Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 juillet 2023 5 07 /07 /juillet /2023 18:35

 

Bojan Z (piano solo)

Marseille, 17 octobre 2021

Paradis Improvisé / l’autre distribution

 

Très belle incursion/excursion de Bojan Z dans des thèmes très divers (les siens, et ceux de compositeurs essentiels : Jimmy Rowles, Wayne Shorter, Charles Mingus, Horace Silver, Clare Fischer….). Le piano respire la liberté, la spontanéité, la nuance (mais aussi la fougue). La sonorité chante, parfois aussi elle rugit. Nous le suivons dans ce cheminement de liberté, souvent enchantés, et aussi fascinés. La manière dont il joue, déjoue et rejoue les sinuosités du thème de The Peacocks, ses détours dans les chromatismes du pont, tout cela dans le seul but de faire chanter l’émotion si particulière de cette merveille de composition et de forme, est un pur régal, et un grand moment de musique. On peut en dire tout autant de ce qu’il fait sur les autres thèmes : libre, inspiré, Bojan est encore et toujours un pianiste d’exception.

Xavier Prévost

.

Un avant-ouïr sur Youtube 

Partager cet article
Repost0
6 juillet 2023 4 06 /07 /juillet /2023 14:00

 

Régis Huby (violon, composition) , Guillaume Roy (alto), Marion Martineau (violoncelle, viole de gambe), Olivier Benoit (guitare électrique), Pierrick Hardy (guitare acoustique), Joce Mienniel (flûte), Jean-Marc Larché (saxophone soprano), Catherine Delaunay (clarinette), Pierre François Roussillon (clarinette basse), Matthias Mahler (trombone), Illya Amar (vibraphone, marimba), Bruno Angelini (piano, piano électrique, synthétiseur basse), Claude Tchamitchian & Guillaume Séguron (contrebasses), Michele Rabbia (batterie, percussions, électronique)

Malakoff, juillet 2022

Abalone / l’autre distribution

 

Un somptueux foisonnement ! J’avais écouté ce groupe, et cette musique, en 2018 au festival D’Jazz Nevers, et j’espérais qu’un disque viendrait. C’est fait, et l’auditeur que je suis est comblé par ces retrouvailles. Réunissant une équipe de solistes au-delà de tout éloge, c’est une musique construite sur un exigence formelle qui ne brime en rien la vitalité, le rebond, et la créativité individuelle de l’improvisation. La complicité ancienne du compositeur-leader avec une bonne partie des interprètes n’est pas pour peu dans cette réussite. Mais ce n’est pas le seul ingrédient : l’investissement individuel de chacune et de chacun dans cette musique, dans son esprit, mais aussi ce qu’elle a d’organique, de charnel, fait que l’on court de séquence en séquence, étonné et ravi de ces transitions inattendues, de ces retours obstinés de pulsations entêtantes. Au moment des premières présentations publiques de cette œuvre presque monumentale, Régis Huby avait dans un entretien évoqué Steve Reich. Mais ce qui pour moi va au-delà de cette référence, c’est qu’il s’agit d’une musique vraiment collective, avec des interprètes qui sont constamment inspirés, dans l’écrit comme dans l’improvisé : le miracle de la vie même. De la (très) grande musique ou, si l’on préfère, du Grand Art. Chapeau bas !

Xavier Prévost

.

Un avant-ouïr sur Youtube

Partager cet article
Repost0
29 juin 2023 4 29 /06 /juin /2023 18:12

 

Tim Berne (saxophone alto), Hank Roberts (violoncelle), Aurora Nealand (accordéon, clarinette, voix)

Brooklyn, 9 août 2022

Intakt records CD 403 / Orkhêstra International

https://timberneintakt.bandcamp.com/album/oceans-and

 

Une fois encore, Tim Berne me surprend, et m’épate. Après avoir, pendant des années, sur disque et en concert, offert des audaces écrites, développée dans des improvisations vertigineuses, et avec des partenaires de choix (dont Marc Ducret), il nous tend un bouquet d’improvisations collectives avec des complices tout aussi choisi(e)s. Et une instrumentation pour le moins inusitée. Le violoncelliste est pour lui (pour nous aussi) une vieille connaissance. Quant à Aurora Nealand, je dois avouer que je la découvre avec ce disque. Un disque très collectif, où chacune et chacun lance une bribe, une idée, une phrase, qui devient instantanément langage collectif, projet esthétique en mutation instantanée…. On croise au détour d’une phrase, ou d’une effusion, le souvenir des musiques qui nous sont en mémoire (fantôme d’un standard ?). Mystérieux, jouissif, et infiniment musical. Un rêve de musique improvisée, en quelque sorte.

Xavier Prévost

Partager cet article
Repost0
20 juin 2023 2 20 /06 /juin /2023 21:42

 

Jozef Dumoulin (piano, piano électrique, synthétiseur, guitare, voix, programmation, inserts sonores)

Carton Records (CD, vinyle, téléchargement)

https://cartonrecords.bandcamp.com/album/this-body-this-life

 

Dix ans après l’enregistrement du disque «A Fender Rhodes Solo», Jozef Dumoulin retrouve l’exercice solitaire du clavier. Le pianiste nous dit que voici quelque temps le producteur d’un label lui avait suggéré de faire un album qui mêlerait piano acoustique et piano Fender Rhodes. Il s’était alors mis à l’ouvrage, mais le producteur voulait l’orienter vers une esthétique à laquelle il n’adhérait pas. Et il reprit le projet en suivant ses propres critères. Ce disque est donc une sorte de manifeste artistique de Jozef Dumoulin, donnant libre cours à ses idées, ses envies, ses fulgurances…. Et le résultat vaut la peine d’être découvert. À partir de nombreuses improvisations sur le piano et sur le piano électrique, le musicien a élaboré 14 plages très singulières, d’une indiscutable richesse musicale. Les sons et les langages se mêlent, en contrastes, tensions, ruptures, tuilages ou subite cohésion. Pour avoir écouté le pianiste, depuis des années, dans les contextes les plus divers, je croyais avoir entendu toutes les ressources de sa large palette sur les divers instruments. Eh, bien une fois encore, il m’a étonné, surpris…. Et ravi !

Xavier Prévost

Partager cet article
Repost0
18 juin 2023 7 18 /06 /juin /2023 09:18
JeanPaul Ricard & Jean Buzelin  GIRLS           VOCAL GIRL GROUPS  JAZZ POP DOO-WOP SOUL (1931-1962)

JeanPaul Ricard & Jean Buzelin

GIRLS VOCAL GIRL GROUPS

JAZZ POP DOO-WOP SOUL (1931-1962)

 

Frémeaux& Associés

Go On - YouTube

I'M On The Wagon - YouTube

When You Were Sweet Sixteen - YouTube

Editions, Galerie, Librairie Sonore et Vignobles Frémeaux & Associés (fremeaux.com)

 

 

Le label Frémeaux&Associés nous fait découvrir une fois encore des enregistrements rares mais pas nécessairement obscurs, tout à fait dignes d’intérêt. Un coffret de 3 CDs sur un thème inédit et très original...

Nous avions salué comme ils le méritaient les précédents coffrets, toujours de 3 CDS chez Frémeaux & Associés qui redonnaient enfin aux femmes dans le jazz un rôle plus conséquent, une plus juste place. JP Ricard et Jean Buzelin, à l’origine de ces formidables compilations, rassemblaient les pianistes ( 1936-1961) sans oublier les autres instrumentistes (1924-1962) et les Girls Bands (1934-1954), en laissant de côté les chanteuses. Ils partaient du principe que pour le grand public les femmes dans le jazz sont avant tout chanteuses : sexy, elles s’exposent sur le devant de la scène, en pleine lumière, et n’ont jamais eu ce problème de visibilité rencontré par les instrumentistes.

Les chanteuses n’ont pas été dédaignées pour autant par les créateurs de ces coffrets. Encore un autre travail colossal de nos deux experts en jazz et blues qui continuent leur entreprise en orientant leurs recherches cette fois vers une catégorie complètement ignorée aujourd’hui, sous estimée (?). Ils s’intéressent cette fois aux Girls Vocal Groups qui se sont souvent constitués dans le groupe familial, utilisant ainsi les diverses tessitures avec la prédominance d’une “lead singer”. Si ça commence avec des chanteuses blanches dans les années vingt, les Boswell Sisters de la Nouvelle Orleans, accompagnées par les frères Dorsey, connurent un très grand succès au début des années trente avec des reprises sensationnelles de “ Everybody loves my baby”, “Mood Indigo”ou “Alexander’s Ragtime band” sur les disques Brunswick, les Andrews Sisters nous sont encore familières avec les chansons de la période de la guerre “Bei mir bist du schön” ou “Rum and Coca-Cola”sur Decca. Comment ne pas citer les Chordettes dès 1946 qui jusqu’à leur séparation en 1965 enchantèrent le public ( “Mr Sandman” en 1954)?

Mais pour beaucoup de groupes, il était nécessaire d’opérer une réévaluation de ces chanteuses dont le nom nous est souvent inconnu. Très vite les groupes sont constitués par des chanteuses noires avec leur style fait de blues et jazz hot…On peut citer sur le Cd1 les Dandridge Sisters qui passèrent au Cotton Club au sein de l’orchestre de Jimmy Lunceford, Dorothy s’illustrera plus tard dans la "Carmen Jones" de Preminger. Une curiosité à souligner, les Peters Sisters eurent une belle carrière en France et passèrent aux Folies Bergères…) “Comme tu me plais” de Paul Misraki.

Le gospel laisse sa marque avec une chanteuse au premier plan soutenue par le choeur. Les Cookies sont repérées par Ray Charles qui les rebaptisa Raelettes (“What kind of man are you”?1957)

C’est à une véritable explosion du phénomène de groupes vocaux au féminin, y compris dans le style très particulier doo-wop, lancé pourtant par des groupes de garçons, que l’on assiste durant les sixties, avec de grands producteurs qui ont le sens du marché et savent manager des groupes de très jeunes et jolies chanteuses qui envahissent la variété et deviennent la coqueluche des teenagers. Les Shirelles ouvriront la voie aux groupes célèbres qui vont se succéder: le génial Berry Gordy qui fabrique les talents et le Tamla Motown sound encourage au début les Marvelettes “Please Mr Postman” en 1961, Martha and The Vandellas “I’ll have to let him go” en 1962 mais il favorisera surtout les Supremes qui figurent en couverture du coffret ( Vous aurez reconnu sa protégée, Diana Ross qui finira par remplacer en lead singer Florence Ballard ), chanteuses qu’il rendra suffisamment lisses pour le marché pop. (“Buttered popcorn”, “Let me go the right way” en 1961).

Quarante six groupes, un livret de 20 pages avec les renseignements discographiques complets des différentes séances, 26 titres pour le premier Cd, et 28 pour chacun des deux autres.

Jean-Paul Ricard, ardent défenseur des femmes dans le jazz, ne pouvait laisser passer l’occasion de ressortir quelques belles pépites et avec son copain Jean Buzelin, ils étudient cette fois l’art du jeu et des harmonies vocales dans tous les champs de la musique populaire américaine du XXème siècle. A eux deux, ils couvrent toute l’écriture jazz, pop, soul, country music (Staple Singers en 1959 “Downward road”) respectant la législation du domaine public, c’est à dire de 1931 à 1962.

Nos deux auteurs ont puisé cette fois encore dans leur vaste collection de LPs, se sont répartis les styles et après sélection des titres les plus représentatifs de chacun des groupes choisis, ils ont validé après restauration et mastering le nouveau coffret, d’où une très belle qualité de son pour une écoute optimale.

Guidé par l’expertise de tels connaisseurs, on ne peut que se laisser bercer par ces musiques "vintage", ces oldies but goldies et rendre hommage à ce travail de mémoire précis, précieux et indispensable pour l’histoire de la musique.

 

Sophie Chambon

 

 

Partager cet article
Repost0
11 juin 2023 7 11 /06 /juin /2023 21:46

Samuel Blaser (trombone), Fabrice Martinez (trompette, bugle, tuba), Christophe Monniot (saxophones sopranino, alto & baryton), Marc Ducret (guitares électriques, composition)

Moulin-sur-Ouanne (Yonne), octobre 2022

Ayler Records AYLCD-178 / Orkhêstra

https://www.ayler.com/marc-ducret-ici.html

 

Une aventure singulière : pendant les confinements, faute de pouvoir se réunir en studio, le groupe s’est rassemblé, entre juillet 2020 et juin 2021, sur les bords d’une rivière bretonne, soumise aux mouvement des marées.

 

 La musique, sommairement captée, fut rejouée en studio dans l’Yonne, et enregistrée là par Antonin Rayon, partenaire pianiste/organiste de Ducret, mais aussi ingénieur du son. Entre ici et là, la magie de l’invention musicale est demeurée intacte. Des harmonies tendues à l‘extrême, des mélodies presque apaisées, des foucades sans entraves dans l’improvisation (d’ailleurs, est-il possible de faire l’exact départ entre l’écrit et l’improvisé?). Les titres égrènent la succession des saisons (L’été, l’automne, l’hiver, le printemps…..) comme autant de tremplins à l’inventivité et à la liberté. La densité des compostions explose dans les escapades improvisées, et pourtant tout cela est d’une incroyable fluidité. Comme si cette expérience dictée par les circonstances pandémique servait de rampe de lancement au plus grand ‘naturel’. Évidemment comme toujours la nature et la culture s’interpénètrent, sans qu’il soit possible d’en déterminer la limite. Grand Art en somme !

 

Xavier Prévost  

Partager cet article
Repost0
6 juin 2023 2 06 /06 /juin /2023 14:59

 

Gary Brunton (contrebasse, composition), François Jeanneau (saxophone soprano), Andrea Michelutti (batterie), Emil Spanyi, Paul Lay (piano)

Malakoff, 2022

Juste une trace / Socadisc

 

Après deux disques en trio piano-basse-batterie («Night Bus», «Second Trip»), le contrebassiste revient avec un trio autour du saxophone soprano de François Jeanneau. Trio augmenté, car 9 des 13 plages accueillent alternativement au piano Emil Spanyi et Paul Lay. Du jazz de stricte obédience, mais du jazz d‘aujourd’hui : la présence de François Jeanneau, qui en 1960 enregistrait avec Georges Arvanitas dans un quintette très soul jazz, mais aussi plus tard avec le très contemporain Quatuor de saxophones, donne la mesure des langages partagés dans ces plages. Après les épisodes de ‘Night Bus’, le titre de ce nouvel album, d’un nouveau groupe, évoque le train de nuit tel que le nomme la langue galloise. Peut-être est-ce un voyage, parmi les moments historiques du jazz. Vigueur du premier titre, en quartette, où Emil Spanyi donne toute sa verve d’improvisateur, avant une ballade où la basse va s’épanouir à l’archet, en dialogue avec le piano de Paul Lay. Retour au plus vif, dans un thème qui fleure bon le souvenir des grands orchestres : à quatre ils ravivent cette époque épique, mais les improvisations fleurent bon le jazz d’aujourd’hui. Plage après plage, c’est une parcours panoramique dans les langages du jazz tel qu’on le parle en 2022, la mémoire en éveil, l’inspiration aux aguets. Absolu bonheur d’écouter François Jeanneau, sur qui le temps paraît n’avoir aucune prise. Cohésion du groupe qui manifestement vit ces instants comme une fête : beaucoup des thèmes semblent porter le souvenir des harmonies et des structures de standards, parés d’habits neufs. La magie du jazz en somme, intemporelle, et pourtant toujours en éveil sur le fil du temps.

Xavier Prévost

Partager cet article
Repost0
5 juin 2023 1 05 /06 /juin /2023 18:18


Erik Truffaz (trompette), 

Marcello Giuliani (contrebasse), Raphaël Chassin (batterie), Alexis Anérilles (piano), Matthis Pascaud (guitare), Sandrine Bonnaire et Camelia Jordana (voix).

 

Blue Note/Universal.

 

       Un brin de nostalgie et un zest de modernité. Erik Truffaz écrit sa partition originale pour une sélection musicale dédiée à quelques films et séries télévisées bien connus des années 50 à 70.

 

       Le trompettiste savoyard joue la carte de la sobriété, à la tête d’une courte formation de musiciens partageant son univers, dont le « vétéran » Marcello Giulani, complice de la période « électro ». La surprise sur le plan orchestral vient de la contribution de la chanteuse Camelia Jordana, qui reprend la partie de Marylin Monroe dans ‘One Silver Dollar’, titre-culte de la ‘’Rivière sans retour’’ (River of No Return) d’Otto Preminger, composition de Lionel Newman et Ken Darby et de la comédienne Sandrine Bonnaire, récitant un extrait de César et Rosalie, de Claude Sautet, sur une musique de Philippe Sarde.

 

       Le choix du répertoire effectué par Erik Truffaz ne connaît pas de frontière et donne lieu à un parcours qui ravira les cinéphiles (et « téléphiles ») et les amateurs de BO. Jugez plutôt : outre les deux films précités, les compositeurs se nomment Nino Rota (La Strada), Michel Magne (les Tontons Flingueurs, Fantomas), John Barry (la série Amicalement Votre, The Persuaders! , où s’illustraient Tony Curtis et Roger Moore), Ennio Morricone (Le Casse), Alain Romans (Les vacances de Mr. Hulot) et idole de Truffaz, Miles Davis (Ascenseur pour l’échafaud).

 

        Une trentaine de minutes en tout et pour tout qui évoquent des sentiments aussi divers que la tristesse, l’inquiétude, l’insouciance. « Quel temps fait-il à Paris ? », la composition d’Alain Romans, à qui Jacques Tati commandera aussi la musique de Mon Oncle, vient clore sur une note alerte ce bref panorama dans un rappel de l’atmosphère des vacances à la mer des années 50.  Et si l’on retenait « ROLLIN’ » comme le disque de l’été 2023 ?

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

En concert en juin à Nice (8), Chatellerault (14) et Vauvert (30).

 

 

Partager cet article
Repost0
4 juin 2023 7 04 /06 /juin /2023 08:07

Sylvain Kassap (clarinette, clarinette basse, chalumeau), Hélène Labarrière (contrebasse)

Spézet (Finistère), sans date

émouvance emv 1047 / Absilone-Socadisc

 

Retrouvailles sur disque d’un duo qui existe depuis quelques lustres. Avec des thèmes repris de leurs répertoires respectifs, dont certains qu’il jouaient en duo lors de concerts passés. Et de nouvelles compositions aussi, comme celle, intitulée Poul an Serf, qui évoque le lieu où fut enregistré ce disque. Ou Dji-Dji, qui salue la mémoire d’un contrebassiste que beaucoup d’entre nous aimaient et admiraient. Un bouquet de dédicaces qui disent sur quoi ces deux artistes se retrouvent, et qui nous est aussi donné en partage. Profondeur du son, de la basse comme des anches ; soin jaloux des nuances ; éclats surprenants, vifs et libres ; fascinant dialogue de deux esprits connivents : un régal, un chemin de découverte, d’imprévu, d’émois soudains. Et le texte de Jean Rochard, sobrement, entrouvre pour nous la porte de l’écoute. On s’y plonge avec délices.

Xavier Prévost

.

Un avant-ouïr sur Youtube

Partager cet article
Repost0
31 mai 2023 3 31 /05 /mai /2023 09:09
OK BOOMER                  ORCHESTRE TOUS DEHORS

 

ORCHESTRE TOUS DEHORS

OK BOOMER

 

 

TOUS DEHORS | Accueil | Site officiel | Jazz | France (tous-dehors.com)

Label Tous Dehors

 

Il sont treize en piste réunis en un ensemble décidément peu commun, audacieux et débridé dans cet Ok Boomer d’une fraîcheur bienvenue .

Comment rendre compte de la formidable diversité de sons, de styles que brasse le multi instrumentiste ( saxophones, clarinettes, harmonica et cornemuse) Laurent Dehors à la tête de son Orchestre Tous Dehors, ce sacré Grand Format qui fête ses trente ans , en sortant sur son propre label un album insolent et drôle dès le titre et la pochette? Son big band s’organise concentriquement depuis sa garde rapprochée composée de l’inénarrable Michel Massot au tuba, trombone et euphonium, du pianiste Matthew Bourne, du batteur Franck Vaillant, de fidèles plus ou moins récemment acquis à la cause comme le guitariste (à 7 cordes) et banjoïste Gabriel Gosse ( actif sur “I wanna boo on the beach”), ou la saxophoniste Céline Bonacina qui l’a impressionnée depuis leur récent duo vraiment formidable. Comme le chef sait évoluer et se renouveler, il s’entoure de partenaires recrutés selon leur potentiel, “des femmes, des gars, des jeunes, des moins jeunes". Dans cette mixité recherchée, seul le talent compte et une bonne dose d’humour, de fantaisie pour s’approprier la musique de Laurent, quelle que soit la difficulté des partitions, tous s'emparant du potentiel orchestral avec une aisance souriante... qui s’entend!

Laurent Dehors a créé son propre langage, mis au point une formule singulière et festive qui, en dépit de l’hétérogénéité apparente et des influences multiples révèle sa cohérence artistique. Dès les premières notes, on reconnaît la signature de ce compositeur qui ne joue pas que sur l’humour. Des interventions brèves, des fulgurances, des éclats soudains mais aussi de superbes unissons, de la rigueur en dépit de ces "décalages oreille" qu’il affectionne. Une partition mouvementée, très élaborée, aux ruptures soudaines, tout un art du collage et du montage. Les titres sont d’ailleurs un plaisir supplémentaire qui pourrait induire en erreur comme ce “Charleston” qui ouvre l’album, totalement déjanté, volontiers dissonant qui aurait fait fuir les “flappers” les plus délurées ou cette “Polka” plus cartoonesque (avec son emprunt au “vol du bourdon”) que dansante. “Disque Jockey” n’est pas en reste avec ses petits bruits rigolos (Michel Massot), “Les Quartes en main” suit, plus inquiétant, très percussif et répétitif. Toujours dans le détournement jusque dans ses micro-citations qui surgissent abruptement parodique. Laurent Dehors aime jouer des transversalités, déjouer les musiques populaires et s’il a détourné brillamment l’opéra, les chansons d’amour, repris à sa façon le trombone dans Dommage à Glenn, cet album n’ a pas une thématique précise, ce serait comme un condensé de tout le vécu d’un orchestre avec des morceaux courts, des instantanés, d’autres plus longs qui prennent le temps de se développer  comme dans ce “Soleil” où pince-sans-rire, Matthew Bourne calme le jeu avec ce lent prélude où le silence entre chaque note s'entend avant une composition pas toujours resplendissante, plutôt élégiaque en dépit des percussions. "Heureux" n’est pas non plus le titre le plus réjouissant, constat lucide,  lancinant retour en arrière sur notre temps?

On ne perd pas de temps dans cet orchestre : à l’intérieur de chaque composition se distribuent les rôles, les interventions des solistes, les plages d’improvisations et d’équilibre entre parties mélodiques et rythmiques. Ludique et lyrique à sa façon, une poésie instantanée se dégage de ces zigzags et acrobaties jusqu’au “folklore” de ce final surprenant Taïko Blues qui, loin de résonner du son des tambours japonais nous immergerait plutôt, cornemuse en tête, dans un bagad du festival interceltique de Lorient. Pas chauvin, ce diable de Normand, fast and furious” à l’aise dans tous les déplacements et variations, envoyant un bon gros son d’une énergie incomparable. Et là, vous n'écoutez que l’album! Imaginez en live avec son sens irrésistible de la scène, la puissance de feu de cette belle machine  décuplée. Alors n’hésitez plus à le programmer !

 

Sophie Chambon

 

 

 

OK BOOMER                  ORCHESTRE TOUS DEHORS
Partager cet article
Repost0