la musique comme celle de Louis Armstrong dont Mezz Mezzrow en fit assurément son idole avant qu'il ne devienne son ami. Pas besoin non plus de vous raconter la découverte de ces drogue venues de Chine ou du Mexique. L’expérience de la muta mais surtout celle de l’Opium qui donne à ce livre l’une des plus belles expériences psychédélique qu’il m’ait été donné de lire .

Pas besoin de vous le raconter, car il vous faut le lire.

 

La rage de vivre c'est aussi la rage de survivre chez Mezzrow. La rage de vivre sa musique, cette musique qui le prit un jour en entendant la grande Bessie Smith. C'est aussi la rage de devenir noir. La rage de se savoir blanc dans ce pays de "Jim Crow". Et Mezz Mezzrow dans son désir d'oublier sa condition de blanc comme s'il s'agissait d'une préalable pour acquérir le sens de swing, frôle la folie d'un racisme à l'envers, rigolant presque du bon tour fait à ses geôliers en leur demandant d'être incarcéré dans les cellules des noirs !

 

Il faut lire la "Rage de vivre" comme l'un des témoignages les plus poignants sur la condition de musicien, sur le désir de vivre sans limite et sans concession aucune son rêve de musicien d'un jazz des origines. La vie de Mezz Mzzrow nous prend aux tripes et à la gorge.

La rage au cœur.

Il faut lire " La Rage de vivre"

Jean-Marc Gelin

 

PS : il faut saluer les éditions Buchet Chastel pour leur excellent travail sur le jazz. C’est à eux notamment que l’on doit le sublime “ les musiciens et les trois voeux”, encore un magnifique témoignage sur la diffciile condition des musiciens de jazz noirs américains.

 

 

 

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5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 22:51

couv-Cabu-swing.jpgEditions Les Echappés. 224 pages.39 euros.

Les lecteurs de Charlie Hebdo et du Canard Enchaîné sont familiers de ses dessins déchaînés. Ils ignorent peut-être que Cabu nourrit une passion de jeunesse pour le jazz. Mais pas les auditeurs de TSF Jazz où le dessinateur apporte une chronique régulière et toujours singulière. Sans oublier les discophiles qui retrouvent son coup de crayon sur les pochettes d’albums de référence dans la collection Cabu Jazz chez Nocturne (aujourd’hui Plus Loin Music).

Pour tous ces fans de jazz, l’album grand format (27 cm sur 33,5), de type « beau livre », consacré à Cabu apparaît comme un must. En plus de deux cents pages, on y retrouve une sélection de dessins et aussi-ce qui n’est pas le moins intéressant-des chroniques, reflet de cinquante ans de passion. 

A la manière d’un Daumier, Cabu-qui signait à ses débuts K-Bu- passe en revue les jazzmen de Duke Ellington à Brad Mehldau avec une préférence pour les grandes formations qui swinguent (c’est son maître mot) et un faible (fort) pour Cab Calloway. 

Fou de Cab et du « fou chantant » (Charles Trenet) une des « stars » de cet ouvrage, Cabu se montre plus réservé pour le jazz d’aujourd’hui, affichant à l’occasion des jugements tranchés (pour le moins) dont sont victimes entre autres Carla Bley et Sonny Rollins. Affaire de goût ! Sans la liberté de blâmer….

Un beau livre qui restitue l’instantanéité du jazz avec pertinence et impertinence. Chaudement conseillé et pas seulement aux inconditionnels du jazz des années swing !  

Jean-Louis Lemarchand

 

 

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