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12 septembre 2017 2 12 /09 /septembre /2017 07:32

 

Verve 2017
Sylvain Rifflet ( saxs), Orchestre Appasionato ( Réli Riere, Véra Lopatina, Marc Desjardins, Akémi Fillon, Roxana Rastegar, Raphael Coqblin, Clmentine Bousquet, Hélène Maréchaux, Yaoré talibar, Maria Mosconi, Lilya Tymchyshyn, Arianna Smith, Jérémy Genet, Laetitia Anic, Jean-Edouard Carlier), Guillaume Lantenet marima et vib), Simon Tailleu (cb), Jeff Ballard (dms)
Arrgts : Fred Pallem
Direction: Mathieu Herzog et Raphaël Merlin

 

Sylvain Rifflet, artiste primé en 2016 aux Victoires de la Musique pour l’album « Mechanics » est assurément l’un des saxophoniste les plus intéressants de sa génération. Suffisamment reconnu en tout cas pour être aujourd’hui l’un des très rares français à avoir l’immense privilège de laisser son nom sur le très célèbre label de Norman Granz, celui sur lequel l’âge d’or du jazz a écrit parmi ses plus belles pages ( Charlie Parker, Lester Young, Billie Holiday, Coleman Hawkins  etc….). Et parmi les albums mythiques du label, il y a ce «Focus » enregistré en 1961 par Stan Getz avec un orchestre à Cordes. Getz qui figure au panthéon de Sylvain Rifflet qui voue à la tradition du jazz un culte sans limite et pour qui l’album de 1961 figure parmi les grands classiques du jazz.
C’est donc sur ce terrain-là que se situe Sylvain Rifflet en reprenant avec « Re-Focus » la matière de l’album du ténor américain. Non pas en revisitant l’album, non pas en le jouant autrement mais juste en s’emparant de son essence musicale. C’est donc Rifflet qui signe lui-même l’ensemble des compositions dont il livre une partition particulièrement aboutie. Elle vient mettre en valeur et en interaction les codes avec le travail du soliste d’une manière aussi sensuelle que subtile. C’est comme s’il déroulait un tapis de soie venant recouvrir ses volutes avec une infinie délicatesse. C’était bien tout le travail de « Focus » où les compositions d’Eddie Sauter mettaient en valeur autant le travail de Stan Getz que celui des cordes dont la partition se suffisait à elle-même.

Alors que les arrangements pour cordes, exercice auquel rêve de se confronter tout jazzman chevronné frôlent souvent le mauvais goût, ici Sylvain Rifflet ébloui. Ses compositions possèdent une force narrative exceptionnelle, s’entendant comme une succession d’histoires ou de plans cinématographiques. Les arrangements de Fred Pallem ( qui s’y connaît en musique de films !) sont, ici particulièrement subtils et laissent le soliste et l’orchestre jouer à un jeu où ils se croisent et s’entrecroisent dans une sorte de chassé croisé d’une rare élégance.
Le jeu de Sylvain Rifflet est un vrai régal d’agilité et de son maîtrisé, de lyrisme puissant et délicat à la fois. Il nous embarque et ne nous lâche plus.
Un grand disque.
Jean-Marc Gelin

 

 

 

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10 septembre 2017 7 10 /09 /septembre /2017 14:40

OPENING

JAZZ FAMILY 2017
FRED NARDIN (p, fder, compos); Or Bareket (cb); Leon Parker (dms, pêrcus, embodirythm)

 


 
Il y a  des musiciens, y a pas à dire, ils sentent le jazz plein nez ! Ils respirent le jazz, ils transpirent le jazz, ils exhalent le jazz par tous les pores de leur peaux. Vous pouvez faire des longs discours sur la technique-ceci, la virtuosité-cela mais y a pas à tortiller, ils puent le jazz !
Fred Nardin, grand maître de cérémonie dans le formidable Amazone Keystone Jazz band ( vous vous souvenez le super "Pierre et le Loup" !?) et grand prix Django Reinhardt en 2016 semble être tombé dans la marmite quand il était petit, tout petit.
Et ce n’est pas seulement dans sa façon de faire swinguer le piano avec une facilité et une classe déconcertante, comme si la musique lui était aussi naturelle que de respirer. Ce n’est pas non plus dans cette aisance à trouver les motifs d’improvisation qui coulent de source. C’est aussi dans sa façon d’écrire des thèmes absolument magnifiques qui donnent tant de reliefs à cet album et qui semble tout droit sortis du songbook. On entend parfois dans le jeu de Nardin, des clins d’oeil à Oscar Peterson mais aussi à de grand pianistes comme Sonny Clark ou plus près de nous Keith Jarrett dont on imagine qu’il pourrait s’emparer d’un thème comme « Hope ». « Lost in you eyes »,composé aussi par Fred Nardin comme s’il s’agissait d’un classique du gospel   est un beau moment d’émotion alors que "Giant", toujours de Nardin ouvre l’album en mettant le jeu dans une veine Coltranienne ou Mc Coy Tynerienne pourrait on plutôt dire. Mais arrêtons-là l'énumération des thèmes ( dont deux Monk et un Cole Porter), puisque tout est bon dans cet Opening qui comme sont nom l'indique vous ouvrira tous vos chakras.
Et pour l’occasion Fred Nardin s’accompagne d’un duo de haute volée avec Or Bareket ( contrebassiste montant de la scène New-Yorkaise) et Léon Parker orfèvre en fioritures dentelées et compagnon de route d’autres pianistes bien connus sous nos contrées ( Franck Amsallem, Jacky Terrassons, Giovani Mirabassi).

Alors certes n’allez pas vous attendre à des grandes révolutions jazzistiques, cérébrales et ontologiques de cette musique. Elle puise à ses racines.
Et c’est comme si Fred Nardin embrassant tout d’un seul mouvement, nous disait avec un grand sourire et un optimisme échevelé : j’aime le jazz et je vais vous montrer pourquoi.
Suivez-le, dans sa démonstration. Elle est éclatante et jouissive!

 

La confirmation d'un immense pianiste.

Jean-Marc Gelin

 

 

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30 août 2017 3 30 /08 /août /2017 11:43

Camille Productions 2017
André Villeger (ts, ss, bs, clb); Phgilippe Milanta (p), Thomas Bramerie (cb)

Concert au Sunside le 3 octobre

 

 

Il y a parfois dans le jazz des moments de grâce sur lesquels ajouter des mots semble superflu. De moments où le temps est suspendu à l’âme du jazz. Des moments où vous n’avez qu’à vous laisser porter par la beauté et le souffle.
André Villeger et Philippe Milanta nous avaient déjà donné un de ces moments avec leur précédent album ( « For Duke and Paul ») que nous avions chroniqué dans ces colonnes (Voir la chronique de Xavier Prevost). Ici c’est dans la même veine Ellingtonienne qu'ils revisitent le répertoire de Billy Strayhorn, assurément un des génie de la musique du XXème siècle et indissociablement lié à l’aventure d’Ellington. Pour cette occasion, ils s’adjoignent les services de Thomas Bramerie assigné à un rôle Blantonien dans une formule drumless qui privilégie la soie et le velours.
Avec une rare intelligence Villeger et Milanta signent des arrangements subtils, fidèles à l’esprit de Strayhorn qu’ils adaptent au trio avec une classe infinie. Respect de la forme et du fond. Même lorsque les deux compères signent leur propres compositions sur deux titres, ils restent dans l’esprit.
André Villeger, que pour ma part je situe à la hauteur d’un Guy Laffitte par sa magie du son d’une sensualité incroyable, Andre Villeger disais-je, est un connaisseur émérite de la musique d’Ellington dont il porte loin la musique depuis de longues années. On entend dans son discours combien il est imprégné de la phrase Ellingtonnienne. Combien il donne dans chacune de ses notes l’intensité exacte de la ponctuation. Villeger fait froisser légèrement le velours, souffle avec tendresse un air chaud et délicat, donne au swing le balancement élégant juste comme il faut, passe du ténor au baryton ou à la clarinette basse dans la tradition des Gonsalves, des Hodges, des Lester en portant haut cette culture du jazz qui, quoique l’on en dise passe le temps sans l’ombre d’une ride. Philippe Milanta et Thomas Bramerie se mettent au service avec le sens éclairé de l’enluminure.
Et si pour tutoyer les sommets il faut de l’amour, alors que celui que ce trio porte à Billy Strayhorn est incommensurable. Comme il se doit.
Un chef d’oeuvre.
Jean-marc Gelin

PS : A noter les liner comme toujours aussi fluides qu’érudites de Claude Carrière.

 

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23 août 2017 3 23 /08 /août /2017 10:52
Lande  La caverne Julien Soro (sax alto),Quentin Ghomari (tp), Ariel Tessier (dms), Alexandre Perrot (cb)

Lande

La caverne

Julien Soro (sax alto),Quentin Ghomari (tp), Ariel Tessier (dms), Alexandre Perrot (cb)

 

Une découverte heureuse, avouons-le, pour éclairer les derniers feux de l’été, ce quartet Lande dans un album nommé La caverne. Des titres plus ou moins mystérieux (Ah! Platon) pour une musique forte, souvent âpre, qui ne revêt pas les atours d’une séduction immédiate. Mais on ne résiste pas longtemps à ces climats tendus et dissonants, rêches, à cette musique intense, articulée autour d’un soubassement rythmique imposant.

Les compositions sont toutes du contrebassiste Alexandre Perrot (qui fait partie comme le batteur Ariel Tessier de l’orchestre Pan-G, du collectif LOO), à l’exception de « Loosy » de Quentin Ghomari, trompettiste de Papanosh qui s’associe à l’autre soufflant, l’altiste Julien Soro, qu’il connaît bien, puisque tous deux officient dans Ping Machine. Toujours des histoires d’affinités sélectives. Les présentations faites, ces musiciens qui échangent dans une logique complice nous offrent un paysage sonore contrasté, moins géologique que géographique : à défaut d’un magma volcanique, une lande battue par les vents qui se termine dans l’océan : un volet plus onirique, une ode maritime en forme de suite à tiroir, plus lyrique, apaisée mais pas moins sombre que les trois premiers thèmes plus emportés.

Le quartet fonctionne par paire, la rythmique remarquable dont la violence, continuellement sous tension, entraîne dans son sillage les stridences des soufflants, laisse passer les vents, rafraîchissantes trouées de sax et de trompette, qui ne manquent ni de délicatesse, ni de force évidemment.

Affrontement? Plutôt une confrontation sans trop de heurt pour un ensemble qui souffle, perce, vrille, gronde. Une musique techniquement au point qui laisse apparaître une énergie constamment canalisée : une création de chaque instant, très travaillée, à la recherche d’un équilibre, souvent instable.

Belle concordance, correspondance avec le travail de plasticienne et performeuse Natalie Jaime Cortez qui illustre la pochette avec cette  Partition, encre pigment sur papier plié, expérience sensible de l’espace à laquelle invite le concept de pli.

Sophie Chambon

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19 août 2017 6 19 /08 /août /2017 16:50

Dominqiue Eade (voix) , Ran Blake (piano), Prudence Steiner (narration surThoreau de Charles Ives)

Boston, 12 août 2015 & 12 janvier 2016

Sunnyside SSC 1484 / Socadisc

 

Difficile (impossible même!) d'écouter ce duo sans se remémorer (et réécouter ! ) celui qui associait Ran Blake à Jeanne Lee. Et cette pulsion mémorielle n'est pas anecdotique : quand les disques du duo d'avant offraient de radicales lectures/relectures des standards d'alors (ceux de Broadway, et ceux du jazz-Monk surtout), ce duo-ci nous offre un panorama de la chanson états-unienne populaire, contestataire, militante, divergente...., assorti de standards 'lunaires' : Moon River, Moonglow, Moonlight in Vermont . Mais ce qui importe ici, par-delà le matériau thématique choisi avec le plus grand soin, c'est le souci de le transformer, le transfigurer, le magnifier, comme en somme le fit de tout temps la tradition du jazz avec ses répertoires de prédilection. Toutes les facettes de la vie américaine s'y révèlent, d'une berceuse issue du film La Nuit du chasseur à sa jumelle quelques plages plus loin, d'une chanson acide de Bob Dylan à un protest song de Johnny Cash sur la vie carcérale, de l'évocation du poète-philosophe Thoreau par le compositeur Charles Ives à celle de la mine par la chanteuse Jean Ritchie.... Bref c'est toute l'Amérique des villes et des campagnes qui traverse ce paysage musical où la chanteuse et le pianiste, en se réappropriant radicalement la matière musicale, dressent un nouveau décor, comme rêvé, dans l'inquiétude de ce qui pourrait, déjà, n'être que la promesse d'un cauchemar. Un blues de Leadbelly y trouve aussi sa place, et en solo deux compositions de Ran Blake, ainsi qu'une improvisation du pianiste sur un canevas harmonique de son ami Gunther Schuller. Le pianiste, tout au long du disque, par cet inimitable mélange de sobriété et d'écarts jouissifs, donne au dialogue une bonne part de sa force d'expression ; et la vocaliste, par la plasticité de son chant, nous entraîne constamment vers des territoires insoupçonnés. C'est en somme plus qu'un voyage dans la musique américaine : une plongée dans le Grand Art musical qui consiste à subvertir le répertoire pour faire œuvre. A découvrir, puis à réécouter, tant il semble y avoir ici de secrets, à découvrir au fil des écoutes successives.

Xavier Prévost

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17 août 2017 4 17 /08 /août /2017 19:07

Timuçin Şahin (guitare), Tom Rainey (batterie), Christopher Tordini (contrebasse), Cory Smith (piano)

Brooklyn, 23 juin 2016

Between The Lines BTLCHR 71243 / Socadisc

 

Dès la première écoute de ce disque, et alors que j'ignorais tout de ce guitariste turc devenu new yorkais après des années de formation aux Pays-Bas, j'ai pensé à Marc Ducret. Et pas seulement parce qu'il joue de la guitare fretless (et aussi de la guitare à double manche) comme notre génial compatriote ; ni parce que, comme lui, il a côtoyé Drew Gress, et Tom Rainey. Après investigations diverses sur la toile, j'ai constaté que, dès ses précédents disques, des chroniqueurs d'un peu partout (États-Unis, Pologne, Pays-Bas....) avaient fait le même rapprochement. Cela ne constitue pas en soi la force d'une identité ou d'une singularité, mais rappelle que, dès que l'on s'engage sur le chemin d'une musique exigeante, qui déconstruit et reconstruit en permanence la forme, les rythmes, les phrasés, la variété des timbres et des expressions, et l'horizon sans fin des possibles de l'improvisation, on aborde aux mêmes territoires. La musique de ce groupe est mystérieuse, elle chemine de passerelle en passerelle, mais toujours avec la force d'une évidence qui nous dirait, en un murmure, c'est là le chemin. Il faut le suivre, c'est passionnant ; et ne pas manquer d'y revenir car chaque écoute dévoile de nouvelles perspectives. À découvrir donc, et d'urgence, d'autant que tous les membres du quartette sont au même diapason de liberté, d'inventivité et d'audace.

Xavier Prévost

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16 août 2017 3 16 /08 /août /2017 14:43

Aruán Ortiz (piano solo)

Zurich, 3-4 décembre 2016

Intakt Records CD 290/2017 / Orkhêstra International

 

Dans la fantaisie graphique de son intitulé, l'album porte la marque d'une ambiguïté assumée : cette musique cubaine (en ce que son auteur-interprète est cubain) est aussi cubiste, en cela qu'elle porte la marque de ce mouvement artistique qui, à l'orée du XXème siècle, bouleversa les arts. Dès la première plage, le décor est dressé. L'accentuation rythmique renvoie à ce qui faisait fureur, et déclenchait de furieuses polémiques, en 1913 autour du Sacre du printemps. Dans la minute qui suit, ce premier titre bifurque vers une claudication 'à la Monk' (cubiste s'il en fut !). Et l'on entend dans le déroulement de la musique, plage après plage, ce bouleversement des formes et des perspectives qui signa l'essor plastique du mouvement cubiste. Ici le discontinu règle son compte à la sacro-sainte linéarité de manière jubilatoire. Cubaine, cette musique l'est peut-être dans le lancinement rythmique qui la meut parfois ; mais le rythme est ici savamment dévoyé, pour échapper à trop de conformité. Et la réussite de ce disque pourrait bien résider dans ce qu'il nous donne à sentir, dans l'abrupte rugosité du cheminement musical, la matérialité de la pensée même. C'est une sorte de voyage initiatique en terre d'inouï, une aventure intellectuelle, sensuelle et sonore à vivre et revivre (car le disque ne livre pas tous ses secrets à la première écoute). Magistral !

Xavier Prévost

 

Un court extrait de chaque plage en suivant ce lien :

http://www.intaktrec.ch/player_intakt290.html  

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15 août 2017 2 15 /08 /août /2017 16:36

Deux disques ont paru simultanément au début de l'été, deux trios sous ce label aventureux, deux conceptions distinctes de la liberté musicale, unies par leur différence même. Les musiciens des deux trios ont, entre eux, des connivences antérieures et croisées, mais chacun des deux CD relève d'une démarche distincte.

ALEXANDRA GRIMAL/BENJAMIN DUBOC/VALENTIN CECCALDI

«Bambú»

Alexandra Grimal (saxophones ténor & soprano, voix), Valentin Ceccaldi (violoncelle), Benjamin Duboc (contrebasse, voix)

Malakoff, 24-26 mai 2015

Ayler Records AYLCD – 152 / www.ayler.com

Un avant-ouïr

http://www.ayler.com/grimal-duboc-ceccaldi-bambu.html

 

Autour d'Alexandra Grimal, qui improvise aux saxophones, chante et lit très librement des fragments de textes du plasticien italien Giuseppe Penone (Respirer l'ombre, Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, 2009), la contrebasse de Benjamin Duboc et le violoncelle de Valentin Ceccaldi tissent des voix concertantes, dans la tension vive de l'instant. Les échappées solitaires, quand elles surviennent, ne sont qu'un moment d'une histoire collective, d'un geste commun, sorte de mains tendues vers une beauté qui se dérobe à peine avant d'advenir. La prise de son, très soignée, révèle la texture de chaque timbre avec une sorte d'immédiateté charnelle, totalement en phase avec le propos du trio, qui est aussi celui de l'artiste cité en référence, dans son rapport sensuel avec les œuvres de la nature, qui deviennent ainsi œuvres de l'art. Cette expérience musicale et sonore est en tout point fascinante : il suffit de s'y plonger sans réserve.

 

DAUNIK LAZRO/JEAN-LUC CAPPOZZO/DIDIER LASSERRE

«Garden(s)»

Daunik Lazro (saxophones ténor & baryton), Jean-Luc Cappozzo (trompette & bugle), Didier Lasserre (batterie)

Luzillé, 17-19 juin 2016

Ayler Records AYLCD – 150 / www.ayler.com

Un avant-ouïr

http://www.ayler.com/lazro-cappozzo-lasserre-gardens.html

 

Le trio rassemblé autour de Daunik Lazro procède d'une démarche radicalement autre, mais pas moins radicale. Trois improvisations collectives sont encadrées de compositions appartenant à l'histoire du jazz. Elles sont signées Duke Ellington (l'inoxydable Spohisticated Lady, et le plus secret Hop Head, de 1927, dans une version très très libre....), John Coltrane (Lonnie's Lament) et Albert Ayler (Angels). En deuxième plage se glisse un beau thème de Jean-Luc Cappozzo, déjà portée au disque : Joy Spirit. L'esprit de liberté tend à prévaloir, à l'extrême, qu'il y ait un support thématique ou que l'on évolue en terrain non balisé. La palette est large, du lyrisme le plus retenu à cette expressivité tonitruante dont le free jazz a ouvert la voie. Les nuances sont infinies (Ah les cymbales de Didier Lasserre !), et chaque instrument fait chanter tous les ressorts de sa dynamique la plus large. Au total, plus de confidences que de cris, mais toujours dans l'expressivité la plus intense. Et cette primauté de l'expression fait tout le prix de ce disque, comme du premier cité.

Xavier Prévost

 

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12 août 2017 6 12 /08 /août /2017 18:01

Absilone/Socadisc.

Crestiano Toucas, composition, accordéon, voix, Prabhu Edouard, percussions, tabla, voix, Amrat Hussain, percussions, tabla, voix, Thierry Vaillot, guitare.

 


Instrument mondial, s’il en est, l’accordéon se plaît dans tous les registres. Sous les doigts de  Crestiano Vasco, il est résolument planétaire. Pratiquant le Victoria, cher à Richard Galliano, il eut l’honneur de plaire au maître du New Tango. Tout comme le niçois, l’instrumentiste occitan d’origine portugaise conçoit son expression sans s’imposer de frontières. Il n’empêche : son penchant l’oriente vers l’univers latin. Dans son dernier album, il ouvre son spectre, « sur les traces de Vasco de Gama ». La petite formation prend des accents ibériques avec le guitariste Thierry Vaillot et indiens avec les percussionnistes et joueurs de tabla Amrat Hussain et Prabhu Edouard . L’ensemble mariant parties instrumentales et vocales sans se départir d’une pulsation rythmique permanente. C’est un périple qui nous mène sur tous les continents, avec un plaisir de jouer communicatif.    

Jean-Louis Lemarchand

Toucas Trio (Toucas-Vaillot-Hussain) sera en concert le 23 août à La Garde Adhémar (26)pour le festival  Parfum de Jazz (parfumdejazz.com) avec en première partie le trio de Ludovic Beier.

 

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10 août 2017 4 10 /08 /août /2017 18:08

Charles Lloyd (saxophone ténor, flûte alto), Jason Moran (piano), Reuben Rogers (contrabasse), Eric Harland (batterie)

Montreux, 30 juin 2016 & Santa Fé, 29 juillet 2016

Blue Note 006 02557 649888 5 / Universal

 

Ce 'Nouveau Quartette' est en fait le même que celui du disque «Rabo de Nube» publié en 2008 par ECM. Mais cela n'enlève rien à la qualité de la musique ici proposée ; bien au contraire. On est manifestement en présence d'un groupe en parfaite osmose, rôdé par une décennie d'échanges. Capté en concert, à Montreux (la première plage, Dream Weaver, un souvenir de 1966, avec Keith Jarrett, Cecil McBee et JackDeJohnette) et à Santa Fé (Nouveau Mexique) pour les six autres plages, ce disque est une sorte de travelling thématique sur le répertoire de Charles Lloyd, de Passin Thru, gravé en 1963 au sein du quintette de Chico Hamilton, et How Can I Tell You (sur son premier album en leader, «Discovery», en 1964), jusqu'à la pièce conclusive, toute récente. On aura sans doute le droit de préférer sa magnifique sonorité voilée, au sax ténor, à ses timbre et phrasé mal assurés à la flûte, mais assurément ce disque est un grand témoignage de l'art singulier de ce musicien, ici magnifiquement entouré, comme naguère dans le groupe de 1966-69 avec Jarrett et consorts. Jouage intense, solistes de haut vol (et Jason Moran culmine !) : c'est un sacré bon disque qui rend justice à Charles Lloyd, dont quelques épisodes phonographiques précédents avaient été assez décevants.

Xavier Prévost

 

Un extrait du CD : le thème-titre sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=ADoQgN_4Llo

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