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10 juillet 2010 6 10 /07 /juillet /2010 07:43

 

Julien Delli Fiori

Editions La Martinière 2010, 192 pages, 33,25 euros

 

ascenceur Pour tous les amateurs de jazz, Julien Delli Fiori a longtemps (re)présenté « Ascenseur pour le Jazz » l’émission culte que le journaliste a animé pendant plus de 20 ans sur les antennes de France Inter avant d’accepter récemment de prendre la Direction de Fip, autre radio musicale de Radio France.

Le livre au titre éponyme qu’il signe aujourd’hui qui paraît aux Editions de la Martinière est une sorte de mini dictionnaire des grandes figures du jazz, de ces personnages héroïques qui ont transmis à Julien Delli Firori la passion de cette musique. Portrait de musiciens de légende, gravés à tout jamais dans le marbre bien vivant du patrimoine jazzistique de l’humanité ! Quelques mythes

 

que pour certains, Julien Delli Fiori a eu la chance de rencontrer jusqu’à en tisser des liens amicaux au hasard des interviews et des festivals qui ont émaillé sa carrière.

 

Cassant la logique chronologique habituelle et roborative, Delli Fiori propose ici une lecture matricielle autour de quelques grands thèmes du jazz : Nouvelle Orléans, Swing, BeBop, Hard Bop, Jazz West Coast et jazz cool, Free Jazz, Jazz Fusion, Vocal Jazz, Jazz Folie, Rythm’n blues, blues, Jazz & Co ( Gypsy Jazz, Latin Jazz), Jazz now, Miles Davis, Jazz & Cinéma, Jazz Festivals. Le tour du monde du jazz en 192 pages, emballé c’est pesé et l’histoire du jazz est bouclée. Y a plus qu’à mettre la galette dans le lecteur ( les choix discographiques sont là pour ça) et le tour de diablotin Delli Fioresque est joué.

Car il ne s’agit pas de faire ici un dictionnaire du jazz mais plus d’en livrer un rapide survol, animé au fil des pages par l’écriture déliée, passionnée et bigrement synthétique de Delli Fiori dont on croit entendre la douce voix en filigrane, comme autant de spot de présentation avant que l’artiste n’attaque  sur l'antenne imaginaire son chorus annoncé. Delli Fiori écrit avec gourmandise. Offre un regard un peu décalé et toujours alerte. Avec cette passion du jazz qui donne des ailes à sa manière d’écrire.


Et l’auteur, parce que c’est l’auteur, a ici tous les pouvoirs, dont celui de tailler à la hache, de faire ses propres choix éditoriaux. Ces choix partiaux en 41 portraits en jazz totalement assumés  comme ce chapitre sur le « jazz now » par exemple résumé (ou limité) à Carla Bley, Pat Metheny, Stefano Di Battista et Jan Garbareck. Choisir ,c’est renoncer »

 

Admirablement iconographié, l’ouvrage se situe entre « beau livre » et petit dictionnaire amoureux du jazz. Des photos ultra-connues signées Herman Leonard, Le Querrec et d’autres voisinent avec des clichés plus inédits ou encore avec de superbes pochettes d’album qui viennent comme des points d’exclamation colorés sortir le jazz de son esthétique si (trop) souvent black and white.

 

Avec Julien Delli Fiori on survole en classe éco des paysages somptueux qui donneront assurément à ses voyageurs néophytes l’envie de faire quelques escales dans ces paysages du jazz, si attrayants lorsqu’ils sont vus par son hublot.

 

ma pomme

Jean-Marc Gelin

 

 

 

 

 

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7 juillet 2010 3 07 /07 /juillet /2010 23:51

BDJZ052_RECTO.jpg

BD Music
Sur une idée originale de Nicolas Pothier
Sortie le 20 juin 2010
www.bdmusic.fr
www.arte.tv




La collection Bd Music fait appel à des dessinateurs confirmés ou à de jeunes talents prometteurs qui, en s’inspirant d’une figure du jazz (chanteur, instrumentiste…) composent une véritable partition, illustrée en deux cds, par les choix musicaux d’experts de cette musique…
Un petit chef d’œuvre d’humour et d’intelligence est sorti le 20 juin dernier aux éditions de Bruno Théol, consacré à deux figures emblématiques du jazz et de  la bande dessinée, Cabu et Cab Calloway.
Cabu a une connaissance immense du jazz et une véritable passion pour Cab Calloway, le maître de cérémonies du Cotton Club, chanteur, scateur, danseur, compositeur et chef d’orchestre, qui resta fidèle toute sa vie – et elle fut longue et bien remplie - au titre qui lui avait valu la gloire « Minnie the Moocher » : ayant oublié les paroles, il se livra à une improvisation jubilatoire en introduisant dans la chanson des « Hi de ho » qui allaient devenir sa signature.
Prince du « hi de ho », roi des zazous,   Cab, à la longue mèche noire, raide et tombante, fut  un personnage de la scène et de la musique noires : arrivé à New York à la fin des années vingt, quand le Savoy Ball room est le paradis des danseurs, il s’impose vite : macho, séducteur, maquereau mais aussi musicien confirmé, il fait de son corps son propre instrument, et manifeste une telle folie sur scène qu’il devient une figure de la culture afro-américaine, sophistiquée et urbaine.
La Bd nous raconte tout ce qu’il faut savoir sur ce grand « entertainer », une version scénarisée avec talent au moyen de planches très drôles signées Cabu, mises en couleur par  Wozniak (comme dans la collection de Cds qui porte le titre de Cabu Jazz dont la dernière livraison est époustouflante, Lester Young clarinettiste, Barney Kessel, Gil Evans, Art Blakey et les Jazz Messengers).
Cabu est un vrai fan de Cab Calloway tout comme Jean François Pitet qui sait absolument tout de l’artiste et qui lui a consacré un site exhaustif, en français s’il vous plaît, www.thehidehoblog.com  :  infos, anecdotes et surprises.
Il a d’ailleurs rédigé les pages très précises et illustrées de vignettes de sa collection (visiblement énorme) de la biographie de  ce ‘fou chantant’. Il est aussi à l’origine du documentaire inédit passé sur Arte le 4 juillet dernier « Cab calloway, le dandy de Harlem ».

Christian Bonnet s’est chargé avec le talent qu’on lui connaît de faire la sélection musicale et d’établir la discographie. C’est l’un des mérites  de ce numéro particulièrement soigné que de nous faire découvrir l’œuvre de Cab Calloway de 1930 à 1953 et d’insister sur son rôle à la tête de grands orchestres, tout en restant un fabuleux  vocaliste du scat.
Le deuxième CD est à cet égard absolument fantastique ! Sans être  un inconditionnel absolu de Cab, on ne peut que s’émerveiller des années passées aux commandes de cette rutilante machine de l’ère swing,  dans laquelle s’illustraient Chu Berry, Dizzy Gillespie,  dès 1939. Et en 1941, au plus haut de sa forme, l’orchestre de Calloway comptait de sacrées
pointures comme Cozy Cole, Lammar Wright, Milt Hinton… Dizzy éternel farceur et rebelle à toute discipline, se fit renvoyer lorsqu’un soir, il envoya une boulette (de trop) sur la tête du maître en train de stratosphériser. Mais on lui doit pendant son séjour dans l’orchestre de beaux arrangements et ce délicieux I beeped when I shoulda bopped,  qui résumait à merveille la position de Cab Calloway.
Si vous ne dressez  pas la tête en entendant  ce Limehouse blues endiablé, ou ce Cupid’s nightmare, si vous ne frissonnez pas d’aise avec cet envoûtant  Lonesome nights où Chu rivalise en suavité avec les plus grands ténors Ben Webster et Coleman Hawkins, passez votre chemin et abandonnez l’ idée de comprendre un jour ce que fut le jazz dans sa très grande époque…  
Donc on récapitule : une BD savoureuse et très actuelle,  un fameux petit lexique de l’argot des musiciens de jazz (d’ « alligator » à « zoot suit » sans oublier « reefer »). Une  mine d’informations avec une iconographie originales . Une sélection musicale excellente avec en final,  un époustouflant Ain’t necessarily so, un des « tubes » de Porgy and Bess : version hilarante, déjantée, où Cab, souffle, éructe, se gargarise , avec des outrances qui pourraient être comparées avec ce que fit  ( plus tard) Screaming Jay Hawkins dans le célèbre I put a spell on you . Cab Calloway, l’une des gloires avec Lena Horne du film musical Stormy Weather, allait influencer le rap, le hip hop, Michael Jackson et apparaître dans une scène d’anthologie du film de John Landis, le célèbrissime The Blues Brothers en 1980, avec Dan Ackroyd  et le regretté John Belushi.
Ce numéro de la collection Bd jazz, vraiment exceptionnel, trace un portrait attrayant et richement documenté de Cab Calloway, sans oublier l’un des aspects forts de cette période et de l’histoire du jazz, la ségrégation raciale.

Sophie Chambon

Mariage RJM 06 09 148

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29 juin 2010 2 29 /06 /juin /2010 22:44

 

livrejazz.jpg

Editions TANA

www.le petit livre à offrir


Textes : Misterioso assistée de Pascal Anquetil, Raphaële Vidaling et Rémi Vimard

Prix 14,90 euros

 

Jazz en jeux ? En voilà une manière agréable de se détendre en se cultivant … Quoi de plus recommandé que de se procurer cet été  le guide-coffret des éditions TANA : Le petit livre à offrir à un amateur de jazz…parce qu’il connaît Charlie par coeur ?

C’est en effet le dernier-né d’une collection originale et ludique qui rend un domaine de connaissances  accessible. Une façon ludo-pédagogique d’apprendre en s’amusant, une méthode concoctée par deux éminents spécialistes du jazz et des jeux (tous les jeux) Pascal Anquetil, Monsieur IRMA et sa fidèle complice MISTERIOSO (oui, cet « homme d’esprit » est une femme), bien connue des lecteurs de Jazzman : on retrouve d’ailleurs ses grilles de mots croisés régulièrement dans les colonnes du mensuel  Jazz Magazine , sans oublier,  aux jolies éditions ZULMA, un premier opus intitulé justement « JAZZ EN JEUX ».

Ce livre s’adresse donc aux amateurs de mots croisés, de jeux de mots en tous genres, et à ceux qui aiment le monde des mots et du jazz. Nul besoin d’être spécialiste pour jouer et se divertir. Mais les jazzfans aussi feront des découvertes, retrouveront musiciens et thèmes qui ont fait l’histoire de cette musique : ils se régaleront à la lecture de cet ouvrage, car jazz et jeux vont  bien ensemble.

 Vous saurez tout, absolument tout, et même ce que vous n’avez jamais osé  imaginer sur le jazz  en feuilletant ce guide plein de fantaisie, conçu sans ordre précis mais avec érudition, esprit, bonne humeur et humour :  rébus et charades, portraits-mystères, argot des musiciens, pochettes mythiques (et pas seulement celles de Blue Note), mini-interviews de musiciens,  citations pertinentes, « fables express » selon Alphonse Allais … Sans oublier des thèmes, attendus ou non,  comme Jazz et cinéma, Jazz et architecture,  l’amour et les standards , les femmes et le jazz  (il est toujours utile d’insister sur ce point), les gangsters et le jazz , Jazz et gastronomie , les LP  les plus vendus, la carte des clubs de jazz parisiens disparus…

Enfin, vous lirez ce petit texte au titre accrocheur : « Qu’est ce que le jazz ? »

 Question à laquelle Armstrong,  un brin provocateur, répondait : Si vous me demandez ce que cela veut dire, c’est que vous ne le saurez jamais. 

Précisons encore que l’un des attraits de ce livret est la création graphique originale,  singulière et bleue de Nicolas Pruvost  (www.nicolaspruvost.fr)

Voilà un bel objet, solide et compact, unique, que l’on gardera dans sa bibliothèque ou sa médiathèque mais que l’on pourra emporter sur la plage, dans le train ou l’avion , pour ne pas bronzer idiot et passer des vacances rêvées sur le mode jazz. Alors, n’hésitez plus ! Ces jeux de jazz sont pour vous !

 

Sophie Chambon

  Mariage RJM 06 09 148

 

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13 juin 2010 7 13 /06 /juin /2010 08:11

LOUIS JOOS : « Un piano »

Futuropolis 2010

 

louisjoos


Louis Joos n’est pas un inconnu des jazz-fans. Il a déjà signé plusieurs BD consacrées aux grandes figures comme Mingus, Monk, Powell, Coltrane ou d’autres albums au titre qui flirtent avec la note bleue comme Mood Indigo, Blues ou Jazz Concert. Le jazz toujours présent dans son l’œuvre du dessinateur Bruxellois comme une seconde peau.

Son coup de crayon comme un comme un coup de fusain joue entre un esthétique black and White si chère au jazz et une atmosphère presque sépia qui porte une poétique du souvenir d’un temps un peu révolu.

Dans « un piano », Louis Joos traverse une vie d’homme sur deux générations. Un piano, celui d’un père grand concertiste classique que l’on sent tenté par le dévoiement de l’aventure du jazz et qui cherche à transmettre à son fils son goût du piano. Le jazz présent en filigrane avec l’employé noir sur ce paquebot

de croisière. Un fils, artiste lui aussi ( Louis Joos ?) qui choisit les arts graphiques plutôt que la musique. Le piano transmis en héritage. Une rencontre douce-amère avec un Bud Powell fantomatique.

Tout cela comme des souvenirs réels ou rêvés qui reviennent à l’homme qui, dans la fin de sa vie semble courir après ses souvenirs dans les rues de New York baignées des neons des clubs de jazz de la 52ème rue encore illuminées du souvenir de Miles et de Parker comme des clichés d’un jazz hors temps .

Et la présence enfin d’un homme mystérieux à la tête de loup qui revient plusieurs fois au fil de l’album et qui contribue à renforcer la poésie de cette belle BD que l’on traverse sans passion mais avec l’émotion d’une pointe de mélancolie.

Jean-Marc Gelin

 

 

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3 juin 2010 4 03 /06 /juin /2010 11:54

Insensiblement.jpg

 

INSENSIBLEMENT  (Django)

Alain Gerber

Editions Fayard, 322p  - 19 euros

django-gallimard.jpg 

 

DJANGO

Editions Gallimard Jeunesse Musique

Collection Découverte des Musiciens

1 livre + 1 Cd, 16 euros

 

 

 

Cette année ( l’année Django) les livres consacrés au guitariste de Samois, se succèdent. On aurait bien sûr aimé que la vraie référence en la matière, l’ouvrage que Charles Delaunay lui a consacré soit enfin réédité avec tout le matériau discographique. Certes on se ruera pour les plus passionnés ( et fortunés) sur les intégrales Django.  Mais à défaut d’accéder au Saint Graal on se contentera des quelques publications qui émergent ça et là. Certaines de qualité d’autres moins.


Au rayon didactique, les Editions Gallimard Jeunesse Musique poursuivent le travail consacré à l’histoire des grands musiciens de jazz raconté pour les enfants.  L’association de Remi Courgeon ( pour l’illustration), de Stephane Olivier ( pour les textes) et de Lemmy Constantine ( en narrateur du CD) a déjà fait ses preuves dans l’ouvrage consacré à Armstrong. Ici c’est un très bon travail pédagogique qui, en 12 pages à peine permet à nos chères têtes bondes de connaître Django. L’histoire racontée est très simple et les questions posée aux enfants  joue sur l’intercativité candide ( attention c’est à l’usage de 6-10 ans). L’ensemble est bien illustré par le dessin efficace de Courgeon et par une bonne iconographie d’archive. Enfin les 13 titres « incontournables » balaient 1937-1953. Une excellente façon en somme de faire entendre (et comprendre) autrement le jazz aux enfants.

  

Autrement ambitieuse est l’entreprise d’Alain Gerber, au rayon « Biopic ». Alain Gerber que l’on ne présente plus s’attache à peu près tous les ans à raconter toutes les grandes figures du jazz sous l’angle « le jazz est un roman ». Cette année, Django ne pouvait bien sûr pas faire exception.

« Insensiblement » est le titre d’un morceau interprété par Paul Misraki. C’est aussi un manière pour Alain Gerber de montrer le cheminement subtil qui conduisit Django entre le jazz du Hot Club de France et celui du Bebop naissant puis fleurissant dans les caves du Club Saint Germain où Django donna ses derniers concerts. En romançant à l’extrême son sujet ( au point comme souvent avec Gerber de ne plus savoir démêler le vrai du faux et en faisant parler son sujet intérieurement), l’auteur prend un angle d’attaque original et très noir où le guitariste est ramené à son état d’âme cornélien qui lui viendrait de sa fascination pour le jazz américain. Ce qui nous vaut un long détour par quelques clichés sur l’histoire du jazz, déjà racontés par Alain Gerber dans ses autres romans (détours par Coleman ou par Lester). C'est vrai qu'il y a cette rencontre avec Coleman Hawkins

et cette portion congrue à laquelle le guitariste eut droit dans l’enregistrement mythique du Honeysuckle Rose du 28 Avril 1937. Et certainement il y a le désir qui dû tirailler le guitariste entre sa soif de reconnaissance de la part de ses héros du jazz et son désir d’homme libre. Abordé sous cet angle, la désillusion du voyage Ellingtonien, fondement du livre, prend une certaine saveur romanesque. Et puisqu’il s’agit d’un naufrage, et qu’il s’agit d’un manouche qui a toujours affiché sa liberté sauvage, Gerber saute sur le sujet pour broder autour de son personnage une trame biographico-littéraire qui lui tendait les bras. Au point de s’y vautrer parfois en y faisant intervenir une Lorna supposée être la fille aux Yeux Noirs. Personnage fantomatique qui apparaît au fil des chapitres et donne lieu à de très mauvais passages,  d’une lourdeur littéraire à laquelle Gerber ne nous a jamais accoutumé.

Il n’en reste pas moins que Gerber connaît parfaitement son sujet et se pose en sondeur admirable de l'âme humaine. D'acocrd avec Franck Bergerot pour affirmer qu'en rompant aevc cette image d'épinal  du guitaritse Gypsy, Alain Gerber casse le cliché commode et donne un nouvel éclairage à la personnalité et à l'oeuvre du guitariste. Sous un autre jour, Gerber aurait pu aborder le guitariste au coin du feu, compositeur de symphonies, passionné par Charlie Christian, ouvert aux autres musiques avec une passion dévorante et enfin auteur des plus belles compositions de l’histoire du jazz. Il aurait alors pu  titrer alors son ouvrage …. «  Sensiblement ».

Jean-Marc Gelin

 

 

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1 juin 2010 2 01 /06 /juin /2010 11:39

rock-progressif.jpg

 

 

 

 

 

 

 


Editions LE MOT ET LE RESTE
Avril 2010, 452 pages.
www.atheles.org/lemotetlereste



Rendons hommage à l’entreprise titanesque d’Aymeric Leroy qui a réussi, après de nombreuses années consacrées aux musiques progressives, un travail d’analyse critique exhaustif, à partir de recherches historiques fouillées.
A la lecture de cette somme, véritable « labour of love », vous saurez tout sur ce mouvement complexe qui a commencé en 1969 : plus de quarante années d’activité pour plus de soixante groupes dans le monde, en Europe essentiellement et surtout en Angleterre, depuis l’acte fondateur de KING CRIMSON (KC pour les intimes) avec l’extravagant Robert Fripp aux commandes du sensationnel « 21st Century Schizoïd man » ( Chapitre « A king is born »).
Le parti pris est chronologique et non thématique pour mieux couvrir et cerner une réalité complexe : de la parfaite adéquation entre artistique et commercial des premières années, à l’apogée (Effervescence 1970/ Masterworks 1972), au déclin, (1978 Annus horribilis) et autres soubresauts des années 80 (Survival), jusqu’à l’actualité de la dernière décennie du XXème siècle (Revival).

 

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SOPHIE CHAMBON

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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 06:49

LOUIS & FRANçOIS MOUTIN  
BD JAZZ
2 Cd + 1 BD
2004


Voilà assurément un numéro très particulier dans la collection BD JAZZ de Bruno Théol,  une curiosité au sens anglo-saxon du terme, du « jamais vu » dans la série  qui a retenu notre attention. Pour la première fois, des musiciens jeunes et en activité sont les héros de ce numéro. La Bd est en effet entièrement consacrée au duo et à la musique des frères Moutin (François, le contrebassiste et Louis, le batteur) .
C’est François qui a conçu et réalisé le scénario, dessinant leur histoire depuis les années d’enfance, l’initiation au jazz à Paris par leurs parents jusqu’à leurs premiers albums et à leur envol américain.

Le numéro date en effet de 2004 et l’on sait depuis que les jumeaux ont continué leur carrière internationale, en sidemen  auprès de pianistes comme Jean Michel Pilc, Manuel Rocheman, Jean Marie Machado, Martial Solal, Antoine Hervé, et aujourd’hui Tigran Hamasyan ….
Ils ont aussi créé leur propre formation, le Moutin Reunion quartet (dernier disque  « Soul dances » sorti  en mars 2010 chez Plus loin music ).

Un numéro hors norme  à l’image de ce duo de musiciens improbables qui avait commencé à faire de très sérieuses études d’ingénieur (avec Jean Michel Pilc, autre transfuge devenu pianiste de jazz à New York ).


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Sophie Chambon

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29 avril 2010 4 29 /04 /avril /2010 18:04

magma.jpg

 

PHILIPPE GONIN

MAGMA Décryptage d’un Mythe et d’une Musique

 

 

S’attaquer à Magma… l’idée est séduisante certes mais le sujet est périlleux. Comment évoquer ce groupe mythique hors norme, cet Ovni du paysage musical français des quarante dernières années, qui doit beaucoup à la réputation de son « créateur », l’étonnant Christian Vander ?

Amateur éclairé, musicologue et musicien lui même, Philippe Gonin  suit avec minutie l’histoire du collectif protéiforme dans un ouvrage au titre explicite : Magma, Décryptage d’un Mythe et d’une Musique.

Ce livre document de la très sérieuse maison d’édition marseillaise LE MOT ET LE RESTE fera date.

 

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Sophie Chambon

Les albums de Magma se trouvent tous sur le site de Seventh Records


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21 avril 2010 3 21 /04 /avril /2010 05:26

226751.jpgCollection BD JAZZ ( 2 CD et une bande dessinée)

 

Directeur de la collection Bruno Théol
Sélection des textes Christian Bonnet et Claude Carrière

 


Anita  O’ Day ? Un petit bout de femme, sapée avec élégance dans des fourreaux  serrés (son apparition dans le célèbre film « Jazz on a Summer ‘s Day » en 1958 à Newport avec ses longs gants à la Gilda et cette incroyable capeline), une gouaille faubourienne dirait-on, et même plus que cela: un réel abattage sans aucune vulgarité mais  avec un sens incroyable du swing.
Voilà l’une des grandes chanteuses de jazz , à l’égal de la triade capitoline, mais tellement moins célèbre qu’ELLA, BILLIE OU SARAH. Comme l’écrit justement François Billard, « une chanteuse pour musiciens », une véritable musicienne qui n’était pas noire. Cela lui fut même reproché un temps, elle  se fit siffler par un public blanc confondant en 1970 jazz et couleur de peau. IMPENSABLE !
Et pourtant sa voix chaude et sensuelle, son sens du rythme, son phrasé impeccable, en font une des très, très  grandes, incontournables, pour peu que l’on aime le JAZZ .
Découverte  très jeune dans les orchestres de la grande époque, elle tourna avec le batteur Gene Krupa où elle fit merveille avec Roy Eldridge (une sorte de couple Louis/Ella dans « Let me Off Uptown ») : ça swingue merveilleusement , on ne peut qu’avoir envie de taper du pied et de danser en entendant « Stop ! The red light ‘s on ». Comme dit un ami, si vous n’aimez pas, consultez !
La collection BD Jazz  illustre le parcours de la chanteuse en deux périodes fortes : un premier Cd nous la fait découvrir en « Big Band Canari » avec les grands orchestres de Gene Krupa et ensuite de Stan Kenton  de 1941 à 1945. Son passage chez Kenton assit sa réputation de « grande technicienne, capable de chanter en quarts de ton ». Elle connut de véritables succès populaires comme « Bolero at The Savoy » en 1941. Elle fut même élue « New Star » au référendum de la célèbre revue «Down Beat».
Le deuxième Cd s’attarde sur la deuxième partie de sa carrière, the Free lance singer (1945-1952) : il est passionnant de comparer sa propre version de certains tubes comme « The Lady is a tramp » immortalisé par Frank « The Voice » Sinatra ou dans des standards chantés par Billie Holiday ( l’une de ses influences avec Mildred Bailey) « Memories of you », « You took advantage of me » .

La Bd est plus surprenante, elle ne repose pas sur la vérité historique, des détails concrets, des anecdotes vécues : c’est plutôt une vision personnelle de la naissance d’un talent : l’histoire qui tient sur quelques pages seulement (format oblige) avec très peu de texte,  raconte le premier engagement de la chanteuse, qui passant une audition  dans un théâtre à Chicago est retenue par le patron qui a entendu sa voix à la radio . La jeune femme force sa chance, apprend une nouvelle chanson qu’elle chante à sa façon ; contre toute attente,  elle emballe le public alors que les producteurs, pas du tout convaincus, car elle scate, cherchent à la virer. Jolie silhouette sur fond clair en noir et blanc d’un jeune tandem breton KERSCOET qui a imaginé une Anita O’ Day pimpante et très fraîche.

 On laisse filer le Cd : même sur un titre plus « kitsch » comme « Amor », l’orchestre sauve la mise et fait entendre l’ incroyable vitalité du jazz de l’époque. Dans « Malaguena » en 1947, elle ose un scat très réussi et s’essaie même au genre latino, à ces chansons exotiques et sucrées « Jamaica Mon »  et « Vaya Con Dios ».  Contemporaine de l’ère swing (elle était née en octobre 1919), elle chante sans jamais sacrifier les paroles, elle a une diction impeccable. Tous les mots sont clairs, même dans les arrangements les plus délicats.
Sans jamais forcer la voix, ni dans l’aigu ni le grave mais jouant de diverses nuances  comme dans « Skylark » de  Hoagy Carmichael ou dans le « Drum boogie »(incantations sauvages ). Anita O’ Day avait vraiment du chien, quelque chose de plus . Si elle rencontra de très gros succès d’audience,  ce ne fut jamais la gloire, peut-être parce qu’elle ne se prenait pas pour une star, préférait se considérer comme une simple musicienne. Heureux temps où les chansons étaient formatées, où il fallait être incisif, rapide et accrocheur, déployer son talent sans fioritures ni longueurs.
Ce long box est en tous cas l’une des belles réussites de la collection BD Jazz. A avoir absolument dans toute discothèque digne de ce nom !

Sophie Chambon

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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 19:09

TABLES D’ECOUTE

Le Mot et le Reste 2010, 199p, 20 euros

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Banlieue Bleues est, on le sait, depuis 1984 un formidable laboratoire de brassage de cultures et d’idées. Mais Banlieues Bleues est bien plus qu’un festival. Réinvestissant la Cité, Banlieues Bleues crée du lien social. On en veut pour preuve cette implication des jeunes lycéens de Seine Saint Denis que les organisateurs ont voulu organiser, les associant au plus près du festival, parcourant les classes et donnant la parole aux Lycéens transformé en journaliste avec la création par eux même d’un journal «  Secteur Jazz » en marge du festival.

Et ce sont les entretiens que ces lycéens ont réalisés pour ce journal qui sont ici retranscrit dans «Table d’écoute ». Une 50 aine d’entretiens réalisés entre 2001 et 2007. Extraits brefs mais d’une grande intelligence, d’une acuité  rare. Débarrassés de trop de savoir, débarrassé des codes des sachants, ces lycéens avec une fausse candeur mais un vrai métier (qui prouve aussi combien ils ont travaillé leur sujet) posent des questions vraies, des questions qui sondent au plus profond de l’âme du musicien. Et ces musiciens, dont tous sont imprégnés de la conscience de l’impérieuse nécessité de transmettre, se livrent avec sincérité. Jouent le jeu sans fards et avec beaucoup de professionnalisme. Et de là,  souvent surgit l’émotion vraie. La parole délivrée.

A leurs questions les musiciens répondent avec pédagogie et expliquent leur amour de la musique.  William Parker habitué à parler avec les enfants défavorisés de New York trouve le juste ton. Michel Portal raconte comment la musique l’a sauvé de la solitude. Dans les réponses des uns et des autres les mêmes inspirations, les réponses qui semblent parfois se répéter  révèlent cette part d’universalité de l’amour de l’improvisation que l’on retrouve chez les musiciens. Ce mystère de la musique qui prend parfois, comme avec Milford Graves des airs de chamanisme envoûtant. Bernard Lubat joue avec les mots. Des moments d’une force intense apparaissent au détour du livre comme cette rencontre sublime avec Seun Kuti, le fils de Fela d’où émerge un personnage incarné, un clan qui s’ouvre et se livre. Une rencontre d’une belle richesse.

À l’heure où vient de se clôturer le 27ème festival , Xavier Lemettre avec cet ouvrage nous montre l’importance fondamentale de ce travail dont on sait, forcément combien il aura laissé des traces précieuses dans la construction de ces jeunes. Ces jeunes qui par là même nous transmettent à leur tour ce qu’ils ont appris. Passent le témoin. Ce qu’ils nous donnent ici c’est une vraie leçon de musique et de journalisme.

Superbe

Jean-Marc Gelin

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