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10 février 2010 3 10 /02 /février /2010 07:11

Laborie jazz 2010

Laurent Robin : Batterie Vincent Laffont : Fender RhodesBenjamin Moussay : Orgue Hammond

 

laurent robin

 

Le moins que l'on pouvait attendre s'agissant de l'album d'un batteur... c'est qu'il groove. Et, effectivement cet album là groove sur un parti pris esthétique clairement assumé : celui d'une pop jazz très électrique  dans le prolongement du meilleur de la néo pop anglaise (est-ce d’ailleurs totalement un hasard si l'album se conclut par un God Save the Queen pas si incongru que ça ?). Pour cette occasion Laurent Robin a choisi de s’associer à une formule de trio originale en réunissant uniquement deux claviers, l'un au fender et l'autre à l'orgue, chacun alternant respectivement le rôle de soliste et l'autre prenant la ligne de basse au gré des climats voulus plus ou moins électro, plus ou moins groovy. Du coup, Laurent Robin crée un « son » assez original et assez riche qu'il parvient avec un drive un peu tendu et sec à nervurer à souhait.Comme s’il compensait par son drive le moelleux des claviers électriques. Ça tourne alors en boucle sur une musique assez smoothie, parfois lunaire et parfois presque psychédélique dans un univers entre Bd et Lounge. Très bien conçue sur le plan de sa direction artistique elle s’appuie aussi sur un très gros travail de post prod qui rend le résultat plutôt convaincant. L'on ne peut manquer d'être séduit par le travail des deux claviers qui se complètent et s'entrelacent à merveille, tous deux magnifiques solistes au demeurant. Musique riche dans sa "mise en son" et en même temps une musique qui, ne rechignant pas sur des postulats de base assez « easy listening » se rend volontairement accessible, jeune et osons le mot, "populaire". Ce qui dans n’est pas ici un gros mot mais renvoie au groove, à la danse et même à l’envie de chanter. Quelques passages vocaux achèvent justement d'ancrer cette musique dans un autre parti pris, celui de la mélodie toujours présente en filigrane. Alternant les pièces courtes et les pièces plus longues, Laurent Robin recherche une esthétique originale. Dans certain cas, cet ancrage résolu lui donne un côté un peu froid, mais dans d'autres la magie de l'easy listening opère. Sans transcender pour autant. Mais pas sans charme non plus. Jean-Marc GELIN

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5 février 2010 5 05 /02 /février /2010 07:39

Un salut à Brassens

La Campagnie des Musiques à Ouïr

2 Cd Anticraft

 

etrangersfamiliers.jpg

 

Ils ne passeront malheureusement pas près de chez moi : un coup d’œil à la liste des concerts de la tournée de « La Campagnie des musiques à ouïr » le confirme. Je ne verrai pas de sitôt le spectacle musical très complet de cette bande de joyeux allumés du jazz et de bien d’autres musiques intitulé Un salut à Georges Brassens.

 

Pourtant, cela avait plutôt mal commencé : le premier titre du premier CD « Il suffit de passer le pont » m’avait plutôt décoiffée. Je les ai assez écorchées pour savoir quelles sont impossibles, les chansons de Brassens : déjà toutes ces paroles qu’il faut retenir, le rythme si particulier à prendre, l’escalade sur plusieurs octaves à réussir, sans oublier les harmonies délicates. Le Forestier, fils putatif, ne s’est jamais trompé d’ailleurs en les chantant le plus fidèlement possible, «à la Brassens».

 

Alors, on surmonte sa surprise quand, dans ce double album, deux (des principaux) chanteurs tout à fait complémentaires, c’est à dire opposés, relèvent le très sérieux défi de « reprendre » Brassens. Le projet demande une bonne dose d’inconscience tant l’ami George a imposé son style pour distiller ses couplets à rallonge, en s’accompagnant lui-même à la gratte, de son sourire timide, avec, dans l’ombre, le fidèle Joël Favreau à la seconde guitare, et Pierre Nicolas, contrebassiste et contrepoint indispensable.

 

Denis Charolles, l’un des fondateurs avec Christophe Monniot, de la (déjà ancienne) «Campagnie», est la cheville ouvrière de ce programme insensé : il nous fait redécouvrir avec une nostalgie attendrie, tout un pan de notre patrimoine musical, certains aspects de « la chanson francèèèèèèse » d’antan comme dans le délicieux« Presque oui » du couple improbable Jean Nohain et Mireille, ou d’autres versants plus graves avec les paroles musicalisées de Jean Richepin et de Paul Fort. Un grand moment encore, quand Denis Charolles arrange de façon sauvage et âpre « Gastibelza » d’aprèsVictor Hugo (« le vent qui vient à travers la montagne me rendra fou »).

 

De toute façon, dès « la marche nuptiale », on s’était acclimaté, accroché par la rage d’un des chanteurs Loïc Lantoine qui crache les mots d’une voix rauque et râpeuse : il a une force poétique rare, proche d’un Minvieille, mais aussi d’un Arno ou d’un Tom Waits, dans la splendide « Supplique pour être enterré sur la plage de Sète » .

Eric Lanteine, le sudiste, a un ton passionné, la voix tendue, le timbre vibrant, tout en

restant plus respectueux des intonations d’origine comme dans « Les Passantes ».

Il y a aussi Joe Doherty, « l’étranger », le violoneux irlandais,  touche « exotique » de pop mâtinée de folk, au bel accent sur « Saturn » (on songe aussi à John Greaves, qui a repris aussi cet émouvant  poème).

Toutes ces correspondances n’ont rien d’étonnant au fond : ces musiciens sont de la même trempe, de la même famille.

Et puis, il y a les parties purement instrumentales qui sont un régal parce qu’elles complètent, enrichissent et soulignent la beauté mélodique des mélodies de Georges Brassens (l’introduction aux accents concertants, absolument magnifique  des bancs devenus « pudiques », ou la fin époustouflante de « La religieuse ». Avec Charolles, véritable homme orchestre, ils sont six, poly-instrumentistes qui savent aussi donner de la voix à l’occasion: François Pierron (contrebasse) , Julien Eil (saxophone baryton-clarinette basse), Joseph Doherty ( saxophone alto-flûte-violon-guitare « irish spirit »-synthés-banjo), Patrice Fournier (accordéon), Alexandre Authelain( clarinette-sax ténor et soprano) : voilà une belle équipe décontractée, joueuse « La chasse aux paillons », une fanfare reggae sur « La Marine », anar et truculent sur « la guerre de 14-18 » . 

Décidément, avec ces gaillards, on peut s’attendre à de drôles de variations : il faut oser, comme dans les arrangements gonflés du « percuteur » Charolles  sur « Au bois de mon cœur », version étrangement décalée qu’il envoie lui-même, avec un accompagnement qui donne le frisson.

On aura compris que, dans le répertoire fourni de Brassens, la Compagnie a puisé des chansons à la mesure du talent des musiciens : sans trop insister sur l’ « amour vache », ils adoptent parfois un ton résolument potache, bon enfant, comme dans « Le temps ne fait rien à l’affaire » mais penchent très souvent vers une drôlerie  déjantée et baroque que permet une instrumentation étoffée. Mais une gravité émue, une sourde mélancolie l’emportent sur des titres comme l’antépénultième« Vieux Léon » que tous reprennent parce que, là vraiment, Brassens est insurpassable. Il les faut tous… pour accompagner le cortège.

 

Vous l’aurez compris, si les « Etrangers familiers » passent près de chez vous, courrez les voir! Vous retrouverez « la magie du mot et du verbe » du libertaire auteur-compositeur dont la leçon a été comprise. Il peut reposer en paix. Salut l’artiste !

 

Sophie Chambon

 

 

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29 janvier 2010 5 29 /01 /janvier /2010 08:05

Live au Duc des Lombards **

Cristal records 2009

nicolasfolmer.jpg 


Place au jazz à Paris dans l’antre du Duc, le célèbre club de la rue des Lombards ! La salle refaite à neuf accueille régulièrement des soirées prétextes à rencontres entre musiciens qui essaient, échangent, improvisent,  jouent! Et qui sait, si l’accord se fait, un enregistrement live en découlera peut-être, en gardant les meilleures prises des séances.

C’est ainsi que le trompettiste Nicolas Folmer avec son quartet a rencontré le saxophoniste ténor Bob Mintzer lors de 4 soirées en juillet dernier. Sans être dans la salle, on est vite au cœur de la pulse. ça joue vite, bien, et ça swingue. On  croirait entendre une formation plus étoffée tant les souffleurs  envoient, les deux premiers titres sont en effet particulièrement musclés, survitaminés .

Antonio Farao au piano, Benjamin Henocq à la batterie et Jérôme Regard à la contrebasse assurent une rythmique souple, nerveuse et racée qui soutient l’alliage des souffleurs qui prennent chacun de beaux chorus. Bob Mintzer n’est pas le premier venu et il apporte un contrepoint pertinent à son complice, Nicolas Folmer, un trompettiste avec lequel il faut compter, un des meilleurs sans doute, tant sa technique et son phrasé sont impressionnants. Pas de risque quand il s’élance, aucune ambiguïté, il fonce avec assurance et doigté. Une mise en place impeccable, un son plein et profond , une légèreté qui frise l’acrobatie  : de la haute voltige. Nicolas Folmer est aussi un compositeur éclectique , à l’aise dans les contextes divers de ses nombreux projets . Son écriture (il a composé 6 titres sur 8) est précise, sans faille, un peu trop classique à notre goût pour surprendre et émouvoir. On sent dans « Let’s rendez vous » par exemple  que l’on affaire à un habitué des grandes machines,  il est co-directeur avec le saxophoniste Pierre Bertrand du PJBB. Surviennent ensuite les ballades comme « Soothing spirit » :  sur tempo lent,  voilà une mélodie qui se retient , un thème simple et récurrent , évoquant une chanson d’autrefois. On aime bien l’autre titre, plus spirituel, « absinthe minded » à la douce mélancolie.

Au final, on écoute avec intérêt mais sans ressentir vraiment de trouble, on ne se perd pas dans ce paysage sonore, fluide et contrasté mais un rien trop lisse. Ce n‘est pas tant la conviction  qui manque que la flamme qui fait vaciller les certitudes…  Sophie Chambon
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28 janvier 2010 4 28 /01 /janvier /2010 22:59
visuel_autour_de_pessoa_WEB.jpg   AUTOUR DE PESSOA: "Pessoa, l’intranquillité + La rumeur d'un monde

2 DVD + 1 CD : Arto films/Zig-Zag Territoires/Harmonia Mundi.

Frédéric Pierrot (voix), Christophe Marguet (dm), réalisation : Fabrice Radenac et Alain Epo.

 

 

 

Quel beau projet que cette lecture du « livre de l’intranquillité » de Fernando Pessoa par le comédien Frédéric Pierrot et avec la batterie de Christophe Marguet comme unique accompagnement musical. Un comédien possédé, complètement imprégné par l’univers poétique et singulier de Pessoa et un musicien à l’écoute, suggérant sans cesse des idées musicales qui enrichissent le propos. Une batterie à la fois mélodique et rythmique, qu’elle soit légère et diluée ou puissante et tendue, elle est toujours juste, à la bonne place, en totale osmose avec le discours poétique. Le CD audio de cette performance fonctionne très bien par lui-même, mais la réalisation sensible et intelligente de Fabrice Radenac rend le DVD encore plus intéressant, en particulier dans sa manière de mettre en relation et sur un même plan, le jeu d’acteur de Pierrot et le jeu de batterie de Marguet. Un deuxième DVD, sous forme d’un documentaire réalisé par Alain Epo, permet de rentrer au cœur de l’œuvre poétique de Pessoa avec des témoignages passionnants du spécialiste Robert Bréchon et de nos compères Pierrot et Marguet, toujours aussi pertinents, même lorsqu’ils ne font que parler de Pessoa.


Lionel Eskenazi

 

 

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28 janvier 2010 4 28 /01 /janvier /2010 05:44


Poulsenroychevillon.jpgGuillaume Roy (v), Hasse Poulsen (g), Bruno Chevillon (cb)
Quark records

A l'instar de "El[le]" de Françoise Toullec, Une certaine forme de politesse livre une musique aux confins de la musique improvisée et de la musique contemporaine. Musique abstraite et pour le coup, loin du jazz, musique contemporaine dans la sonorité toute en désaccords. Improvisée car, là, rien n'est écrit. Jeu de cordes, doigts qui s'entremêlent sur les instruments, tentative de s'harmoniser avec la volonté de dérouter l'auditeur, musique glissante et percussive ("Détruire, peut être"). Roy / Poulsen / Chevillon propose une musique énergique et puissante en alternance avec des moments de flottements souvent déroutants.
Mais, n'est ce pas le but recherché par ce trio... finalement? Si on extrapole l'idée générale des douze titres du cd, le trio évoque des situations de conflits, d'angoisse, de tension, de mal-être, de malaise. On l'entend dans la musique ainsi que des moments de retraits, d'absence et d'indifférence. Le trio présente une image expressive de ce qu'est notre société d'aujourd'hui: on se parle sans s'écouter ni échanger, on répond par mail sans se connaitre en distribuant provocation, agressivité, conseils ou effets d'annonces (regardez les commentaires des blogs pour vous vous en convaincre) tout en restant derrière notre écran. On gesticule dans son coin sans parler à qui on veut s'adresser. Tout cela amène a un sérieux rétrécissement de l'échange.
Il en résulte une musique dure qu'on écoutera avec attention en concert et même avec passion pour peu qu'on nous expose l'idée de départ. Le fait que le groupe ait enregistré dans une salle, à la Dynamo d'Aubervilliers, sans public explique peut être cette sensation de distance et de flottement entre les intervenants et par conséquent dans la musique. Comme si l'énergie et l'intérêt de la musique s'atténuait entre la scène et la console d'enregistrement; parce qu'il n'y a personne entre pour la capter, la dynamiser, la secouer, l'encourager, la fantasmer. Et cela, les musiciens du trio l'ont subi et cela s'entend: il n'y a pas de résonance symbiotique dans la musique.
Jérôme Gransac

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26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 07:47

Sébastien Texier (sax alto, clarinette, clarinette alto), Claude Tchamitchian (contrebasse), Sean Carpio (batterie) + invité : Henri Texier (contrebasse) sur trois titres.

Cristal Records/Harmonia Mundi – 2009 –

sebastientexier.jpg Sébastien Texier vient de réaliser un disque mature, sensoriel et puissant qui ne correspond pas forcément à l’image superficielle que l’on peut avoir de lui, celle d’un musicien lisse, sage, discret et timide. « N’oublie pas que tu es un animal » est la devise de cet album où Sébastien sort de ses gonds, se dévoile, étale ses tripes et nous délivre sa sensibilité et sa sauvagerie, tel un félin bondissant, agile et intuitif, qui maîtrise parfaitement la situation. La situation musicale d’un « power trio » comprenant un sax ou une clarinette,  une contrebasse (et parfois deux, comme sur les trois titre où il invite son père Henri) et une batterie fort impressionnante, conduite par Sean Carpio, que l’on ne connaissait pas et dont on se souviendra. Une formation sans piano et sans instrument harmonique, qui joue sans filet une musique sincère et écorchée, qui nous va droit au cœur. Qu’il joue du sax alto, de la clarinette, ou de la clarinette alto, le feeling, l’intelligence et le contrôle de soi est toujours présent dans son jeu. Qu’il compose (huit morceaux sur dix), laisse s’exprimer Claude Tchamitchian (dans le remarquable exercice de contrebasse solo « Ombre D’or ») ou qu’il reprenne un morceau de la pianiste arménienne Anahit Simonian (« Tango »), la sensibilité mêlant rage et douceur, reste sa marque de fabrique. Le disque commence avec « Lilian’s Tear », un morceau au groove léger et délicat, que Sébastien a spécialement écrit pour mêler les deux contrebasses de deux de ses plus illustres représentant dans le jazz français (Henri Texier est à gauche et Claude Tchamitchian à droite). Puis avec « Pain de Singe », la tension, l’animalité, et la sauvagerie règnent en maître avec une clarinette alto tourbillonnante et une batterie bondissante à l’énergie hyper-tendue. Citons encore « The Yellow Cab Experience » avec sa clarinette dansante et enivrante ou l’originalité structurelle de « Broken Worlds » où c’est la clarinette alto qui tient une rythmique continue pendant que contrebasse et batterie jouent les solistes. Un bien beau disque dont l’ampleur s’accentue à chaque écoute et où l’animalité sensorielle est dotée d’une grande intuition, intelligence et sensibilité musicale.

Lionel Eskenazi

 

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26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 07:38

circum disc 2009

circum.jpg Circum, association lilloise à la Malterie  qui a créé son propre label, dispose d’une formation plus étoffée, un de ces grands formats, créé dans  le contexte pourtant difficile  du big band  jazz . Le ravissement est donc le deuxième album sous le nom de Circum grand orchestra, après un premier qui avait déjà fait forte impression. Créé officiellement en mars 2000,  l’ensemble qui défend et met en pratique une expression et esthétique communes, accueille toujours  des invités de la scène jazz et improvisée, et réunit la même troupe, exemple d’une belle fidélité en la matière : Sébastien Beaumont (guitare), Julien Favreuille (sax ténor) , Jean Baptiste Perez (saxo alto), Christophe Hache (basse), Christophe Motury et Christian Pruvost (trompette), le batteur Jean Luc Landsweerdt, Nicolas Mahieux (contrebasse), tous trois membres de l’ ONJ Barthélémy.. Plus présents que jamais, on retrouve les frères Orins, Peter,  l’un des deux  batteurs de ce disque et Stephan le pianiste de la formation,  le guitariste compositeur de la plupart des titres Olivier Benoît ( à l’origine de la conduction hallucinante d’orchestre avec gestuelle consignée  et improvisation collective de la troupe nordiste « La pieuvre » découvert pour notre part à LA  MAROQUINERIE en 2004, lors d’un festival Grands formats XL ) .

On continue à apprécier ce collectif engagé, à l’ancrage nordiste, aimant cet attachement à la terre natale et à la région lilloise, alors qu’il est si difficile de vivre au pays.  L’album peut s’entendre d’une traite : une suite rythmée illustrant le court livre de Marguerite Duras, « Le ravissement de Lol V. Stein ». On entend alors en écho une sorte d’opéra rock contemporain avec un big band  fiévreux, très cuivré et musclé ( 5 souffleurs bien allumés, une section rythmique doublée et deux guitares très électrisées, divinement saturées). Le type de formation que l’on aime évidemment, avec un son ample, magnifique, généreux et personnel, des ruptures de rythme fréquentes, des accélérations précises et brutales, une urgence de la musique qui s’impose  dans ce théâtre de mots baroques. Les douze instrumentistes sont tous formidables et ne se privent pas pour poser à tour de rôle quelques beaux chorus : il faudrait tous les citer, et aussi pour leur jeu d’ensemble dévoilant de splendides unissons. Les amateurs de fines textures, et de recherches sonores, épris de jazz contemporain et de rock progressif  seront vite conquis par l’enthousiasme, l’énergie, la libre circulation d’une  écriture très construite qui laisse place à des improvisations de haut vol. Les arrangements soutenus et tirés au cordeau,  la « mise en scène » impeccable concourent à une dynamique d’ensemble cohérente et lisible. Plongez vite dans un spectacle total, et allez donc découvrir rapidement cette machine à swinguer troisième millénaire…

Sophie Chambon

www.myspace.circum

 

 

 

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24 janvier 2010 7 24 /01 /janvier /2010 19:57

Telarc 2009

Mike-Stern.jpg


Avec un peu de malchance, nous serions passés totalement à côté de ce « nouvel » album de Mike Stern paru il y a déjà 6 mois sous le label Telarc. Car cet album qu’il nous propose avec une jouvencelle fraîcheur nous ramène un peu à l’âge de nos 15 ans, celui où nos oreilles avides de musique faisaient peu de distinction et gobaient dans un même mouvement du rock le plus dur au jazz le plus cool. Véritable caméléon, Mike Stern s’attaque ici à un album à géométrie variable qui, sur ses propres compositions invite quelques amis de (très) haute volée. L’ex-star des « Blood Sweet and Tears », celui qui tâtait de la gratte à l’âge de 28 ans aux côtés de Miles Davis (« Man with the horn ») puis au côtés des frères Brecker dans Steps Ahead, montre qu’après toutes ces années il n’a pas perdu un once de son envie de jouer. Et d’en découdre. Qu’il s’associe à l’incroyable et ultra véloce Steve Vai venu pour sa part du hard rock américain pour des joutes inouïes ou encore à Eric Johnson pour des échappées plus country, Stern montre qu’il fait toujours partie de ces guitars héros qui depuis 40 ans traversent la musique depuis le jazz et ses descendances rock jusqu’au metal le plus rude. On y retrouve tout : les accents de Hendrix pour les uns, Clapton pour les autres,  Jeff Beck mais aussi Metheny, Mc Laughin ou encore et surtout de Jimmy page. Et ce sont alors un alignement de duels échevelés dont les compositions importent peu et dont les improvisations batailleuses s’achèvent sans vainqueur, par des fade out, preuve à la fois de la spontanéité mais aussi la faiblesse des structures d’écriture. D’autres invités dans cet album décidément très éclectique : on notera ainsi la présence de Richard Bona dans un titre qui fait la jonction entre le Makossa le plus africain et le rock réverbéré ou celle encore de Medeski, Martin and Wood qui avec Bob Malach entreprennent le thème le plus groove de l’album. Mais on s’arrêtera avant tout sur les deux morceaux interprétés en quartet avec Esperanza Spaulding, révélation montante de la contrebasse et chanteuse délicate accompagnée de T. Lyne Carrington au drive de dentelle. Modèles de finesse et parenthèse enchantée dans la virilité des échanges guitaristiques de l’album.

Véritable caméléon, Mike Stern signe là un album certes un peu décousu, mais d’une grande générosité. Virtuose sans l’être vraiment Mike Stern se fait ici, avec ses invités, passeur d’un rêve d’adolescent.

Jean-Marc Gelin
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22 janvier 2010 5 22 /01 /janvier /2010 07:12

 

Stéphan Oliva (p), Claude Tchamitchian (b), Jean-Pierre Jullian (dm).

La Buissonne/Harmonia Mundi – 2009

oliva

 

Quel bonheur de retrouver en studio le pianiste Stephan Oliva dans un projet en trio (neuf ans après « Fantasm » avec Bruno Chevillon et Paul Motian). Un trio qui lui tient particulièrement à cœur puisqu’il s’agit de la formation avec qui il enregistra son premier album (« Novembre » en 1990 pour le label Owl) avec déjà l’ingénieur du son Gérard de Haro, qui participera d’ailleurs à l’élaboration de la plupart de ses disques. Des retrouvailles autour d’une forte amitié, doublée d’une évidente connivence musicale, participent à ce projet où la musique évolue librement et très naturellement, propulsée par une interaction quasi télépathique entre les trois musiciens. « Stéréoscope », un titre d’album qui évoque la photographie en relief : un espace en 3 D où chaque musicien, à part égale, apporte une profondeur de champ poétique aux compositions belles, fines et subtiles de Stephan Oliva. Une ambiance mélancolique et délicate au son feutré pour une musique de chambre intimiste, envoûtante et magique (« Stéréoscope », « An Happy Child » ou « Cortège »). Quelquefois, le tempo est plus enlevé, comme dans le tourmenté « Labyrinthe » où l’on se perd, à bout de souffle, au rythme haletant de l’inventive batterie de Jean-Pierre Jullian ou « Cercles » avec un Claude Tchamitchian très véloce pendant l’exécution d’un frénétique chorus endiablé. Douze morceaux assez courts, comme autant de pépites oniriques, sombres ou rayonnantes, mais qui vous vont toujours droit au cœur, au plus profond de votre sensibilité.

Lionel Eskenazi
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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 20:44

 

cd213.gif

Autoproduction - 2009

Distribution Musea Gazul record

 

 

Françoise Toullec est une pianiste improvisatrice et une compositeur qui signe avec el[le] son cinquième album depuis 1994. Pour une première écoute de sa musique avec el[le], la pianiste endosse la fonction de conceptrice musicale. En effet, el[le] se distingue par huit pièces décomposées en quarante plages pour une musique qui se situe aux confluents de la musique improvisée de la musique contemporaine et de certains idiomes jazz. La musique est très écrite par endroits et laisse entrevoir des passages instrumentaux et vocaux improvisés inhabituels en jazz et musique improvisée: la structure musicale est ductile à souhait et la collaboration duo piano/voix, avec Claudia Solal aux onomatopées, chants et bruits divers, est tout à fait fantaisiste. Toullec creuse le sillon de la musique contemporaine electroacoustique avec les interventions atonale et dézinguée du sax spectral d'Antoine Arlot et de la contrebasse couinante de Louis Michel Marion.
A force d'écoutes, on découvre des petites pépites mais dans sa globalité, cette musique abstraite, impalpable et improbable nous parait très hétérogène à l'oreille et difficile à appréhender même si on apprécie les prouesses techniques et rythmiques et la précision de l'esthétique de Toullec.

 

 

 

Site de Françoise Toullec (http://francoisetoullec.free.fr/)

 

 

Jérôme Gransac

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