Laurent Cugny (piano électrique, arrangements, direction), Pierre de Bethmann (piano électrique), Laurent Coulondre (orgue), Manu Codjia (guitare), Jérôme Regard (contrebasse), Stéphane Huchard (batterie), Antoine Paganotti (batterie), Quentin Ghomari (trompette), Martin Guerpin (saxophone soprano), Stéphane Guillaume (clarinette basse), Clément Daldosso (contrebasse), Élie Martin-Charrière (batterie)
Villetaneuse, septembre 2022
Frémeaux et Associés FA 8601 / Socadisc
Le retour au disque de Laurent Cugny, avec un nouveau groupe, qui rassemble des partenaires de haut vol, entre ceux qui ont accompagné sa carrière, et la nouvelle génération. Deux batteries (l’historique Stéphane Huchard en permanence, et en alternance Antoine Paganotti & Élie Martin-Charrière), deux pianos Fender et un orgue Hammond B3, une seule contrebasse à la fois, et des solistes inspirés : Manu Codjia, Martin Guerpin, Stéphane Guillaume : une affiche de rêve au service d’une idée musicale, celle de Laurent Cugny, manifestement partagée par tous les membres du groupe. C’est comme la rencontre des tropismes du pianiste-arrangeur-leader (Miles Davis période électrique, Joe Zawinul….) et de sa culture, de Duke Ellington aux Beatles en passant par Joni Mitchell et Pat Martino. Avec en filigrane l’ombre tutélaire et bienveillante de Gil Evans, auquel il a consacré un livre décisif, et qu’il avait aussi accueilli dans son orchestre à la fin des années 80 pour une tournée européenne et deux disques. Deux compositions originales qui reflètent exactement les aspirations esthétiques de Laurent Cugny (foisonnement dans la lisibilité, liberté des solistes qui sont totalement en phase avec l’esprit de la musique). Et cet esprit va prévaloir, de plage en plage, dans la reprise de thèmes extrêmement divers : l’incroyable arrangement de I Want You (Lennon-McCartney) va restituer, via le traitement des instruments à vent notamment, une vocalité expressive qui fait renaître l’impact de l’original. Ou encore L’air que l’on respire, de Michel Jonasz, que je ne connaissais pas, et dont je découvre les ressources dévoilées par le magicien Cugny et ses comparses. L’esprit du jazz, en somme, qui consiste à se réapproprier toutes les musiques pour en faire son miel. Le Mood Indigo d’Ellington se trouve paré d’habits neufs, sans être aucunement trahi ; etc…. etc…. La magie des alliages et des textures (3 claviers, 2 batterie) combinée à la force des solistes (que l’on devine tout à la fois dirigés et libres) fonctionne en permanence. Toutes les plages sont fortes, et ce disque est une absolue réussite, de sa première à sa dernière minute.
Xavier Prévost
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Le groupe sera en concert le 17 mai à Paris, à l’auditorium du site Jussieu de la Sorbonne (festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés), le 9 juillet au Saint Omer Jaaz Festival (Pas-de-Calais) & le 4 août au festival de La Londe (Var)
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