Lande
La caverne
Julien Soro (sax alto),Quentin Ghomari (tp), Ariel Tessier (dms), Alexandre Perrot (cb)
Une découverte heureuse, avouons-le, pour éclairer les derniers feux de l’été, ce quartet Lande dans un album nommé La caverne. Des titres plus ou moins mystérieux (Ah! Platon) pour une musique forte, souvent âpre, qui ne revêt pas les atours d’une séduction immédiate. Mais on ne résiste pas longtemps à ces climats tendus et dissonants, rêches, à cette musique intense, articulée autour d’un soubassement rythmique imposant.
Les compositions sont toutes du contrebassiste Alexandre Perrot (qui fait partie comme le batteur Ariel Tessier de l’orchestre Pan-G, du collectif LOO), à l’exception de « Loosy » de Quentin Ghomari, trompettiste de Papanosh qui s’associe à l’autre soufflant, l’altiste Julien Soro, qu’il connaît bien, puisque tous deux officient dans Ping Machine. Toujours des histoires d’affinités sélectives. Les présentations faites, ces musiciens qui échangent dans une logique complice nous offrent un paysage sonore contrasté, moins géologique que géographique : à défaut d’un magma volcanique, une lande battue par les vents qui se termine dans l’océan : un volet plus onirique, une ode maritime en forme de suite à tiroir, plus lyrique, apaisée mais pas moins sombre que les trois premiers thèmes plus emportés.
Le quartet fonctionne par paire, la rythmique remarquable dont la violence, continuellement sous tension, entraîne dans son sillage les stridences des soufflants, laisse passer les vents, rafraîchissantes trouées de sax et de trompette, qui ne manquent ni de délicatesse, ni de force évidemment.
Affrontement? Plutôt une confrontation sans trop de heurt pour un ensemble qui souffle, perce, vrille, gronde. Une musique techniquement au point qui laisse apparaître une énergie constamment canalisée : une création de chaque instant, très travaillée, à la recherche d’un équilibre, souvent instable.
Belle concordance, correspondance avec le travail de plasticienne et performeuse Natalie Jaime Cortez qui illustre la pochette avec cette Partition, encre pigment sur papier plié, expérience sensible de l’espace à laquelle invite le concept de pli.
Sophie Chambon