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11 avril 2023 2 11 /04 /avril /2023 20:08

Jacques Schwarz-Bart (saxophone ténor, effets), Victor Gould, Sullivan Fortner, Grégory Privat (piano), Matt Penman, Reggie Washington (contrebasse), Marcus Gilmore, Terry Lyne Carrington, Arnaud Dolmen (batterie), Malika Tirolien, Stephanie McKay (voix)

New York, 2021 octobre 2021, et une plage dans un autre lieu (At home ?)

Ropeadope / L'Autre Distribution

 

Brother Jacques’ revient, après trois années de silence phonographique. Retour en force, avec plusieurs équipes, composées de la fine fleur de New York et des Antilles. Des compositions originales, mais aussi une reprise de Herbie Hancock -et Benny Maupin- (Butterfly, dans un arrangement-maison) et un standard de Richard Rodgers que chantait Nat King Cole (Look No Further, rajeuni et vivifié). Cette Harlem Suite ne fait pas directement référence à la suite (A Tone Parallel to Harlem – Harlem Suite) créée par Duke Ellington au début des années 50, mais au voyage de Jacques Schwarz-Bart, à la Guadeloupe et qui, dans les années 90, arrive à New York, après des études de sciences politique à Paris, un travail d’assistant parlementaire au Sénat de la République Française, puis un cursus au Berklee College de Boston (où il enseigne désormais). C’est donc une évocation de ce point névralgique de la ‘Grosse Pomme’, où se sont retrouvés beaucoup d’Afro-Descendants, issus de la traite négrière qui avait dispersé leurs ancêtres dans les deux Amériques, et la Caraïbe. C’est là que le saxophoniste s’est frotté aux grandes figures de cette musique avant de prendre son essor artistique, de part et d’autre de l’Atlantique. Le disque est le reflet de cette vitalité et de cet engagement dans l’expressivité qui sont la marque de cet univers musical, qui associe le jazz et beaucoup d’autres musiques afro-américaines et caribéennes. Une sorte de grand voyage dans la pluralité des idiomes, et dans la mémoire, avec un constant feeling.

Xavier Prévost

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Le quartette, avec Grégory Privat, Reggie Washington et Arnaud Dolmen, est en concert à Paris au Duc des Lombards les 13 et 14 avril. C’est complet à 19h30 mais il reste des places jeudi à 22h

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Un avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=Kh8CvVYXMOY

 

https://www.youtube.com/watch?v=kjqy9Dz5ZSI&t=1s

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9 avril 2023 7 09 /04 /avril /2023 16:16

Quartette de jazz

Clovis Nicolas (contrebasse, composition), Jeremy Pelt (trompette), Sullivan Fortner (piano), Bill Stewart (batterie)

Quatuor à cordes

Ulysses Quartette : Christina Bouey, Rhiannon Banerdt (violons), Colin Brookes (alto), Grace Ho (violoncelle)

New York, avril & septembre 2022

Sunnyside Records SSD 4119 / Socadisc

 

Une entreprise singulière, presque déraisonnable, et pourtant féconde. Le contrebassiste Clovis Nicolas, qui poursuit sa carrière de jazzman à New York depuis une vingtaine d’années, a parallèlement étudié à la Juilliard School la composition classique. Et après avoir conçu une pièces pour quatuor à cordes intitulée Le Miroir, et à l’instigation du musicien et producteur Daniel Yvinec, il a entrepris d’en faire une version pour quartette de jazz avec le gratin de la scène états-unienne. Peut-être pour ne pas effaroucher les amateurs de jazz, les versions pour quartette de jazz se succèdent en début de CD, suivies par la version pour quatuor à cordes. Le vieux mélomane généraliste qui sommeille en moi depuis l’enfance, au côté du jazzfan presque sectaire, m’a incité à écouter chaque mouvement du quatuor (le matériau musical originel) avant la version pour quartette de jazz. Ce qui veut dire plage 6 puis plage 1, 7 puis 2, etc.… Et ce choix m’a convenu, au-delà de toute espérance, et permis de goûter les métamorphoses comme les constantes. Les tensions mélodico-harmoniques du quatuor à cordes ne subsistent pas toutes dans la version jazz, mais sont remplacées par d’autres ingrédients musicaux. Et la structure même des mouvements peut subir des modifications. Mais c’est, de part et d’autre, d’une belle cohérence. La virulence rythmique du scherzo, côté quatuor, devient en quartette de jazz une page de musique afro-cubaine. Et ainsi de suite. À écouter, et réécouter, pour en goûter la substantifique moelle. Audacieux et convaincant : bravo !

Xavier Prévost

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Clovis Nicolas sera en concert , solo de contrebasse & quartette de jazz, le mercredi 12 avril à Paris au Sunside

https://www.sunset-sunside.com/2023/4/artiste/4288/9080/

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Des avant-ouïr sur Youtube

https://www.youtube.com/channel/UCXPKEg1F78ComibFHrmfG-Q

 

https://www.youtube.com/watch?v=WNzdYe-MchI

 

https://www.youtube.com/watch?v=IUgl64lvDoA

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9 avril 2023 7 09 /04 /avril /2023 10:38

Aruán Ortiz (piano), Brad Jones (contrebasse), John Betsch (batterie)

Winterthur (Suisse), 18-19 septembre 2022

Intakt CD 392 / Orkhêstra International

 

Comme je le fais souvent, j’écoute une première fois le disque sans regarder les titres, compositeurs, et leur ordre : plaisir de la découverte sans idée préconçue, mais pas forcément sans références. Dès les premières mesures de la première plage, une introduction manifestement hors thème me fait penser, je ne sais pourquoi, à Thelonious Monk : accords syncopés à l’extrême, liberté frondeuse, pulsation délibérément claudicante, dissonances affirmées…. En fait ce sera Shaw’ Nuff, un thème de Parker et Gillespie que Monk, à ma connaissance, n’a pas joué avec eux, ni sous son nom. C’est le seul standard du jazz de ce disque, dont le répertoire est consacré aux compositions du pianiste, à l’exception d’une danse du répertoire classique cubain du dernier tiers du 19ème siècle, bien cachée, en déstructuration et au ralenti, dans une longue improvisation. L’essentiel n’est pas dans le répertoire, mais bien plutôt dans la façon dont le pianiste s’en saisit, avec une liberté et une imagination confondantes. Et soutenu en permanence, avec pertinence et inventivité, par Brad Jones et John Betsch. Au fil des plages (dont une en solo) Aruán Ortiz nous administre une potion de jouvence, puisant dans les inouïs du free jazz ou du piano contemporain autant que dans le souvenir des musiques de sa Caraïbe natale. À la cinquantaine (son âge aujourd’hui) et après une vingtaine d’années à New York, le pianiste nous régale d’une généreuse bouffée de liberté -qui n’est pas sans mémoire-, de spontanéité frondeuse et de lyrisme pour les temps futurs : une bourrasque créative, et un grand moment de musique…. et de piano !

Xavier Prévost

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7 avril 2023 5 07 /04 /avril /2023 19:20

Château Fleur Cardinale, Saint-Etienne-de-Lisse (33330) le 18 juillet 2022.
Jazzline – D77126 / Socadisc.
À paraitre le 14 avril.

    Voici plus de cinq décennies que le pianiste américain, résidant aujourd’hui en Allemagne, nous épate à chacune de ses apparitions ! On l’a vu jouer avec Chet Baker, Stan Getz ... Il a constitué avec Dave Liebman l’un des duos historiques de la musique que nous défendons, c’est lui encore qui a cofondé le quartet Quest avec le même partenaire ... Il apparaît en tant que leader ou accompagnateur sur plus de 400 enregistrements, dont 26 sont de purs solos, Le premier remontant à 1977, ‘’HUBRIS’’ pour ECM, label pour lequel il participa de la première génération des musiciens appelés par Manfred Eicher à enregistrer des albums de piano solo, avec Keith Jarrett, Paul Bley, Chick Corea ... alors qu’il avait tout juste 30 ans.

 

    45 ans plus tard, il nous livre en un nouveau piano solo, ‘’LEAVING’’, une approche renouvelée, apaisée, des standards du jazz dans le cadre unique du Château Fleur Cardinale à Saint-Emilion, en France.  

    Que l’on ne s’y trompe pas, cet album n’est pas que le nième enregistrement solo de Richie, c’est l’un des plus beaux moments de musicalité qu’il nous ait été donné à déguster depuis longtemps!

    Les albums solo publics de Richie sont rares, pour ne pas dire rarissimes*; C’est ici la première fois qu’il ne joue que des standards (mis à part les deux rappels, constitués de deux de ses compositions) et des medleys** aussi aboutis dans un tel contexte.

    On appréciera l’évolution de l’artiste entre ses interprétations de thèmes tels que ‘Nardis’, ‘Solar’, ‘Blue in Green’, ‘Spring Is Here’ ... en 1981 et en trio pour l’album ‘’Elegy For Bill Evans’’ (Trio Records – PAP-25005), si l’on en dispose, et celles jouées ici, dans le contexte restreint mais si expressif, et expansif,  du solo ...

 

    Attention … Chef d’œuvre !!

 

Francis CAPEAU.

 

* ''Live in Tokyo, Solo Concert'' (Trio Records - PAP-25019), 1982.

''Maybeck Recital Hall Series, Vol.19'' (Concord CCD-4518), 1992.

''Impressions of Tokyo (ancient city of the Future)'', (OutNote Records OTN009), 2011, produit par Jean-Jacques Pussiau.


**Le premier articulé sur les thèmes de ‘What Is This Thing Called Love ?’, ‘Alone Together’ et ‘Blue in Green’, le second sur ceux de ‘Spring Is Here’, ‘Maiden Voyage’, Monk’s Dream’ et 'You don’t Know What Love Is’.

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3 avril 2023 1 03 /04 /avril /2023 18:31
CAMILLE BERTAULT    BONJOUR MON AMOUR
CAMILLE BERTAULT    BONJOUR MON AMOUR

Camille Bertault    Bonjour mon amour

 

Vita Productions

Sortie le 31 mars 2023

Concert de Sortie le 18 avril au New Morning

 

 

On avait beaucoup aimé Le Tigre découvrant les hardiesses vocales de Camille Bertault musicienne accomplie (quinze ans de piano classique), passionnée de théâtre qui aurait pu être son premier choix de carrière. Et cela se sent, sur scène et dans ses clips. De l’assurance, du charme et de la fantaisie, de la maîtrise également.

Elle revient avec un nouvel album qu’elle a auto produit et fabriqué artisanalement, l’objet le plus personnel, intime jamais osé auparavant. Une nouvelle étape, décisive, dans sa carrière, où la chanteuse se livre encore plus que dans les précédents albums. Elle compose des textes tissés dans son vécu, emballés avec style, une sorte de journal intime, somme de ses réflexions. Ses textes n’ont aucune fausse candeur, elle est trop tonique pour cela. Elle pose ses mots qui sonnent juste dans des chansons au montage bien construit. Douze titres plutôt courts favorisent une écoute continue d’un album dont on ne se lasse pas. Un auto-portrait sincère, sensible, sans séduction facile que soulignent les photos prises par Julien Alour.

Son objectif est de réconcilier deux mondes assez éloignés la chanson et le jazz, le texte et la musique improvisée. Après avoir collaboré à des labels indépendants voire des majors pour les albums précédents, elle s’est associée à Vita productions pour se livrer avec son groupe de jazz inchangé à une expérience plus risquée : créer des compositions originales sur des thèmes actuels ( adolescents en souffrance au collège, dépendance aux réseaux sociaux et écrans, relation amoureuse toxique, confinement, fragilité de la vie...et du succès) et obtenir un son organique plus proche d’elle.

L’Argentin Minino Garay est cette fois aux seules percussions , le pianiste libanais est toujours Fady Farah rencontré au Conservatoire. Quant à Christophe Minck, harpiste à l’origine, il sait chanter, jouer de la basse et composer des musiques de films, ceux de Cedric Clapisch. Cette équipe solide, fidèle, rassurante que complète sur quelques titres le trompettiste Julien Alour permet à la chanteuse de s’exposer plus directement.

Sa voix douce et grave, au grain chaleureux ne cherche pas à enjamber des intervalles périlleux. Son énonciation distincte sculpte les détails dans un phrasé original, un tempo ajusté quand elle étire ses phrases ou les scande plus intensément. Elle ne tord pas le sens de ce qu’elle dit, veut être comprise même quand elle s’essaie au rap sur “Dodo”, évocation de la disparition d’espèces et … de la crise écologique. Des textes d’une compositrice qui sait mettre en musique, varier les climats, connaît les nuances. Pour une fois, le français sert son interprète, en jazz. Simple dans son apparente décontraction, elle sait capter l’attention et charme par la qualité de son écriture et de son interprétation.

Et pour clore l’album, quelle finesse dans sa reprise en français de “My Fav’Things”. Elle parvient brillamment à s’approprier la chanson dans une version qui devrait faire date... Quand on vous disait qu’elle a tout d’une grande!

 

Sophie Chambon

 

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2 avril 2023 7 02 /04 /avril /2023 15:17

 

Leonardo Montana, piano solo

Pernes-les-Fontaines, sans date

émouvance emv 1046 / Absilone-Socadisc

 

J’écoute Leonardo Montana depuis près de 15 ans, dans de très nombreux contextes. J’ai le souvenir de l’avoir présenté sur scène au festival de Radio France & Montpellier en 2009 au sein du trio d’Anne Paceo, et dès cette époque, j’ai été frappé par sa faculté de s’insérer dans une foule d’univers et de langages différents, sans pour autant masquer son indiscutable singularité. Singularité qui s’exprime pleinement dans ce solo, où le musicien donne manifestement libre cours à toutes ses pulsions musicales. Le titre de l’album, allusion à un mode narratif de la culture japonaise, laisse deviner une sorte de récit intime, qui se déplie selon les titres choisis dans trois langues familières au pianiste. Le texte du livret, signé Jean Rochard, éclaire cette démarche sans en dévoiler les secrets, qui se révéleront peut-être si notre écoute le mérite. Le pianiste possède une palette et des moyens instrumentaux considérables, mais ici, pas d’ostentation. La musique est pleine de nuances autant que d’éclats et d’explosions soudaines. Elle emprunte des chemins qui semblent davantage liés au besoin d’expression qu’à de quelconques automatismes. Chemin peuplé de surprises et de soudains éblouissements. Comme un voyage ; un beau voyage….

Xavier Prévost

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Leonardo Montana donnera un concert solo au Shed de Reims le 5 avril. Au même programme le duo Kassap & Labarrière, pour fêter conjointement la parution de leurs CD respectifs sous le label émouvance

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29 mars 2023 3 29 /03 /mars /2023 17:15

Olivier Lété (guitare basse), Aymeric Avice (trompette, bugle), Toma Gouband (batterie, percussions)

Enregistré en concert à La Dynamo de Banlieues Bleues les 14 février et 19 septembre 2019 & le 14 mars 2022 ; le 17 avril 2019 à L’Espace 93 de Clichy-sous-Bois ; le 15 avril 2022 à L’Odéon de Tremblay en France

Jazzdor Series #15 / l’autre distribution

 

Inspiré par un jeu de l’antiquité grecque (ὀστρακίνδα), fondé sur la rivalité de deux équipes qui jetaient un coquillage (ὄστρακον) bicolore en annonçant la face (jour/nuit) qui devait apparaître. Curieusement ce coquillage et son rôle dans le départ de deux camps rivaux a donné dans notre langue la racine du mot ostracisme…. Pas question d’ostracisme dans cette musique, évidemment, mais plutôt d’un jeu d’improvisation où le hasard trouve sa place, comme berceau de l’invention, du développement, de la digression ou du rebond. La qualité musicale des trois protagonistes nous vaut une sorte de voyage dans l’imprévu, le mystérieux, la sensualité des timbres, la liberté des lignes mélodiques, la prégnance des rythmes. Une véritable expérience d’écoute, très dense, et pour tout dire assez fascinante. Belle aventure !

Xavier Prévost

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En concert le 29 mars à Bobigny, Salle Pablo Neruda, dans le cadre du festival Banlieues Bleues

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À découvrir sur Bandcamp

https://jazzdorseries.bandcamp.com/album/ostrakinda

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26 mars 2023 7 26 /03 /mars /2023 16:27
KLM TRIO   PROVIDENCE

KLM TRIO            PROVIDENCE

Stéphane Kerecki (cb), Yoann Loustalot (tp, bugle), Philippe Macé (vib)

Parallel Records/Socadisc

Sortie le 24 Mars 2023 Concert 30 Mars au Sunset

 

Avec cet équipage, on voyage assez loin, affirme Philippe Macé le vibraphoniste concepteur du projet à l’origine du trio KLM (Kerecki /Loustalot /Macé). Sans être précisément aux commandes de la compagnie, il dévoile un arrière-pays attachant où l' enjeu est de favoriser le chant et le rythme avec deux compagnons ajustés. Voulant privilégier la complicité des timbres, les résonances, les sons tenus, Philippe Macé a façonné le son de l’album en pleine pandémie : le vibraphone n’ayant pas beaucoup de grave est complémentaire de la contrebasse, qui en l’absence de batterie, tient le rôle d’assise rythmique.

Si Stéphane Kerecki était un vieux complice de Philippe Macé, celui-ci connaissait le travail de Yoann Loustalot qui joue par ailleurs dans un trio avec Kerecki et Humair. Le trompettiste choisit ici de s’exprimer au bugle, au son plus doux et rond, plus adapté au vibra.

L’interplay joue à fond dans ce trio chambriste, d’une veine souvent élégiaque qui échappe aux rôles assignés en jazz à ce type de formation, sur un répertoire de neuf compositions dont  huit originaux. La seule reprise, excellent choix, est un thème baroque de Purcell “Ground on C minor” repris avec un vif élan, qui entraîne la danse, illustrant la force de la basse obstinée qui explore tous les styles et époques. 

 Cet album à l’élégance savante, tout en sonorités de cuivres et de bois se découvre lentement dans la traversée initiatique d’un univers exposé et pourtant d’une luminosité ténue, ce que confirmerait “Luminescent”, l'une des deux compositions du contrebassiste. On est frappé par une grande impression de cohérence : unité de ton, lyrisme de mélodies qui prennent le temps de se développer, sens de l’espace dans le halo chambriste de l’instrumentarium.

Ouvrant l’album, “Ecueil” est une composition de Yoann Loustalot planante, onirique, étrange que l’on survole en écho ou miroir avec “Mer d’huile” toujours du bugliste.“Are you ready for the next pandemic” embraie sur un thème interrogatif, nous rappelant que la naissance du trio et de l’album (enregistré il y a juste un an à Noirlac) survinrent dans une période peu propice aux tournées.

“The Booster” de Kerecki porte bien son nom, c’est un éveil qui euphorise en douceur, la basse et le vibra swinguant d’aise, le bugle ragaillardi lui aussi.

Groove impeccable du vibra, souffle profond et intime du bugle, fluidité d’une contrebasse très présente et pourtant discrète confèrent un caractère dépouillé à cette musique. Où courent des échanges permanents de l’un à l’autre des musiciens qui sont à la recherche d’un horizon commun. Tout glisse subtilement, avec un toucher juste, une énergie tranquille qui laissent ouvertes les marges de l’exploration. On ne peut rester insensible aux qualités de cette musique, à la lisibilité d’un ensemble tout en demi-teintes et finesse.

Sophie Chambon

 

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24 mars 2023 5 24 /03 /mars /2023 09:12

Malik Mezzadri (flûte, voix),

Pascal Mabit (saxophone alto), Maciek Lasserre (saxophone soprano), Johan Blanc (trombone), Olivier Laisney (trompette), Fanny Ménégoz (flûte), Alexandre Herer (piano électrique), Gilles Coronado (guitare), Daniel Moreau (synthétiseur), Maïlys Maronne (piano, mélodica), Nicolas Bauer (guitare basse), Vincent Sauve (batterie)

Onze Heures Onze ONZ 046 / l’autre distribution (parution le 31 mars)

 

Retour en fanfare de Magic Malik, avec la même équipe, sauf un changement du côté de la guitare. Au travers des compositions de presque tous les membres du groupe se tisse une toile de rythmes, de traits mélodiques et de jaillissements soudains qui nous rappellent que cette musique, même si elle est voulue par le leader dans un espace musical qu’il a imaginé, est éminemment collective. Procession en fanfare subtile vers un imaginaire qui nous sollicite autant qu’il nous déroute. Dialogue des flûtes, escapades de la trompette ou du trombone, envol de la guitare sur les sollicitations des autres instruments, tout concourt à nous emporter vers cet ailleurs que guette toute poésie. Et il y aura au fil du disque un espace pour chacune et chacun, toujours dans un geste unanime, comme s’il n’y avait de soliste que l’orchestre (Tous pour un, un pour tous….). Si l’on cherche dans cette musique des sources, il est évident que l’on en trouvera, réelles ou fantasmées. Mais l’essentiel est ailleurs : dans la singularité de ce projet collectif qui, étape après étape, nous entraîne dans un paysage que nous devinons, ou croyons deviner, car il se pourrait qu’une prochaine étape (XP4 ?) soit encore une surprise, un pas au-delà. Du Grand Art musical, en somme.

Xavier Prévost

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Le groupe est en concert le samedi 25 mars à Paris au New Morning, et le 1er avril à Bordeaux au festival Déluge

 

Un avant-ouïr sur Youtube 

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23 mars 2023 4 23 /03 /mars /2023 12:29
SNORRE KIRK   TOP DOG

SNORRE KIRK

TOP DOG

Label Stunt Records

Sortie le 24 MARS

 

On Late Nights - YouTube

 

Un album très agréable à découvrir concocté par un formidable musicien. Le batteur norvégien Snorre Kirke qui vit à Copenhague n’en est pas à son premier album de 2012 Blues modernism qui annonçait la couleur, celle d'un jazz classique revendiquant la tradition. Il sort sur le label danois Stunt, distribué par UVM ce Top Dog, son 7 ème album en leader d’un quintet de luxe, une rutilante machine. Une formation quelque peu renouvelée avec, grande innovation, un guitariste rythmique Mads Kjolby qui endosse le rôle de Freddie Green, l’un des atouts majeurs de la formation de Count BASIE qui demeura fidèle au pianiste cinquante ans! Les autres  complices restent le pianiste suédois Magnus Hjoerth depuis le début aux côtés du batteur et le bassiste Anders Fjeldsted depuis 2019. Snorre Kirk laisse, comme tous les grands quand ils sont aux commandes, ses partenaires suffisamment libres dans des échanges qui prennent leur sens en servant le propos assumé, son classique, swing élégant et intemporel. On croirait entendre des compositions de l’époque alors que l’écriture des dix titres est entièrement due à l’inspiration de ce maître des fûts qui n’écrit pas particulièrement pour son instrument. On pourrait presque dire que le son de la batterie est ce que l’on remarque le moins, tant la section rythmique est au service des souffleurs. On aurait tort de ne pas se laisser prendre par ces mélodies intemporelles qui paraphent avec panache une esthétique volontairement en retrait. Une fois encore les Scandinaves ont le chic de jouer le jazz sans tenter de le mêler à d’autres influences du monde. Ce sont peut-être eux les plus solides garants de la tradition et de la perpétuation de cette musique qui leur était pourtant étrangère au départ. Mais les Nordiques ont toujours su intégrer le jazz à leur culture d’origine.

Un All Jazz Band scandinave jusqu’à un certain point car la rythmique tourne autour autour du lumineux saxophoniste ténor américain Stephen Riley auquel se joint le deuxième saxophoniste danois ténor et alto Michael Blicher.

Riley a déjà enregistré avec Kirk, ce sont donc des retrouvailles qui débutent par un bon vieux blues, "Working The Night Shift" où s’expriment les deux soufflants, la rythmique accompagnant softly and gently,  façon décontractée! Suit “Top dog”, titre pour le moins mystérieux si ce n’est que le batteur pose imperturbable, avec son chien sur la pochette, très “dead pan humour”, une compo alerte, espiègle même où s’amusent les compères dans un rythme et un swing nettement plus intenses. Dans “On late nights”, l’une de ces ballades courtes mais ensorcelantes, le saxophone mène la danse, sur le souffle, chuchotant d’aise, très sensuel. Et ainsi coulent les mélodies dans une alternance de titres enlevés dans la tradition gospel “Bring me home” et de ballades tendres jamais sirupeuses ou mièvres cependant. Les sax s’envolent sur “Meditations in blue” sur un tempo medium, chaloupant, plus propice à la danse et aux rythmes brésiliens qu’à la réflexion. "Swing point" porte bien son nom, ça pulse et remue dans la plus pure tradition des Four Brothers de Woody Herman. Avec “Easy Roller”, on revient sur les terres du Count et la guitare rythmique est à son aise, entraînant cette pulse constante qui structure le morceau. L’un des titres les plus prenants est sans doute une ballade sur le versant mélancolique “Yesteryear” qui nous bluffe complètement : c’est bien une composition de Snorre Kirke qui a su saisir admirablement l’esprit de ces mélodies rétro où Billie aurait pu poser sa voix qu’auraient pu conduire Ben Webster ou Coleman Hawkins. L’album qui a du chien se termine par une pirouette comme il a commencé, un hommage au Count et au blues sur ce “Boogie Rider.”

Classique mais convaincant, ce Top Dog ! Alors, ne boudons pas notre plaisir.

 

Sophie Chambon

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