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11 février 2019 1 11 /02 /février /2019 10:07
STEVE POTTS Avec la collaboration de MICHEL EDELIN           BUCKET OF BLOOD

STEVE POTTS  Avec la collaboration de MICHEL EDELIN

BUCKET OF BLOOD

MEMOIRE DE JAZZ

Mise en forme des propos de Steve POTTS avec des textes additionnels de Michel EDELIN

EDITIONS LENKA LENTE, 2019.

 

http://www.lenkalente.com/product/bucket-of-blood-de-steve-potts

A venir : Jazz club vu du bout du bar le 22 Février 2019 au Comptoir, à Fontenay sous bois   https://www.fest.fr/jazz-club-vu-du-bout-du-bar-612401.html

Ce petit livre sensible et élégant se lit d’une traite et le titre français résume parfaitement son propos. Il est tendu autour de la trajectoire du saxophoniste alto, soprano, et flûtiste, Steve Potts né à Colombus (Ohio), en janvier 1943, ( il a juste cinq ans de moins que son ami et maître Charles Lloyd). Il a très vite été fasciné par le jazz et les musiciens, Buddy Tate étant le cousin de son père. Il raconte certains épisodes de sa vie de jazzman, d’abord aux Etats-Unis, où il côtoya les plus grands ( Eric Dolphy, Sam Rivers, Larry Coryell, Chico Hamilton, sans oublier Coltrane, Miles Davis, Herbie Hancock, Ron Carter qui lui enseigna l’harmonie, Wayne Shorter ) puis en France où il s‘est installé dès 1970, fuyant la guerre du Viet Nam qui ne le concernait pas et la ségrégation, si active dans son pays. Il avait envie d’autres horizons et il rencontra les Américains expatriés ou de passage, joua ainsi avec l’Art Ensemble de Chicago. Les Parisiens qui fréquentaient le club mythique des Sept Lézards, aujourd’hui fermé, auront eu la chance de l’entendre jouer dans diverses formations, la plus célèbre étant celle de Steve Lacy, avec lequel il entama une fructueuse et durable collaboration dès 1977; mais il dirigea aussi son propre quartette, enregistra relativement tardivement en leader avec Richard Galliano, Jean-Jacques Avenel, Bertrand Renaudin, anima des ateliers avec Sophia Domancich, Simon Goubert et Michel Edelin.

 

Steve POTTS est aussi un remarquable conteur qui a trouvé une oreille attentive et amie, celle d’un musicien complice, pour recueillir ses confidences, soir après soir, apres les gigs, aux Sept Lézards. Le flûtiste Michel EDELIN montre un vrai talent d’auteur, une authentique habileté pour “enregistrer” souvenirs et anecdotes savoureuses. Il a une écriture pénétrante qui sait aussi tenir l’émotion à distance même quand il s’agit de sujets graves. Ce livre devient ainsi le témoignage d’une époque, évoquant la ségrégation et le racisme, plongeant dans les démons toujours actuels de l’Amérique, évoquant le mode de vie et les problèmes d’addiction des jazzmen. Tous deux parlent sans complaisance mais avec grande justesse du public qui n’a pas du talent tous les soirs, des patrons de club peu honnêtes, des amateurs soi-disant éclairés et des critiques.

 

On apprend page 63 l’origine du titre anglais du livre “Bucket blood”, devenu l’indicatif de Steve Potts:“Dix huit notes. Seulement dix huit notes qui animent la mèche de l’improvisation libre”. Une activité à risque sans aucun doute. “Dans chaque ghetto noir des USA, il y avait des boîtes où des gens allaient faire la fête, des soirées trop arrosées qui se terminaient par des bagarres… Quand la femme de ménage passait la serpillière, le seau était plein de sang.”

 

Steve Potts parle avec beaucoup d’humilité de la musique : esprit d’ouverture, honnêteté intellectuelle, simplicité, sens du groupe. Un esprit de famille auquel il croit fermement d’où le nom de son quintet Steve Pott & Family. Il revient souvent sur le danger des étiquettes dans le jazz, à l’origine de ruptures tout à fait artificielles, détruisant une progression naturelle, organique avec quelques accélérations dues à des musiciens particulièrement créatifs et audacieux. Sait-on qu’il ya passage de relais et non rupture? Jackie McLean est l’un de ses héros avec Dolphy et ce point, moins anecdotique qu’il y paraît, peut expliquer le choix de la maison d’édition Lenka Lente de dresser ce portrait émouvant et juste de Steve Potts, après deux ouvrages sur Dolphy et McLean justement!

Sous le charme, on se laisse conduire par ce texte, construit en une succession de fragments, composition de courts chapitres sans titre, reprenant le rythme d’une conversation échangée, soir après soir. Riche de toutes ces histoires, la langue ludique, inventive, poétique souvent, interroge sur la fonction de cette musique et ceux qui la pratiqu(ai)ent.

Bucket of blood, à découvrir pour ceux qui aiment le jazz et encore plus les jazzmen.

 

Sophie Chambon

 

 

 

 

 

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10 février 2019 7 10 /02 /février /2019 02:14

A 30 ans, Baptiste Herbin inscrit son nom au panthéon du jazz français en s’adjugeant le prix Django Reinhardt (1) du musicien de l’année 2018 décerné par l’Académie du Jazz et qui lui a été remis le 9 février lors d’une soirée marquée par un concert-hommage à Michel Petrucciani à l’Auditorium de la Seine Musicale de Boulogne-Billancourt.


Le saxophoniste (alto et soprano) rejoint ainsi les 13 artistes pratiquant l’instrument du facteur belge Adolphe Sax qui figurent au palmarès du prix prestigieux depuis sa création en 1954, à commencer par le premier lauréat, Guy Lafitte, mais aussi les quadragénaires Géraldine Laurent, Pierrick Pedron, Emile Parisien, Stéphane Guillaume.

©photo Michel Vasset.

L’année 2018 aura bien été celle de la consécration pour Baptiste Herbin, actif sur la scène parisienne depuis une décennie.  En l’espace de quelques semaines, on l’aura ainsi entendu au Bal Blomet participer au quatuor de saxophones Fireworks (avec Jean-Charles Richard, Vincent David et Stéphane Guillaume) et présenter au New Morning son dernier album, ‘Dreams and Connections’, (le premier en leader pour le label indépendant Space Time Records de Xavier Felgeyrolles) où il démontre virtuosité, fougue et éclectisme (be-bop, hard bop, musique classique, airs brésiliens).


Dévoilé par François Lacharme, son président, le palmarès 2018 de l’Académie du Jazz récompense également par le Prix du disque français, ‘Left Arm Blues’ (Jazz&People/Pias), du trompettiste Fabien Mary : huit compositions du leader et un standard (All The Things You Are)  interprétés par un octette  comprenant trois saxophones dans une couleur « années 60 ».

©photo Marina Chassé.

Deux artistes déjà au firmament de la jazzosphère complètent le noyau dur du palmarès de l’Académie du Jazz : le pianiste Kenny Barron qui remporte (avec une confortable avance) le Grand Prix de l’Académie du Jazz pour ‘Concentric Circles’ (Blue Note-Universal), donné en quintet (Mike Rodriguez, trompette; Dayna Stephens, saxophones; Kyosho Kitagawa, basse, et Jonathan Blake, batterie) et le chanteur Kurt Elling, Prix du jazz vocal pour ‘The Questions’ (Okeh-Sony Music) où le baryton de Chicago s’interroge sur l’état du monde et pousse la romance avec élégance.

©photo Anna Weber.

Les lecteurs des DNJ retrouveront aussi dans le choix de l’Académie du Jazz deux créateurs ayant eu les faveurs de nos colonnes : le tromboniste suisse Samuel Blaser, Prix du musicien européen (‘Early in The Morning’. Outhere) et, last but not the least, Martial Solal - primesautier à 91 ans à Gaveau en solo le 23 janvier dernier et dans Histoires Improvisées, sorti à l’automne chez JMS - distingué par un Prix Spécial pour l’ensemble de son œuvre.


Jean-Louis Lemarchand.


Pour consulter le palmarès complet, rendez-vous sur le site de l’Académie du Jazz.
(1)Avec le soutien de la Fondation BNP Paribas

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9 février 2019 6 09 /02 /février /2019 10:35

Bex-Catherine-Romano, ce trio apparu dans les clubs voici deux belles décennies n’avait jamais enregistré … « C’est donc naturellement que nous avons décidé de produire cet enregistrement* (réalisé en décembre 2017) sur notre jeune label » précise Stéphane Portet, le « boss » des clubs parisiens Sunset-Sunside.

 

 

La formule nous rappelle des souvenirs personnels des années 60 quand Wes Montgomery officiait à la guitare avec Melvin Rhyne (orgue) et Paul Parker (batterie). Mais là, il n’est pas question de leader. Les trois mousquetaires se sont équitablement partagé les plaisirs de jouer. Chacun est d’ailleurs venu avec trois compositions dont nous retiendrons un titre évocateur de souvenir personnel pour chacun des compères : Il Piacere’, pour Aldo, (un roman de Gabriele d’Annunzio), ‘Letter from my mother’ pour Philip (un classique du jazzman belge) et ‘La belle vie pour Maurice’, pour Emmanuel (coup de chapeau à Maurice Cullaz, ami des jazzmen et président de l’Académie du Jazz, prédécesseur direct de Claude Carrière).

Un album tout en spontanéité, un cocktail de swing et d’émotion à déguster sans modération.

*Emmanuel Bex (orgue), Philip Catherine( guitare), Aldo Romano (batterie). La belle vie. Enregistré en décembre 2017. Sunset Records/L’autre distribution.

Concert de lancement de l’album le 22 mars au New Morning (75010)

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8 février 2019 5 08 /02 /février /2019 22:49

 

Stéphane Mercier (saxophone alto & flûte), Francesco Bearzatti (clarinette & saxophone ténor), Mauro Gargano (contrebasse), Fabrice Moreau (batterie)

Le Pré Saint-Gervais, 1-2 juillet 2013

iOSA / en téléchargement numérique https://maurogargano.bandcamp.com/album/born-in-the-sky et sur les plateformes

 

Ce pourrait être très prioritairement un disque de (contre)bassiste, mais c'est plus encore un disque de groupe, et de musiciens (au pluriel). Manifestement le souci de Mauro Gargano aura été de privilégier le groupe, CE groupe, pour mettre en évidence l'importance du choix des partenaires dans la réalisation de CETTE musique. La basse assure l'ouverture, une esquisse de mise en scène, mais c'est le surgissement des mélodies, soutenu par un drumming finement dramaturgique, qui installe la musique. À chaque nouvelle étape (le thème suivant) les souffleurs exposent une ligne, souvent asse mélancolique, avant de se donner des libertés de solistes. La conception est assez concertante, et l'on est bien pourtant en pleine pulsation jazz. La contrebasse est en constant dialogue, les lignes des instruments à vent sont fines et souples, et quand vient pour la basse le moment d'un solo, c'est toujours en interaction avec le groupe. C'est un grand travail d'orfèvres, orfèvres inspirés : grande réussite que ce disque qui voit le jour (pour l'instant seulement ?) en téléchargement numérique ; Chapeau à tout le groupe !

Xavier Prévost

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Mauro Gargano jouera avec un nouveau groupe, Nuages, au Babilo, 9 rue du Baigneur, Paris 75018, le mercredi 13 février 2019 à 21h

Nuages, avec Matteo Pastorino, Giovanni Ceccarelli & Patrick Goraguer 

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6 février 2019 3 06 /02 /février /2019 22:42

ECM 2019
Joe Lovano (ts), Marylinn Crispell (p), Carmen Castaldi (dms, perc)

Il y a parfois, et souvent dans le jazz, des moments magiques marqués sous le sceau des rencontres. Pour sceller ses retrouvailles avec le label ECM, Joe Lovano s’associe à la pianiste Marylinn Crispell et la percussioniste Carmen Castaldi pour une rencontre au sommet.
Que dire si ce n’est qu’il n’est question de rien d'autre que la magie de faire de la musique ensemble en improvisant tout de bout en bout à partir d’un matériau de base apporté par le saxophoniste. Il fallait être en osmose. Etre en emphase. Il fallait de l'écoute. Savoir ensemble mesurer l'espace et le remplir en se laissant mutuellement respirer. Il fallait du temps. Ce temps qui pour ces trois magicien(ne)s leur indique où ils doivent commencer et où finir ensemble.
Et puis il y a le son, éternel de Joe Lovano au ténor qui, comme toujours est une sorte de caresse mélodique. Créateur de l'instant, Joe Lovano vous enveloppe dans la chaleur de ses volutes. Tournant autour d’une phrase. Laissant reposer pour mieux repartir. Emmenant le souffle où il l’entend avec une sorte de calme digne d’un maître zen, loin de toute agitation. Sa musique a des airs méditatifs qui, à certains moments font penser aux exercices solitaires d’un Anthony Braxton.
Cette musique intimiste, ses accolytes savent l’écouter et la servir là où les sentiments effleurent l’âme. Et oui, il faut effectivement beaucoup d’écoute pour illuminer les silence et s’inscrire dans l’espace et les interstices.

Cette musique créée sur le vif est à la fois mystérieuse et envoutante.

Jean-Marc Gelin

 

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6 février 2019 3 06 /02 /février /2019 09:46
JAMIE SAFT STEVE SWALLOW BOBBY PREVITE       YOU DON’T KNOW THE LIFE

JAMIE SAFT STEVE SWALLOW BOBBY PREVITE

YOU DON’T KNOW THE LIFE

Rare noise records/Distribution France DIFFER-ANT

www.rarenoiserecords.com

https://jamiesaft.bandcamp.com/track/you-dont-know-the-life

 

 

Iconoclaste et visionnaire, Jamie Saft se tourne avec ce nouvel album, vers une autre formule, explorant ainsi sur le mode électrique la vision du trio classique orgue, basse, batterie, reprenant la tradition en l’aménageant, avec des compositions originales, des improvisations collectives et des reprises de thèmes populaires américains qui lui sont chers.  Toujours sur le label Rarenoise records, après Blue Dream sorti en juin 2018 et son Solo a Genova en janvier 2018, le claviériste qui joue cette fois de l’orgue Hammond, de l’orgue Whitehall, ainsi que de la Baldwin Electric Harpsichord, s’est entouré d’une fine équipe, le bassiste Steve Swallow et le batteur Bobby Previte, superbe rythmique rompue à tous les styles. Ce n’est pas leur premier album en trio, car en 2014, ils avaient déjà créé The New Standard et en 2017, ils remirent ça avec Loneliness road, preuve d’une alchimie indiscutable entre eux.

Si Jamie Saft apporte le matériau, il laisse à ses complices une grande autonomie, dans des échanges qui prennent alors tout leur sens. Ça commence très intensément par une version plutôt déstabilisante de Bill Evans “Re: Person I know” que j’ai quelque difficulté à retrouver tant il est revisité. Le second titre est beaucoup plus enveloppant “Dark Squares”, on change encore de mood avec “Water from breath”. Ne s’agit-il pas, en fait, d’un retour vers le futur, vers “une danger zone” psychédélique, une ambiance hybride où jazz, rock et même soul se rejoignent, portés par le son indiscutable de l’orgue électrifié? Progressivement, on s’acclimate,  moins désorienté, avec les images oniriques, célestes du doux et lancinant "You don’t know the life” qui commence comme à l’église, mais sans les chants du gospel.

Jamie Saft réussit tout de même le tour de force de sortir l’orgue du contexte et de lui donner une autre vie. S'il produit beaucoup de matière avec ces timbres et alliages singuliers entre orgues et harpe électrifiée ( “The break of the flat land”), Bobby Previte est absolument impérial, faisant monter la tension, se renouvellant constamment aux baguettes, martelant les tambours ou cinglant les cymbales.

L’album est subtilement construit avec un "acme" enivrant et totalement planant qui donne son nom à l’album.  L'intérêt est d' enchaîner une succession de compositions énergiques, fluides, plus ou moins intenses et rapides, sans jamais savoir où ces trois virtuoses nous entraînent.

Il n’est pas innocent de finir par deux standards, précieux, quelque peu dépoussiérés, surtout "Moonlight in Vermont”, d’autant que Saft a choisi cette fois d’enregistrer dans un studio mythique, celui créé par l’ingénieur du son, Walter SEAR, à Manhattan, temple de la production musicale où s’attardent encore les ombres de chers disparus Bowie, Lennon, Lou Reed et l’empreinte de vivants, non moins aimés, Wayne Shorter, John Zorn… Si “Moonlight in Vermont” reprend  des couleurs, le délicieux "Alfie" du génial Burt Baccharach, est impeccablement tenu jusqu’à la note finale.

Un CD des plus séduisants, hautement recommandable qui vise haut et loin. C’est la marque des très grands.

Sophie Chambon

 

 

 

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6 février 2019 3 06 /02 /février /2019 09:42
BEX, CATHERINE, ROMANO LA BELLE VIE

BEX, CATHERINE, ROMANO

LA BELLE VIE

SUNSET RECORDS/ L’Autre Distribution

Sortie le 1er février 2019.

 

C 'est un fameux trio de musiciens, à la belle carrière, né dans les années 90, qui a pris son temps pour enregistrer en live ( on entend le public qui applaudit à la toute fin de l’album) sur le label du club parisien du Sunset/Sunside, alors qu’Emmanuel BEX, Philip CATHERINE et Aldo ROMANO ont joué ensemble dans des configurations et des groupes qu’il serait vain d’énumérer.

Une histoire du jazz européen à eux trois, en somme, réunissant un organiste français, un guitariste belge et un batteur romain. “ Orgue guitare, batterie, une tradition dans le jazz, un son hérité du gospel” précise Aldo Romano. Chacun des membres de ce triangle équilatéral a apporté son savoir faire, son talent de compositeur dans le pot commun. Ils accordent leurs imaginaires musicaux, de légèreté, souvent mélancolique, de suavité exquise. Une musique sensible sans sensiblerie, intime, étrangement intemporelle, qui finit par s’imposer agréablement.

Le titre ne doit pas prêter à confusion, “La belle vie pour Maurice” est un hommage chantant à tous les sens du terme, puisque Bex utilise le vocoder, au critique et connaisseur Maurice CULLAZ. L’organiste y réaffirme son credo : le jazz n’a pas de frontière , question de partage de valeurs et d’attitudes dans la vie. C’est la manière de jouer qui fait le jazzman plus que le répertoire.

Philip Catherine, aux envolées d’ un lyrisme affirmé, chante lui aussi tel un guitar hero de la grande époque, troublant sur tous les morceaux. Aldo Romano, discret coloriste, toujours subtil, soutient l’attelage et ses qualités de mélodiste que l’on connaissait apparaissent avec une belle évidence dans “Il Piacere”.

Elégance du jeu, des alliages de timbre, virtuosité technique que l’apparente simplicité des mélodies et le sens indéfectible du tempo feraient presqu’oublier .

Les titres se suivent, la musique garde sa cohérence. Et prend même plus de relief au fur et à mesure de l’écoute. Ça swingue terrible sur “Twice a Week” et “Tompkins Square” qui finit l’album.

Sophie CHAMBON

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4 février 2019 1 04 /02 /février /2019 14:59

 

Sixième concert de la saison pilotée par Arnaud Merlin, et troisième de l'année encore presque nouvelle. À l'affiche les groupes de deux contrebassistes : Riccardo Del Fra, solide pilier du jazz européen, et Stéphane Kerecki, lequel dit au public avant de jouer son émotion d'assurer la première partie de celui qui fut son professeur voici vingt ans au département de jazz du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris ; il assistait même au tout premier cours de Riccardo dans cette noble institution.


 

STÉPHANE KERECKI «French Touch»

Julien Lourau (saxophones ténor et soprano), Jozef Dumoulin (piano, piano électrique), Stéphane Kerecki (contrebasse), Fabrice Moreau (batterie)

Paris, Maison de la Radio, studio 104, 2 février 2019, 20h30

 

Version 'Sur le Vif' du programme qui sous-tendait le disque éponyme, en l'occurrence quelques pages marquantes de la 'French Touch' électro partie à la conquête du marché et du goût planétaires. Sur ces standards d'un nouveau genre, le résultat est saisissant de musicalité profonde et incarnée. Cela commence très fort avec un titre de Daft Punk, Robot rock, qui évoque en nous le souvenir du premier Weather Report (époque Miroslav Vitous) bien plus que le célèbre groupe électro mondialisé. Sur All I Need de Air ensuite, Julien Lourau, toujours au soprano, joue avec ses effets, et leut absence, en passant d'un micro à l'autre, tandis que Stéphane Kerecki nous gratifie d'un solo tout à la fois chantant et combatif. La pression monte d'un cran avec Harder, Better, Faster, Stronger (Daft Punk, encore),avant que le saxophoniste ne passe au ténor pour Nightcall de Kavinsky (un proche de Daft Punk) : ici Jozef Dumoulin fait parler sa science des effets électronique, à quoi le sax répond dans le même registre avant que le piano ne réponde dans sa pure acoustique ; improvisation de type 'Total Modal', comme pourrait dire Andy Emler. Et ainsi de suite, chacun tirant le meilleur parti d'un matériau fortement connoté qu'il est possible pourtant de tirer vers d'autres univers, ce que fait magnifiquement Fabrice Moreau dans un solo qui part des rudiments du vocabulaire de l'instrument jusqu'au paroxysme de la polyrythmie. Belle démonstration de musique vraiment vivante.

 

RICCARDO DEL FRA «Moving People»

Riccardo Del Fra (contrebasse, composition, arrangements), Tomasz Dabrowski (trompette), Jan Prax (saxophones alto et soprano), Carl-Henri Morisset (piano), Nicolas Fox (batterie), et en invité Kurt Rosenwinkel (guitare)

Paris, Maison de la Radio, studio 104, 2 février 2019, 21h50

Avant de commencer à jouer, le leader rappelle l'origine de ce programme, et du disque qui en est issu : la commande d'un projet musical sur l'amitié entre les peuples d'Europe, qui va produire ensuite une profession de foi humaniste pour l'empathie, notamment celle qui s'impose envers les migrants fuyant des territoires en guerre. Il en résulte la présence sur scène d'un trompettiste polonais, d'un saxophoniste allemand, d'un pianiste français d'origine haïtienne, d'un batteur français et d'un invité américain résidant à Berlin, tous rassemblés par le plus français des contrebassistes italiens. Les deux premiers titres, enchaînés, évoquent ces plages où échouent les migrants qui fuient dans des embarcations plus qu'aléatoires des pays où il faut parfois slalomer entre les pièges des champs de mines. La musique ne souffre d'aucune lourdeur illustrative, elle ne garde de son propos que la véhémence et la mélancolie. Sur l'ensemble du concert comme à l'intérieur de chaque pièce le souci de la forme tend à prévaloir, sans altérer jamais la force de l'expression. Tous les membres du groupe sont des solistes hors de pair, les improvisations et les échanges sont toujours de haut vol, ce qui nous valut de bout en bout un très beau concert, conclu en rappel par une relecture très déstructurée de Let's Call This de Thelonious Monk.

Xavier Prévost

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Pour ceux qui n'ont pas eu la chance d'assister à ce concert, comme aux précédents, il reste à espérer qu'ils seront diffusés au cours des prochains mois sur France Musique. Il n'est pas interdit de questionner la direction de notre radio favorite sur le sujet....

 

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3 février 2019 7 03 /02 /février /2019 20:39

Nouvelle chanteuse encore peu connue sur la scène française, Hailey Tuck tout droit venue d'Austin (Texas) va voir apporter une grosse dose de bonne humeur et de facétie.

Son jazz est texan, folk et drôle. Une grande bouffée de chaleur intimiste dans les frimas de l'hiver.

Ne pas la manquer jeudi soir au New Morning à Paris

 

 

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3 février 2019 7 03 /02 /février /2019 20:07

Samedi 9 février à 20h

à L'Auditorium de la Seine Musicale

Ile Seguin - 92100 Boulogne

https://www.laseinemusicale.com/spectacles-concerts/michel-petrucciani_e422

 

S'il vous faut bien noter dans vos agendas une date exceptionnelle, c'est bien celle qui aura lieu Samedi 9 à 20h à La Seine Musicale.

Organisée par l'Académie du Jazz pour la soirée de remise de son palmarès, cette soirée sera aussi l'occasion d'un concert UNIQUE en hommage au très regretté Michel Petrucciani disparu il y a 20 ans, en janvier 1999.

Cette soirée, outre la remise des prix sera l'occasion d'accueillir un grand nombre de talents exceptionnels venus rendre hommage à l'immense pianiste du Vaucluse.

Une soirée à ne manquer sous aucun prétexte.

 

 

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