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31 mai 2011 2 31 /05 /mai /2011 07:12

Cam jazz 2011

John taylor (p), Julian Argüelles (ts, ss), Palle Danielsson (cb), Martin France (dm)

John-Taylor-Martin-France-Requiem-for-a-dreamer.jpg Avec son  trio de base auquel il rajoute le saxophoniste anglais Julian Argüelles, John Taylor signe un petit album très court consacré à l’écrivain Kurt Vonnegut (1922-2007) dont l’une des œuvres ( non éditée mais publiée dans le magazine In These Times) avait justement pour titre Requiem for a dreamer.

Et c’est sur cette base que John Taylor livre un matériau d’une belle finesse, tout empreint de cette belle rencontre entre le pianiste et le saxophoniste. Musique raffinée s’il en est, qui se donne le temps de déambuler, sans rêverie excessive mais avec légèreté. Le saxophoniste, très suave répond aux couleurs harmoniques données par le pianiste. Car s’il est des batteurs qui par leurs riffs parviennent à relancer les solistes, c’est pour John Taylor par son accompagnement que Julian Arguelles voit toujours ses discours relancés. Car , il ne faut pas s’y tromper, le maître de cérémonie est bien ici le pianiste dont la ligne esthéttique, le parti pris artistique est toujours bien cadré, remarquablement défini dans son écriture. John Taylor en a défini un cadre d’une superbe richesse musicale. Note particulière pour le saxophoniste, malheureusement trop absent de ce côté-ci de l’Atlantique.

Le format court est assez plaisant. Aucune lourdeur de style. Tout est en grâce sans toutefois jouer l’épure.

On aimerait cependant que les 4 protagonistes sortent parfois un peu de cette musique très intime, impose un point d’accroche. A défaut on aura pas trop de mal à se laisser séduire par ces quelques minutes de grâce.

Jean-Marc Gelin

 

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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 21:58

 

La semaine dernière, j’ai commencé à lire POUR JOHN CASSAVETES de Maurice DARMON (Le Temps qu’il fait ) et j’ai sursauté, en lisant cette phrase où l’auteur résume le cinéma à une histoire de portes qui s’ouvrent et se referment.

Lubitsch savait remarquablement utiliser les portes dans ses films…

Et puis, j‘ai repensé au générique extraordinaire de cette émission des années quatre vingt, qui s’appelait  Cinéma, Cinémas.  Les noms de Michel Boujut, Anne Andreu et Claude Ventura apparaissaient en rouge sang, dans cette évocation de films mythiques peints par Guy Peellaert à la manière des  tableaux d’Edward Hopper que l’on commençait à voir reproduits en carte postale, en poster, sur la couverture des livres 10/18 de Christian Bourgois .

Je ne regardais pas particulièrement le travelling de l’ homme en imperméable, coiffé d’un feutre qui ouvrait et refermait les portes d’un long couloir  - il s’agissait d’un extrait d’Alphavillede JLG (Jean Luc Godard)- mais la musique me faisait déjà chavirer d’un bonheur douloureux , nostalgique: c’était celle  d’un certain Frank Waxman pour un de mes  films culte A place in the sun de George Stevens avec Elizabeth Taylor et Montgomery Clift.

Commençait alors le magazine de cinéma le plus baroque, le plus surréaliste avec des interviews « cadavres exquis » de Pascale Ogier  ou de Dominique Sanda, des reportages de Cassavetes tournant Love streams chez lui, avec sa femme Gena Rowlands, une interview extraordinaire de Peter Falk ou de Ben Gazzara évoquant New York, sa ville natale …

On prenait le temps d’écouter les auteurs, de décortiquer certains plans, de revoir des bouts de pellicules et des images d’archives en noir et blanc… avec cette façon très particulière d’envisager le cinéma de la grande époque, celle des studios en écoutant les confidences de Sterling Hayden, Jane Mansfield, Jack Lemmon pour « Somelike it hot », de Robert Mitchum inimitable, évoquant le tournage avec Charles Laughton de The night hunter…

Il y avait aussi ces petits bijoux, des petites fictions recréant un tournage de Louise Brooks en plein désert en 1928, ou la vie de John Fante  en repassant ses photos de famille, un véritable thriller où Philippe Garnier devenait le détective  « A la recherche de David Goodis ».

Tous ces anciens qui n’en finissaient pas d’arpenter leurs boulevards du crépuscule …

Oui, vraiment , retrouver ces émissions.

 

J’ai ressorti alors la vidéo enregistrée à l’époque, puis  le DVD envoyé par JPL (Jean Pierre Lion), série de douze épisodes des meilleures séquences de l’émission que Jean Pierre Jeunet avait  ressorti à la manière d’un feuilleton, sur France 4,  en 2008 .

Cinéma, Cinémas était une émission formidable qui figure aux côtés d’ Au cinéma ce soir d’Armand Panigel,  qui animait  les jeudis soirs de mon enfance .

 

Je ne me doutais pas  encore, à l’époque que Michel Boujut aimait aussi le jazz et écrivait dans Jazz Magazine.

Aussi, je ne me livrerai pas à l’exercice de style de la notice nécrologique. D’autres s’en chargent déjà, je suppose.

Les musiciens de jazz ne fabriquent que de l’instantané : pour survivre, chaque seconde doit inventer la suivante. Ils se citent fréquemment et c’est un jeu frustrant que de relever ces références, ou de devoir les laisser passer.

Il en va de même au cinéma…La musique comme le cinéma se consomme un peu comme une drogue, on en devient vite dépendant. Et on ne choisit pas au hasard ces personnages tragiquement exposés sur l’écran . La jazz qui nous intéresse est alors une inépuisable source de fictions.

Avec l’évocation d’un musicien, d’une photo, d’un film,  d’un chorus,  commence une histoire…

Le cinéma n’est plus un métier, ni même un passe-temps, mais une façon d’être au monde.

 

Sophie Chambon

 

 

 


 

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26 mai 2011 4 26 /05 /mai /2011 08:04

Mario Canonge (p), Félipe Cabrera (cb), Obed Calvaire (dm), Linley Marthe (b), Chander Sardjoe (dm),

Mario-Canonge.jpg

Avec ses airs un peu ronchon, limite grognon, Mario Canonge risque de nous en vouloir un peu. On va longer les murs et se faire tout petits minuscules. Songez, avec 6 mois de retard, au moment où le père noël s’apprête à vous balancer dans la cheminée tous les cadeaux dont vous avez toujours rêvé, juste à ce moment-là nous découvrons le dernier album du pianiste martiniquais comme une sorte d’ultime pépite dans cette fin d’année morose. Et que l’on ne vienne ici pas nous parler de crise, de déprime généralisée et. Ah que non !

Car ce que nous entendons ici, c’est tout le contraire, c’est l’opulence, c’est la profusion, c’est la délectation à foison d’un pianiste aussi génial qu’hors pair. Chez Mario Canonge le piano semble s’allumer d’un feu jusque là éteint. Son sujet l’inspire. Qu’il s’agisse des poèmes d’Edouard Glissant, des textes de Chamoiseau ou d’Aimé Césaire en l’occurrence.

Prenez ce matériau de base, faîte appel à l’intelligence de son écriture et ce que vous trouverez ici c’est ici un de ces grands (immense) pianistes de jazz capable de vous emporter bien loin. Une présence qui irradie. Mario Canonge c’est la puissance d’un jeu très percussif alliée à une technique exceptionnelle ( ah cette sacrée main gauche capable de vous jouer des contre temps et de marteler des rythmes syncopés !). Avec toujours cet équilibre délicat entre le discret chaloupement et le swing « dur ». J’enrage de le voir mis dans certaines cases comme celle du «  jazz carribéen ». Foutaises. Bien sûr les racines sont présentes mais en filigrane plus ou moins visibles selon les thèmes. Mario Canonge ne renie rien. La créolité de la biguine au Gwo Ka. Noel filao est l’illustration la plus criante d’une créolité qui avance dans le temps, réinventée. Où l’on perçoit la qualité du travail d’arrangement du pianiste aussi à l’aise ici qu’un poisson de toutes les couleurs dans une eau bleue turquoise. Travail qui fait passer le thème par tous les reliefs possible, jamais linéaire et toujours brillant.

 

 

On jubile et en plus c’est de saison ! Et Mario Canonge de nous expliquer clairement que tout est aussi une question du son, de maîtriser ce fichu son qui pourrait se diluer dans le groove si on se laissait aller mais qui chez lui n’en est au contraire que l’expression de la force vive. Mario Canonge vient aussi du jazz et il faut absolument entendre ce très beau morceau, «  A fleur de terre » où la pianiste s’inscrit dans la lignée des grands pianistes de trio jazz actuel. Dans une forme jazz plus classique, Room 150 y affirme un swing à la classe suprême, où Canonge et Michel Zenino au sax se partagent les harmonies avec luxe de raffinement. Il y a là sous les doigts de Mario Canonge l’esprit de Bill Evans à fleur de peau.

Mais cet album va de surprises en surprises. Il y a de tout, dans un syncrétisme étonnant. Toujours nous laisse à l’affût. Manie même parfois une petite dose d’humour comme sur ce Ska du Scalp  (pour moi pas forcément le meilleur des morceaux). Va même jusqu’à embrasser la musique traditionnelle arménienne dans un geste qui trace un pont entre les cultures. Car finalement ce doit être un peu cela le jazz. Ce qui jette un pont entre des cultures où domine ce sens du rythme et du swing. Il faut être un très grand musicien pour en faire une démonstration si cohérente. Mario Canonge de toute évidence se range dans cette catégorie.

Jean-Marc Gelin

 

 

PS : que l’on me permette ici de rappeler toute l’affection que l’on porte au travail que Mario Canonge fait régulièrement avec Viviane Ginapé, cette magnifique chanteuse que nous ne saurions que vous encourager à aller voir lorsqu’elle se produit près de chez vous.

 

 

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26 mai 2011 4 26 /05 /mai /2011 06:44

 

Emarcy 2011

Gérald Clayton (p), Joe Sanders (cb), Justin Brown (dm)

 gerald-clayton-bond-the-paris-sessions.jpg

Et si la maturité n'avait strictement rien à voir avec l'âge ? C'est en tout cas une question que l'on est en droit de se poser en écoutant cet incroyable album du jeune pianiste néérlando-américain, Gerald Clayton. Avant de l'entendre on aurait pu croire que pour jouer comme ça, il fallait avoir beaucoup vécu, avoir mûri l'art du piano pour parvenir ainsi à en retenir l'essentiel. On le connaissait ancré dans une autre modernité aux côtés notamment du trompettiste Ambrose Akinmusire ou du saxophoniste Walter Smith. On lui devinait déjà ce genre de délicatesse. Et surtout on pensait qu'il n'existait plus depuis Jarrett et Meldhau d'autres voies pianistiques chez les jeunes pianistes et l'on se disait que les écoles d'Oscar Peterson, de Kenny Barron ou d'Ahmad Jamal risquaient d'être définitivement perdues.

Avec ce "power trio", Gerald Clayton montre qu'il n'en est rien et prouve au delà de ces prestigieuses références un héritage qu'il cultive à la manière des très grands pianistes. Joué  tout au long sur un registre moderato, Clayton se fait ici défricheur et explorateur d'harmonies faisant sonner le piano avec une très grande subtilité, maître en renversement d'accords savants dans une lecture qui est tout sauf linéaire. Les accords sonnent dans le grave. Ses couleurs sont en clair-obscur. Le pianiste a une façon exceptionnelle de remplir l'espace alternant le jeu serré et dense avec de vraies respirations (Sun Glimpse). Des moments d'émotions palpables surgissent avec des progressions harmoniques magnifiques. Le pianiste affiche ainsi une présence forte parce que son jeu jamais brutal est fait d'autorité et de délicatesse à la fois. Ici Clayton alterne les renversements harmoniques et les ruptures rythmiques, maître dans l'improvisation mais surtout dans la construction thématique.  

Et dans cet exercice où la notion d'équilibre est primordiale, Gerald Clayton peut s'appuyer sur une rythmique tout bonnement exceptionnelle avec notamment Justin Brown qui, à la batterie fait véritablement figure d'extra-terrestre dans le genre réincarnation d'Elvin Jones.  Un critique de Allabout jazz estimait que l'association de Joe Sanders et de Justin Brown était à la hauteur de la paire Jorge Rossy/ Larry Grenadier qui faisait il y a quelques temps le bonheur de Brad Meldhau.

Clayton passe de quelques standards ( If I Were a bell, All the things you are) à des compositions de pure beauté. S'offre même un morceau en solo digne des plus grands sur le bien nommé Nobody Else but me de Jérôme Kern absolument remarquable de maîtrise technique et de groove insufflé.

 

Il y a  là du jazz de très très haut niveau et la perpétuation d'un geste transmis et assimilé. Il est rarissime pour un pianiste d'à peine 27 ans d'atteindre de tels sommets. Ceux que le pianiste franchit ici nous emmènent très loin, au coeur même de l'essence du jazz et de l'histoire des grands trios.

Jean-Marc Gelin

 

 

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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 14:51

 

2Copyright-Philippe-Levy-Stab.jpg
Dans le cadre des journées portes ouvertes des ateliers d'artistes du 14e arrondisse​ment, le photogrtaphe Philippe Levy-Stab
vous accueille dans son studio 7, rue Leneveux (*) , 75014 Paris. de 14h à 21h, les

Jeudi 26 mai

Vendredi 27 mai

Samedi 28 mai

Dimanche 29 mai
 


Metro: Alésia / Code: 1326 / Interphone: N°19 / 1er étage gauche.

 

 

 

1Copyright-Philippe-Levy-Stab.jpg3Copyright-Philippe-Levy-Stab.jpg

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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 21:45

YVES BUIN

LE CASTOR ASTRAL

BLUE MELODY

 barney-wilen.jpg

Un portrait musical sensible : retour sur un jazzman de légende

 

Yves Buin emploie les mots justes pour dire qui était BARNEY WILEN.

Les titres de chaque chapitre renvoient pertinemment à un  album  (Moshi, Jazz sur Seine, Jazz hip trio…) ou à une période spécifique de la vie/carrière de ce musicien jugé parfois extravagant,  tout simplement hors norme.

 Oui, Bernard Jean Wilen, dit Barney Wilen, sortait vraiment de l’ordinaire. Flegmatique dandy, il cultiva une certaine élégance jusqu’à la fin. Un authentique musicien de jazz, qui en quarante ans de carrière réalisa un  parcours musical sans faute.

Prodige dès ses 18 ans- il remporta le prix de jazz cool spécialement créé pour lui- il devint vite le prince des nuits de St Germain des Prés. Reconnu par Miles qui le choisit pour enregistrer la musique du film de Louis Malle « Ascenseur pour l’échafaud », il fut une des figures notables de ce jazz parisien florissant : il fut une sorte de point nodal européen avec Stéphane Grappelli et Bobby Jaspar…alors que Martial Solal attendra quelques années.

Endossant l’habit de post bopper, exilé de lui-même, il prit constamment des risques et s’acclimata à toutes les époques, sans refuser les filiations d’ Ellington, Davis, Rollins, Powell, en les modelant à sa mesure, utilisant  contiguités de formes et d’échos. Il connut donc logiquement en son temps le free jazz et fréquenta, lors d’expéditions en Afrique,  la faune trouble des baladins de la musique noire- le fluide vital . Plongeant dans l’incitation contemplative, le dialogue cosmique, la musique sortait de lui librement. Il était comme un medium, parfois spectateur de la musique de ses complices, car pour lui, toute rivalité était étrangère.

Yves Buin, sans se départir d’une certaine rigueur, avoue toute son admiration pour ce musicien incomparable dans les pages de ce livre publié dans la sérieuse collection du Castor Astral. Les exergues de chaque chapitre constituent  à elles seules de petits bijoux qui, mis bout à bout, créent en filigrane un portrait singulier.

Gommant sans doute certaines aspérités, il ne choisit de souligner que les points forts du parcours musical du saxophoniste.  Angle satisfaisant car, comme pour tous les grands artistes, la musique conduit la vie de Barney WILEN.

Pour caractériser cette évocation, on retiendra en particulier certains axes choisis par l’auteur comme

 Un attachement indéfectible à l’art blanc de la ballade en référence à Chet Baker, Stan Getz, Art Pepper.

Le goût des standards et de la musique populaire, qu’il relit à sa manière, en  jazzman intègre. Dans ce travail toujours inachevé, il arrive à bouleverser, à découper autrement ces mélodies installées dans une évidence classique.

Le sacré et le sens de l’ailleurs quile fascinait. Inspiré par les musiques natives où il retrouvait une forme de sacré, Barney Wilen avait cette nostalgie profonde d’un insaisissable qu’il recherchait dans ses voyages physiques, psychiques ou dans les paradis artificiels.

Yves Buin insiste sur l’importance de ces escapades voyageuses, entre errance et imprévu, qui allaient conduire le saxophoniste vers une des terres natales de son imaginaire, l’Afrique, confluence des musiques premières. 

Aussi, en refermant les pages de ce livre précis et sensible, les lecteurs n’auront de cesse, espérons le, de se replonger dans la musique de ce musicien incomparable. Quant à ceux qui ne le connaissent pas encore, ils pourront  le suivre fidèlement à la trace, avec ce guide musical. C’est tout le mal qu’on leur souhaite !

 

Sophie CHAMBON

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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 16:19

Tzadik 2011

 Cyro Batista (perc), Kenny Wollesen (vib)

Peter Evans (t), David Taylor (btb), Marcus Rojas (tuba)

 

 zorn-cerberus.jpg  Dans sa série des files cards compositions, John Zorn poursuit ici avec deux petits enregistrements enregistrés en en juillet 2010 sous sa direction. Deux petites pièces réunies : l’une « Vision of Dionysus » (26’33) en duo avec Cyro Baptista et Kenny Wollense et l’autre, « Cerberus » (10’34) en trio avec trompette, tuba et trombone basse.

2 ensembles de fiches pour dépeindre le grotesque dans son acception zornienne et sur l’agencement du compositeur New Yorkais. Derrière les cris et les rugissements, le prolifique compositeur crée une sorte de férie champêtre faite d’animaux, de chèvres et de moutons s’ébattant dans le pré, dans la pure vision mythologique du Satyre. Zorn comme à son habitude endosse le rôle d’un réalisateur de cinéma, créateur d’installations sonores provoquant comme à son habitude les sens et les émotions de l’auditeur comme dans cette dernière séquence de Visions of Dyonisus où tous les sont sollicités dans la caverne du satyre.

Ce bestiaire sied bien à John Zorn qui navigue comme toujours entre enfer et féérie.

Les fouets qui claquent y sont presque délicieux. C’est totalement pervers et pour tout dire un peu jouissf.

A (ne pas) mettre en toutes les mains.

Jean-Marc Gelin

 

Ps : comme toujours les illustrations et le livret signés des dessins d’Austin Osman Spare illustrateur et magicien ( 1886-1956)  en font un objet superbe.

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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 15:40

Ô Jazz 2011

Benoît Lavolée ( vib, mba), Nicolas Larmignat (dm), Baptiste Dubreuil ( p, fder)

 

Lavollee-Dubreuil-Larmignat-Le-Symptome.jpg

 

Entame d'album mortel avec ce son "énorme" du fender.  Ça n'hésite pas un seul instant : ça rentre dedans. Émotions fortes . Les trois en emphase parfaite pour une création captivante d'une sorte de jazz-pop lunaire. Une fusion des énergies. C'est le parti pris esthétique qui s'impose. Les trames sonores se superposent et forment des nappes de son entre ing Crimson et les sonorités d'un Larry Golding. Il y a un sens du jeu partagé qui crée cette atmosphère cosmique intéressante. Univers passionnant qui va de l'étirement des sons à une percussion rock affirmée. C'est un alliage subtil entre ces trois instruments qui tirent le meilleur parti de ce trio.  Le clavier de Baptiste Dubreuil  est  énorme: à la fois inventif et prolixe (Minuit) il dessine la toile de fond.  Dubreuil peut ainsi passer dans une même logique d'un clavier électrique au piano dans un même discours sombre et puissant.  La rondeur du son ne perd pas l'énergie, au contraire. Celle-ci est en fusion. Nicolas Larmignat quant à lui montre les incroyables facettes de son talent en démultipliant un jeu tout en bruitisime, en respirations, en pulse irrégulières ou en beat rock et pop.En écho des sonorités du fender, Benoît Lavolée alterne vibraphone et Marimba avec là encore un incroyable talent d'orfèvre, doux dans sa sonorité, évitant le jeu percussif pour au contraire venir arrondir les angles.

De l'électricité dans l'air, palpable qui pourrait bien dessiner les contours d'un jazz d'après pop. On pense à quelques groupes mythiques dont on imagine qu'ils ont dû influencer ces jeunes musiciens : Radiohead ou Bowie par exemple autant que Robert Fripp.  Et si l'on peut regretter que les compositions se perdent parfois dans quelques méandres planants, une atmosphère se dégage pourtant, à la fois envoûtante et hypnotique comme une sorte d'opiacée à effet calmant immédiat. Hallucinogène doucement.

Leur univers est d'une incroyable richesse musicale. Ce groupe distingué au Concours de la Defense en 2010 nous embarque dans une rêverie futuriste qui convoque tous les imaginaires possibles.

Jean-marc Gelin

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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 08:53
Soleart

  padoleocouv.jpg

Un nouvel album de Jean Marc Padovani  s’écoute toujours avec plaisir. C’est comme un ami qui reviendrait avec sa moisson de mélodies légères et graves, envolées lyriques et un sens indubitable de ce qui fait la musique, un modelage de la matière, avec ce « son » ferme et unique .

Le saxophoniste a multiplié les expériences artistiques, croisant cultures du monde et autres pratiques artistiques, théâtrales avec Enzo Cormann.

Il a su se détacher cependant de ces courants, et ici, voilà encore autre chose : tout est exquis dans cet album à deux voix qui se cherchent et se répondent en un savoureux échange. Frôlement et battements d’ailes, « musique des sphères » où piano et saxophones suffisent ; point besoin d‘un troisième larron pour s’immiscer dans cet accord parfait !

Jean Marc Padovani a trouvé le plus approprié des partenaires en  la personne de Philippe Léogé, pianiste aux effluves debussystes et à la fermeté d’un jazz ardent et swingant. A parité, chacun jouant son rôle dans cette petite entreprise !  Souffle poétique et toucher doux, soyeux et profond à la fois ! C’est le piano qui assure d’ailleurs la cohérence de cette bande-son dont il nous appartient de trouver les images. Les nuances et dynamiques apportées réalisent cette synthèse de musiques aimées, entre valse « valse tard », musiques du monde (« La vespre de la noça », un traditionnel occitan), musique classique (clin d’oeil gymnopédique à Satie, si proche du jazz), musique de film. Tous deux servent au mieux les compositions, selon le style voulu, la sonorité recherchée-élégance rauque au soprano et grain charnu au ténor.

Le plus beau compliment qu’on peut leur faire est de remarquer que toutes leurs compositions ressemblent, sonnent comme des standards. Les deux titres, l’un de Keith Jarrett « Spiral dance » et le standard « Angel Eyes » ne dénotent donc pas et s’intègrent  parfaitement en final, d’où la cohérence, essentielle à nos yeux, de cette suite de mélodies qui s’enchaînent sans à coup.

Un univers obsessionnel, souvent mélancolique avec des fulgurances, des ardeurs non restreintes « Soléart », une certaine poésie comme dans ce « Lucky loser », composition du bassiste belge Nicolas Thys. Le duo s’emploie à construire une musique d’un pays à la fois lointain et familier. En douceur la plupart du temps, en rythme aussi mais sans hâte, ils gardent une dimension humaine, avec des airs de charme et de caractère. Avis subjectif certes, mais ici, une histoire nous est contée dans un rapport impeccable entre forme et matière. Tout à fait à notre goût.

 

Sophie Chambon

 

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18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 08:21

 

Marc Ducret (g, compos), Kasper Tranberg (tp), Mathias Malher (tb), Fred Gastard (sax basse), Peter Bruun (dm)

Ayler records 2011 - Dist Orhêstra

ducret.jpg 

Il s'agit tout d'abord d'une oeuvre supposée s'entendre comme une suite orchestrale. Cet opus constitue le premier volet d’un triptyque constitué autour du roman de Nobokov, «  Ada ou l’ardeur » qui devra être interprété par trois formations différentes.

Assez complexe dans son écriture, elle renvoie à des univers post free comme ceux que Braxton aime à composer. Les systèmes d'écriture s'imbriquent, entre codes et espaces improvisés, contre-chants et réponses rythmiques.

On est bien sur aux antipodes de toute accroche mélodique. Ducret abandonne ici un peu de son background rock-jazz tel qu'on le lui connaissait avec Tim Berne pour s'orienter plus résolument dans un jazz contemporain structuré et moderne. On peut s'y perdre mais on reste assez captivés par la fusion des énergies.

Chacune des pièces est longue et se montre très exigeante pour les musiciens à qui il est demandé une concentration de tous les instants. Et à l'auditeur aussi sans cesse relancé dans son écoute par l'émergence de propositions musicales nouvelles. Tout sauf linéaire.

Les cuivres sont éclatants, trublionesques et jouent en réponse les uns des autres.

Reste que dans ce rôle de catalyseur des énergies, de fédérateur du groupe, Ducret laisse un peu de coté sa volubilité sauf sur le dernier titre oú il fait a nouveau parler la poudre et déchaîne les éléments.

Malgré ce surcroît d'énergie qui ne faiblit jamais il y a néanmoins un coté austère et quasi monacal (presque Steve Colemanien) qui pourra en rebuter certains. Ceux qui feront l'effort de pénétrer cet espace musical en revanche s'émerveilleront de ses pépites et de ses trouvailles. Il y a quelque chose d'organique dans cette musique-là. Un corps en mouvement, l'adjonction de cellules qui donnent un tout biologique.

Ces Real Things ( 1 et 2) sont un peu Ducret in wonderland.

Jean-marc Gelin

 

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