Jacky Terrasson (piano, clavier, chant), Thomas Bramerie, Géraud Portal, Sylvain Romano (basse), Ali Jackson, Gregory Hutchinson, Lukmil Perez (batterie). Recall Studio, Pompignan, 12-19 juin 2019. Blue Note-Universal.
Une séquence rétro pour commencer : le premier concert de Jacky Terrasson qui me revient en mémoire eut lieu en 1996 au New Morning pour les 15 ans du club fondé par Eglal Farhi, disparue ces derniers jours. Le pianiste y jouait aux côtés d’un maestro de la basse, Ray Brown. Peu après le lauréat du prix Thelonious Monk surprit le milieu du jazz par une version toute pacifique de La Marseillaise qui aurait du plaire à Jacques Chirac, fan de musiques militaires et de Frank Sinatra.
L’actualité du pianiste franco-américain, c’est la sortie de son quinzième album en leader, intitulé simplement 53, pour rappeler son âge (il les fêtera le 27 novembre prochain). Comment marquer les esprits après trois décennies sur scène ? Jacky Terrasson est revenu à la formule classique du trio (« celle où je me sens le plus libre ») tout en proposant uniquement ses propres compositions, si ce n’est une évocation brève (moins de 90 secondes) du Requiem de Mozart (Lacrimosa).
Pour mettre tous les atouts de son côté, le pianiste a retenu trois rythmiques différentes. Au gouvernail, Jacky Terrasson mène son équipage avec une main ferme, véloce, et un lyrisme séduisant. Un hommage de belle manière à quelques maîtres (Ahmad Jamal dans le titre d’ouverture, ‘The Call’, Keith Jarrett dans ‘Kiss Jannett for Me’), des accents bop, funky, pop : en seize titres bien concentrés, le pianiste transmet à chaque note une jubilation de haut vol. La classe !
Jean-Louis Lemarchand
En concert : le 4 octobre à La Rochelle, le 30 novembre au festival Jazz au fil de l’Oise, le 7 décembre à Bordeaux et le 12 décembre au New Morning (Paris).