Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 novembre 2015 1 16 /11 /novembre /2015 20:35
PANORAMA CIRCUS : « PAINTER OF SOUL »

LIFE STYLE SOUNDS 2015

Mathieu Jérôme (p, wurlitzer, clavinet, synth), Jean-François Blanco (sample, scratch, prog, percus, synth), Jean-Philippe Morel (cb), Philippe Gleizes (dms), David Aknin (dms), Vincent Courtois (cello), Elise Caron (vc, fl), David Neerman (vb), Mederic Collignon (cnt), Thea Hjelmeland (vc), Maxime Delpierre (g)

On hésite à vous parler de musique aujourd’hui. Poster une dérisoire chronique d’album semble totalement incongru, presque déplacé.

Mais voilà nous aimons la musique autant que la vie. Autant qu’elle est honnie par ces fous sanguinaires qui haïssent notre amour du rire, notre désir de joie et du beau et nous pensons qu’il ne faut renoncer en rien. Jamais. Ne pas s’arrêter de vivre heureux, ne pas cesser de vous raconter ce qui nous rend heureux et quoiqu’il arrive partager nos rêves avec vous. Malgré l’horreur.

Alors oui aujourd’hui j’avais envie de vous parler d’un album remarquable et je ne vais surtout pas me gêner.

Avec ce Panorama Circus voilà bien un album conçu avec une énergie décapante par Mathieu Jérôme et Jean-François Blanco. Des moments de groove d'une superbe modernité comme sur ce très electro-hip Retour de Chewbacca avec un Philippe Gleizes totalement décoiffant s’acoquinent avec un gros travail sur les sons venus de nulle part. Ce sont les laptops et les turntables qui virevoltent. C’est parfois rock et c’est parfois free. Parfois sauvage et toujours animé. Dessin animé, presque.

Elise Caron nous emporte de sa voix libre et farouche à moins qu'elle ne se transforme en vestale très pop. Les furies free de Thomas de Pourquery ( Crazy latin suff) à l’alto et les envolées très milesiennes de Collignon ( Free metal morfing) , les salissures rock de Maxime Delpierre (painter of soul) qui laisse traîner ses sons un peu garage et qui s'accouple avec l'acoustique du pianiste et enfin la passion à fleur de mailloche d’un David Nerman juste sublime ( Beyond the blue floyd magnifiquement ecrit ) émaillent cet albul toujours inventif et surprenant.

En l’écoutant j’avais un peu l’impression d’être pris par la main et emmené dans une sorte de Palais des glaces aux miroirs déformants. Un peu halluciné.

Il y a une vraie dynamique dans cet album remarquablement conçu, puissant,

énergique.Vivant. Maginifiquement vivant.

Jean-Marc Gelin

Partager cet article
Repost0
12 novembre 2015 4 12 /11 /novembre /2015 20:20
Didier Ithursarry quartet : " Kantuz"

Label LagunArte/L’autre distribution

www.lagunearte.org

www.didierithursarry.com

Encore chaud dans les bacs, après le concert du 28 octobre à l’Ermitage parisien, Kantuz, le nouveau CD du quartet de Didier Ithursarry, nous fait voyager dans des territoires aimés. Difficile de renier ses origines, Kantuz, traditionnel basque, exprime dans cette langue difficile et mystérieuse, « l’instant présent où l’on chante». Du chant, il y en a encore avec «Habanera pour François Béranger», hommage au chanteur militant des années soixante dix, trop tôt disparu, titre qui prolonge délicatement l’une de ses chansons «Grand-mère», en écho. De la danse encore, car si « Kantuz » invite à la danse avec son rythme éblouissant, il y a encore plus virtuose avec «L’antichambre», positivement à couper le souffle. Tourbillon d’une valse qui n’est pas ravélienne, qui rappelle aussi qu’elle n’est pas synonyme des seuls plaisirs bourgeois. Eh oui, cet accordéoniste vient aussi du bal et de cette tradition populaire, qui n’est pas un folklore imaginaire. Encore que, partant de ce socle qui le constitue et de ses racines, l’accordéoniste nous emmène fort loin avec le concours de ses camarades de jeu, parfaitement en osmose. Une rythmique de rêve, Joe Quitzke et Matyas Szandai et un soufflant toujours émouvant Jean Charles Richard, tant il sait nous emporter dans les volutes de son soprano dont il nous fait aimer la sonorité caractéristique, toujours un peu aigre. L’association avec le saxophone, en particulier le soprano est un des éléments les plus convaincants de cette musique, vite incandescente. Une affaire de matières, de textures qui souligne le caractère original de cet instrument, loin des clichés qui lui sont associés. Ithursarry n’a-t-il pas tenté avec succès un autre alliage inusité dans cet Oboréades absolument unique, porté par le hautbois de Jean-Luc Fillon ? Si Didier Ithursarry est un taiseux, ses projets parlent pour lui. Il est l’un des accordéonistes qui comptent aujourd’hui, engagé dans les projets les plus divers, depuis son passage à l’ONJ de Claude Barthélémy, l’Orphicube d’Alban Darche, le Danzas de Jean Marie Machado... Il faut le suivre, les yeux fermés. Comme dans cet album magnifique, construit avec délicatesse et intelligence qui s’ouvre sur tempo vif et se conclut sur un «Sonne» plus introspectif, tout aussi intense. A découvrir vite.

Sophie Chambon

Didier Ithursarry quartet : " Kantuz"
Partager cet article
Repost0
10 novembre 2015 2 10 /11 /novembre /2015 22:07
STÉPHANE PAYEN :  The Workshop

STÉPHANE PAYEN

The Workshop : Stéphane Payen (saxophone alto), Olivier Laisney (trompette), Guillaume Ruelland (guitare basse), Vincent Sauve (batterie)

Villetaneuse, juin 2014

« Conversations with the drum » Onze Heures Onze ONZ 010

« Music by Doug Hammond » Onze Heures Onze ONZ 015

www.onzeheuresonze.com

Deux CD presque coup sur coup pour ce groupe rassemblé par Stéphane Payen : le premier avec ses compositions, avant l'été ; et le second, consacré à la musique du batteur Doug Hammond, qui vient de paraître. Ce groupe est né comme une sorte d'atelier, du désir qu'avait Stéphane Payen de jouer avec Guillaume Ruelland et Vincent Sauve, sans autre but que le plaisir de jouer, sans projet particulier d'esthétique ou de système. Au bout de quelque temps, se sentant un peu seul comme souffleur, il a suivi le conseil de ses partenaires qui lui recommandent le trompettiste Olivier Laisney. Ainsi naît un groupe, qui élabore sa musique à partir des compositions du saxophoniste, enrichies par la pratique, l'interaction, l'émulation. Le rythme, la combinaison infinie de ses figures et de ses accents, y tient une place prépondérante. Groupe de dialogues plus que de solistes, ce Workshop repose sur l'engagement de chacun dans l'action commune, dans l'optique de cette maxime que l'on prête à Max Roach, selon laquelle le jazz serait la seule démocratie réalisée. Cela fonctionne à merveille, et la progression de la musique vers son accomplissement, dans chaque plage, semble confirmer le bien fondé de ce choix, et constituer en soi une esthétique. Une partie du travail du Workshop est issu des conceptions de Doug Hammond, batteur, percussionniste, compositeur et pédagogue afro-américain qui partage désormais son temps entre Detroit et Linz en Autriche. Doug Hammond a influencé les conceptions du mouvement M'Base , et notamment de Steve Coleman (lequel a joué à ses côtés) ; il se trouve donc sur la branche maîtresse de bien des courants du jazz contemporain. Stéphane Payen avait donné en février 2009 pour « Jazz sur le vif » à Radio France un concert en duo avec Doug Hammond, et enregistré ensuite avec lui en duo, et en trio avec le bassiste Reggie Washington (Doug Hammond, « New Beginning », Blue Marge 1012). C'est tout naturellement que le Workshop reprend les compositions de ce musicien, qui sont dans la proximité immédiate des préoccupations et des pratiques du groupe. Dans l'un et l'autre disque le résultat tutoie l'excellence : il y a donc urgence à découvrir ces deux CD !

Xavier Prévost

France Musique diffusera le mercredi 11 novembre 2015 à 20h le concert « Jazz sur le vif » du 9 novembre, où le Workshop a mêlé le répertoire de ces deux disques (en première partie, le duo Airelle Besson – Nelson Veras)

Le Workshop jouera le 12 novembre au Café Colette's à Tours, puis le 26 novembre à Paris au Disquaire, le 27 à l'Ajmi d'Avignon, et le 28 au Moulin à Jazz de Vitrolles. Pour ces trois derniers concerts, Doug Hammond assurera la première partie, en solo.

Partager cet article
Repost0
9 novembre 2015 1 09 /11 /novembre /2015 20:38
CHRISTIAN BRAZIER quartet : "SEPTIEME VAGUE"

ACM jazz label

https://www.youtube.com/watch?v=12o0fnvhCac

Pour son septième album, suite logique de Circumnavigation, l'ancien officier de la marine marchande, amoureux de Marseille depuis plus de vingt ans, a su, en bon capitaine garder le même équipage, au batteur près, des musiciens aux fortes personnalités qui savent aussi être «leaders», et qui nouent une joyeuse complicité, immédiatement perceptible sur scène.

Aux côtés du contrebassiste qui est l'auteur de toutes les compositions, on retrouve avec plaisir pour cette nouvelle aventure, Perrine Mansuy au piano, elle aussi venue s’arrimer à Marseille de même qu’un autre néo-arrivant, le Normand Christophe Leloil, à la trompette. Le batteur, Australien de Melbourne, Dylan Kent, est nouveau à bord, d’une discrétion tranquille et efficace. Chacun des albums du contrebassiste constitue une nouvelle page, un chapitre non moins essentiel de ce livre ouvert, d’une vie en musique. Très régulièrement, Christian Brazier met au point un nouveau projet dont la musique précisément juste, cohérente, toujours mélodique, laisse à tous un espace de jeu équilibré.

Le résultat s'entend dès le premier thème, « D’août », une musique forte, belle et libre, vibrante et lumineuse. Perrine Mansuy a un univers vite reconnaissable dont Christian Brazier avoue se sentir proche : pianiste singulière, elle sait être lyrique dans sa longue introduction sur ce thème avant qu’elle ne soit rejointe par les zébrures du trompettiste, éclats d’un jazz vif, solaire qui s’accorde à cette lumière si intensément violente en été dans le sud. « Sur le sentier de la guerre » introduit un rythme tonique, intense, d'une douce violence, très déterminée.

Une qualité de chant, indispensable à la création d'une atmosphère poétique et vibrante, anime toute la musique du contrebassiste : la composition, en majeur évidemment - le titre "Le Lac Majeur" nous en fournit d’ailleurs un indice, est une incursion dans un monde plus apaisé.

La trompette post bop de Christophe Leloil, «le plus jazz des quatre», hoquette, stratosphérise, vocalise aussi quand il le faut, avec élégance, jouant de contrepieds mélodiques ou rythmiques, passant de sensuelles arabesques à des dissonances fortes. C’est un duo impertinent, un rien frondeur sur le titre éponyme, qui débute une sorte de petite histoire sans parole, avant que la rythmique ne le rejoigne, fine et assurée, complétant le tableau.

Pourquoi Septième vague, au fait ? Le saviez-vous, c’est la plus belle, la plus forte, celle qui vous entraîne irrémédiablement vers le plaisir, disent les surfers. Et la rythmique que le contrebassiste forme avec Dylan Kent, jamais emportée ni obsessionnelle, sait mener à bon port. Juste dans le bon tempo, comme pour ce "J'sais pas quoi faire", évocation fugitive de Pierrot le Fou.

Avec ce septième album, qui pourrait lui porter chance auprès des programmateurs, Christian Brazier trouve un accomplissement avec prises de risque et ouverture au large : il atteint une sérénité enviable, avec cette joie toujours intacte à faire de la musique. S’il a toujours « la tête dans les étoiles », il sait aussi raison garder, pour ces chansons sur mesure, pour les musiciens de son groupe, s'adaptant aux couleurs, timbres, et personnalités de chacun. « Les pieds sur terre », on vous disait.

Sophie Chambon

Partager cet article
Repost0
9 novembre 2015 1 09 /11 /novembre /2015 10:53
AKA MOON « The Scarlatti Book »

Fabrizio Cassol (saxophone alto), Michel Hatzigeorgiou (guitare basse), Stéphane Galland (batterie) & Fabian Fiorini (piano).

Bruxelles, septembre 2014

Outhere OUT 658

C'est une habitude ancienne dans le jazz (se rappeler John Kirby, et d'autres, dès les années 30) que de s'emparer des thèmes de la musique classique pour les passer à la moulinette bienveillante du jazz. Plus récemment Dan Tepfer, Guillaume de Chassy et Enrico Pieranunzi nous avaient montré qu'il est encore pertinent de tuiler des interprétations classiques et des improvisations de jazz. Le trio Aka Moon a choisi de revisiter 9 des 555 sonates pour clavier de Domenico Scarlatti, et le résultat vaut vraiment la peine d'être découvert, écouté et réécouté. On part de lignes mélodiques toujours riches, et l'on s'évade par la verve compositrice de Fabrizio Cassol. Pour l'occasion, le trio belge s'associe au pianiste liégeois Fabian Fiorini. Dans la Sonate K 87 par exemple, le piano part du texte énoncé dans sa vérité première, puis le sax alto entre en lice avec une sonorité flûtée et magnifiquement timbrée, le voyage en jazz s'accomplit dans l'instant, et l'on vogue vers d'autres horizons. Au fil des emprunts, l'aventure peut conduire à des rythmes balkaniques, à des mélopées d'orient ou à des métriques dignes du jazz le plus contemporain. Et c'est le charme absolu de ce disque que d'avoir contourné tout opportunisme mondialisant pour s'en tenir à une simple exigence de musicalité. Dans la catégorie parfois ingrate des mélanges et des détournements, ce disque conquiert d'emblée une place de (grand) choix !

Xavier Prévost

Le groupe joue le lundi 9 novembre à 18h30 au D'Jazz Festival de Nevers.

Partager cet article
Repost0
7 novembre 2015 6 07 /11 /novembre /2015 09:50
CECIL L. RECCHIA : «  Songs of the tree : a tribute to Ahmad Jamal »

Black and Blue 2015

Cecil l. Recchia (vc), Vincent Bourgeyx (p), Manuel Marches (cb), David Grebil (dms)

Dans la pile des disques que nous recevons régulièrement il y a parfois des petites découvertes qui illuminent votre journée. Merci au passage à Anne-Marie G. , une amie qui se reconnaîtra et qui m’a dit l’autre jour « tu as dû recevoir l’album de Cecil L. Recchia. Je ne te dis rien mais je pense que tu devrais l’écouter ». Donc moi, derechef, aussitôt rentré à la maison je sors l’album de la chanteuse que j’avais effectivement reçu et là, première surprise en voyant que Cecil L. Recchia a choisi un angle assez original et finalement assez peu chanté: le répertoire du pianiste Ahmad Jamal.

Le projet est assez intéressant pour mettre la jolie puce à l’oreille et l’album dans la platine. D’emblée on est pris par cette voix chaude, suave et sensuelle en diable de la chanteuse qui n’hésite pas au passage à ajouter courageusement (et intelligemment) des paroles sur la musique du pianiste.

Du pianiste, elle a appris à jouer avec les points de suspension ou à ménager des espaces comme sur cette belle et envoûtante version de You’re Blasé ( de l’album éponyme du pianiste de Pittsburg) qui ne trahit pas la version de Jamal. Comme ces marins de la Volga (Volga boatmen) dont Recchia restitue la dynamique et sur lequel elle a eu le cran d’ajouter ses propres paroles. On pardonnera à la chanteuse un Autumn leaves pas très réussi pour s’attacher à la superbe interprétation au groove subtil du tube interplanétaire du pianiste, Poinciana où là la vibration Jamal est présente au coeur des textes et de la voix.

La chanteuse pour raconter cette histoire d’amour avec son idole s’entoure d’un vrai groupe cohérent dans la façon de porter le swing à son maximum d’élégance et de savoir vivre. Au piano Vincent Bourgeyx ( que l’on adore aux DNJ !) ne cherche pas à marcher à marcher sur le clavier du maître et illumine les propos de la chanteuse tout en lançant quelques clins d’œil au maître de Pittsburg. Transformé en percussionniste fin et au drive léger, David Grebil exhale l’âme de la dynamique « jamalienne ». Quant à Manuel Marches, il garde la baraque et ancre le groove dans une présence métronomique. Ecouter The Breeze and I ou encore Minor Moods pour appréhender cet exercice subtil d’équilibriste entre les 4 membres du quartet et l’intelligence des arrangements au cœur de l’essence jamalienne.

Franchement une vraie réussite sur laquelle, sans vous commander, vous devriez vous ruer soit en écoutant l’album soit en allant l’écouter la chanteuse. Car je suis certain que les programmateurs ne tarderont pas à lui donner le temps de jeu que ce projet mérite.

Allez-y, si vous aimez Ahmad Jamal, vous ne serez ni perdus , ni insensibles.

Jean-Marc Gelin

Partager cet article
Repost0
4 novembre 2015 3 04 /11 /novembre /2015 16:11
PIERRE de BETHMANN TRIO « Essais / Volume 1 »

Pierre de Bethmann (piano), Sylvani Romano (contrebasse), Tony Rabeson (batterie)

Pompignan, 30-31mars 2015

Aléa 007 / Socadisc

Le jazzman « pur jus » a coutume de faire des standards de tout un chacun SES standards, en y inscrivant sa marque. Pierre de Bethmann fait mieux que cela, il désigne comme tels des thèmes qui n'avaient pas forcément été classés de la sorte, et par ce geste d'appropriation (ou de reconnaissance mutuelle entre le thème et le musicien) nous ouvre de nouveaux horizons, inespérés. Voici près de trois ans le pianiste, qui s'était orienté vers des formations plus étoffées, se voit proposer un concert en trio. C'est une formule qu'il connaît, et qu'il a longtemps pratiquée avec « Prysm ». Il profite de l'occasion pour convier des musiciens que, de son propre aveu « il admire depuis de nombreuses années ». Ainsi naît, à la faveur d'une proposition très ponctuelle, un trio régulier. Il faut dire que l'un comme l'autre (Sylvain Romano et Tony Rabeson) sont des orfèvres dans l'art de la réactivité, de l'échange, et de l'engagement inconditionnel au service d'une musique. C'est ainsi que, d'un thème signé Herbie Hancock (Promise of the Sun, album « The Prisoner », 1969) jusqu'au Pull Marine de Gainsbourg/Adjani, en passant par le Chant des Marais (hymne européen de la déportation) ou la Sicilienne de Fauré, Pierre de Bethmann fait siennes toutes les mélodies qui lui parlent, et auxquelles il fait dire bien d'autres choses encore. Ainsi Indifférence, valse-jazz de Tony Murena, glisse du vertige nostalgique vers un phrasé cursif de jazz moderne, sans perdre une once de son charme. Et la pulsation riche, autonome et stimulante du tandem basse-batterie lui donne une nouvelle jeunesse. La Mer de Trenet voit ses intervalles modifiés, sa trame harmonique enrichie avec audace, et pourtant la magie originelle demeure. On dira que c'est le propre des vrais jazzmen que de faire d'aussi fécondes transformations, et l'on aura raison. Cela se confirme avec les plages qui accueillent des standards avérés (Beautiful Love, For Heaven's Sake, Without a Song) : la liberté d'interprétation et de personnalisation va encore prévaloir, en parfaite osmose entre les trois compères, pour donner un disque de trio très intense, et totalement réussi. Le jazz en quelque sorte, dans sa vérité première !

Xavier Prévost

Le trio jouera les 24 & 25 novembre à Paris au Sunside

Partager cet article
Repost0
4 novembre 2015 3 04 /11 /novembre /2015 16:02
NICOLAS GENEST-YVAN ROBILLIARD « A Long Lone Way »

Nicolas Genest (trompette, bugle, voix), Yvan Robilliard (piano, piano électrique, orgue)

Rochefort, 14-16 novembre 2014

Cristal Records CR 232 / Harmonia Mundi

Deux instrumentistes de haut niveau qui sont aussi deux musiciens de grand talent. Leurs parcours sont assez différents : plus académique pour le pianiste, plus ancré dans la pratique précoce du jazz sur scène pour le trompettiste. Mais ils ont aussi une ribambelle de points communs, le goût très enraciné du jazz, et le fait d'avoir eu l'un et l'autre, parmi une foule de formateurs (et non des moindres !), Wynton Marsalis. Cela ne prédétermine nullement leurs options esthétiques, mais révèle simplement la passion conjointe de l'excellence et du jazz. Ils ont participé à de multiples groupes (Henri Texier, Julien Lourau, Antoine Hervé, Andy Emler, Laurent Cugny... pour Nicolas Genest ; Ibrahim Maalouf, Médéric Collignon, et d'autres, pour Yvan Robilliard, plus jeune, et entré plus tard dans la carrière). Ils ont aussi élaboré leurs propres groupes, et joué des musiques conçues par leurs soins. Et le duo rassemble ces expériences aussi plurielles que singulières. Dans un ample mouvement de partis pris mélodiques et de développement modal, leur disque fait la part belle, et presque exclusive, à des compositions originales de l'un et de l'autre, parfaitement en phase avec la teneur du duo. Un seul standard, mais quel : My Funny Valentine, joué dans l'intensité du recueillement, très librement, sans se laisser intimider par l'ombre d'un double commandeur qui aurait nom Miles Baker ou Chet Davis. Lyrique, intense et subtile, leur version vaudrait à elle seule l'acquisition de ce disque. Mais le reste mérite les mêmes éloges, qu'il s'agisse d'atmosphères diaphanes (A Long Lone Way, Le Saut de l'Ange....), de lyrisme retenu à l'extrême (Chandra), d'expressivité jungle (Spiritual ), ou de rythmes savamment syncopés (Matrice, Dombolo). Au travers d'influences musicales où se croisent la musique classique du vingtième siècle et les musiques de tous les mondes lointains, c'est tout un univers qui se déploie, rêveur, incisif parfois, intimement musical toujours.

Xavier Prévost

Un aperçu sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=Qa7htMj2y0w

Partager cet article
Repost0
2 novembre 2015 1 02 /11 /novembre /2015 20:32
Bruno Angelini  piano solo : "LEONE ALONE"

Bruno Angelini piano solo

www.brunoangelini.com

http://illusionsmusic.fr/leone.html

Label ( illusions)

parce qu’on en a tous besoin.

(illusions)

http://illusionsmusic.fr/sketch/sketch-jazz/sketch-jazz.html

Sortie du disque le 2 novembre Achat sur le site pour 15€, port compris.

Sergio Leone, autrefois considéré exclusivement comme l’inventeur du western spaghetti, est un créateur aujourd’hui reconnu, cinéaste mélancolique et réflexif dont l’association légendaire avec Ennio Morricone a fourni quelques-unes des plus belles musiques au cinéma, de son premier western Pour une poignée de dollars à son opus testamentaire Il était une fois en Amérique. A l’occasion de la rétrospective de l’an dernier à la Cinémathèque parisienne, Thierry Jousse avait brossé un formidable portrait dans l’émission, hélas non reconduite, sur France musique, Cinémasong.

Combinant son amour du piano et du cinéma, Philippe Ghielmetti, dont on se souvient des album avec le pianiste Stephan Oliva sur Bernard Herrmann, mais encore sur le film noir, a rencontré en Bruno Angelini un autre partenaire idéal (dans Move is, le pianiste écrivait des musiques originales pour illustrer ses films préférés) : ils ont décidé de célébrer à leur manière ce génial tandem cinéaste/compositeur en adoptant un angle de vue original : découvrir l’homme, l’humaniste derrière le cinéaste dans un hommage en forme de piano solo. En s’attaquant à seulement deux films Le bon, la brute et le truand (1966) et Il était une fois la révolution (1971) dont Bruno Angelini se sert pour laisser filer sa rêverie.

Morricone et Leone formèrent un duo de légende, la musique jouant un rôle essentiel dans le cinéma de Leone. Dans la séquence du cimetière par exemple dans Le bon... est-ce la musique qui entraîne la mise en scène ou l’inverse? Les musiques, plus vraiment illustratives, étaient composées avant le tournage et jouées sur le plateau dans un rapport ambigu et décomplexé. La « révolution » que représentent ces films tient aussi dans le fait que musique et mise en scène se combinent dans des tours inattendus, amenant des surprises constantes dans ces films hors norme, icônes de la pop culture au même titre que les James Bond.

Des chœurs célestes alliés à des cris plaintifs ou sifflés ( le cri du coyote dans Le bon...) des instruments utilisés de façon insolite (harmonica), de brutales ruptures, voire des silences, un piano en cascade de notes et enfin des orchestrations d’une incroyable variété, une palette musicale allant d’un symphonisme très XIXème à un atonalisme contemporain (Ligeti...). C’est long, lent, hypnotique, intense.

Bruno Angelini consacre deux suites assez longues à chacun des films, une musique profondément élégiaque, un piano evansien, parfois rejoignant un certain minimalisme dans des mélodies entêtantes, des reprises en boucle. Curieusement, le pianiste ne reprend pas le fredon «Sean, Sean» d’ Il était une fois la révolution, mais des échos d’Il était une fois dans l’ouest dans le numéro 3 de la première longue suite «Giu la testa», titre original du film. Ceci n’est pas très important au fond, car il ne s’agit pas de reprendre mais de transposer dans l’imaginaire, le ressenti, d’interpréter en partant du souvenir de certaines séquences marquantes de films. Et il y a assurément une constante dans la musique de Morricone pour les œuvres de Leone. Les thèmes ou certains fragments, comme des fredons, reviennent par touches légères et le plus souvent allusives. La main droite s’autorise un lyrisme poignant. Fidèle au sens de l’orchestration de Morricone, Bruno Angelini a utilisé pour agrémenter son solo, exercice ô combien difficile, des effets sonores : boucles de fender, re-recording de piano, percussions, piano préparé. Car ce ne sont pas nécessairement les scènes les plus burlesques, ces «lent duels de héros mal rasés vus en gros plans» qui resteront en mémoire, mais les contextes historiques des révolutions mexicaine et irlandaise, les massacres rappelant les atrocités fascistes où les héros désabusés finissent par tisser des liens hors nature, «à la vie, à la mort». Une mélancolie militante que l’on saisit dans près d’une heure de musique prenante.

Sophie Chambon

Bruno Angelini  piano solo : "LEONE ALONE"
Partager cet article
Repost0
1 novembre 2015 7 01 /11 /novembre /2015 15:05
3 coffrets  des enregistrements Columbia et RCA à mettre sous le sapin.
3 coffrets  des enregistrements Columbia et RCA à mettre sous le sapin.
3 coffrets  des enregistrements Columbia et RCA à mettre sous le sapin.

Nous sommes en octobre et déjà, c’est Noël dans les chaumières avec cette publication par Sony Music de ces trois coffrets des enregistrements « Columbia et RCA » de Duke Ellington, d’Art Blakey et Thelonious Monk.

3 coffrets de 8 à 10 albums chacun ( pour moins de 30 euros chacun !!! si, si ) , entièrement remasterisés comprenant des enregistrements mythiques ou moins connus de ces trois maîtres du jazz, le tout servi avec des livrets signés par les plus grands critiques américains Michael Cuscuna, Orin ou Peter Keepnews, Bob Blumenthal etc….

3 petits coffres aux trésors avec tout un tas de petits bonus de la mort qui tuent.

Un concentré de chef d’œuvre…..

Allez, pour vous donner envie :

Côté Duke ( 1959-1961) : The Columbia studios albums collection 1959-1961

Des pépites, je vous dis que ça….. !

Pure merveille ! et avec ce point d’orgue qu’est Anatomy of a murder, BO du film d’Otto Preminger

- Anatomy of a murder ( 1959)

- Jazz Party (1959)

- Festival Session

- Blues in Orbit

- The Nutcracker suite ( 1960)

-Piano in Background

- Perr Gynt suites

- Unkonown session (1960)

- Piano in the forgouround ( 1961)

- The Count meets the Duke (1961)

Le coffret ne comprend pas certains enregistrements mythiques du Duke chez Clumbia comme Black Brown and Beige de 1958 ou a Drum is a woman de 1957)

Côté Monk ( 1963- 1965): The complete columbia live albums collection

Que du live et des doubles !

- Monk in Tokyo ( double album) - 1963

- Monk at Newport ( double album)- 1963 / 1965

- Monk Big Band and quartet ( double album) – 1963

- Monk live at the Hit club ( double album)- 1964

- Monk live at the Jazz Worshop – (double album) – 1964

Côté d’Art Blakey : the complete columbia and RCA albums collections Art Blakey

Là non plus ça ne plaisante pas, avec des épopées hard bopiennes réunies autour des quelques héros des messagers du jazz.

- The Jazz messengers ( 1956) avec Donald Byrd (tp), Hank Mobley (ts), Horace Silver (p), Doug Wtakins (cb)

- Hard Bop (1956) avec Bill Hardman (tp), Jackie Mc Lean (as), Sam Dockery (p), Spanky Debrest (cb)

- Drum Suite (1956) – Donald Byrd (tp), Ira Sullivan (ts), Kenny Drew (p), Wilbur Ware (dms)

- Selection from Lerner and Loewe’s My Fair Lady, Brigadoon, Paint your wagon – (1957) avec Bill Hardman (tp), Jackie Mc Lean (as), Sam Dockery (p), Spanky Debrest (cb)

- Au club Saint Germain – (1958) (double album) – Lee Morgan (tp), Benny Golson (ts), Bobby Timmons (p), Jymie Merritt (cb)

- Art Blakey and the JM au Théâtre des Champs Elysées – (1959) – Lee Morgan (tp), Wayne Shorter (ts), Walter Davis Jr (p), Jymie Merritt (cb)

Partager cet article
Repost0