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31 janvier 2019 4 31 /01 /janvier /2019 07:45
TULLIA MORAND ORCHESTRA MAGIC HANDS

TULLIA MORAND ORCHESTRA

MAGIC HANDS

Clapson records/ L'autre distribution

Sortie le 1er février 2019

 

www.tulliamorand.com

 

 

Ah le plaisir d'entendre un big band emmené par une femme-orchestre, multi-instrumentiste! J'en étais restée en France, à Sylvia VERSINI sur le label avignonnais de l'AJMI.

Une véritable découverte, celle d'un univers où composition et improvisation sont intimement mêlés.

Comme on partage la passion de cette chef d'orchestre pour les big bands, elle qui a commencé avec le big band de François LAUDET en 2006, a travaillé avec Delfayo Marsalis à la Nouvelle Orleans, et François MOREL depuis 2014 dans ses spectacles musicaux. C'est dire qu'elle connaît et perpétue en un sens une tradition musicale jazz que l'on aime. On se laisse entraîner par ces histoires mises, non en mots mais en musique... Les instrumentistes nombreux, tradition oblige, interviennent et posent leur chorus, soutenus par les comparses. La liste serait trop longue :12 membres et 6 invités dont Fabien Ruiz, le prof de claquettes de THE ARTIST, qui, si vous avez vu la formidable expo à la Cité de la musique sur la Comédie musicaale, intervient en donnant son avis sur les techniques respectives des 2 plus grands danseurs au monde de "tapdance", Fred Astaire et Gene Kelly. Il intervient sur "Theme for Mr J" et se fond à merveille dans le rythme endiablé de ce morceau.

La plupart des chansons sont composées par Tullia Morand. J'utilise volontairement le mot de "chanson" volontairement car ce sont des instrumentaux que l'on pourrait fredonner sans problème. Et d'ailleurs, on entend "Plus je t'embrasse" de Ben Ryan. Un mélange de jazz classique, de pop où les compositions actuelles et les classiques de toujours font bon ménage. La preuve avec ce "Cognocoli" qui pourrait être placé dans un blindfold test, tant l'arrangement et l'orchestration sont troublants et entraînants!

 

Sophie Chambon

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29 janvier 2019 2 29 /01 /janvier /2019 18:18

Claude Tchamitchian (contrebasse)

Pernes-les-Fontaines, 13-14 juin 2018

émouvance EMV 1040 / Absilone

 

En découvrant ce disque, je pense à un autre CD en solo publié récemment, celui de Barre Phillips («End to End»), que j'ai acheté en septembre à Marseille au festival 'Les Émouvantes', dont le directeur artistique est.... Claude Tchamitchian. Pas un hasard évidemment que cette proximité qui a suggéré à Claude de programmer son aîné dans son festival pour un magnifique duo avec le danseur Julyen Hamilton. Chez les deux contrebassistes, même mélange de totale exigence et d'absolue liberté. De surcroît l'un et l'autre disques ont été enregistrés au Studio La Buissonne, merveilleux endroit où l'art et la technique se confondent. Je pense aussi au contrebassiste Jean-François Jenny-Clark, dédicataire de la première plage, et dont la contrebasse a été prêtée à Claude par la veuve de ce grand artiste, Anne Jenny-Clark. Claude Tchamitchian voulait pour ce programme, destiné à une série de concerts, et un disque en solo, changer d'accordage (la scordatura, selon un terme érudit que j'ai appris en lisant dans le livret l'entretien du contrebassiste avec Anne Montaron). Ce choix pour échapper aux réflexes instrumentaux et aux contraintes du tempérament. S'ensuivit un long travail pour apprivoiser l'instrument, les modes de jeu induits, et stabiliser la basse et ses cordes, puis des concerts.... et un disque.

Le résultat est magnifique, audacieux et inspiré. Ce sont trois suites assez différentes, avec entre la deuxième et la quatrième une pièce plus courte en forme d'interlude. Le premier solo, qui donne son titre à l'album, est dédié à celui que nous étions nombreux à désigner sous le diminutif affectueux (et admiratif) de J.F. ; c'est une sorte d'ode à l'intériorité, à la concentration et à la musique, une ode portée par l'émotion que l'on sent inséparable de l'idée même de geste artistique. En pizzicato, avec des accents rythmiques très vifs, le développement fait clairement référence à son dédicataire. Puis un archet percussif et pourvoyeur d'harmoniques ouvre d'autres voies, trace d'autre chemins dans la mémoire de l'instrument. Retour au pizzicato pour un développement méditatif et lyrique, qui taquine les gammes par ton et fait chanter la basse sur le mode rythmique avant une descente chromatique apaisée vers la coda. Je suis sûr que J.F. aurait aimé ce solo !

Vient ensuite In Memory, une pièce inspirée par les origines arméniennes de Claude Tchamitchian. Ici un double archet permet tout un jeu d'harmoniques et de résonances, et un lyrisme qui oscille entre danse et lamento : profondeur et beauté. Puis c'est In Childhood, intermède ludique qui fait écho au précédent disque en solo du bassiste, «Another Childhood» (le tout premier, en 1992, s'intitulait «Jeux d'enfant»). Claude Tchamitchian joue avec le son, la résonance, et s'en délecte : pas de musique sans la maîtrise (et l'amour) de la sonorité. Un jeu complexe dans lequel de la ligne obstinée sorte des notes finement accentuées : ce n'est plus un jeu d'enfant mais un plaisir de musicien accompli.

Pour conclure le disque, le contrebassiste revient vers une pièce un peu plus longue, In Life, comme un parcours secret dans ce qui constitue sa vie de musicien : lyrisme incandescent, emballements rythmiques, liberté qui s'offre le luxe d'une apparente perte de contrôle : musique très vivante, comme l'est le disque dans son entier.

Xavier Prévost

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Claude Tchamitchian donnera un concert en solo pour la sortie du disque le vendredi 1er février à quelques centaines de mètres de Paris au Triton, près de la Mairie des Lilas

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Pour le plaisir et la curiosité, le solo tel qu'il fut donné dans l'émission 'À l'improviste' d'Anne Montaron, sur France Musique, quelques mois avant l'enregistrement du disque

https://www.francemusique.fr/emissions/a-l-improviste/le-contrebassiste-claude-tchamitchian-enregistre-en-solo-a-radio-france-60158

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29 janvier 2019 2 29 /01 /janvier /2019 06:33

ALEXIS AVAKIAN : « Miasin »
Absilone 2019
Alexis Avakian (ts, fl..), Luc Allainmat (p), Artyom Minasyan (doudouk), Miqayel Voqnayan (vc), Mauro Gargano (cb), Fabrice Moreau (dms)

On le sait bien, depuis le début le jazz a toujours été affaire de syncrétisme et de métissage.

Le saxophoniste Alexis Avakian pour son 3ème album ne cesse de naviguer entre deux de ses racines profondément ancrées dans sa personnalité musicale : le jazz d'une part et sa culture arménienne d'autre part.

Pourquoi choisir ?

Alexis Avakian s'y refuse préférant jeter des ponts entre les deux, mélanger les sons, les instruments et les fusionner. Il y a certes de l'affirmation culturelle et identitaire dans cet album. Mais le résultat c'est surtout une musique qui porte en elle quelque chose de plus. Comme une grande leçon de fraternité que la musique parvient à créer ici-bas dans son immédiateté (c'est maintenant) et son intemporalité ( c’et toujours).
A partir de là, Alexis Avakian outre ses talents de tenor coltranien, sa puissance mais aussi sa très grande sensibilité mélodique, se révèle un compositeur délicat. Il écrit l’âme.
Et c’est certainement parce que sa musique s’écoute comme de doux poèmes que ses camarades de jeu sont à l’unisson des sentiments exprimés.
Miasin veut dire ensemble.
C’est bien de cela dont il s’agit, d’une musique qui réunit. Ceux qui la font et ceux qui la vivent.
Jean-Marc Gelin

Alexis Avakian sera au Studio de l’Ermitage à Paris le 30 janvier 2019
Le 1er février au Crescent à Mâcon
le 19 mars au Sunset à Paris

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27 janvier 2019 7 27 /01 /janvier /2019 17:22

Whirlwind 2019
Ingrid Jensen (tp), Steve Treseler (ts, cl, clb) , Geffrey Keezer (p), Martin Wind (b), Jon Wikan (dms), Katie Jacobson (vc), Christine Jensen (ss)


L’an passé nous nous étions esbaudis devant l’album que le trompettiste Dave Douglas et le saxophoniste Joe Lovano avaient consacré à Wayne Shorter.
Cette fois, ce sont deux grands musiciens qui rendent hommage à un autre immense compositeur, Kenny Wheeler.
Les deux musiciens ont eu l’occasion de collaborer plusieurs fois avec Kenny Wheeler et alors que la communauté du jazz était sous le choc de sa disparition, c’est un an après sa mort ( en 2015) qu’ils ont enregistré l’essentiel de ce sublime hommage.
Si l’album en lui même est une grande réussite cela tient à, plusieurs ingrédients.
Tout d’abord les compositions de Wheeler qui apparaissent ici dans un registre plus classique et presque Shorterien. Moins dans ce que nous avons l’habitude d’entendre mais dans une véritable relecture qui rend à Kenny Wheeler sa place dans les plus grands compositeurs de cette musique.
Mais le charme de cet album tient aussi à ce supplément d’âme que les deux maîtres d’oeuvre parviennent à lui insuffler en restant fidèles à leur propre personnalité jazzistique.
Et tout d’abord il y a là, la révélation d’une trompettiste absolument exceptionnelle que, pour dire le vrai , nous ne connaissions pas beaucoup si ce n’est par ses apparitions toujours flamboyantes dans l’orchestre de Maria Schneider. Totalement inspirée elle apporte à cet hommage autant de brillance que de profondeur, portant les compositions de Kenny Wheeler à de véritables sommets.
A 53 ans, elle apparaît comme une très grande de l’instrument, en totale maîtrise mais aussi en passion.
Son entente avec le saxophoniste de Seattle, Steve Treseler est fusionnelle. Les deux musiciens se connaissent parfaitement et l’on ne compte plus les collaborations qui les unissent. Le saxophoniste , élève de Jerry Bergonzi mais aussi de Bob Brookmeyer ( la référence de Maria Schneider) est lui aussi une véritable révélation. Saxophoniste soulful s’il en est Steve Treseler a des sonorités qui évoquent Michael Brecker
C’est dans un jeu de questions réponses que les deux musiciens fusionnent, échangent , dialoguent, contre-chantent pour faire de cet hommage une petite merveille.

Un disque rare à découvrir de toute urgence.
Il faudra suivre avec attention les possibles apparitions de cette formation sur la scène européenne. A ne manquer sous aucun prétexte.
Jean-Marc Gelin

 

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14 janvier 2019 1 14 /01 /janvier /2019 21:37

 

Alfred Vilayleck (guitare basse, composition, direction), Matthieu Chédeville (saxophone soprano), Armel Courrée (saxophone alto), Jérôme Dufour (saxophone ténor), Pascal Bouvier (trombone), Samuel Mastorakis (vibraphone), Daniel Moreau (piano, claviers), Julien Grégoire (batterie), Caroline Sentis (voix). Invité : Serge Lazarevitch (guitare électrique)

Pompignan, 29 août-2 septembre2018

Neuklang NCD 4195 / Pias


 

Confirmation éclatante du talent de compositeur d'Alfred Vilayleck et de la qualité musicale autant qu'instrumentale des membres du Grand Ensemble Koa de Montpellier. Le fil rouge (plus qu'un prétexte assurément), c'est une évocation des poètes de la Beat Generation via trois figures tutélaires : Jack Kerouack, Allen Ginsberg et William Burroughs. La musique ne plonge pas ses racines dans les musiques de jazz qui furent contemporaines de ce trio poétique (le bebop, la révolution d'alors, et ses suites tumultueuses). Le choix est de jouer une musique d'aujourd'hui, marquée autant par le jazz des sixties et le rock progressif que par un sens des formes hérité de la tradition musicale de l'ensemble du vingtième siècle. La qualité des solistes irradie les espaces improvisés, et le sens collectif est palpable dans tout le déroulement du CD, plage après plage. La chanteuse Caroline Sentis, venue en renfort du groupe, prête sa voix aux textes, en anglais ou en traduction française. Dans la dernière plage, après le dernier vers de Thanksgiving Prayer, de William Burroughs, c'est une imprécation contre ceux qui accusent la Beat Generation de tous les maux. Déjà sorti en téléchargement (https://www.bauerstudios.de/de/data/shop/6632/ncd4195.html), l'album verra bientôt le jour en support physique (25 janvier en Allemagne, 1er février en France). Mais dès maintenant le groupe est en tournée : on se précipite !

Xavier Prévost

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En concert le18 janvier à Perpignan (Jazzèbre), le 26 à Lautrec (Tarn) au Café Plum, le 2 février Saint-Claude (Jura) à La Fraternelle, le 8 à Nantes, au Pannonica & le 9 à Toulouse, au Taquin.
Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=hizTNwsdvzY

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13 janvier 2019 7 13 /01 /janvier /2019 08:25

Ingrid Laubrock, Contemporary Chaos Practices. Two works for orchestra with soloists. Mary Halvorson, guitar, Kris Davis, piano, Nate Wooley, trompette, Ingrid Laubrock, saxophone. Décembre 2017. Power Station, Berkeley NYC. Intakt Records.

 


Lors d’une récente conversation, Philippe Carles, l’auteur de « Free Jazz » (avec Jean-Louis Comolli) me confia son admiration pour cet album sorti l’automne passé par un label suisse assez pointu, Intakt Records, sis à Zurich. Le titre m’avait interpellé, mais j’avoue que j’ignorais totalement l’existence d’Ingrid Laubrock, même si la saxophoniste allemande (48 ans) résidant depuis dix ans à New-York après vingt ans à Londres s’est illustrée au sein des groupes marquants du free jazz. Membre régulière de la formation d’Anthony Braxton, qui l’a grandement inspirée, Ingrid Laubrock s’avère être aussi bien une vraie improvisatrice-au ténor et au soprano- qu’une sérieuse compositrice, Les deux titres présentés dans le disque constituent d’ailleurs des commandes passées à la jazzwoman. L’audace et la liberté tiennent le haut du pavé dans ces deux œuvres –Contemporary Chaos Practices (4 parties pour 24 minutes) et Vogelfrei (hors la loi en français) qui s’étire sur 17.48 minutes. Pas moins de 47 musiciens ont participé à ces créations en studio qui alternent mouvements d’ensemble et solos du quartet de la saxophoniste. Est-on dans le jazz ou la musique contemporaine ? La question ne se pose pas, tant les œuvres vous emportent dans un univers qui marie improvisations et compositions. L’accueil de la presse américaine témoigne de cette appartenance aux deux mondes : le New York Times a retenu l’album parmi les 25 disques de musique classique  (classical music tracks) de 2018 et Downbeat consacré Ingrid Laubrock comme l’étoile montante (Rising Star) de l’année dans la catégorie saxophone ténor après lui avoir attribué la même distinction trois ans plus tôt pour le saxophone soprano. Le chaos et l’harmonie peuvent-ils faire bon ménage ?, 20 ans après l’astrophysicien  Trinh Xuan Thuan (Le chaos et l’harmonie. Editions Fayard), la musicienne Ingrid Laubrock apporte sa réponse, en notes.

Jean-Louis Lemarchand
Ingrid Laubrock se produira le 8 février à Vitry sur Seine (94)au sein de l’Anthony Braxton Zim ensemble dans le cadre du festival Sons d’Hiver.
 

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1 janvier 2019 2 01 /01 /janvier /2019 16:45

 

Daniel Goyone (piano), Thierry Bonneaux (vibraphone, percussions)

Pernes-les-Fontaines, 25-27 septembre & 20-23 novembre 2017

Music Box Publishing A 442 / InOuïe Distribution


 

À la première écoute, à cause peut-être de la plage 1, Baba Rumba, qui exhume le souvenir d'Armando's Rhumba, et aussi en raison de la clarté mélodique, et du dialogue avec le vibraphone, on pense à Chick Corea. Mais c'est un leurre. Daniel Goyone est un brouilleur de pistes, un musicien qui maraude sur les sentiers transversaux, offrant ses talents mêlés de pianiste et de compositeur au jazz, aux musique latines et indiennes, ou à la chanson de qualité. Goût revendiqué de la musique française du début du vingtième siècle (dont une plage-clin d'œil à Erik Satie), mais aussi exploration hardie des combinaisons rythmiques les plus audacieuses, tout chez lui respire l'esprit d'indépendance. Écriture soignée, espaces improvisés quand le déroulement le requiert, le musicien garde la maîtrise de son projet, en harmonie totale avec le vibraphoniste-percussionniste Thierry Bonneaux, complice de longue date. Il en résulte un disque résolument inclassable, et qui manifestement se revendique comme tel. Alors rangez votre étalonneur de catégories musicales, oubliez votre tendance à la taxinomie, et profitez du plaisir qu'offre ce disque singulier et totalement réussi.

Xavier Prévost

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Sur Youtube, extraits et élucidation par le pianiste-compositeur

https://www.youtube.com/watch?v=TJmHKL-nYvM

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31 décembre 2018 1 31 /12 /décembre /2018 17:03

Peu avant la fin de l'année, j'ai reçu des nouvelles du saxophoniste-improvisateur Daunik Lazro, qui avait égaré mes coordonnées et souhaitait me faire partager deux nouveaux disques : le premier, « A Pride of Lions », issu d'une rencontre à Tours dans la cadre transatlantique de 'Across the Bridge' en 2016, et paru lors du match retour à Chicago en mai 2018 ; et le second, enregistré en 2016 à Vandœuvre-lès-Nancy à l'initiative du regretté Dominique Répécaud, mixé ultérieurement, et apparu dans le paysage sonore cet automne.


 

THE BRIDGE SESSIONS 08 «A Pride of Lions»

Daunik Lazro (saxophones ténor et baryton), Joe McPhee (saxophone ténor, trompette de poche), Joshua Abrams (contrebasse, guembri), Guillaume Séguron (contrebasse), Chad Taylor (batterie, mbira)

Tours, Le Petit Faucheux, 30 janvier 2016

The Bridge Sessions TBS 008

https://thebridgesessions.bandcamp.com/album/a-pride-of-lions


 

De ce premier disque on pourrait dire qu'il est dans la tradition de la musique improvisée afro-américaine, car cette musique, surgie à l'orée de sixties, a déjà une (longue) histoire, des codes et une tradition. Et les rencontres suscitées par 'The Bridge', réseau transatlantique surgi à l'orée des années 2010, font vivre et revivre cette histoire presque neuve en organisant, en France et aux USA, des tournées de groupes où s'associent des musicien(ne)s de Chicago (et du Midwest) et des musiciens français. Ceux qui participent à ce disque ont des affinités et des expériences antérieures, mais comme toujours dans la musique improvisée, lorsqu'elle éclot sous un jour favorable, ce sont l'événement singulier, l'osmose du groupe et la magie de l'instant qui tissent un moment musical. Tissage réussi, trame lisible et pourtant pleine de surprises et de bifurcations inattendues, bref tout ce qu'on aime dans ce type de rencontre, sans filet et en concert.

 


 

LAZRO-RÉPÉCAUD-KRISTOFF K.ROLL-KELLER «Actions Soniques»

Daunik Lazro (saxophone baryton), Géraldine Keller (voix & flûte), Dominique “Ana Ban” Répécaud (guitare électrique), Carole Rieussec- Kristoff K.Roll (dispositif électroacoustique : platines, ordinateur, synthétiseur, kaoss-pad, mégaphone, microphones, cailloux, échantillonnage, texte), J-Kristoff Camps-Kristoff K.Roll (sons mémorisés et manipulés, petite électronique, corps sonnants dont guitare sur table, mégaphone, tuyau, ballon, ressort)

Vandœuvre-lès-Nancy, 20-22 mars 2016

Vand'Œuvre 1850

http://www.centremalraux.com/soundtrack/actions-soniques


 

Le second disque raconte une autre histoire, celle d'une musique expérimentale qui, comme la musique improvisée qui puise une part de son idiome dans le jazz.... et ailleurs, va prendre son bien dans d'autres territoires : musique électroacoustique, rock, musique(s) contemporaine(s).... La rencontre s'est faite autour d'une personnalité majeure de ce courant : Dominique Répécaud, guitariste mais aussi fédérateur du festival Musique Action qui vit éclore, sur plusieurs décennies, bien des aventures musicales autant qu'humaines. Cette musique est à l'image de cette rencontre entre des personnes-et des personnalités musicales- qui partagent un goût prononcé de l'aventure et un désir d'action sonique (si l'on veut reprendre l'expression qui identifie l'objet). Dominique Répécaud est mort moins de 5 mois après l'enregistrement. Les membres du groupe ont mis du temps à surmonter la tristesse qui les envahissait à chaque réécoute pour le mixage et l'édition. Mais comme ils l'expriment collectivement dans le livret du CD « Faire durer le travail, les écoutes, c'était encore jouer ensemble. Fraternité inoubliable et Reconnaissance éternelle ». Tout est dit, et cela se confirme à l'écoute.

Xavier Prévost

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9 décembre 2018 7 09 /12 /décembre /2018 20:43

JORGE ROSSY : «  Beyond sunday »
Jorge Rossy (vbes), Mark Turner (ts), Al Foster (dms), Doug Weiss (cb), Jaume Llombart (g)
Jazz & People 2018

On connait Jorge Rossy mais dans un tout autre registre que celui présenté ici. Car avant d'être vibraphoniste comme dans ce nouvel album qui paraît sur le label Jazz & People, Jorge Rossy est avant tout batteur. Et non des moindres puisqu'à côté de ses talents de pianiste, il fut l'un des membres du trio mythique de Brad Mehldau aux côtés de Larry Grenadier. C'est dire s'il s'agit d'un musicien accompli et aux multiples talents.
Son nouvel album s'inscrit dans le registre de la douceur cotoneuse où les belles et agréables compositions vous enveloppent dans une sorte de feel good story.
Mark Turner y survole quelques sommets avec la rondeur et le velouté d'un son plus "Lesterien" que jamais même si l'on ne peut que regretter une prise de son souvent lointaine (p.ex sur Kierra). Quant à Al Foster, c'est l'autre bonne nouvelle de cet album où son drumming est fait de vibrations frémissantes sur les peaux.
Une sorte de complicité amicale semble emerger de ces 10 piéces qui, sans prétention, amènent à ce délicat état de grace où tout semble fluide, simple, naturel et suave. Sans prétention car il y a là une (fausse) apparence de simplicité dans ces belles mélodies servies dans un ecrin de soie. Ce n'est bien sûr pas la révolution du jazz et il est fort possible que cet album file comme une comète dans votre mémoire musicale.
Rien ne vous empêche pourtant de vous laisser aller par ces longues soirées d'hiver. dans votre canapé, un verre de whisky à la main et le cigara aux lèvres et de vous laisser vous évaporer dans les nuées bleutées.
Vous verrez, cela fait un bien fou !
Jean-marc GELIN

 

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6 décembre 2018 4 06 /12 /décembre /2018 09:11

Sophie Agnel (piano), John Edwards (contrebasse), Steve Noble (batterie)

Brighton (Angleterre), septembre 2016 & Nickelsdorf (Autriche), juillet 2016

ONJ Records JF 010 / l'autre distribution

 

Cinq ans après la parution de «Meteo» (Clean Feed Records, enregistré en 2102 au festival Météo de Mulhouse), le trio récidive avec d'autres extraits de concerts, captés plus récemment dans deux autres lieux (Alternative Jazz Festival & Konfrontationen Festival). Trio ouvert, et musique qui l'est tout autant : la prise de son place les trois instruments à égalité de présence et d'écoute, de sorte que le dialogue est permanent, sans prépondérance, la dynamique et le discours structurant la lisibilité de cette création en mouvement incessant. Deux longues improvisations, captées à Brighton, et une troisième, beaucoup plus brève, enregistrée en Autriche : comme trois images instantanées de moments privilégiés de musique vivante. Depuis des années et des années que j'écoute des disques de musique improvisée, je remarque que la plupart de ceux qui me conquièrent ont été captés en public, comme si la présence d'un auditoire induisait une magie particulière, un supplément de communication. Ce n'est peut-être là que le phantasme de l'amateur (de jazz et de musique improvisée, idiomatique ou non) que je fus et demeure. J'accepte l'alibi fantasmatique qui n'ampute en rien mon plaisir d'écoute. Plaisir qui se nourrit aussi, par sensations rétrospectives, des nombreux concerts d'improvisation auxquels j'ai assisté. En écoutant ce disque, j'ai la sensation de vivre un événement, qui a déjà vécu pour ceux et celles qui l'ont joué ou écouté en direct, mais qui pour moi se rejoue comme au premier instant. Ces trois improvisations sont unifiées par leurs titres, évocation d'un oiseau du Groenland dont la photographe Juliette Agnel, sœur de la pianiste, a tiré un portrait plein de mystère qui orne le disque. Et l'on entend, à la fin de la dernière plage, le cri étrange de cette perdrix des neiges que là-bas on appelle aqisseq. C'est un autre mystère, celui d'une musique en mouvement vers un futur aussi fragile qu'inexorable, qui capte notre attention en quête de beauté fugace. Belle(s) page(s) de musique improvisée, assurément.

Xavier Prévost 

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Le trio est en concert le dimanche 9 décembre 2018 , 18h, à Paris, au Lavoir Moderne Parisien, pour les 20 ans de l'Atelier Tampon-Nomade

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