13ème Note Editions.253 pages.22,90 euros.
Hampton Hawes: Lâchez-moi ! avec Don Asher
Il aura fallu attendre plus de quatre décennies mais le résultat est bien là, un témoignage choc sur une période effervescente du jazz, les années 50-60. Accueillie avec respect lors de sa sortie aux Etats-Unis en 1972, l’autobiographie du pianiste Hampton Hawes (Raise Up Off Me : A Portrait of Hampton Hawes. Da Capo Press) est enfin disponible en version française sous le titre « Lâchez-Moi ».
Spécialiste de la littérature anglo-saxonne et latino, la jeune (née en 2009) maison d’édition 13è Note Editions a publié cette année l’autobiographie du boxeur Jake LaMotta « Raging Bull » qui portée au cinéma avait mis en valeur la force de frappe de Robert DeNiro. L’autobiographie de Hampton Hawes (1928-1977) écrite avec le pianiste et romancier Don Asher, et traduite par Bernard Cohen, ne manque pas non plus de punch.
« Sacré pianiste et sacré personnage », selon les termes de Jean-Claude Zylberstein, auteur de la postface, Hampton Hawes a vécu mille vies. Membre à part entière de la génération be-bop, il raconte ses aventures de musicien, ses rencontres avec les géants de l’époque (Parker, Mingus, Miles Davis, Chet Baker, Billie Holiday, Monk, Rollins, Coltrane, Martial Solal aussi avec lequel il enregistra à Paris un album accompagné de Pierre Michelot et Kenny Clarke…) ses déboires, ses problèmes personnels avec la drogue, son service militaire en Corée du Sud, sa prison (cinq ans de détention avant sa grâce par le président Kennedy le 6 août 1963, document reproduit).
Genre conduisant souvent à l’exhibitionnisme le plus nauséeux, l’autobiographie prend ici la forme d’un témoignage sans fard et poignant sur la condition de musicien, d’artiste. Les vertus du pianiste de la West Coast ne nous sont pas inconnues, celui-là dont Le dictionnaire du jazz (sous la plume de François-René Simon) dit qu’il « n’a pas grand-chose à envier à son maître Bud Powell ». Enfin disponible en français, son autobiographie nous fait découvrir un authentique personnage.
Jean-Louis Lemarchand