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13 novembre 2024 3 13 /11 /novembre /2024 18:43

Fidel Fourneyron (trombone), Thibault Soulas (contrebasse), Antoine Paganotti (batterie)

Uqbar #3 / l’autre distribution

 

Une musique élaborée par le tromboniste lors d’une résidence au festival ‘Jazz sous les pommiers’, et dont la source est du côté des divinités Yoruba. Mais plus largement, c’est un hymne à la musique afro-américaine comme à toutes les musiques de la Caraïbe, une sorte de retour aux sources, et au souffle primal qui jaillit dès l’origine du jazz, et même en-deçà. C’est d’une évidence confondante, et pourtant les nuances, les circonvolutions, les digressions et les inventions sont légion. Le trio nous embarque dans un voyage qui nous semble familier, et dans lequel, pourtant, les surprises sont nombreuses. Avec un virtuosité d’Artisan d’Art pour qui chaque geste est un condensé de pratiques immémoriales, Fidel Fourneyron attise un vibrant dialogue avec ses partenaires : la contrebasse de Thibault Soulas connaît tous les ressorts de ce langage, même dans le jaillissement de l’improvisé ; et la batterie d’Antoine Paganotti attise le feu, même quand il couve : un régal. En cours de route une sorte de calypso nous rappelle que le grand Sonny Rollins fut une sorte de pionnier, à le fin des années 50, dans cet art du trio conduit par un souffleur avec le renfort de la basse et de la batterie. Très très bon disque !

Xavier Prévost

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Le trio est en concert le 14 novembre à Paris, à l’Atelier du Plateau

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9 novembre 2024 6 09 /11 /novembre /2024 18:44

Deux enregistrements inédits des années 90 voient le jour : un duo Annick Nozati – Daunik Lazro, et un quartette qui les associe à Paul Lovens & Fred Van Hove

 

ANNICK NOZATI – DAUNIK LAZRO «Sept fables sur l’invisible»

Annick Nozati (voix & textes), Daunik Lazro (saxophones alto & baryton)

Vandœuvre-lès-Nancy, 13 mai 1994

Mazeto Square 570 566-4

https://www.mazeto-square.com/product-page/sept-fables-sur-l-invisible-digital

 

C’est à l’édition1994 de l’historique festival de création musicale ‘Musique Action’ que ce concert a été saisi sur le vif. L’enregistrement est désormais publié, bonheur d’écoute pour ceux notamment qui se souviennent des mémorables prestations musicales de la très regrettée Annick Nozati, morte voici 24 ans, et qui m’avait dans les années 80 & 90 bouleversé l’oreille, en solo, en duo avec Joëlle Léandre, ou dans d’autres configurations. Dès la première plage, je suis saisi par ce mélange de maîtrise vocale et d’absolue liberté de création. Le sax et la voix paraissent surgir d’une même matière sonore et musicale, avant de se disjoindre dans une autonomie faite de convergences, de tensions et de sublimes conflits. Daunik Lazro dialogue avec la vocaliste en une sorte d’audace (très) attentive. Chant et autres langages sonores et musicaux : les deux partenaires sont en phase, et quand le texte conçu par la chanteuse s’en mêle, l’échange s’enflamme derechef. Bref, surprises, émotions et vertiges d’un bout à l’autre !

 

DAUNIK LAZRO, PAUL LOVENS, ANNICK NOZATI & FRED VAN HOVE «Résumé of a Century»

Daunik Lazro (saxophones alto & baryton), Paul Lovens (batterie, cymbales & gongs), Annick Nozati (voix), Fred Van Hove (piano & accordéon)

Vandœuvre-lès-Nancy, 21 avril 1999

Fou Records FR-CD 65

https://fourecords.com/FR-CD65.htm


 

À nouveau au festival ‘Musique Action’, cinq ans plus tard, Annick Nozati & Daunik Lazro dialoguent avec Fred Van Hove et Paul Lovens, compagnons de route des musiques, aussi improvisées qu’extrêmes, de cette grande époque. L’effervescence se fait folie, les balustrades du possible sont une fois encore franchies, et au-delà du dicible. La liberté franchit encore de nouveaux confins, pour le bonheur de l’auditeur imprudent que je suis. Ce concert édité sur disque est l’exact reflet d’une aventure musicale, surgie voici des décennies, et qui par bonheur ne s’est pas éteintes. Extraits en suivant le lien ci-dessus : bon voyage dans le Jardin des délices ! On dit souvent que ces musiques s’écoutent mieux in vivo et in situ : fermez les yeux, vous êtes au Centre Culturel André Malraux de Vandœuvre-lès-Nancy, dans les années 90….

Xavier Prévost

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3 novembre 2024 7 03 /11 /novembre /2024 17:51

Musina Ebobissé (saxophone ténor, composition), Olga Amelchenko (saxophone alto), Simon Chivallon (piano), Étienne Renard (contrebasse), Stéphane Adsuar (batterie)

Malakoff, 11-12 janvier 2024

Quai Son Records / PIAS

 

Troisième disque du saxophoniste, mais avec un nouveau groupe. La saxophoniste alto était déjà dans le groupe du disque précédent, «Engrams», publié par Jazzdor Series, et chroniqué ici-même : http://lesdnj.over-blog.com/2023/05/musina-ebobisse-quintet-engrams.html

Les thèmes font référence à des personnages de fiction, au théâtre militant ou à une peinture engagée, mais l’essentiel est ailleurs : ces récits abstraits sont d’abord le lieu d’une sorte d’abstraction musicale, tissée de contrepoints subtils, et rehaussée de belles interactions entre les solistes. Le contrepoint entre en majesté dès le début de la première plage, mais la conception ne se réfugie pas dans la complexité de l’arrangement et les méandres de la mise en forme. De cette apparente sinuosité jaillit une vraie force expressive, nourrie par les solistes. Le résultat, musicalement, est d’une richesse impressionnante. On se laisse porter par ces beautés furtives ou ces emportements collectifs qui tutoient la perfection. Une fois encore une belle réussite de ce saxophoniste

Xavier Prévost

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En concert à Paris au Sunside le 21 novembre 2024

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Un avant-ouïr sur Youtube

 

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29 octobre 2024 2 29 /10 /octobre /2024 17:41

Gautier Garrigue (batterie, guitare, composition), Federico Casagrande (guitare), Maxime Sanchez (piano), Florent Nisse (contrebasse)

invités : Henri Texier (contrebasse), Émile Parisien (saxophone soprano), Vincent Lê Quang (saxophone ténor)

Malakoff, 18-20 septembre 2023

Pee Wee PW 1015 / Socadisc & Believe

 

Depuis la première fois que j’ai écouté Gautier Garrigue dans un groupe, voici plus de dix ans, j‘ai eu cette sensation que c’était un batteur musicien. Je m’explique : au sein d’un groupe, il n’est pas seulement un pourvoyeur de rythmes, de sons et d’accents ; il joue une sorte de partition parallèle, ou plutôt croisée, qui dialogue avec le groupe. Et avec son propre groupe il en va de même : les musiques qu’il a composées sont autant de dialogues, avec les membres de son quartette et les invités. Dans beaucoup de disques de batteurs (pas tous heureusement !), souvent certaines plages commencent avec un passage de batterie très appuyé, comme pour marquer le territoire du leader. Ici, rien de tout cela. Gautier Garrigue se comporte en compositeur qui invite ses partenaires à le suivre dans une très belle suite de compositions. Une suite inspirée par une sorte de mythe : un cosmogonie issue de la culture fondatrice de l’île d’Hawaï, bien avant son annexion par les USA. La traversée, nocturne, qui nous est offerte, est celle d’un monde mythique, presque mystique, où les étoiles croisent les forêts, les lieux, les oiseaux et les plantes, et aussi la silhouette de Kenny Wheeler. Formidables (et Ô combien subtiles) compositions qui nous entraînent dans un univers à la tonalité souvent mélancolique. Et les solistes (ceux du groupe et les invités) magnifient encore la profonde beauté du répertoire. Il y a là quelque chose qui me rappelle la sinuosité des thèmes imaginés par Paul Motian, un univers où le fracas se fait rare mais où l’intensité est permanente. Une plage très vive, la pénultième, fera office de contrepoint à l’atmosphère générale : un grand disque, de bout en bout !

Xavier Prévost

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Le groupe jouera le 10 décembre à Paris au Studio de l’Ermitage

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Des avant-ouïr sur Youtube

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22 octobre 2024 2 22 /10 /octobre /2024 21:40

 

Russ Lossing (piano solo)

Square Water Studios (Pennsylvanie), mai 2023 – janvier 2024

Songs 002CD - Blaser Music : l’autre distribution

 

J’avais écouté ce pianiste avec Paul Motian, puis je l’ai retrouvé en compagnie du tromboniste Samuel Blaser, sur disque et en concert. Cet album, sous titré ‘A suite of improvisations’,  m’a procuré un vibrant plaisir d’écoute. Pendant la première plage l’amateur de jazz que je suis (combiné à un mélomane de base friand des compositeurs du vingtième siècle) pense à la fois à Monk et à Bartók. Musique ouverte, imprévisible, qui chemine librement dans une constante musicalité, mélange de foucades virulentes et d’instants recueillis. Le pianiste a enregistré ce disque chez lui, la nuit, sur son Steinway B. La prise de son restitue formidablement toute la palette sonore, la richesse des timbres, une sorte de gourmandise sensuelle de l’instrument. Liberté tonale, insolence rythmique, et constant va-et-vient entre une fluidité virtuose et une provocation délibérée du heurt assumé : jouissif, d’un bout à l’autre !

Xavier Prévost

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Une plage en suivant ce lien

https://russlossing.bandcamp.com/album/inventions-a-suite-of-improvisations

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21 octobre 2024 1 21 /10 /octobre /2024 10:51

 

Serge Lazarevitch (guitare), Ben Sluijs (saxophone alto, flûte), Nicolas Thys (contrebasse), Teun Verbruggen (batterie)

Bruxelles, Werkplaats Walter, septembre 2022

RAT Records RAT 061

https://teunverbruggen.bandcamp.com/album/free-four

 

Un guitariste français, né en région parisienne, passé par le Berklee College de Boston, et qui a commencé sa carrière en Belgique (où il revient souvent), fut longtemps considéré, à tort évidemment, par la jazzosphère hexagonale, comme un citoyen du royaume d’Outre Quiévrain. Cet oiseau rare, c’est Serge Lazarevitch. Sa présence dans l’Orchestre National de Jazz sous deux mandats (Claude Barthélémy & Didier Levallet), et sa très importante contribution à l’enseignement du jazz dans les conservatoires de Perpignan et Montpellier, devraient pourtant certifier son appartenance à la scène d’ici, même s’il reste très actif au-delà de la Sambre, de la Meuse et de l’Escaut, comme pour ce disque.  Après ‘Free Three’ en 2016, avec Nicolas Thys & Teun Verbruggen, et ‘Still Three, Still Free’, en 2020, avec Ben Sluijs & Teun Verbruggen, le trio devient quartette pour ce nouvel opus. Ce groupe éminemment collectif nous offre un répertoire peu commun, où Federico Mompou côtoie Philip Glass, Lee Konitz, Ornette Coleman & Joni Mitchell. Avec aussi les compositions et improvisations des quatre compères. Le climat général est celui d’une sorte de cérémonie secrète où serait célébrée la musicalité. Derrière l’apparente retenue de la musique se dissimule tout un monde de tensions hardies et d’exubérance contrôlée (la relecture d’Ornette par exemple). Qu’il s’agisse de célébrer des guitaristes disparus (John Abercrombie, Pierre Van Dormael), de visiter des pépites du jazz (ou des autres musiques), ou encore d’évoquer dans des compositions personnelles les cheminement mélodiques du passé, ou des rythmes venus d’ailleurs, le quartette est toujours au maximum de sa créativité, soucieux de rappeler que le jazz est un Art Musical. Un art vivant, profondément vivant. Bref un disque totalement réussi, qui s’écoute (et se réécoute) avec bonheur.

Xavier Prévost

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21 octobre 2024 1 21 /10 /octobre /2024 06:28
LA PECHE         Dubrashishov 

La pêche      Dubrashishov 

 

 

Saxophone : Paul Bertin

Clarinet : Loïc Vergnaux

Guitar : François Gozlan Double Bass : Teddy Moire

Drums : Benoît Joblot
 

Home

Voilà un album que l’on laissera filer d’un bout à l’autre emporté par la formidable énergie de cette musique venue d’ailleurs. Onze titres d’un quintet balkanique de Bourgogne et alentours, découvert au dernier festival de Jazz Campus en Clunisois. A Cluny ces musiciens exceptionnels ont enflammé l’assistance lors du pique-nique traditionnel où le public apporte son repas, le festival offrant la musique. La pêche, titre de leur premier album enregistré à Tournus au Galpon est parfaitement justifié. Si vous n’êtes pas pris par les rythmes étourdissants, l’allégresse un peu folle de ce groupe, consultez!

Ces cinq potes voyageurs vous embarquent sur les rives de la Méditerranée dans une géographie de l’émotion, une sarabande étourdissante dès le premier thème Dubrashishov inspiré d’un voyage en Bulgarie qui a dû être formateur. Ils sont revenus avec des musiques plein leur musette, des mélodies qui sont exaltées par un guitariste (François Gozlan) et trois soufflants déchaînés aux sax alto et soprano, clarinette et clarinette basse, mais aussi aux divers types de flûte de la whistle (Balkan Whistle) au très particulier caval (Hora din caval) roumain, flûte à trous droite alors que le Kawal que l’on trouve sur les bords de la Méditerranée jusqu’en Egypte est oblique. Quant à la paire rythmique ( avec à la batterie l’enfant du pays Benoît Joblot) sur laquelle s’appuie les solistes, elle groove sans jamais faiblir dans une tournerie plus qu’hypnotique sur des rythmes hyper complexes. Toute une arithmétique des cadences exigeant une virtuosité soutenue qui n’exclut pas certains tours de passe-passe humoristiques à la Gérard Majax : nos gaillards escamotent les figures jouées dans des modes compliqués doriens, phrygiens, croisent les thèmes de leur musique qui ne laisse aucun répit et jamais ne s’arrête. Un folklore partisan, pas imaginaire, en contact avec les réalités des pays. Une musique qui fait penser au swing, au jazz quand il est “métaphysique de danse” disait Réda. Et on imagine bien qu’on ne peut que danser sur ces traditionnels arrangés par le collectif comme le roumain Quartet Hora ou le très court Doina des Steppes.

Les compositions proprement originales, quatre du saxophoniste flûtiste Paul Bertin, deux du contrebassiste Teddy Moire et une du clarinettiste Loïc Vergnaux ne déparent pas dans cet ensembleL’éclat et la fluidité du chant, la vitalité du cri, un souffle de liberté traversent tout l’album : les cinq jouent comme un big  band une musique mélodique et fervente pour un plaisir radical.

 

Sophie Chambon

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20 octobre 2024 7 20 /10 /octobre /2024 08:48
ADELE VIRET QUARTET         CLOSE TO THE WATER

ADELE VIRET QUARTET

CLOSE TO THE WATER

 

Label LZI415/ L’Autre Distribution

www.adeleviret.com

 

Adele Viret, cello, composition

Wajdi Riahi, piano, Fender Rhodes, vocals (7)

Oscar Viret trumpet, vocals(5,7,9)

Pierre Hurty, drums

 

 

Le nom de Viret évoque sûrement quelque chose, n’est-ce pas? C’est que dans la famille Viret la musique est essentielle : avec son plus jeune frère Oscar, trompettiste, Adèle violoncelliste forme avec son père, Jean-Philippe, contrebassiste, un Triumviret savoureux et remarqué.

A vingt-cinq ans Adèle Viret a déjà une solide et belle expérience musicale ( ONJ des Jeunes Denis Badault, Sessions Medinea), des projets et de la musique plein la tête. Et ça s’entend dans ce groupe d’amis qui ont partagé de nombreuses aventures musicales depuis le conservatoire. Comment se joue cette partition très écrite, au piano pour commencer qui évolue et se fortifie en quartet? La trompette est indispensable à l’équilibre cello-piano-batterie. Oscar Viret semble à l’aise dans ce contexte : il est difficile de retrouver ses influences si ce n’est Ralph Alessi, Ron Miles? Quelque peu lunaire, voire élusif, le son droit flotte léger et fantasque.

Dans l’aventure émouvante d’un premier album, Adèle Viret, variant les nuances et climats, fait se croiser mystères, instantanés et révèle le tempérament d’une personnalité musicale à découvrir. La singulière cohérence de l’album découle de l’inspiration au plus près de l’élément liquide, sans terrain balisé pour autant : de nombreuses ruptures de rythme parfois inattendues, des dissonances à grands coups d’archet, un jazz de chambre volontiers bleuté, une musique énergique ourlée de lumières et vapeurs.

Close to the Water soit l’alternance de rivages Nord-Sud, de la Bretagne à la Méditerranée, la mer encore et toujours oriente les compositions d’Adèle, mélodies atmosphériques aussi lumineuses que mélancoliques. Le morceau-titre qui débute l’album favorise le duo batterie trompette avant que le violoncelle et le Fender n’interviennent. La mélodie peut alors se déployer.

Choral to the sea, une mélodie entêtante des Balkans dont le souffle dans le rythme ne retombe pas et Ceux qui sont loin sont deux pièces inspirées par la mer Méditerranée. La seconde, une élégiaque ritournelle, fut écrite dans le cadre enchanteur de la Fondation Camargo de Cassis, pendant une des sessions de Medinea, projet trop peu connu développé au cours du Festival d’Aix en Provence pour favoriser les échanges entre jeunes musiciens de toute la Méditerranée sous la direction du saxophoniste belge Fabrizio Cassol qu’elle reconnaît volontiers comme un mentor.

Suivent encore dans ce recueil d’impressions tournées avec élégance “Novembre” plus sombre et opaque parfois, “Made in” (Méditerranée bien sûr, le tropisme est connu à présent) où le duo fraternel se rapproche complice, mêlant heureusement leurs timbres singuliers en contraste avec l’autre duo impeccable piano et batterie. Une rythmique puissante et vigoureuse qui excelle par ailleurs dans ce singulier “The Watchmaker” qui se démarque dès le tic-tac initial : une précision toute mécanique comme il se doit dans cet exercice d’horlogerie fine.

Quant aux Courbes, comme celles de la pochette, elles s’apparentent aux vagues où se rejoignent trois voix complices au-dessus de la batterie qui concasse les sons comme des galets sur un sable rendu soyeux par le flux et reflux.

Dans ces divers tableaux, chanteurs à leur manière, les partenaires suivent une musique lyrique et retenue à la fois. Avec le quartet d’Adèle Viret, on aborde la fin de ce voyage maritime en résonance avec une prière qui s’éteint doucement.

 

Sophie Chambon

 

 

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18 octobre 2024 5 18 /10 /octobre /2024 18:43

Sylvaine Hélary (flûtes,voix), Antonin Rayon (claviers, électronique), Élodie Pasquier (clarinette & clarinette basse), Christiane Bopp (trombone, saqueboute), Maëlle Desbrosses (violon alto, viole d’amour), Lynn Cassiers (voix, électronique, synthétiseur basse), Chloé Lucas (ténor de viole & basse de viole), Guillaume Magne (guitares, voix), Jim Hart (batterie), Alexis Persigan (trombone sur une plage)

Ouanne (Yonne), avril-mai 2024

Yolk Records J 2098

https://yolkrecords.bandcamp.com/album/rare-birds

 

En prélude à sa prise de fonction prochaine comme directrice musicale de l’Orchestre National de Jazz, où elle succédera à Frédéric Maurin, la flûtiste-compositrice publie un disque de l’ensemble qu’elle dirige depuis plusieurs années. La musique est inspirée par la poésie d’Emily Dickinson, à qui elle emprunte cette idée d’incandescence, celle de l’éclat de la lumière de l’après midi : «The largest Fire ever known Occurs each Afternoon», écrivait Emily Dickinson. Une musique profondément singulière, qui agrège des influences multiples, du jazz et de la musique improvisée au rock progressif en passant par les sources baroques. Un univers bâti sur un très grand sens de la forme, des couleurs, des combinaisons de timbres, et un talent particulier pour penser la musique autour des solistes choisis pour leurs qualités dans l’interprétation comme dans l’improvisation. Musique inclassable et magistralement élaborée, inspirée même. Un très subtil mélange de sons instrumentaux et d’électronique offre une palette sonore - et musicale – qui défie toute référence. La poésie d’Emily Dickinson (relayée pour une plage par un poème de P.J. Harvey) semble constituer à la fois la source et la matière de cette œuvre musicale. Ce pourrait donc être une sorte d’opéra ? Peut-être bien. En tout cas un objet artistique, une œuvre d’art même, qui tout en défiant les lois des genres nous saisit par son originale beauté. Totale réussite, qui laisse augurer un très bel avenir pour l’Orchestre National de Jazz

Xavier Prévost

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Un aperçu de la création au Théâtre de Vanves en 2023

https://vimeo.com/846082068

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17 octobre 2024 4 17 /10 /octobre /2024 17:46

Laurent Coq (piano), Yoni Zelnik (contrebasse), Fred Pasqua (batterie)

Pompignan (Gard), 25-26 juillet 2023

Jazz & People / Pias

 

Enregistré au studio Recall de Philippe Gaillot (guitariste devenu un expert en enregistrement dont le studio, et les pianos, sont très appréciés par des musiciens de premier plan), c’est un disque mûrement réfléchi qui pourrait être une sorte de manifeste. Il se peut que Laurent Coq, qui a longuement vécu à New York, ait voulu jouer sur la polysémie du mot confidence, qui en français (sa source, qui l’avait repris du latin) comme en anglais (qui l’emprunta à l’ancien français), désigne tout à la fois la confiance et la chose que l’on dit en toute confiance. En tout cas, la musique repose manifestement sur la confiance mutuelle qui circule entre le pianiste et ses partenaires. La forme est serrée, les thèmes sont précis, les rythmes vertigineux, et cet appareil soigneusement élaboré ne brime nullement les libertés : celle de Laurent Coq, et celles de ses partenaires, Yoni Zelnik et Fred Pasqua. Il faut suivre avec soin cet itinéraire passionné dans les méandres de la musique. La qualité de l’écoute chez l’auditeur rend justice à cette musique car ce disque fait partie de ceux que l’on écoute, et réécoute, pour en goûter la substantifique moelle. Alors vous savez ce qui vous reste à faire : le bonheur musical est au bout du chemin, lequel se termine en apothéose par une ultime composition du pianiste, dédié à un artiste qu’il admire profondément ; son titre : Mazurka pour Alain Jean-Marie.

Xavier Prévost

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Le trio est en concert les 23 & 24 octobre à Paris au Sunside

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Infos et avant-ouïr

https://www.youtube.com/watch?v=syQzB5DVceM

http://www.jazzandpeople.com/portfolio/laurent-coq-confidences/

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