Verve 2017
Sylvain Rifflet ( saxs), Orchestre Appasionato ( Réli Riere, Véra Lopatina, Marc Desjardins, Akémi Fillon, Roxana Rastegar, Raphael Coqblin, Clmentine Bousquet, Hélène Maréchaux, Yaoré talibar, Maria Mosconi, Lilya Tymchyshyn, Arianna Smith, Jérémy Genet, Laetitia Anic, Jean-Edouard Carlier), Guillaume Lantenet marima et vib), Simon Tailleu (cb), Jeff Ballard (dms)
Arrgts : Fred Pallem
Direction: Mathieu Herzog et Raphaël Merlin
Sylvain Rifflet, artiste primé en 2016 aux Victoires de la Musique pour l’album « Mechanics » est assurément l’un des saxophoniste les plus intéressants de sa génération. Suffisamment reconnu en tout cas pour être aujourd’hui l’un des très rares français à avoir l’immense privilège de laisser son nom sur le très célèbre label de Norman Granz, celui sur lequel l’âge d’or du jazz a écrit parmi ses plus belles pages ( Charlie Parker, Lester Young, Billie Holiday, Coleman Hawkins etc….). Et parmi les albums mythiques du label, il y a ce «Focus » enregistré en 1961 par Stan Getz avec un orchestre à Cordes. Getz qui figure au panthéon de Sylvain Rifflet qui voue à la tradition du jazz un culte sans limite et pour qui l’album de 1961 figure parmi les grands classiques du jazz.
C’est donc sur ce terrain-là que se situe Sylvain Rifflet en reprenant avec « Re-Focus » la matière de l’album du ténor américain. Non pas en revisitant l’album, non pas en le jouant autrement mais juste en s’emparant de son essence musicale. C’est donc Rifflet qui signe lui-même l’ensemble des compositions dont il livre une partition particulièrement aboutie. Elle vient mettre en valeur et en interaction les codes avec le travail du soliste d’une manière aussi sensuelle que subtile. C’est comme s’il déroulait un tapis de soie venant recouvrir ses volutes avec une infinie délicatesse. C’était bien tout le travail de « Focus » où les compositions d’Eddie Sauter mettaient en valeur autant le travail de Stan Getz que celui des cordes dont la partition se suffisait à elle-même.
Alors que les arrangements pour cordes, exercice auquel rêve de se confronter tout jazzman chevronné frôlent souvent le mauvais goût, ici Sylvain Rifflet ébloui. Ses compositions possèdent une force narrative exceptionnelle, s’entendant comme une succession d’histoires ou de plans cinématographiques. Les arrangements de Fred Pallem ( qui s’y connaît en musique de films !) sont, ici particulièrement subtils et laissent le soliste et l’orchestre jouer à un jeu où ils se croisent et s’entrecroisent dans une sorte de chassé croisé d’une rare élégance.
Le jeu de Sylvain Rifflet est un vrai régal d’agilité et de son maîtrisé, de lyrisme puissant et délicat à la fois. Il nous embarque et ne nous lâche plus.
Un grand disque.
Jean-Marc Gelin