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4 novembre 2023 6 04 /11 /novembre /2023 16:30

Henri Texier (contrebasse, compositions), Himiko Paganotti (voix), Carlo Nardozza (trompette & bugle), Sébastien Texier (saxophone alto, clarinette, clarinette alto), Sylvain Rifflet (saxophone ténor, clarinette), Manu Codjia (guitare), Gautier Garrigue (batterie)

Amiens, juin 2023

Label Bleu 1690818 / l’autre distribution

 

Retour du contrebassiste vers un sujet qui lui tient à cœur : les Indiens d’Amérique du Nord. Il y eut naguère «An Indian’s Week» (1993) & «Sky Dancers» (2016). C’est comme un nouvel écho d’un attachement, à une certaine idée de la liberté, de la résistance, et aussi le goût d’une pulsation qui surgit d’un tambour dès l’ouverture du premier titre. La musique est à l’image de ce que le contrebassiste aime, et fait vivre, depuis des lustres : des mélodies que l’on aimerait chanter, et qui sont de magnifiques tremplins à l’improvisation. Nouveau groupe, avec quelques nouveaux partenaires : la chanteuse Himiko Paganotti, voix instrumentiste dans la plupart des plages, mais aussi voix de texte sur la reprise du fameux Black and Blue de Fats Waller ; le trompettiste belge Carlo Nardozza, rencontré dans un festival des Flandres voici une quinzaine d’années ; et le saxophoniste-clarinettiste Sylvain Rifflet, adoubé comme un talent très singulier. Une seule reprise, mais des hommages aux grandes figures du jazz états-unien : Charles Mingus, et aussi le couple Carla Bley – Steve Swallow, des amis de longue date pour Henri Texier. Une fois encore, le contrebassiste signe un grand disque, où le fondamentaux de l’idiome se mêlent au désir, toujours ardent, de regarder vers le futur.

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur Youtube

Lien pour écouter sur France Musique le concert du groupe, en septembre dernier, au festival de La Villette

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1 novembre 2023 3 01 /11 /novembre /2023 16:34

TONY HYMAS – CATHERINE DELAUNAY «No Borders»

Catherine Delaunay (clarinette, cor de basset), Tony Hymas (piano)

La Fraternelle, Saint-Claude (Jura), printemps 2023

nato 6109 / l’autre distribution

 

Une rencontre au sommet : l’esprit franc-tireur règne ici en maître, non qu’il s’agisse d’agir en solitaire, mais bien parce qu’il est question d’autonomie, de liberté, d’engagement. Quand on écoute de longtemps ces deux artistes, on sait évidemment que leur liberté est sans limites et leur talent sans égal. Talent sans frontière(s) bien entendu, il (elle) l’ont montré sans relâche depuis des années. Je garde le souvenir d’une émission sur France Musique que j’avais conclue par un extrait de la Symphony de Tony Hymas, dirigée par le compositeur à la tête du London Symphony Orchestra (KPM 280, 1995). Un chef d’orchestre de musique baroque, qui me succédait à l’antenne, fut séduit au point que je lui prêtai le CD, qu’il me rendit, parce que j’insistais, quelques semaines plus tard. Quant à Catherine Delaunay, je l’écoute depuis des années dans les contextes les plus divers et les plus aventureux, où elle fait toujours merveille de pertinence, de musicalité, d’inventivité. Je garde un souvenir très vif de sa présence, en qualité d’invitée, dans le groupe du batteur Matt Wilson en 2017 au festival Sons d’hiver : elle me bouleversa dans le répertoire de Sidney Bechet…. Leur duo s’était formé à plusieurs reprises depuis 2016, et l’an dernier encore, avant l’enregistrement de ce disque, au festival de Trois-Palis. Le CD qui paraît ces temps-ci procède de leurs talents respectifs, et réciproques, de ‘saute frontières’. Inclassable, assurément, conformément à l’ADN du label, qui revendique de fuir «...le triste débat sur l’identité musicale». C’est vif, profond, surprenant, engagé : infiniment libre ; chapeau les artistes !

TONY HYMAS «Flying Fortress & Back On The Fortress»

Tony Hymas (claviers, voix, programmation) et détail des autres artistes en suivant ce lien

http://www.natomusic.fr/catalogue/musique-jazz/cd/nato-disque.php?id=320

Londres 1987-1988, et un peu partout dans le monde ces dernières années

nato 1435 & 4660 (double CD) / l’autre distribution

 

On ne reviendra pas sur «Flying Fortress», dûment apprécié et louangé lors de sa parution voici 35 ans. Le sujet du jour, c’est cet objet très singulier, «Back In The Fortress» né de l’isolement provoqué par la pandémie, et qui fit sourdre chez Tony Hymas le désir de concevoir un écho au disque des années 80. Il médita, concocta, composa une série de thèmes offerts ensuite à ses partenaires anciens ou plus récents. Il enregistra sa partie et chacun (ou chacune), dans un autre lieu, un autre studio, déposa son offrande au projet individuel qui de ce fait devint éminemment collectif. C’est comme un voyage trans-esthétique, une aventure partagée où l’audace, la passion, mais aussi le recueillement, dessinent des paysages inexplorés. Inclassable encore, et c’est ce qui décuple la valeur de cet objet artistique qui, comme le duo évoqué ci-dessus, ne connaît nulles frontières !

Xavier Prévost

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15 octobre 2023 7 15 /10 /octobre /2023 11:13
YVAN ROBILLIARD TRIO  Lifetimes  A Tribute to Tony Williams’ Lifetime7

YVAN ROBILLIARD TRIO

Lifetimes

A Tribute to Tony Williams’ Lifetime

Sortie le 13 Octobre 2023

 

Robi-Free-Le Triton/L’autre Distribution

 

Yvan Robilliard piano et claviers, Laurent David basse,

Justin Faulkner batterie.

 

Yvan Robilliard

YVAN ROBILLIARD - LIFETIMES - YouTube

 

Voilà un projet qui entre dans la série des hommages, consacré au batteur Tony Williams, prodige de cet instrument, dans sa période Lifetime qui débuta en 1969, après avoir quitté Miles dont il révolutionna quand même le second quintet. Une première version éphémère vit le jour en trio avec le guitariste John McLaughlin et l’organiste Larry Young, produisant des albums importants comme Lifetime et Emergency.

Jazz rock, fusion...une musique qui a un demi-siècle aujourd’hui mais qui connaît comme “un retour vers le futur”.

S’agit-il d’un rembobinage, d’un recyclage qu’effectue le pianiste claviériste Yvan Robilliard avec son trio Heartbeat, composé du fidèle bassiste Laurent David et de Justin Faulkner, un batteur hors norme de Philly qui accompagne Brandford Marsalis?

Le résultat est différent de ce que l’on aurait pu imaginer. Visiblement le pianiste ne cherche pas à faire des reprises, se refusant à copier Tony Williams. Il s’en inspire, l’esprit sans la lettre.

C’est la musique mise au point en trio qui seule compte, l’important c’est “faire, jouer avec” et ce n’est pas une vaine formule dans son cas. Ce sont ses dix compositions que l’on entend, mais pleinement vécues par les autres membres d’un trio incomparable, parfaitement équilatéral. Mais il partage avec ce formidable batteur et le non moins remarquable bassiste une prédilection pour les “sons machiniquesqui envoient loin, très loin dans l’espace.

Yvan Robilliard revisite le trio jazz avec un appétit pour cette formule électrique, il s’attable devant trois pianos et choisit le climat dans l’instant, plus joyeux et fonceur avec le Fender, poétique et lyrique avec le piano classique, spatial avec le Mini Moog.

Deux titres pourraient être de bons marqueurs du programme “The Train That Never Stopped” et “Frenzied Paradise” donnant le ton, frénésie assumée, trépidations effrénées, urgence réelle à occuper la scène et l’espace sonore. Ils ne sont que trois mais ça joue fort, vite, sans aucun temps mort dans l’ivresse que procure l’électricité. Mais avec la cohésion parfaite de jouer ensemble comme s’ils n’étaient qu’un. La formule a déjà été trouvée, mais je la reprends à mon compte avec plaisir, ce YR3 se transforme en YR au cube. Ce n’est possible qu’avec l’aide d’une rythmique essentielle qui libère le pianiste. Parfait dans la polyrythmie quel que soit le contexte, en binaire, Justin Faulkner martèle  métronomiquement,  alors qu'en ternaire, il cherche, élégant dans le cliquetis des baguettes, soutenu par Laurent David, pilier du trio.

Quand on sait que l’album enregistré live au Triton, en cercle rapproché et sans casque, pour une interaction efficace et maximale des trois instrumentistes, a été conçu en suivant les conseils de Daniel Yvinec, l’un des meilleurs D.A qui soient, on n’a plus de doute. Il explique d’ailleurs dans des liner-notes édifiantes la genèse du projet et le choix de se placer sous la bonne étoile de ce  dieu de la batterie Tony Williams, passionné de rock, intégrant funk, pop, musique psyché à son jazz libre et inspiré.

Les Lifetimes à l’improvisation maîtrisée du trio définissent une musique jamais flottante ou trop planante qui fonce avec des compos enlevées, une jubilation dans les rythmes, tempérée par des passages soudain délicats et classiques au piano. L’invention mélodique ne passe plus au second plan et reprend tous ses droits. Peut-être pour de trop courts moments. Mais le CD file à toute allure et le plaisir n’en est que décuplé.

 

Sophie Chambon

 

 

NB : Rappelons que le pianiste dans son grand éclectisme a sorti ce printemps Ikiru plays  Satie en forme de duo piano-saxophone avec Fabrice Theuillon du collectif Surnatural Orchestra.

 

 

 

 

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10 octobre 2023 2 10 /10 /octobre /2023 22:17

Jean-Jacques Birgé (claviers & synthétiseurs, flûte, harmonica, guimbarde, inanga)

invite

Sophie Agnel (piano), Uriel Barthélémi (batterie, synthétiseur), Hélène Breschand (harpe électrique), Élise Caron (voix), François Corneloup (saxophone baryton), Gilles Coronado, Philippe Deschepper, David Fenech (guitares), Fidel Fourneyron (trombone), Naïssam Jalal (flûte), Olivier Lété (guitare basse), Mathias Lévy (violon), Violaine Lochu (voix), Lionel Martin (saxophone ténor), Fanny Meteier (tuba), Basile Naudet (saxophone soprano), Csaba Palotaï, Tatiana Paris (guitares), Gwennaëlle Roulleau (caisse claire, effets), Fabiana Striffler (violon)

Bagnolet, 2021-2023

GRRR 2036 / Orkhêstra

https://jjbirge.bandcamp.com/album/pique-nique-au-labo-3

 

La suite de «Pique-nique au labo 1/2», qui rassemblait des enregistrements échelonnés entre 2010 & 2019. Avec des partenaires nouveaux, sauf Mathias Lévy, récidiviste. Pour chaque plage Jean-Jacques Birgé rencontre un ou deux partenaires. À l’origine, avec chaque combinaison, il existait un album virtuel complet, accessible en mp3 sur le site drame.org. On les retrouve en suivant ce lien : http://www.drame.org/2/Musique.php?MP3. Et une plage est extraite de chaque album virtuel pour peupler cette compilation. La thématique de chaque pièce était tirée au sort avant de jouer. Le florilège qui nous est offert présente tous les possibles (et l’impossible même) d’une improvisation ouverte. Le résultat est étonnant, parfois confondant, toujours libre. Une visite s’impose dans ce bestiaire des images sonores. Plongez, vous ne le regretterez pas !

Xavier Prévost

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9 octobre 2023 1 09 /10 /octobre /2023 22:37

Clément Janinet (violon, composition), Élodie Pasquier (clarinettes), Bruno Ducret (violoncelle)

Budapest, 24-26 mai 2022

BMC CD314 / Socadisc

Comme dans le précédent disque publié en 2021 (chronique ici), ce jazz un peu chambriste accueille la musique afro-américaine, en intégrant un blues a cappella de Sophronie Miller Greer. L’inspiration puise à toutes les sources, du jazz de Pharoah Sanders aux musiques répétitives en passant par les métamorphoses de la musique africaine. Densité musicale des compositions et des improvisations, liberté stylistique toujours en action, mais dans une cohérence esthétique remarquable. Les solistes, extrêmement investis, avancent avec une fougue et une force qui nous emportent. Décidément cet inclassable trio nous submerge de sa singularité et nous entraîne loin de nos bases. Et c’est sans doute le propre de l’Art, au vrai sens du terme, de nous envahir de ce grand vertige.

Xavier Prévost

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Le trio est en concert le mardi 10 octobre à Paris, Studio de l’Ermitage ; puis le 17 novembre à l’Abbaye de Corbigny (Nièvre), le 8 décembre à Belfort et le 9 décembre au Galpon de Tournus (Saône-et-Loire)

 

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7 octobre 2023 6 07 /10 /octobre /2023 17:08

Gylain Deppe (piano hybride)

Perthes (Seine-et-Marne),6-8 février 2023

Klarthe Records KRJ 044

https://www.klarthe.com/index.php/fr/deep-from-deppe-detail

 

Pianiste rare, et pas seulement parce qu’il publie peu, Guylain Deppe a enregistré ces solos sur un piano hybride (mécanique de piano acoustique et échantillonnage haut de gamme), Yamaha modèle AvantGrand N3X. Le rendu sonore est bluffant (peut-être un spectre qui tire un peu trop, globalement, vers l’aigu). Le pianiste est tout aussi étonnant. J’ai le souvenir de l’avoir écouté dès les années 80 du côté du Mans, et il m’avait, à cette époque, déjà impressionné. Avec une très grande liberté de langages et de ‘styles’, il parcourt une sorte d’arc-en-ciel des possibles en matière de piano-jazz. Libre, audacieux, mais toujours en vue de l’idiome originel. Une série de compositions originales (où affleurent de temps à autre l’écho de standards, ou un arpège qui nous ramène furtivement au dix-neuvième siècle) aux titres fourbis avec les armes de l’humour culinaire (Tartare de Demi-Thon Chromatique, Farandole Des Trilles aux Pointes d’Arpèges….). Le chef Guy Savoy signe un court commentaire musico-culinaire, mais c’est surtout le bonheur de retrouver la plume d’Alain Gerber qui fait tout le sel du livret. Gerber était naguère chroniqueur gastronomique, et la musique de ce disque enchante ses oreilles comme autant de mets précieux. Ça chante, ça bout et ça bouscule -en pleine maîtrise évidemment-, et les nuances sont légion, comme les éclats. À découvrir, déguster, goûter et regoûter, jusqu’à satiété !

Xavier Prévost

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Un avant ouïr sur Youtube 

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25 septembre 2023 1 25 /09 /septembre /2023 08:16

Jamika Ajalon, Mike Ladd, Tamara Walcott (voix, textes), Marc Ducret (guitares), Sylvaine Hélary (flûtes), Stéphane Payen (saxophone alto, composition), Dominique Pifarély (violon)

Moulins-sur-Ouanne (Yonne), 25-27 janvier 2023

Jazzdor Series 18 / l’autre distribution

 

Un objet musical-et-textuel très singulier. Les textes font écho à la personne et à l’œuvre de l’écrivain James Baldwin, et la musique fait écho à ces textes (ou parfois l’inverse?). C’est un dialogue autant qu’un discours choral, une sorte de polyphonie où texte(s) et musique(s) se croisent, s’escortent, voire s’affrontent, en une sorte d’art multiple (et total d’une certaine manière) dont les contours sont difficiles à cerner. C’est donc à prendre (à écouter, à aimer) d’un bloc, même si nos vieux réflexes analytiques (voire déconstructivistes) nous pousseraient volontiers à explorer le dessous des cartes. Densité des musiques, sans qu’il soit possible de faire le départ entre l’écrit et l’improvisé, présence incarnée des textes et des voix : tout est là, tout est dit, à percevoir, écouter, réécouter, dans cette évidence qui cependant ne dévoile pas tous ses mystères. Un objet qui ne se donne jamais totalement à voir : une certaine définition de l’Art, peut-être….

Xavier Prévost

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Le groupe sera en concert le 27 septembre à Paris, au Studio de l’Ermitage

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Un avant ouïr sur Youtube

 

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7 septembre 2023 4 07 /09 /septembre /2023 11:40

Deux disques qui paraissent en ce mois de septembre, l’un et l’autre avec la présence active, voire prépondérante, du saxophoniste Daniel Erdmann. C’est d’abord le retour du trio ‘Velvet Revolution’, avec Théo Ceccaldi et Jim Hart. Et aussi le trio, inauguré un peu plus tôt et à l’origine sous le nom du violoncelliste, qui l’associe à Vincent Courtois et Robin Fincker. Deux disques qui taquinent les chemins de traverse avec la même pertinence

 

VELVET REVOLUTION «Message In A Bubble»

Daniel Erdmann (saxophone ténor), Théo Ceccaldi (violon), Jim Hart (vibraphone)

Budapest, 7-9 novembre 2022

BMC CD 312 /Socadisc

 

Le message, même s’il fait penser à un célèbre tube pop, regarde ailleurs, vers le collectif, l’urgence à se retrouver pour ‘faire musique ensemble’. Trois fortes personnalités musicales, instrumentales et improvisantes se donnent rendez-vous sur divers terrains de jeu, qui parcourent un large espace où le jazz de stricte obédience croise le tango, la musique de chambre, et la musique d’ailleurs ou de demain. Permanence d’un dialogue qui jamais ne brime les singularités de chacun. Bref une esthétique, et un sens du groupe, qui gardent constamment le jazz pour horizon.

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Velvet Revolution en concert en novembre, le 23 à l’AJMI d’Avignon, et le 25 à Paris, à l’Atelier du Plateau

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VINCENT COURTOIS / DANIEL ERDMANN / ROBIN FINCKER «Nothing Else»

Vincent Courtois (violoncelle), Daniel Erdmann (saxophone ténor), Robin Fincker (saxophone ténor, clarinette)

Budapest, 26-28 janvier 2022

BMC CD 311 / Socadisc

 

Avec ce trio, c’est un terrain exclusif d’improvisation. Une conversation intime entre des musiciens qui pratiquent avec virtuosité et intégrité cet exercice de voltige dans lequel tout est possible, à condition évidemment que l’on ait le talent de faire advenir ce qui est la promesse de l’instant à venir. Ce talent, ils le possèdent, et au degré suprême. Nous les suivons de plage en plage, de vertige en surprise, dans ce voyage recomposé où ils ont posé les balises de leurs souvenirs. Souvenirs des lieux où ils ont joué, d’Europe en Amérique. Souvenirs revitalisés par la promesse de l’instant qui vient. Comme une sorte de magie, en somme.

Xavier Prévost

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Nothing Else jouera le dimanche 17 septembre à 17h au festival de Trois Palis (Charente)

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15 août 2023 2 15 /08 /août /2023 18:46

Pascal Bréchet (direction, compositions, arrangements, guitare, effets), Sophia Domancich (piano électrique), François Cotinaud (saxophone ténor, clarinette), Philippe Lemoine (saxophone ténor), Xavier Descarpentries (trompette, EWI), Jean-Luc Ponthieux (guitare basse, contrebasse), Cyril Hernandez (percussions, voix, effets), Éric Groleau (batterie)

Soissons, 15 juin 2011

Musivi MJB 029-030 CD

https://poeticavivace.com/produit/naked-lunch-pascal-brechet/

https://www.lesallumesdujazz.com

 

Comme un rêve éveillé. Enregistrée à l’issue du concert de clôture d’une résidence artistique, cette musique aurait pu ne pas voir le jour sous forme d’un double disque. Les aléas d’un projet qu’il fut malaisé, en ces temps frileux, de faire revivre sur scène, puis la mort du batteur Éric Groleau, sans oublier la pandémie, ont failli nous priver de la découverte de cette pépite. La référence à l’École de Canterbury, et au groupe Soft Machine, est limpide. Car le nom du célèbre groupe britannique est emprunté à un livre du poète-romancier-plasticien Williams S. Burroughs, The Soft Machine ; tout comme ce disque renvoie à un autre écrit de Burroughs, The Naked Lunch. La musique qui se joue ici n’est réductible à aucune des appellations qui désignèrent naguère (c’est presque jadis….) le jazz conquis par l’électricité et l’électronique. Ni Jazz-rock, ni Jazz-fusion, ni Fusion tout court, mais Jazz assurément, car c’est un musique d’aventure, d’audace, de vertige et de prospective. Il serait vain de traquer des analogies avec la structure du roman de Burroughs, sa topographie singulière ou ses personnages. Peut-être doit-on s’en remettre au voyage intérieur sous substances, ou à la notion cut-up d’ou procède la littérature de Burroughs et de quelques autres. En tout cas l’esthétique et les compostions sont fécondes, les solistes sont inspirés, et le mouvement collectif est saisissant. Une seule composition, celle sui conclut le second CD, n’est pas du guitariste-leader : c’est Teeth ; elle avait été signée par le claviériste Mike Ratledge pour le quatrième disque de Soft Machine. Ce titre est ici dans une version étendue et reformulée. D’un bout à l’autre, ce disque est un très beau moment de musique vivante, et habitée !

Xavier Prévost

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Un avant-ouïr sur Youtube

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14 juillet 2023 5 14 /07 /juillet /2023 12:49

MISSION MANDOLINE VINCENT BEER DEMANDER

ORCHESTRE NATIONAL DE CANNES

Direction de Benjamin Lévy

 

Label Maison Bleue

www.labelmaisonbleue.com

 

Accueil - Compagnie Vincent Beer-Demander & Co (compagnievbd.org)

 

 

 

C’est avec le programme de cet album que le mandoliniste Vincent Beer Demander a ouvert le troisième festival de Mandoline à Marseille le 5 juillet dernier. Un pas de côté certes par rapport au jazz, mais on retrouve des compositeurs qui aiment et ont pratiqué le jazz tout en s’adonnant à d’autres musiques.

Dans ce Mission Mandoline qui présente des concertos ou oeuvres concertantes pour mandoline solo et orchestre symphonique, ce professeur du Conservatoire Régional de Marseille sort cet instrument baroque du XVIIIème de son répertoire de routine pour aller à la rencontre de grands compositeurs comme Vladimir Cosma qui peut tout composer, symphonie, thème de jazz et ici caprices,écho naturel aux 24 Caprices du violoniste Paganini( également mandoliniste). La mandoline en fait est un petit luth joué sans archet mais avec une plume, un plectre. On entend ici le dernier de ces Caprices qui reprend en le déjouant un de ses thèmes les plus connus, celui du “Grand Blond avec une chaussure noire” du film de 1972 d’ Yves Robert. Le caprice est une forme libre qui s’apparente aux thèmes et variations chers au jazz où l’on peut faire sonner l’instrument de façon ludique et virtuose.

Comme le titre de l’album le suggère, c’est avec un autre compositeur de musiques de films, tout autant éclectique, Lalo Schifrin que débute le CD avec des “Variations sur un thème de Lalo Schifrin” de Nicolas Mazmanian, collègue pianiste, enseignant au conservatoire.

Chacune des sept variations de cette suite-portrait évoque de près ou de loin le thème qui se diffuse tout au long du mouvement pour éclater au final. Ce qui paraît intéressant dans la démarche de Nicolas Mazmanian est d’avoir amené toutes ses variations vers le thème et non l’inverse. La conclusion est sans appel : le thème que tous connaissent et aiment, y compris les plus jeunes, aujourd’hui encore, celui de la série, sortie en 1967!

Encore du cinéma avec un autre grand compositeur Nino Rota et son “Padrino” arrangé magnifiquement par le pianiste marseillais Christian Gaubert avec cette reprise du thème du Parrain, conçue pour la mandoline : une mélodie simple, émouvante, jouant avec la matière musicale pour en faire une miniature pour mandoline.

C’est Ennio Morricone qui nous ravit ensuite avec une “Sérénade en forme de passacaille” : une autre atmosphère lancinante et mystérieuse. Les cordes graves exposent un ostinato glissant en pizz rejoints par des trémolos frottés, riffs plaintifs sur lesquels la mandoline s’installe et mène la danse.

Claude Bolling autre fou de jazz a composé son concertino “Encore” où la mandoline swingue si élégamment avec la contrebasse . Le final est en hommage au style de Earl Hines avec lequel joua Claude Bolling en 1948 .

Il y a une réelle cohérence dans cet album qui s’écoute en tendant l’oreille, car sous la virtuosité apparaît une certaine émotion. Un ancrage populaire où des mélodies raffinées, conjuguées à l’art savant de les réharmoniser, contribuent à une vraie découverte de la mandoline.

A l’écoute du programme de l’album, on est convaincu d’avoir fait le tour des possibilités, sonorités, techniques de cet instrument. Mais on est loin d’être au bout de ce que nous réserve le toujours inventif VBD? On attend donc qu’il se mette sérieusement au jazz.

 

Sophie Chambon

 

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