Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 février 2023 3 15 /02 /février /2023 23:03

Pierre de Bethmann (piano), Nelson Veras (guitare), Sylvain Romano (contrebasse)

Pompigan (Gard), 29 juillet 2022

Aléa /Socadisc

 

Retour du pianiste en trio, mais selon des modalités nouvelles : exit la batterie de Tony Rabeson, mais la contrebasse de Sylvain Roman demeure, et le guitariste Nelson Veras entre dans la danse. Et au côté de quelques standards un thème plus surprenant : le deuxième mouvement de la 7ème Symphonie de Beethoven (sur lequel Philippe Labro posa naguère un texte un peu ridicule pour Johnny Hallyday, lequel était parfaitement raccord….), en le trio fait de cette musique une merveille de liberté. On trouve aussi une musique de film de Michel Magne, des compositions de René Urtreger, Lee Konitz, Dave Holland et John Taylor…. Le disque ouvre par une relecture très subtile (et très neuve) de Love For Sale. Le ton est donné, on est dans l’orfèvrerie, le Grand Art. Ce n’est sans doute pas un hasard si le thème choisi pour la seconde plage est Thingin’ de Lee Konitz, une des nombreuses escapades du saxophoniste autour de All The Things You Are. Et là encore l’art de trouver des voies nouvelles sur un sentier rebattu s’épanouit. Je ne vais pas détailler chaque plage, mais je dois avouer que, jusqu’au terme de l’album, je suis resté sur un petit nuage, un bonheur offert à l’amateur de découvrir de nouveaux trésors, de nouvelles sensations. La magie du guitariste n’y est pas pour peu, mais le pianiste qui a suscité cette rencontre, et son répertoire, en cultivant l’ancienne connivence avec le bassiste, est bien le porteur de cette re-création, qui est beaucoup plus que récréative, de thème qui nous étaient connus, voire familiers. On se précipite sur ce bel objet sonore de Jazz, au sens le plus noble !

Xavier Prévost

.

Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=38R6RKOGiJo

.

Le trio est en concert à Paris au Sunside les 17 & 18 février 2023

Partager cet article
Repost0
14 février 2023 2 14 /02 /février /2023 16:47
Thomas Naïm     On The Far Side

Thomas Naïm    On The Far Side

 

Label Rootless Blues/ Metis records

L’autre Distribution

Lincoln Circus - YouTube

 

CONCERT LE 14 FEVRIER AU ZEBRE DE BELLEVILLE

 

On The Far Side du guitariste Thomas Naïm est un album captivant dès la première écoute et le plaisir ne diminue pas à la réécoute. Autrement dit, il ne déçoit pas.

Dès l’introduction “Endless Memories”, l’atmosphère est posée : on évolue dans un polar urbain années 70 avec le doux ronflement de l’orgue Hammond et le drive souple de la rythmique sur un thème qui s'insinue et s’accroche. “Slow Blues”creuse cette même piste, sans embardée de guitar hero, Thomas Naïm suivant plutôt les traces d'un Bill Frisell qui en est pourtant un! 

Ainsi se met en place avec un sens mélodique certain, une suite de 9 compositions toutes de la plume du leader, d’une grande fluidité dans une véritable circularité de morceaux, sombres mais enlevés. 

Musique d’un film rêvé,Thomas Naïm a dû rêver son disque et il est parvenu à le réaliser sur son propre label Rootless Blues, en choisissant avec soin ses complices de jeu, sous le regard extérieur d’un directeur artistique, Daniel Yvinec, conseiller avisé dès le début du projet. Une vraie formation s’est créée à partir du trio avec lequel Thomas Naïm a élaboré 5 albums en dix ans, une histoire de fidélité avec Raphaël Chassin à la batterie et aux percussions et Marcello Giuliano à la basse électrique et contrebasse. Le guitariste a osé prendre un autre instrument harmonique et c'est le pianiste Marc Benham qui intervient avec bonheur à l’orgue. Quant au saxophoniste ténor, il s’agit de Laurent Bardainne qui, sur 3 titres dont “Kite” et “Lincoln Circus” s’ajuste parfaitement à l’esthétique du projet, une bande-son qui accompagne un itinéraire étrange, une escapade On the far side qui évoque l’Amérique profonde, les grands espaces de l’ouest. La guitare recrée les images du genre ou plutôt les contourne tout en restant dans la même perspective, horizontale.

Thomas Naïm laisse en effet beaucoup d’espace à ce trio dépouillé; et si l’orgue n’en rajoute pas, il crée un "mood" avec des notes tenues et une couleur bienvenue, le sax affolant cette musique, surtout quand il se mêle aux secousses, saccades de guitares. Jusqu’aux larges accords du “Gypsy” final, composition déjà enregistrée qui ne dépare pas l’ensemble quand elle est rajoutée en superposant des guitares, avec des effets de “re re”.

 Ouvert à toutes les influences, le guitariste écrit un jazz teinté de rock aussi réfléchi que sensible. Sans sombrer dans l’imitation, même s’il a beaucoup écouté ses modèles autant dans le jazz (Grant Green, Wes Montgomery, Kenny Burrell...) que le rock (Jimmy Page, Jeff Beck...) et bien évidemment Jimi Hendrix qui lui a d’ailleurs inspiré son album précédent The Sounds of Jimi.

Le voyage à travers cet album réserve quelques surprises, on se laisse embarquer volontiers avec ces ballades bluesy, au climat onirique et crépusculaire. Un “Little dreamer” très orchestré nous enveloppe dans un cocon doux, vaporeux par petites touches de la basse. “The walk” qui suit débute au piano, mélodie flottante où de petits fragments éveillent en échos images cinématographiques et souvenirs d’autres trips. Ces petites formes, ces fredons qui restent en mémoire comme dans "Kite"- suspensions, ritournelles plus que ressassements, ces esquisses ont une force envoûtante, énigmatique.On verrait bien des voix se poser sur ces musiques, comme dans cette complainte “No Way Home” tant les compositions de Thomas Naïm s’apparentent à des chansons. Un compliment pour celui qui a accompagné si souvent de grandes chanteuses.

Sophie Chambon

Partager cet article
Repost0
12 février 2023 7 12 /02 /février /2023 21:25

Keith Tippett (piano, cithare, boîtes à musique, percussions) entre 1979 & 1996, Julie Tippett (voix, cithare, boîtes à musique, percussions), juin & septembre 2022

DISCUS 143CD / https://discusmusic.bandcamp.com/

 

Un peu de révisions pour commencer : le pianiste Keith Tippett était une figure majeure du jazz britannique contemporain dès la fin des années 60, et son orchestre pléthorique ‘Centipede’ (50 instrumentistes = 100 pieds !) fut un événement considérable des années 70 (et parallèlement il jouait aussi avec King Crimson….) ; Julie Tippett avait été auparavant Julie Driscoll, qui connut un très grand succès au côté de l’organiste Brian Auger en chantant Save Me. Keith et Julie se sont marié en 1970 et n’ont plus cessé de faire ensemble de très belles musiques dans un large éventail qui va du rock progressif à la musique improvisée en passant par le jazz contemporain. John et Julie avaient enregistré en 1987 «Couple in Spirit», et ils avaient le projet ces dernières années d’enregistrer un duo. Mais Keith est mort en juin 2020. Et Julie décida, en accord avec Martin Archer, saxophoniste mais aussi producteur du label Discus, de poser en 2022 sa voix (démultipliée parfois par la magie du studio), ses mots (et aussi une impro vocale sans texte) sur des enregistrement de piano réalisés par Keith entre 1979 et 1996.

Il en résulte un condensé de beautés audacieuses, d’aventures musicales sans frontières, et aussi une escapade vers un standard français, Les Moulins de mon cœur, mélodie de Michel Legrand (ici avec des improvisations de Keith Tippett) sur laquelle Julie chante les paroles anglo-américaines (The Windmills of Your Mind) signées Alan & Marilyn Bergman. L’ensemble est un bonheur d’écoute sans œillères, à découvrir d’urgence.

Xavier Prévost

.

Un avant-ouïr sur le site du label

https://discusmusic.bandcamp.com/album/sound-on-stone-143cd-2023

 

Partager cet article
Repost0
9 février 2023 4 09 /02 /février /2023 10:58

 

Jean-Marie Machado (piano, compositions, arrangements), Karine Sérafin (voix), Cécile Grenier & Cécile Grassi (violons altos), Guillaume Martigné (violoncelle), Élodie Pasquier (clarinette & clarinette basse), Jean-Charles Richard (saxophones baryton & soprano), Stéphane Guillaume (flûtes), François Thuiller (tuba), Didier Ithursarry (accordéon), Ze Luis Nascimento (percussions)

Pernes-les-Fontaines 7-9 septembre 2022

Label La Buissonne RJAL 397045 / PIAS


 

Cela fait plus de 6 ans maintenant que le pianiste-compositeur-improvisateur s’est lancé dans cette aventure de Danzas, ensemble qui allie l’instrumentation du jazz à celle de la musique de chambre. Dès les premières années de sa carrière, avec le disque «Vibracordes» il avait abordé les chemins de traverse, se jouant régulièrement des étiquetages pour n’en faire qu’à sa tête, ou plutôt à son désir de musique. Pour ce nouvel enregistrement il prolonge une aventure créée voici 3 ans avec un spectacle musique et danse autour de L’Amour sorcier (El Amor brujo en espagnol) de Manuel de Falla. Reprenant la partition du compositeur espagnol pour un ballet, il l’agrémente de séquences composées par ses soins, orchestre pour son ensemble les thèmes originaux, et ménage des espaces d’improvisation pour ses partenaires et lui-même. Il suit la dramaturgie de l’œuvre, et cette nouvelle séquence préfigure une version opératique envisagée pour un proche avenir. Les couleurs musicales mêlent hardiment la fibre hispanique originelle, les influences des musiques ‘savantes’ du vingtième siècle, jazz compris, si l’on veut bien reconnaître que le jazz est, à son meilleur, tout aussi savant. L’enregistrement s’est fait en grande complicité avec l’ingénieur du son Gérard de Haro (et sur son label) au studio de La Buissonne, un lieu où décidément s’écrivent encore et toujours de belles pages du jazz au sens large, avec des artistes des deux rives de l’Atlantique, et d’ailleurs. Très belle musique, à découvrir hors de tout préjugé de style, d’idiome ou d’esthétique : cette musique n’a pas de frontières, ou plutôt elle les enjambe allègrement !

Xavier Prévost

.

Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=3riPxn2LtDs&t=3s

https://www.youtube.com/watch?v=Gjcw4LQImBc&t=3s

.

En concert le 9 février à Paris, Café de la Danse

réservation

https://www.cafedeladanse.com/event/cantos-brujos/

.

En version chorégraphique le 21 février à Bron, et en version de concert le 9 mai au Perreux-sur-Marne

Partager cet article
Repost0
7 février 2023 2 07 /02 /février /2023 13:21
ADJUSTING          ARNAUD DOLMEN
ADJUSTING          ARNAUD DOLMEN

Adjusting

 

Arnaud Dolmen (batterie)

Léonardo Montana (piano)

Samuel F’hima ( contrebasse)

Francesco Geminiani ,Ricardo Isquierdo et Adrien Sanchez (saxophone ténor)

Guests: Vincent Peirani (accordéon), Moonlight Benjamin, Naïssam Jalal( flûte traversière)

 

 

Actuellement en tournée en quartet, à Aix et Vitrolles le weekend dernier, avec son dernier CD, nous avons eu envie de revenir sur cet album Adjusting du batteur Arnaud Dolmen.

 

 

A écouter le dernier album du batteur guadeloupéen Arnaud Dolmen, Adjusting, sorti au début de 2022 sur le label Gaya Music on comprend pourquoi il fut nommé Révélation de l’année aux Victoires du Jazz 2022 et considéré comme l’un des 3 meilleurs batteurs de jazz en France, cette même année par Jazzmagazine.

Arnaud Dolmen a l'ambition de rafraîchir la musique de son île, la Guadeloupe, en mettant en valeur les vibrations du cru, les rythmes et rituels africains. Et il se donne les moyens de cette ambition. Non seulement il dispose d’un quartet solide qui donne généreusement une musique libre, axée sur le chant et la danse, mais il ose des combinaisons instrumentales originales avec des guests triés sur le volet, sans oublier d’étoffer son orchestration en doublant certaines parties de saxophones. 

Il essaie de surprendre, de trouver une nouvelle voie pour approfondir ce traditionnalisme progressif sans frontières dans “Graj ou Toumblak” par exemple, deux rythmes spécifiques à deux et quatre temps, juxtaposés.

Ce qui est tout de suite remarquable dans le jeu du batteur, c’est ce mélange détonant de puissance et de douceur sans avoir recours aux frappes sur tambours ka- toujours spectaculaires. Si le gwo ka est le blues des Antillais, une musique dont il a appris les fondements avec Georges Troupé, le père de Sonny, le Ka n’est qu’un instrument! L’enchevêtrement des rythmes est calculé, recherchant l’union de mélopées africaines et d’un jazz vif, aux audaces harmoniques. Un déséquilibre voulu parfois, celui de la danse, qui épouse les imprévus, qu’il sait utiliser, en amateur de ce processus de créolisation qu' étudia Edouard Glissant. Une batterie mélodique qui inverse les rôles avec la rythmique, en miroir, jouant avec les contrepoints saxophone/piano. Affirmant les potentialités harmoniques de son instrument, Arnaud Dolmen donne-t-il une  couleur nouvelle, imprime-t-il une autre façon de jouer de son instrument en s’adaptant à ce qui arrive, à l’inattendu, restant interconnecté dans ce monde bruyant et complexe? L’une des belles mélodies est d’ailleurs “Cavernet”, “un jazz des cavernes”, référence à l’allégorie de Platon mais aussi à cette plongée inexorable dans le web.

ADJUSTING? Un titre qui résume le projet. Poésie et souffle pour faire face à l’imprévu et en jouer! Arnaud Dolmen fait le point dans une suite de 12 compositions, narrant de petites histoires, dédiées par exemple aux enfants (“Ti Moun Gaya”), car il se pose beaucoup de questions, ce fils d’immigré, né à Bar le Duc qui ne renie pas ses origines créoles, réglant son pas dans le pas de ses ainés. Le dernier titre “Les Oublié.e.s” avec Adrien Sanchez au saxophone, rend hommage à toutes ces figures disparues dont deux saxophonistes des années cinquante, injustement méconnus, Emilien Antile et Robert Mavounzy. Arnaud Dolmen pratique alors le bouladjel, percussions corporelles et vocalises lors des véillées funèbres. Il n’oublie pas ses racines, ses repères et dans “Hey Cousin”, il rend hommage à l’île voisine, la Martinique . C’est une mazurka créole ( inspirée de la danse polonaise d’origine et de rythmes de danse bèlè de l’île), jazzifiée avec un doux saxophone souffleur.

Quand survient la lumineuse et pourtant mélancolique ballade “Ka Sa Té Ké Bay” ( littéralement "Qu’est ce que cela aurait donné?", sous-entendant si j’étais resté en Guadeloupe?) le jeu épuré du groupe explore ces questionnements en musique. Comme dans ce “Gap” évocateur qui démarre le Cd, ce décalage qui fait qu’en une ou deux heures d’avion, le paysage et la vie changent radicalement! Une composition qui finit en crescendo comme la transe haïtienne. L’un des titres de l’album est d'ailleurs chanté par une prêtresse vaudoue, Moonlight Benjamin. Sorcier des rythmes, le batteur songeait il aux esprits frappeurs des cérémonies rituelles? La répétition incantatoire, étonnamment calibrée donne une force éruptive à cette musique à laquelle participent pleinement les saxophonistes ténor ( qui ne passent jamais en force), le pianiste très percussif et le contrebassiste gardien du tempo.Tous partagent une certaine sobriété dans leur jouage, loin des effets de toute sorte, souvent pratiqués aujourd’hui.

Mention particulière aux invités qui ornent et rehaussent le titre dans lesquels ils apparaissent. Ainsi de l’accordéoniste Vincent Peirani dans "SQN" ( Sine Qua Non) où biguine et jazz s’entrelacent amoureusement et de la magnifique flûtiste franco syrienne Naïssam Jalal qui prend la place des saxophonistes dans “Résonance”.

Adjusting est un auto-portrait en creux dont la musique, très accessible, plus subtile qu’il n’y paraît, intègre magnifiquement le jazz si souvent réputé cérébral. Arnaud Dolmen y requalifie le concept d’adaptation perpétuelle, propos de l’improvisation.

 

Sophie Chambon

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
1 février 2023 3 01 /02 /février /2023 18:13

 

Aki Rissanen (piano), Will Guthrie (batterie), Joachim Florent (contrebasse, composition)

Malakoff, 21-22 septembre 2021

We Jazz records

https://wejazzrecords.bandcamp.com/album/designers

 

Une belle confirmation, après l’agréable surprise de l’écoute du trio en concert, début novembre, au festival D’Jazz de Nevers. Au premier abord je croyais entendre une machine à groove tournant à toute allure sur des segments répétitifs. Et très vite une écoute plus attentive m’a fait découvrir l’infinité des propositions musicales tapies dans le flux et le flot. Finesse des segments mélodiques, fussent-ils apparemment répétitifs. Car la répétition ici se joue en permanence dans la différence. Quand j’étais étudiant en philosophie et en littérature, dans les années 60-70, on parlait de différance, dans le sillage de Jacques Derrida. Pas pour faire décoratif ou pédantesque, mais pour tenter de cerner la richesse d’un langage : là où la réalisation concrète du projet musical dans l’interprétation et l’improvisation produit ce qui serait un altérité, ce qui diffère du matériau initial. Bref au fil des plages c’est un régal de subtilités jouissives, qui s’imposent à nos oreilles comme une évidence. On est bien loin des groupes façon groove-bulldozer qui ont prétendu rénover le langage du trio depuis le milieu des années 90 : ici la musique et la musicalité règnent en maîtresses absolues.

Xavier Prévost

.

Le trio est en tournée en Bourgogne-Franche Comté : le 2 février à Dijon (La Vapeur), le 3 à Chalon-sur-Saône (L’Arrosoir)et le 4 à Saint-Claude (La Fraternelle)

Partager cet article
Repost0
1 février 2023 3 01 /02 /février /2023 09:52

Quentin Dujardin (guitares, piano et voix), Didier Laloy (accordéon), Nicolas Fiszman (basse électrique) et Manu Katché (batterie).
Agua Music - AGUA 22-011 / Inouïe Distribution.
Parution le 3 février.

 

 

    David Linx, Philip Catherine (même s’il naquit à Londres), Bert Joris et bien avant (les années 50-60) Bobby Jaspar, Jacques Pelzer, René Thomas sans oublier une légende, l’harmoniciste Toots Thielemans, le jazz ne manque pas de talents en Belgique. C’est d’ailleurs ce dernier, l’immortel créateur de Bluesette qui remarqua en 2005 son compatriote le guitariste Quentin Dujardin : « une révélation extraordinaire ».

 

 

    Instrumentiste mais aussi compositeur, notamment de musiques pour le théâtre (Monsieur Ibrahim et les fleurs de Coran) et le cinéma (Paradisiac), Quentin Dujardin n’entend pas se cantonner dans un registre unique. Une ouverture qui caractérise aussi le batteur Manu Katché, déjà invité sur un précédent album (Catharsis, 2016) et le bassiste Nicolas Fiszman (figurant sur Veloma, 2007), auxquels le guitariste dédie l’un des titres (Blues for M & N) de son tout dernier disque (2020).
 


C’est bien un panorama de la guitare que nous présente ici Quentin Dujardin, tout en nuances et en sensibilité en puisant le meilleur de chacun des quatre types de guitare  - nylon, fretless, baryton, acoustique et/ou électrique - mobilisés pour l’occasion.

 

Une des plaisantes découvertes de ce début d’année 2023.

 

Concert prévu le 17 mars au Pan Piper (75011).

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

 

Partager cet article
Repost0
29 janvier 2023 7 29 /01 /janvier /2023 21:18

 

Boris Blanchet (saxophones ténor & soprano), Gabrielle Koehlhoeffer (contrebasse), Mathieu Bec (batterie)

Novembre 2022

https://mathieubec.bandcamp.com/album/flyin-sufi

 

Un duo survolté auquel se joint la contrebassiste Gabrielle Randrian Koehlhoeffer, et une formidable traversée d’un univers exacerbé où pointe le souvenir de Coltrane et Rashied Ali. Le répertoire de Trane est présent par trois thèmes : The Inchworm, Alabama, et India. et de bout en bout c’est l’esprit de l’expressivité virtuose qui plane sur ce brûlot amoureux du grand saxophone (et du génial saxophoniste dont ce trio convoque les mânes). Des plages de douceur presque diaphane aussi, mais toujours l’effervescence guette, elle rôde comme une sentinelle qui veillerait sur la mémoire d’une beauté inquiète, forcément excessive, même quand la retenue montre le bout de son nez. De grands moments de liberté côtoient aussi l’intense recueillement d’Alabama, pour redonner cette sorte de requiem douloureux inspiré à Coltrane par l’attentat raciste qui coûta la vie à quatre jeunes filles afro-américaines à Birmingham (Alabama) en septembre 1963. Et en coda ce titre dont on ne sait comment il faut l’interpréter : Two Many Bars & No Money : trop de barres de mesures sur ce blues sans but lucratif, ou trop de bistrots dans la rue de la soif et pas un kopeck pour se rincer la dalle…

Xavier Prévost

.

Le groupe sera en concert à Paris au Sunside le 31 janvier à 19h30, malgré la grève. Les lignes automatiques de métro, la 1 et la 14, conduiront ceux qui ne sont pas trop loin jusqu’à la rue des Lombards. Attention, la ligne 14 est en travaux à partir de 22h, mais comme le concert est à 19h30, ceux qui la prennent pourront regagner leurs pénates. Tarif préférentiel avec le code promo ci-dessous

 

Partager cet article
Repost0
28 janvier 2023 6 28 /01 /janvier /2023 09:01

Ed Cherry, (guitare), Darryl Hall (contrebasse) et Gregory Hutchinson (batterie).
Enregistré au Festival JAZZ EN TETE, Clermont-Ferrand, 21 octobre 2019.
Space Time Records – BG 2252 / Socadisc.
Paru le 20 janvier 2023.


   Sur la planète jazz, le nom de Cherry est associé inévitablement à Don, le trompettiste complice d’Ornette Coleman. Il serait bienvenu de citer également Ed. Sans lien de parenté aucun, mais avec un point commun, l’authenticité.


    Natif de New Haven (Connecticut), le guitariste a bien roulé sa bosse depuis ses débuts professionnels dans les années 70 et un apprentissage de haut vol, quinze ans chez Dizzy Gillespie, en petite et grande formation. De quoi vous assurer de solides bases et de vous familiariser avec le répertoire sous toutes ses formes (be-bop, latino, bossa-nova…) ... Tout en vous constituant un bon carnet d’adresses.


  Rencontré en ces temps-là, Xavier Felgeyrolles, alors jeune road manager de Dizzy, invitera quelques décennies plus tard Ed Cherry à se produire à « son » Festival Jazz en Tête.


    Capté lors d’un concert de l’édition 2019, l’album « PEACE », que Felgeyrolles publie sur son label Space Time Records nous donne à entendre un musicien en verve, détendu, à la sonorité lumineuse, cristalline. Certains y retrouveront des accents de Wes Montgomery et pas seulement dans Road Song, composition d’icelui. Le programme retenu dévoile l’éclectisme du guitariste, de Duke Ellington (In a Sentimental Mood) à Thelonious Monk (l’oxymoresque Ugly Beauty) en passant par Wayne Shorter (Edda), Horace Silver (Peace) et, belle surprise Rendaro Taki, compositeur japonais (1879-1903) avec une œuvre délicate, Kojo no tsuki.
 

    Cette heure de direct permet également aux comparses du guitariste, le bassiste Daryl Hall et le batteur Greg Hutchinson, de se mettre en valeur, apportant une contribution aussi élégante que percutante.


    Un album à classer d’ores et déjà parmi les découvertes de 2023 ... Du bonheur simple à l’état pur.

 

Jean-Louis Lemarchand.

 

 

Ed Cherry Trio - Live at Smalls Jazz Club
Ed Cherry Interview

Space Time Records

 

 

 

Partager cet article
Repost0
18 janvier 2023 3 18 /01 /janvier /2023 11:55

 

CD 1 «À l’est du soleil»

Guillaume Roy (alto), Dider Petit (violoncelle & voix)

CD 2 «Programmes communs»

Guillaume Roy (alto), Dider Petit (violoncelle & voix)

invité.e.s : Kristof Hiriart (voix, textes), Catherine Delaunay (clarinette), Michele Rabbia (électronique & batterie), Daunik Lazro (saxophone baryton), Yaping Wang (yangqin), Christiane Bopp (trombone)

Reims, 4-6 mai 2022 ; Rouen, 8-9 juillet 2022

coffret in situ 250 / Orkhêstra International

 

À l’origine une aventure qui devait se tenir à Minneapolis, après une tournée états-unienne avec des invités de là-bas. Mais la pandémie a contrarié le projet, lequel s’est reconsidéré en deux phases : un duo de cordes frottées pour le CD 1, puis pour le CD 2 ces rencontres des deux en trio avec les invité.e.s.

Pour le duo, c’est la permanence d’une évidence : ces deux-là sont faits pour s’entendre, s’écouter, jouer avec cette entente et cette écoute dans un espace dont la liberté semble toujours plus vaste. Au commencement, sur un ostinato du violoncelle, l’alto part en lyrisme avec un timbre de saxophone baryton, avant de s’envoler en franchissant la balustrade du possible, bientôt rejoint par la voix. Expressivité tendue, chambrisme du vingtième siècle revu avec l’insolence du vingt-et-unième, escapades comme autant d’accidents délibérément provoqués, et résolus : le voyage est mouvementé, riche de mille paysages et surprises. C’est une expérience plus qu’intense des mystères de l’improvisation, du risque et de l’osmose.

Les trios du CD 2 se jouent à l’aune des invité.e.s. Du chuchotement à la profération en mots hachés, puis au chant, dans une dynamique très large, avec Kristof Hiriart. Dans l’infini mystère d’une libre musicalité avec Catherine Delaunay : dialogue, controverse, esquisse ou esquive, selon les instants …. Avec les sons ou percussions de Michele Rabbia, qui se mêlent à la montée en intensité des cordes, vers l’exacerbation de l’expression, comme une chemin vers un acmé attendu, espéré, qui se résoudra, decrescendo, dans une ultime sonorité, énigmatique. Quand survient le sax baryton de Daunik Lazro, c’est une autre couleur qui se fait jour, teintée de rage autant que de tendresse. Puis survient un autre mystère, avec le yangqin de Yaping Wang : lente procession de notes lancées, diapason flottant, comme autant d’appels à quoi les cordes frottées font écho, jusqu’au tumulte, avant le retour du mystère, toujours indéchiffrable, et une coda majestueuse. Retour de la voix Kristof Hiriart, en pleine liberté de langages imaginaires, avec chuchotements de paroles articulées. Et pour conclure en majesté, le trombone extra-terrestre de Christiane Bopp, fauteur de beautés insoupçonnées, de troubles esthétiques et de révolutions intranquilles, comme un point d’orgue pour une aventure fertile.

En écrivant ces lignes je réalise, comme souvent, la difficulté que l’on rencontre à parler de ces musiques : dans les livrets du coffret, de beaux textes signés Jean Rochard et Hervé Péjaudier vous en diront plus, et mieux.

Xavier Prévost

.

Un concert intime de sortie aura lieu le vendredi 20 janvier 2023, à Paris, dans la boutique du disquaire ‘Au Souffle Continu’

Partager cet article
Repost0