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5 avril 2017 3 05 /04 /avril /2017 23:09

Vision Fugitive 2017
Stefan Oliva (p) Susanne Abbuehl (vc) Øyvind hegg-lunde (percus)

 

En concert le

jeudi 11 Mai à Arles ( festivam Jazz in Arles)

Vendredi 12 mai au Duc des Lombards à Paris

C’est sous la houlette du toujours très inspiré Philippe Ghielmetti que l’on retrouve aujourd’hui le duo magique du pianiste Stefan Oliva et de la chanteuse Susanne Abbuehl. Ils s’associent pour l’occasion avec le percussionniste norvégien Øyvind hegg-lunde dans le cadre d’une formule rythmique rythmiquement originale.
Et immédiatement la magie d’un trio éminemment subtil opère et emporte dans une sorte de mélopée poétique où tout n’est qu’écoute et don. A partir d’un matériau qui rend largement hommage à Jimmy Giuffre, le trio met cette musique en voix et en façonne une forme musicale évanescente et onirique. Keith Jarrett lui aussi est magnifiquement revisité.De même que Don Cherry dans un moment d’improvisation libre.
Où tout est dans la science de l’épure. De l’art d’une nouvelle forme où tout est écoute, interaction et complémentarité. Un tout indissociable dans la douceur de l’émotion qu'il suscite.
La voix de Susanne Abbuehl est elle-même une sorte de livre poétique chargé d’émotions, de brises légères et de dessins gracieux. L’histoire est ancienne entre elle et Stefan Oliva et tous deux semblent partager les mêmes fêlures, les mêmes bleus de l’âme. Entre eux, une compréhension intime où chacun semble explorer les espaces laissés libres dans leur science partagée du maniement du silence qu’ils laissent surgir entre les notes, entre les mots. Où la brise que caresse leur musique est portée par les frôlements de peau de Øyvind Hegg-Lunde.

Où tout vient d’une forme d’intériorité exprimée ici en toute intimité.
Sublime.
Jean-Marc Gelin

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5 avril 2017 3 05 /04 /avril /2017 19:35

Malo Mazurié, Olivier Laisney, Quentin Ghomari, Brice Moscardini (trompettes), Bastien Ballaz, Léo Pellet (trombones), Victor Michaud (cor), Fabien Debellefontaine (tuba, flûte), Antonin-Tri Hoang (saxophone alto), Martin Guerpin (saxophones ténor et soprano), Adrien Sanchez (saxophone ténor), Jean-Philippe Scali (saxophone baryton, clarinette basse), Marc-Antoine Perrio (guitare), Joachim Govin (contrebasse), Gautier Garrigue (batterie), Laurent Cugny (piano, piano électrique, direction), Alexis Bourguignon (trompette) remplace Malo Mazurié sur 3 titres, Arno de Casanove (trompette) complémentaire sur 1 titre.

Meudon, 2016

Jazz & People JPCD 817002/ Pias

 

Pour rendre hommage à Gil Evans, Laurent Cugny est l'un des très rares à n'avoir pas de problème de légitimité : il a côtoyé l'historique arrangeur et chef d'orchestre à partir de 1986 pour préparer le livre qu'il lui a consacré (Las Vegas Tango, P.O.L., collection «Birdland», 1989), un livre salué au-delà de nos frontières, et traduit en japonais. Et en 1987 avec son big band Lumière, Laurent Cugny invite Gil Evans pour une tournée européenne et deux CD. Bref, quand il s'agit de Gil Evans, Laurent Cugny est l'homme de la situation.

 

C'est pourquoi, fort de cette connaissance, et de cette passion musicale, Laurent Cugny a fondé en 2014 le Gil Evans Paris Workshop : un atelier où le chef d'orchestre rassemble la nouvelle génération de jazzmen hexagonaux pour célébrer la musique de Gil Evans. Pour trouver les musiciens les plus adaptés, le pianiste arrangeur et compositeur a consulté le jeune contrebassiste Joachim Govin, fils de Pierre-Olivier Govin qui fut pendant des lustres le saxophoniste alto des orchestres de Laurent Cugny (Lumière, et l'Orchestre National de Jazz). On trouve aux pupitres (et comme solistes évidemment) plusieurs promotions successives du département de jazz et de musique improvisée du Conservatoire National Supérieur... de Paris. Et aussi des musiciens venus d'autres horizons, comme Martin Guerpin, normalien passé par le Conservatoire de Paris, et dont Laurent Cugny a codirigé la thèse en sa qualité de professeur d'université, à La Sorbonne, où il est le premier musicologue spécialiste de jazz accédant à ce grade (L'université française évolue, dirait-on....). Entre octobre et décembre 2014, Laurent Cugny avait à trois reprises rassemblé l'orchestre au Studio de l'Ermitage pour une série d'enregistrements live, partiellement publiés en mp3 dans le cadre d'un financement participatif. Deux ans plus tard, voici l'enregistrement de studio, en un double CD.

 

Le premier CD, intitulé «La vie facile», rassemble la musique de Laurent Cugny. Ses compositions, comme Krikor (hommage à Krikor Kelekian, alias Grégor, dont l'orchestre Grégor et ses grégoriens fut l'ancêtre des big bands français, et accueillit le gratin hexagonal des années 1929-33) ; il avait joué cet arrangement avec la dernière mouture de son big band Lumière en 2002 mais ne l'avait jamais enregistré. De sa plume également Liviore, un arrangement élaboré sur 8 mesures de sa première composition pour Lumière en 1979 : une anagramme d'Olivier, hommage à Olivier Saez, qui l'a aidé à porter à bout de bras le Gil Evans Paris Workshop depuis 2014. Et une troisième composition, La Vie Facile, datant de 2014 : c'est une variation très libre sur pont du standard Easy Living. Il ya aussi des arrangement de Laurent Cugny sur différents thèmes. Le premier sur My Man's Gone Now, de Gershwin : plutôt que de reprendre l'historique arrangement de Gil Evans pour Miles Davis et l'album «Porgy & Bess» en 1958, l'arrangeur s'est penché sur la version de Miles Davis en 1981 pour l'album «We Want Miles», qu'il a arrangée à sa manière. Il a ensuite jeté son dévolu sur Lilia de Milton Nascimento, Manoir de mes rêves de Django Reinhardt, Short Stories d'Anthony Tidd (bassiste de Steve Coleman) et L'État des choses, thème composé par Jürgen Knieper pour le film de Win Wenders. Ce premier CD comporte également Louisville, une belle composition du corniste Victor Michaud arrangée par ses soins.

 

Le second CD est totalement consacré aux compositions et arrangements de Gil Evans, légèrement adaptés le cas échéant. Des arrangements conçus par le Maître sur des thèmes de différentes époques (King Porter Stomp de Jelly Roll Morton, Spoonful de Willie Dixon, Boogie Stop Shuffle de Charles Mingus, et Blues in Orbit de George Russell). Et des compositions de Gil Evans comme Time of the Barracudas ou Bud and Bird. Laurent Cugny traite ces arrangements avec un mélange de fidélité et de liberté qui fait tout le prix de ce disque, lequel comporte aussi une série de duos avec des membres de l'orchestre (souvenir des duo de Gil Evans avec Steve Lacy et Lee Konitz ?) sur des thèmes de Gil (Sunken Treasure, Zee Zee, London) et aussi The Barbara Song de Kurt Weill et Orange Was the Color of Her Dress.... de Mingus. Les partenaires de Laurent Cugny, dans le big band comme dans les duos, sont d'une absolue pertinence, partageant cet esprit de respect et d'autonomie artistique. Bref l'ensemble des deux CD, avec ses diverses facettes, est une totale réussite, dans la fidélité comme dans la liberté.

Xavier Prévost

 

Le Gil Evans Paris Workshop est en concert le 7 avril 2017 à Paris au New Morning

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3 avril 2017 1 03 /04 /avril /2017 21:51
Eliane Elias, Dance of Time


Eliane Elias (vocal, piano) avec en invités Amilton Godoy (piano), Joao Bosco et Toquinho (vocal, guitar), Randy Brecker (trompette), Mike Manieri (vibraphone). Concord/Universal
Entre Eliane Elias et le Brésil, c’est une histoire d’amour permanente. Native de Sao Paulo, la chanteuse-pianiste ne se lasse pas de la samba, bossa nova et autres styles  de l’Etat-continent. Son avant-dernier album Made in Brazil (2015) lui avait valu un Grammy Award dans la catégorie Latin jazz.
Le tout dernier, sorti ces jours-ci- s’il propose un large répertoire reflétant toute sa carrière, menée principalement aux Etats-Unis- fait la part belle à ses compatriotes. A tout seigneur tout honneur, le chanteur-guitariste Toquinho avec lequel Eliane Elias fit ses premiers pas musicaux à 17 ans. La nostalgie est aussi au rendez-vous avec Randy Brecker (premier album enregistré de concert, Amanda, publié en 1984) et Mike Manieri  (côtoyé dans Steps Ahead).
Pianiste émérite, dotée d’une expression percussive rare, Eliane Elias manifeste une nouvelle fois une aisance dans les mélodies brésiliennes qui enchante. Un album rafraîchissant  (à l’image de la photo glamour prise en couverture) qui devrait ravir et pas seulement les amateurs de « nouvelle vague ».
Jean-Louis Lemarchand

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3 avril 2017 1 03 /04 /avril /2017 13:44

Roger 'Kemp' Biwandu (batterie), Irving Acao (saxophone ténor), Jérôme Regard (contrebasse). Invités : Tutu Puoane (voix), Christophe Cravero (piano), Stéphane Belmondo (trompette)

 

Malakoff, septembre-octobre 2015

Jazz Family RKB 2015 / Socadisc

 

Troisième CD en leader du batteur bordelais, après un long parcours dans le 'métier' (Vassiliu, Higelin, Keziah Jones, I Muvrini, Jeff Beck....) et une présence remarquée dans la fusion : Chic Hot, des collaborations ponctuelles avec Sixun et Ultramarine, et des tournées internationales avec Joe Zawinul ou Salif Keita. Mais au cœur de tout cela, il y a le jazz, versant États-unien, avec l'amitié de Jeff 'Tain' Watts, Branford et Wynton Marsalis. Roger Biwandu aime l'engagement, en musique comme en sport (joueur de rugby, il est aussi fan de basket, empruntant son surnom à une légende de ce sport). L'essentiel du disque est en trio, avec des partenaires qui ont du répondant, et le goût du jazz qui privilégie la pulsation : en ça groove sérieusement, on pourrait même dire que 'ça déménage'. Même sur tempo lent, la pulsation est forte, incarnée par la caisse claire, privilégiée dans le drumming et dans le mixage. Des compositions originales, très marquée par l'adhésion inconditionnelle aux prolongements du hard-bop, et une reprise de Michael Jackson, Black Or White, qui convoque le pianiste, et magnifiquement servie par la chanteuse Tutu Puoane, Sud Africaine aujourd'hui Anversoise, et que l'on avait pu écouter avec le Brussels Jazz Orchestra. Le saxopphonsite et le bassiste ont tout l'espace pour s'exprimer, ce n'est pas un disque de batteur égoïste, et le bouquet final convoque Stéphane Belmondo, dans le plus pur style hard bop, et même soul jazz, sur tempo medium : ça balance sévèrement ! Il y a aussi une plage fantôme : environ 2 minutes d'un exposé recueilli, en quintette, de Footprints, de Wayne Shorter,

Xavier Prévost

 

Vérification sur scène le 4 avril 2017 au Rocher de Palmer, à Cenon, près de Bordeaux ; et à Paris le 8 avril au Duc des Lombards.

 

Un aperçu sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=EcQciUW8VmI

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2 avril 2017 7 02 /04 /avril /2017 16:28

Dix nouvelles références dans la collection 'Jazz in Paris', avec des disques glanés par Universal-Decca dans les nombreux catalogues à sa portée : French Columbia, Véga, Versailles, Vogue, Blue Note, Pablo, Barclay, Gramophone, Swing, Decca, Blue Star.... Et un subtil mélange de disques adoubés et de plages oubliées : c'est ce qui fait le charme de cette collection.

Au rang des vraies surprises : le retour inespéré du quintette de Georges Arvanitas, en 1960, avec Bernard Vitet, François Jeanneau, Michel Gaudry et Daniel Humair, jouant des thèmes de Bobby Timmons, Bud Powell, Sonny Rollins, Thelonious Monk.... dans le style qui faisait fureur à l'époque avec les Jazz Messengers d'Art Blakey. Le disque s'intitule «Soul Jazz», et il porte bien son nom.

Autre surprise : le rapprochement, en un même CD (intitulé «Hard Bop») de Roger Guérin en 1958 (avec une partie des Jazz Messengers -Benny Golson, Bobby Timmons- mais aussi avec Martial Solal, Michel Hausser, Pierre Michelot et Christian Garros) et des évadés du big band de Lionel Hampton en 1953 (Art Farmer, Anthony Ortega, Gigi Gryce, Quincy Jones -ici au piano-....).

Le reste de cette livraison brasse des monuments historiques : Django Reinhardt (de 1936 à 1953) ; John Lewis, en 1956 avec Barney Wilen et Sacha Distel (à la guitare....) pour le disque «Afternoon in Paris» ; Sidney Bechet, et des enregistrements Vogue de 1949 & 1952 ; Duke Ellington à l'Alhambra de Paris en 1958 ; Dexter Gordon («Our Man in Paris») et Hank Mobley («The Flip») ; sans oublier le grand Orchestre d'Eddie Barclay et Quincy Jones en 1957-58, et le retour du premier trio HUM (Humair-Urtreger- Michelot), celui de 1960 («Hum !»), qui avait déjà ressurgi voici quelques années dans un coffret rassemblant les trois époques de ce fameux groupe. Bref il y a là beaucoup à (re)découvrir, pour les amateurs chenus ou nostalgiques, et (surtout) pour tous les nouveaux aficionados curieux du passé.

Xavier Prévost

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31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 09:41
BOBBY JASPAR and HIS MODERN JAZZ

Bobby Jaspar and his modern jazz

Jazz Connoisseur

Sony Music / Vogue

 

Pour vous parler de la série de rééditions Jazz Connoisseur, puisant dans les précieux catalogues de Columbia, Vogue, lisez sur les Dnj, l’article de fond, indispensable de l’ami Prévost (http://lesdnj.over-blog.com/2017/03/jazz-connoisseur-25-nouvelles-references-chez-sony-columbia-legacy.html) pour comprendre le trésor, de nouveau à notre portée… à petit prix, avec les pochettes d’origine et les notes inaugurales. Mon choix s’est porté sur des instrumentistes qui se firent remarquer par leur timbre, leur son unique et une réelle singularité. Mais j’adhère à la sélection orientée de Xavier Prévost, car en fait, j’aurais aimé les avoir tous, ces 25 albums…..

J’en viens donc, après Paul Desmond, à Bobby Jaspar, saxophoniste ténor, clarinettiste et flûtiste belge et son Modern jazz ainsi que s’intitule ce numéro de la série Jazz Connoisseur, qui concentre plusieurs sessions de juin à octobre 1954 (1) avec différents orchestres dans lesquels on retrouve la «crème de la crème» des musiciens européens d’alors, les Pierre Michelot (cb), Maurice Vander (p), Roger Guérin (tp, tba), Jean Louis Viale (dms), le vibraphoniste Sadi (auteur de cet «Early Wake») qui faisait partie de son premier groupe Bob Shots à la Libération.

Petite leçon d’histoire du jazz car cette musique vive, ardente et qui swingue était l’expression de quelque chose d’assez inouï à cette époque. Le dictionnaire du jazz, dans l’excellente collection Bouquins le resitue : «au cours des années cinquante, Bobby Jaspar était le pivot autour duquel tourne le jazz français». Voilà c’est dit. Là encore, un son sensuel sans être mièvre. Beaucoup de titres sont de la plume de Jaspar, lyriques en diable, mais il ne se limite pas à ce seul registre : il est apte à saisir le « Paradoxe » superbe d’André Hodeir, première œuvre dodécaphonique, écrite pour jazzmen auquel succède avec éclectisme, une « quintessentielle » ballade « Mad about the boys ».

Et pour finir, ajoutons au charme délicat de cet album, une pochette dans le ton, en accord total, de Jacques Bernimolin.

 

[i] Rien à jeter sur ces 2 albums réunis en CD Bobby Jaspar’s New Jazz vol 1 et 2

Sophie Chambon

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31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 09:18

Glad to be unhappy

Paul Desmond featuring Jim Hall

Série Jazz Connoisseur ( Sony/Columbia Legacy)

Quel contraste dans ce disque choisi pour ma sélection de cette épatante série de Jazz Connoisseur qui ressort à prix très, très doux, il faut quand même le dire et le répéter. Les plus réfractaires au jazz devraient essayer du Paul Desmond : cela fait le plus grand bien et la thématique de cet album, enregistré à New York en 1963 et 1964, années fastes pour le jazz, concerne des « Torch songs » chantées au saxophone alto. Une « curiosité » américaine que l’on pourrait traduire, sans en restituer toutefois la saveur à la fois sentimentale et triste, par «chanson d’amour populaire». On le comprend assez vite, dès le titre de la première chanson et de l’album,«Glad to be unhappy» ou dès le subtil «Stranger in Town » de Mel Tormé. Du spleen heureux, en quelque sorte. Délicieux!

Et quel saxophone, que celui très « féminin », en repensant au titre de la belle biographie romancée d’Alain Gerber, Paul Desmond et le côté féminin du monde, car le jazz est un roman, pas vrai ?

On connaît évidemment l’altiste pour sa merveilleuse collaboration avec son ami, son alter ego complémentaire, le pianiste Dave Brubeck sur les hits «Take Five» (1)pour l’album Time Out de 1959 ou « Blue rondo a la Turk», mais là, sans pianiste, accompagné du délicat Jim Hall à la guitare, du vigoureux Connie Kay à la batterie et de Gene Wright à la contrebasse, il se livre à cet exercice de style, périlleux, où il excelle néanmoins.

Suave sans être mièvre, si vous ne fondez pas à l’écoute de ce formidable altiste, comme disait un ami collectionneur de jazz, consultez !

A noter deux bonus dont une composition de Jim Hall (« All Across The City ») qui ne figuraient pas sur le LP d’origine. Raison de plus pour savourer cette réédition…. avec les notes de pochettes originales de George Avakian, producteur émérite.

Sophie Chambon

 

 

[i] Répétons que c’est Paul Desmond qui composa ce hit planétaire !

 PAUL DESMOND  GLAD TO BE UNHAPPY
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31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 08:56
4 to GO! André PREVIN Herb ELLIS Ray BROWN Shelly MANNE

4 TO GO !

Réédition Jazz connoisseur ( Sony-Columbia/Legacy)

André Previn (p), Herb Ellis (g), Ray Brown(cb), Shelly Manne (dms)

« Quatre garçons dans le vent du jazz west coast », voilà une jolie formule que je reprends volontiers pour qualifier la rencontre de ces musiciens, à Hollywood, pour une séance d’enregistrement détendue, brillante, swingante à souhait ! Quel bonheur que la réédition en CDs de la série Jazz Connoisseur qui reprend pochette originale et « liner notes » de Leonard Feather, s’il vous plaît.

Comment s’est produit ce petit miracle ? Tout simplement par une rencontre, lors d’une semaine de résidence dans le célébrissime show télévisé de Steve Allen, acteur, humoriste, vedette du petit écran, le dimanche soir en live, à partir de 1956.

Le guitariste Herb Ellis fait partie de l’orchestre habituel de l’émission. Il s’agit alors pour le pianiste André Previn (1) de monter une séance d’enregistrement, avec l’ami batteur Shelly Manne, en s’adjoignant Ray Brown (tournant alors avec Oscar Peterson), le seul des quatre à ne pas résider sur la côte ouest. Lors de l’un des passages du contrebassiste, la bande éphémère des quatre se retrouve avec, dans leur bagage, pour chacun, une composition originale. Pour le reste, ils tenteront l’aventure en reprenant six standards selon l’inspiration du moment. Notons qu’à part l’incontournable « Bye Bye Blackbird » qui permet d’entendre le jeu du guitariste, le choix est plutôt original, les compositions sélectionnées des célèbres Rogers & Hart, Harlen & Langdon, Burke & Van Heusen sont « originales » (2). Soit dix titres plutôt neufs (aujourd’hui) qui composent cet album au montage absolument parfait, commençant par un « No Moon at all » qui permet de se faire une idée du style du pianiste assurément influencé par Art Tatum, et se terminant par un « Don’t Sing Along » épatant, des plus bluesy, d’André Previn, sans oublier une certaine ardeur qui caractérise le style de cette musique. Et c’est ainsi que se constitua cet album LP, dans la plus grande simplicité, entre gens de talent et de bon goût. Chacun a l’occasion de s’exprimer à part égale, comme Ray Brown sur « Like someone in love ». L’interplay paraît couler de source. Mention spéciale pour le morceau de Shelly Manne, « Intersection » que je trouve trop court, tant j’aime ce batteur, coloriste, mélodiste, d’une vigueur rare. En fait, ils sont tous vibrants et vivants, et je vous assure qu’une saine nostalgie fait vraiment surface à l’écoute de cet album.

Vraiment recommandé, vous l’aurez compris !

Sophie Chambon

 

 

 

[i] Revenons tout de même sur ce pianiste, compositeur et arrangeur étonnant qui fit de nombreux passages entre classique, musique de films et jazz ; quand on s’intéresse au cinéma américain de cette période, on a dans l’oreille immédiatement ces arrangements de My fair lady, en trio avec Shelly Manne et Leroy Vinegar (1956), d’Irma la douce. Ou des BO de films de Minelli comme ce surprenant The Four Horsemen of The Apocalypse, ou le célèbre Gigi.

 

[ii] L’occasion m’est donnée ici de m’interroger sur le pauvre choix des reprises de standards aujourd’hui. Ce sont toujours les mêmes qui sont repris et ressassés parfois jusqu’à écoeurement .


 

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30 mars 2017 4 30 /03 /mars /2017 22:54

Sony poursuit sa plongée dans un fonds presque inépuisable, surtout depuis qu'aux catalogues Columbia se sont ajoutés RCA, et donc Vogue. Legacy/Jazz Connoisseur, série pour connaisseurs effectivement, mêle à quelques classiques adoubés par la renommée des pépites un peu trop oubliées. Cette nouvelle livraison (25 albums) puise tout azimut dans les styles et les époques, de Woody Herman en 1945 jusqu'à Stan Getz en 1982, en passant par Sidney Bechet, Roy Eldridge, Lionel Hampton, Lee Konitz et Roy Haynes, à Paris dans les années 50, sans oublier nos compatriotes Barney Wilen et André Hodeir. Outre les disques d'André Previn, Paul Desmond et Bobby Jaspar, chroniqués sur ce blog par les soins attentifs de Sophie Chambon, la série offre quelques vrais trésors du jazz, comme ce disque de Carmen McRae qui, à la fin de sa carrière, pose ses mots (et quels mots : signés Jon Henricks, mais aussi Abbey Lincoln), sur les thèmes de Thelonious Monk («Carmen Sings Monk», enregistré en 1988, publié en 1990) ; ou encore «Tilt», le premier disque de Barney Wilen sous son nom en 1957, déjà réédité en CD mais toujours bienvenu ; ou le disque «Essais» (1954) d'André Hodeir, avec son Jazz Groupe de Paris (qui l'associait à Bobby Jaspar), couplé comme sur une édition précédente avec des musiques de films, l'une très ellingtonienne (1949, pour un film de Paul Paviot, Autour d'un Récif), l'autre dans le style du jazz cool (1953, pour un autre film du même réalisateur, Saint Tropez). Au côté de Lionel Hampton, dans son grand orchestre, il y avait lors du séjour parisien de 1953 Quincy Jones, Gigi Gryce et Lee Konitz, lesquels se sont empressés d'échapper à la surveillance de leur manager pour aller en douce faire des sessions chez Vogue. Avec Konitz le pianiste est Henri Renaud (qui fut plus tard le pilier artistique de Columbia CBS jazz en France). L'essentiel de la séance consistait en des variations en quartette sur I'll Remember April, le plus souvent sans que le thème soit exposé. Dans les premières éditions presque toutes les prises avaient un titre différent, et ne faisaient pas référence au standard (dont seules subsistaient les harmonies, fortement révisées). La cinquième, en trio sans piano, s'intitulait alors Lost Henri, car les musiciens avaient perdu le pianiste, sorti du studio pour une cigarette, ou un besoin naturel.... Cette réédition restitue ces titres.

Chaque disque porte avec lui son moment d'histoire : The Four Brothers, dix ans après que cette célèbre section de sax avait enchanté l'orchestre de Woody Herman, mais avec Al Cohn à la place de Stan Getz ; Duke Ellington dans un florilège de ses tubes en 1966 («The Popular Ellington») ; Dizzy Gillespie, avec son big band, à New York (1946-1950, origine RCA) ; Bud Powell («Swinging with Bud», 1957, origine RCA), avant son retour ches Blue Note pour trois disques, puis son escapade parisienne (1959-1964) ; Sonny Rollins, dans sa rencontre décisive avec Don Cherry en 1962 au Village Gate ; et Roy Haynes, à Paris en 1954, sous son nom avec Barney Wilen, Henri Renaud, Jimmy Gourley.... Deux jours plus tard Roy Haynes enregistrait aussi comme batteur du trio de Martial Solal, mais ces plages ne sont reprises ici ; on le retrouve en revanche dans ce disque avec le trio du pianiste Jimmy Jones. Autres pépites : Maynard Ferguson et son Birdland Dream Band en 1956, Woody Herman et ses trois troupeaux, de 1945 à 1954 (Four Brothers, Early Autumn....), Tony Bennett avec une succession de (grands) batteurs et percussionnistes («The Beat Of My Heart», 1957), Kenny Burrell avec des plages de 1961-62 exhumées une première fois en 1984, et un Wayne Shorter aussi singulier que réussi, «Native Dancer» (enregistré en 1974, avec Milton Nascimento, Herbie Hancock....). Côté piano, un disque très atypique de Keith Jarrett (« Expectations », 1972), avec au fil des plages Dewey Redman, Paul Motian, Charlie Haden, mais aussi Airto Moreira, et des cordes. Plus classique dans la forme du trio, Bill Evans, avec Eddie Gomez et Marty Morell («The Bill Evans Album», 1971) : hyper-lyriques versions de Two Lonely People et Comrade Conrad, un régal. Et pour conclure un tromboniste (à piston) qui s'était offert un jour le luxe d'un disque en duo de pianos avec Bill Evans : Bob Brookmeyer. Ici il est avec Herbie Hancock, Stan Getz, Gary Burton, Ron Carter et Elvin Jones. Une session entre amis qui sent bon le plaisir de jouer («Bob Brookmeyer and Friends», 1964). Amateurs férus ou néophytes, il ya là des découvertes à faire, d'urgence.

Xavier Prévost

JAZZ CONNOISSEUR : 25 nouvelles références chez Sony-Columbia Legacy
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25 mars 2017 6 25 /03 /mars /2017 08:43

Heartcore 2017
Kurt Rosenwinkel (g, b, p, dms, perc, synth, vc), Pedro Martins (dms, vc, perc), Eric Clapton (g), Alex Komzidi (g), Mark Turner (ts), Kyra Garey (vc), Antonio Loureiro (vc), Zola Mennenöh (vc), Amanda Brecker (vc), Frederika Krier (vl), Chris Komer (cor), Andi Habert (dms)

Kurt Rosenwinkel s’engage dans une voie toute nouvelle pour lui en créant son propre label (Heartcore) et en se rapprochant de celui du contrebassiste Avisai Cohen (Razdaz records).
A 47 ans, le guitariste de Philadelphie emprunte dès aujourd’hui un réel tournant dans sa brillante carrière.
Avec « Caipi », Kurt Rosenwinkel est en terre inconnue inspiré parfois par les rythmes brésiliens et parfois par une pop éthérée et presque lounge. Son sens de la mélodie nous emporte sur des rivages lointains et aériens flottant sur une sorte de tapis vocal volant qui fait chatoyer les harmoniques. Kurt Rosenwinkell sur des terres jazz et pop entre Robert Wyatt et Radiohead. Le guitariste, qui se fait ici homme-orchestre prend des chemins Metheniens et se fait directeur musical talentueux, multi-intrumentiste organisant son monde autour d’une musique inspirée. Il convie pour l’occasion Eric Clapton mais aussi et surtout un Mark Turner qui allume la braise et porte haut le discours.
Dans cet albums il est de vrais moments d’allégresse comme sur cette tournerie légère sur Casino Vanguard où les voix mettent la guitare sur orbite. Ce qui prédomine dans « Caipi » c’est le soin porté  aux arrangements absolument superbes et à une orchestration savamment organisée. Une brise marine sur un rythme roulant. Les arrangements subtils lui permettent de partir sur des rythmes brésiliens, presque « bossa » pour évoluer vers le jazz harmonique qu’il affectionne et sur lequel il pose de bien élégants chorus. Et dans tout cela l’émotion qui émerge comme sur Ezra dont Mark Turner sait prolonger le chant.


Au final un album heureux. Un vrai feel good album.

Jean-Marc Gelin

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