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5 février 2018 1 05 /02 /février /2018 22:56

Sinne Eeg (voix), Jacob Christoffersen (piano), Larry Koonse (guitare), Scott Colley (contrebasse), Joey Baron (batterie) + Warny Wandrup, Lasse Nilsson, Jenny Nilsson (voix additionnelles)

Brooklyn, 12-13 janvier 2017

Stunt Records STUCD 1712 / Una Volta Music

 

Décidément la chanteuse danoise s'impose par ses très grandes qualités : voix, expressivité, interprétation, composition, improvisation, textes, tout respire le talent de haut vol, et se confirme dans l'extrême faculté d'affronter les standards (4 plages sur 10) en renouvelant l'approche et en apposant sa griffe. What Is This Thing Called Love est rajeuni dans un dialogue avec les balais de Joey Baron, et avec un scat d'une fraîcheur agile, sans esbroufe, rejoint par le piano (un peu 'à la Tristano') et la basse. Falling In Love With Love, avec le renfort de la guitare, magnifie le rythme souple de la valse tout en suivant le tempo cursif du jazz. I'll Remember April et Anything Goes offrent aussi des traitements inédits et confirment la formidable faculté de rénover un patrimoine. Quant aux thèmes originaux, d'un très grande diversité (ici un peu soul, là d'un lyrisme poignant chargé des douleurs du monde, ailleurs évoquant un climat de comédie musicale qui serait 'pur jazz', ou encore une ballade sinueuse qui ne déparerait pas dans le répertoire de Joni Mitchell....), ils sont d'un niveau remarquable. La chanteuse a emmené avec elle à New York son fidèle pianiste, pour le confronter à trois jazzmen de là-bas : rencontre ô combien féconde. Tout est bon dans ce disque : on se précipite !

Xavier Prévost

Concert en duo avec Jacob Christoffersen le 8 février à l'Échiquier de Pouzauges (Vendée) et le 9 à Paris au Sunside

Une plage sur Youtube

https://www.youtube.com/watch?v=SIM6mYcRi_k

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5 février 2018 1 05 /02 /février /2018 16:58
Henri TEXIER Sand Quintet   SAND WOMAN
 
 

HENRI TEXIER
SAND WOMAN
Label Bleu / L'autre Distribution
Sortie 2 février 2018
 
Notre contrebassiste breton au calot rond a profité du double anniversaire de l'Europa Jazz Festival  qui fêtait ses trente ans et de son premier label JMS sur lequel il avait enregistré en solo il ya quarante ans, pour mettre au point un de ses projets malins dont il a le secret. Ecrire un nouveau chapitre d'une histoire musicale qui a débuté en 1967 et créer un autre de ses "orchestres" utilisant l'alchimie entre les acteurs de cette nouvelle dramaturgie. 
Le thème est venu du constat simplement accablant que 80% des plages du monde ont déjà disparu pour récupérer le sable, ressource naturelle des plus précieuses. La femme est un fil conducteur toujours passionnant à suivre, un sujet incontournable dans une narration. Le titre était alors tout trouvé: c'est "Sand Woman" que rend magnifiquement l'illustration de la pochette, un collage de Prévert, le mouvement des marées, des plus étonnants, tout à fait raccord avec le projet du contrebassiste. Où l'on voit que le poète n'avait pas que le talent d'agencer les mots.
Texier explique parfaitement dans ses notes de pochette pourquoi il a eu l'idée de reprendre des thèmes joués autrefois en solo, inédits en orchestre donc, pour laisser le jazz advenir avec un  nouvel équipage, un quintet de charme et surtout de choc.
"Remettre ses pas dans de lointaines traces... aller plus loin , toujours plus loin mais pas forcément au delà." 
Reprendre les thèmes, autrement, continuer à creuser le sillon inlassablement avec d'autres idées, n'est-ce pas une des constantes du jazz? Ainsi du thème "Amir",  premier thème joué il ya 43 ans pour le label JMS, qui est repris aujourdhui en variant avec des passages à l'unisson où guitare et contrebasse sonnent comme un oud.
Sa réputation de mélodiste n'étant plus à faire, ni à remettre en question, on reconnaît immédiate ment la "signature"Texier, quoi de plus passionnant que de tenter l'exploration sonore avec la guitare de Manu Codjia, l'un de ses fidèles compagnons de route, d'associer les timbres de Vincent Lê Quang au soprano et ténor à ceux des clarinettes et sax alto de son fils Sébastien, qu'il qualifie joliment de compagnon "de bientôt toujours". Quant à Gauthier Garrigue, le batteur, rien que le nom évoque des sonorités intéressantes.
On entend donc  six compositions anciennes amplement développées par la grâce du jouage et de l'improvisation collectives, un blues lancinant et un "Indians" qui va chercher du côté d'un de ses grands succès sur Label Bleu, le formidable An Indian's week, à moins que ce ne soit le contraire, chronologiquement. Mais l'inspiration de Texier fait retour éternellement, défrichant en profondeur, sans jamais se lasser. Pour notre plus grand plaisir.   
 
sophie chambon       
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3 février 2018 6 03 /02 /février /2018 08:03
Mark Wade Trio  Moving Day
Mark Wade trio
Moving Day
Label  edition 46 
www.markwademusicny.com
Mark Wade (contrebasse), Tim Harrison (piano), Scott Neumann (drums)
Il est peut être l'un des contrebassistes actifs et remarqués de la scène jazz New Yorkaise, il n'en reste pas moins que Mark Wade demeurait jusqu'à ce second album Moving Day quasi inconnu chez nous. Et pourtant il a commencé il y a près de vingt ans. Il n'est devenu leader cependant qu'en 2015 avec Event Horizon.
Voilà une musique délicate qui pourrait passer pour fade si on ne  se pose pas pour l'écouter: aucune aspérité apparente, aucune violence rentrée ou explosive, une façon de rendre des sensations, voire des émois  perceptibles, par un jeu de couleurs et d'atmosphères bien dessinées, de se laisser aller à une rêverie qui remonte le temps comme dans ce "Midnight in the Cathedral".
Un trio équilibré où chacun joue sa partie, sans prédominance aucune, même si le fait que Mark Wade soit contrebassiste nous permette de l'entendre, un son clair et léger, une façon de faire chanter son instrument. Le piano est cristallin sans excès et impressionniste : une citation de Debussy dans "La Mer" confirme cette idée dans "The Bells"; quant au drive du batteur, constant et énergique, il restitue l'atmosphère des "marching bands" de la Nouvelle Orleans dans "The Quarter".
 
Les compositions sont de Mark Wade à l'exception de deux reprises bien connues, "A night in Tunisia" agréablement chahuté et surtout une revisitation de ce qu'il faut bien nommer une "scie", "Autumn Leaves" de notre cher Kosma. Le contrebassiste en fait quelque chose d'assez original, en laissant libre cours à son inspiration et à des références qu'il tisse, revivifiant le standard par des emprunts identifiables au bridge de "Maiden Voyage" de Herbie Hancock.
Du jazz "mainstream" qui ne manque pas de goût, dans une volonté  affirmée d'illustrer, dans de belles correspondances, sons et couleurs, textures et images. Ce qui s'opposerait presqu'au graphisme de la pochette, très "op art", signant la géométrie verticale de la "Grosse Pomme".
 
Sophie Chambon        
 
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28 janvier 2018 7 28 /01 /janvier /2018 15:22

Jean-Marie Machado (piano, piano préparé, tom basse, voix, composition), Keyvan Chemirani (zarb, udu, set de percussions, voix), Christian Hamouy (vibraphone, glockenspiel, tom contrebasse, cymbales, temple blocks, tam-tam, binsasara, voix), Marion Frétigny (marimba, bols japonais, tom basse, woodblocks, tam, cymbales, voix), Gisèle David (xylophone, chimes, grosse caisse, tom basse, tam, cymbales, glockenspiel, voix)

Aix-en-Provence, 30 août-1er septembre 2017

Hortus 151/ www.editionshortus.com

disponible également en téléchargement sur les plateformes : Quobuz, Amazon, Deezer, Spotify

 

Encore une proposition hors normes du pianiste compositeur Jean-Marie Machado, avec ce quintette pour piano et quatre percussionnistes, projet inspiré par la mémoire du regretté Nana Vasconcelos, avec lequel Jean-Marie a collaboré à plusieurs reprises. Autour de lui, qui est un musicien inclassable connu dans le jazz, et bien ailleurs, des percussionnistes tout aussi férus d'ailleurs, venus des musique traditionnelle, contemporaine ou symphonique. Et cet esprit d'ouverture va prévaloir dans cet ensemble de pièces créées en 2015 au Centre des Bords de Marne du Perreux, où le pianiste-compositeur est en résidence de compositeur associé, et conseiller à la programmation pour le jazz. Chaque pièce est porteuse d'un univers, et s'y mêlent les souvenirs des audaces rythmiques du début du vingtième siècle (Stravinski, Bartók, mais peut-être aussi le compositeur américain George Antheil, et son Ballet mécanique créé en 1926 au Théâtre des Champs-Élysées), les rebonds rythmiques des musiques vocales de l'Inde, le dépaysement sonore des percussions telles que la musique occidentale du vingtième siècle les a fantasmées, et surtout le goût des timbres, tel que l'instrumentarium choisi le laisse s'épanouir.

Il n'est que de se laisser porter, de plage en plage, par cette exploration musicale et sonore. Parfois le piano est absent. Et une autre plage est purement vocale, et un solo de piano conclut le CD. Les titres sont là comme des pistes, restituant peut-être la source d'inspiration, avec parfois ce sentiment que l'on nous égare, délibérément et avec un humour taquin, sur une fausse piste.... La prise de son est exemplaire, réalisée par l'équipe du studio de La Buissonne, justement renommé. Un disque à découvrir, puis à savourer dans le détail de ses multiples détours : Jean-Marie Machado n'a pas fini de nous surprendre.

Xavier Prévost


 

Le groupe sera en concert le 30 janvier à Paris au studio de l'Ermitage.


 

Un avant-ouïr sur YouTube et sur le site de l'artiste

https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=7OnGwLNt4YI 

www.jeanmariemachado.com


 

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28 janvier 2018 7 28 /01 /janvier /2018 11:01

PIERRE DE BETHMANN: «  Essais - Vol.2 »
Aléa 2018
Pierre de Bethmann (p), Sylvain Romano (cb), Tony Rabeson (dms)


Pour son volume 2, Pierre de Bethmann nous revient avec un petit bijou ! Un de ces monument dans l’exercice du trio jazz qui fera date sinon dans les belle pages de cette histoire, du moins dans la carrière du pianiste.
Il y a tout dans cet album ! Alors par quoi commencer ? Faut il parler de l’évidence qui semble couler sous les doigts du pianiste, qui s’exprime toujours dans la mesure et dans l’élégance ? Faut il parler de ce sens inoui de l’improvisation ? Sur des thèmes parfois connus, Pierre de Bethmann est ainsi capable de nous emmener sur des terres ignorées. Ainsi sur Je bois, de Boris Vian où le pianiste va loin, très loin sans jamais nous perdre un instant. Et que dire de cette façon de transcender l’anodin. De transfigurer de jolies mélodies ( Belle île en mer) qu’il amène au jazz avec brio. On avait déjà entendu un belle version jazz du Chant des Partisans dont Giovani Mirabassi en avait fait une belle oeuvre ( «  Avanti !). Pierre de Bethmann l’amène encore ailleurs.
Et il ne s’interdit rien, Pierre de Bethmann, Jusqu’à faire de Lascia La Spina ( de Haendel tiré de l’opéra Almira) une sorte de standard.
Il y a chez Pierre de Bethmann une forme d’explorateur des thèmes qu’il va fouiller dans les moindres recoins harmoniques pour se les approprier complètement. Toujours ancré dans les racines du jazz, qu’il joue en trio ou en solo, Pierre de Bethmann exprime ici un sens de l’improvisation intelligent et heureux à la fois. En l’entendant je pense à des illustres aînés comme Sony Clark, Red Garland ou comme Phinéas Newborn. Et parfois, osons-le du Bd Powell comme sur cette version de Miss Ann ( de Dolphy). C’est peu dire !
Et puisque l’on parle du trio, il faut souligner aussi le rôle incroyable de Tony Rabeson qui ose et prend des risques, qui bouscule aussi. Depuis combien de temps n’avait t-on pas entendu un batteur qui affirme autant sa présence sans dénaturer le trio, osant un jeu de cymbales comme un Jack de Johnette flamboyant ?
On vous le dit, il y a tout dans cet album. Il fera date.
Jean-Marc Gelin

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27 janvier 2018 6 27 /01 /janvier /2018 08:48

Inouïe Distribution 2018
Olivier Hutman (p), Yoni Zelnik (cb), Tony Rabeson (dms)


Il n'y a pas si longtemps Yael Angel avait un rêve S'attaquer à un répertoire bop réputé difficile.
C’est son amour pour cette musique qui l’a amené sur les traces de Trane, de Monk, de Shorter, Miles Davis et de tout ceux qui ont su faire du jazz, une musique aux harmonies complexes portée par le swing.
Et Yael n’a pas froid aux yeux et même une sacrée dose de culot pour s’attaquer à ces monstres sacrés et à ces thème souvent réputés inchantables au point de vouloir se les approprier et de mettre ses propres paroles sur des thèmes souvent complexes. So what revisité, Round midnight fascinant  ou encore Ophélia qui revit.

Dans son graal figure d’ailleurs le regretté Jon Hendricks qui reste en la matière une sorte de monstre sacré ( avec ses compères Lambert & Ross ou encore des Double Six).
Mais pour parvenir à ce beau travail le courage ne suffit pas. Il lui fallait aussi de grands talents d’arrangeuse et de direction pour mener à bien ce projet.
Mais cela ne suffisait pas non plus. Car pour faire chanter le jazz, encore faut il être ….une vraie chanteuse. Une chanteuse libre, capable de toutes les prises de risque. Une chanteuse prête à assumer son propos jusqu’au bout. Un interprète décomplexée. Une chanteuse libre.
Et c’est bien de cela dont il s’agit dans ce premier disque de Yael Angel où la chanteuse se permet à peu près tout. Interprète de ses propres paroles ( essentiellement en anglais), elle monte des les aigus avec un brin de folie, descend dans des graves à la sensualité envoûtante, scatte mais pas trop, emballe son monde et se met au service des merveilleux musiciens qui l’accompagne.
Comme souvent pour un premier disque, il y a la tentation de trop en faire. Mais comment aller au bout d’un projet un peu dingue sans risque ? Sans provoquer les émotions ?
On aimera ou pas mais  au bout du compte le pari est réussi. Celui d’un album qui surprend, qui interpelle et fait parler de lui.
Yael Angel ne va pas révolutionner le bop avec cet album. En revanche elle redonne  au bop chanté des lettres de noblesse. Celle du chant osé.
Chapeau !
Jean-Marc Gelin

 

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19 janvier 2018 5 19 /01 /janvier /2018 11:41
Jean Michel Bernard plays Lalo Schiffrin
Jean Michel Bernard plays Lalo Schiffrin
Cristal Records / Sony Records Entertainment
sortie 19 janvier 2018
www.cristalrecords.com
 
 
Cristal records réunit deux passions, le jazz et le cinéma via la musique de films. Le nom de Stéphane Lerouge, l'auteur de notes de pochette très substantielles, comme on les aime, n'est pas inconnu de ceux qui s'intéressent aux bandes originales et aux compositeurs au cinéma. Il faudrait aussi rendre hommage à l'infatigable Thierry Jousse qui ne perd jamais une occasion de parler de cinéma à la radio, sur France Musiques, dans Ciné tempo actuellement, le samedi à 13h.  C'est dans une autre émission disparue aujourd'hui, sur cette même chaîne, Cinéma Song que j'ai entendu la musique de Jean Michel Bernard pour la première fois. Ce talentueux pianiste/compositeur/orchestrateur  est reconnu par ses pairs,  de Ray Charles avec lequel il a tourné en quintet de 2000 à 2003 et évidemment  de Lalo Schifrin qui le considère comme un "soul brother", ce qui n'est pas rien. En France, c'est avec les films de Michel Gondry qu'il a commencé à se faire entendre ( La Science des Rêves et le formidable Soyez sympas, rembobinez, dont le générique trotte encore dans ma tête).
Vous saurez tout en allant sur le site de ce musicien pour musiciens, quasiment inconnu du grand public.
 
Pour l'heure, ce CD porte essentiellement sur un projet visant à reprendre en les réinterprétant les thèmes fameux de Lalo Schifrin, son idole et modèle. Il arrange les orchestrations des musiques de film composées par le pianiste argentin, l'un des plus importants compositeurs d'Hollywood, élève de Messiaen. On entend donc les thèmes de Bullitt, L'inspecteur Harry, Luke la Main froide, les Félins, Le Kid de Cincinnati, car Schifrin a entretenu des liens étroits avec Don Siegel, Clint Eastwood, John Boorman, Norman Jewison, Sam Peckinpah... Puisque les séries tendent à supplanter les films dans le coeur du public, rappelons-nous des génériques de séries-culte des années soixante et soixante dix : le survitaminé Mannix avec son roulement de tambours et timbales dès l'ouverture sur split screen.http://www.bing.com/videos/search?q=jean+michel+bernard+youtube+mannix&view=detail&mid=2F6B23DEEA2013517B072F6B23DEEA2013517B07&FORM=VIRE
 JM BERNARD reprendra en clôture ce thème si énergique, au piano seul, dans une relecture intimiste, ballade à quatre temps. Mission Impossible est incontournable. Avec Mannix, voilà bien "deux Everest d'efficacité et de sophistication mêlées". 
Egalement musicien de jazz, Lalo Schifrin a été l'un des accompagnateurs privilégiés du grand Dizzy Gillespie pour lequel il a composé la suite "Gillespiana" en 1961. On retrouvera avec plaisir les thèmes "Manteca" et "Chano" en hommage au percussionniste cubain des années quarante, à l'énergie atomique, Chano Pozo, pour veiller au respect de la note afro-cubaine. Quand Schifrin parle de JM Bernard comme de son "double", c'est que, chez ses musiciens, n'existe aucune ségrégation entre les styles de musiques mais un éclectisme savant, une interpénétration ludique et jouissive.  Des surprises aussi comme cette version vocale de The Fox, "the Night", chantée par l'épouse de JM Bernard, Kimiko. Pour réaliser ce CD, Jean Michel Bernard a fait appel à une belle et fine équipe, des musiciens classiques, d'orchestre (dont un corniste), des jazzmen formant "un combo abrasif" avec Pierre Boussaguet et François Laizeau en section rythmique. De nombreux invités dont Lalo Schiffrin lui même sur 3 titres, Kyle Eastwood sur "The Dirty Harry Suite" évidemment, le violoniste Laurent Korcia sur un tango épicé... la crème de la crème...
Point besoin de faire de longs discours, mettez ce disque dans votre lecteur et vous embarquez pour une heure de musiques et d'images qui ont bercé notre imaginaire. Une musique lumineuse ancrée dans l'harmonie jazz et dans les rythmes latins, ainsi que la tradition classique. Une vision de la musique joyeuse et réfléchie. Tout ce qu'on aime...
 
Sophie Chambon   
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8 janvier 2018 1 08 /01 /janvier /2018 10:55

Enrico Pieranunzi (piano), Mads Vinding (contrebasse), Alex Riel (batterie)

Copenhague, Jazzhouse, 11 novembre 1997

Stunt STUCD 17072 / Una Volta Music


 

Sous titré «Mads Vinding Trio Live in Copenhagen 1997», c'est un enregistrement de concert contemporain du disque publié par le même label sous le nom de Mads Vinding et intitulé «The Kingdom (Where Nobody Dies)», disque qui avait connu une belle reconnaissance. Ce trio est en effet exceptionnel, qui associe le pianiste italien à deux figures danoises de la scène européenne : Mads Vinding, l'un des contrebassistes favoris de Martial Solal, et de bien d'autres ; et Alex Riel, qui a joué avec plusieurs générations de jazzmen américains, de Don Byas et Ben Webster à John Scofield en passant par Bill Evans, Kenny Drew, Dexter Gordon, Jackie McLean, Wayne Shorter.... C'est dire que l'on est en présence de Maîtres de l'idiome, qui pourtant ne se contentent pas de rejouer l'histoire dans sa version formolisée. C'est très vivant, dès les premières secondes, avec une version de Yesterdays qu'inaugure une introduction mystère et qui prouve, une fois de plus, que l'on peut jouer les standards sans redonder. C'est un enregistrement sur le vif, avec la liberté que procure ce type de circonstance, et les trois partenaires ne se privent pas de l'espace offert par ce contexte. Standards, oui, mais au sens large, avec ce standard du jazz créé par son compositeur, Gary Peacock, dans l'un de ses premiers disques en leader («Tales of Another», 1977) dont le pianiste était.... Keith Jarrett : il s'agit de Vignette, dans une vision renouvelée qui n'a rien à envier à la version princeps. Après une relecture incroyablement inventive de Jitterburg Waltz, le trio s'offre un détour par une très belle composition de Pieranunzi, avant de replonger dans les classiques : My Funny Valentine (version revisitée, et avec de beaux contrepoints) , My Foolish Heart (métamorphosé aussi), et de conclure sur une chanson assez peu jouée par les jazzmen (parmi lesquels Coltrane, Tal Farlow, Laurent Coq.... et Pieranunzi déjà en 1984), If There Is Something Lovelier Than You, de Howard Dietz et Arthur Schwartz (et non de Howard Schwartz comme l'indique le verso du CD....). Tout cela respire l'invention, avec de beaux solos de basse, des improvisations inspirées du pianiste, et une pertinence du jeu de batterie qui fait regretter que, parfois, l'enregistrement ne lui donne pas davantage de présence. Beau trio, et un enregistrement qu'il aurait été vraiment dommage de condamner aux outrages de l'oubli.

Xavier Prévost

 

Enrico Pieranunzi sera présent à Paris, avec un autre trio (Diego Imbert & André Ceccarelli) le samedi 13 janvier 2018 à Radio France (20h, au studio 104) pour un concert 'Jazz sur le Vif' ; en première partie du concert le duo Claudia Solal-Benjamin Moussay

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6 janvier 2018 6 06 /01 /janvier /2018 18:51

THE WEST LINES « The Eye »

Cédric Piromalli (orgue Hammond B3), Antoine Polin (guitare), Étienne Ziemniak (batterie)

Tours, 2017

Bruit Chic BC 009 / http://www.bruitchic.com/

Dans la profusion automnale de parutions, ce disque était à remarquer, et à plus d'un titre : d'abord parce que ce groupe régulier, peu enclin à multiplier les enregistrements, frappe par la qualité de sa musique, dans le format (abondamment illustré dans les années 50 à 70) du trio orgue-guitare-batterie ; et aussi parce que c'est une nouvelle occasion d'entendre à l'orgue l'un des pianistes les plus originaux des deux décennies écoulées, hélas mal connu et reconnu, en dépit de ses très grandes qualités.

Les compositions sont signées par le guitariste et le pianiste, et c'est ce dernier qui ouvre le CD avec une sorte de choral justement intitulé Vieille Europe, qui respire la nostalgie des marches harmoniques de la musique sacrée des siècles passés telle que la chérissait le Vieux Continent. Après une intro de batterie qui installe le balancement, pour planter le décor, l'orgue pose des accords très ecclésiaux et la guitare, gommant les attaques, surgit comme une pure vocalité. Évidemment cela tourne immédiatement plein jazz, mais avec cette forme de lyrisme élaboré qui échappe aux clichés. Le son de l'orgue ne renie pas la tradition du genre, mais l'entraîne volontiers vers d'autres horizons, comme le fit naguère Larry Young. Pour le thème suivant le guitariste, signataire de la composition, s'offre une intro qui respire le cheminement sinueux des standards, avant un exposé en trio qui explore des intervalles peu convenus, comme aimait à le faire Thelonious Monk : et l'on débouche sur un blues tourmenté qui ne lésine pas sur les altérations. Bref il y a de la (très bonne) musique à écouter, suivre et vivre dans l'intensité de l'instant. Le thème qui lui succède, encore signé par Antoine Polin, résonne comme un clin d'œil dissonant aux Nuages de Django Reinhardt. Et ainsi de suite. Cette musique, pratiquée dans une instrumentation canonique, se garde bien de l'enfermement dans les codes, codes qu'elle traite, à distance, avec la liberté qui sied au geste artistique. Bref, si vous êtes curieux de savoir ce que l'on peut, encore aujourd'hui, extraire de cette formule instrumentale adoubée par l'histoire, tendez l'oreille !

Xavier Prévost 

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5 janvier 2018 5 05 /01 /janvier /2018 10:41
KAMI OCTET SPRING PARTY
 
KAMI OCTET
Spring Party
Pascal Charrier(g), Julien Soro (as), Léo Pellet (tb),Yann Lecollaire (cl,bcl), Christine Bertochi (voc),Bruno Ruder (p), Frederic B.Briet (cb), Nicolas Pointard (dms) 

Nouvelle aventure ou aventure qui se poursuit pour Pascal Charrier qui présente avec ce Spring Party sorti chez Neuklang records, un nouvel et excitant répertoire?
Formation en évolution continuelle, créée en 2004 sous forme de quintet http://lesdnj.over-blog.com/article-kami-quintet-human-spirals-102849717.html
par le guitariste Pascal Charrier, Kami est devenu octet et s'est donc étoffé avec des solistes venus enrichir la palette sonore. Les climats voulus par le compositeur, les thèmes choisis voient dominer orchestration et direction d'ensemble. Kami , c'est moi, mon ressenti, ma pensée politique , mon histoire.
Si Kami a suivi un certain chemin en quatorze ans, la marche est au centre des préoccupations actuelles de son auteur qui lie l'écriture musicale à une pensée politique et poétique. L'image de la pochette prend alors sens, s'anime de pieds en action qui marchent sur des galets tout en étant frôlés, caressés de papillons. Exils, migrations, quête désirée ou forcée d'un "ailleurs", tel est le fil conducteur de cet album pour nouvelle formation. Une marche répétitive qui conduit à la transe, un parcours transitoire qui correspond aux mouvements amples, amplifiés, soulignés par la voix, les cris  "qui apportent de l'air" de Christine Bertochi, instrumentiste à part entière. On ressent très bien la force qui décline, l'épuisement des corps dans ces envolées lyriques et dures de l'orchestre dans le justement nommé "la marche". Un son massif, lourd et rageur qui peut aussi se faire léger, aérien au sein d'un même titre, comme dans ce "spring party" qui fonce droit vers le drame avec un sens du mystère qui transmet excitation et frissons...
Tous les musiciens partagent un beau sens du collectif : on apprécie les interventions solistes très équilibrées, "essentielles" et jamais solitaires des trombone, clarinette et sax alto, au cœur de cette construction sonore; le piano subtil est toujours bienvenu pour créer une tension frémissante dans cette narration, la rythmique s'adaptant finement selon le climat voulu de profondeur, densité. Le leader ne se taille pas la part du lion mais ses interventions soulignent les effets recherchés de jeux sur les timbres et les couleurs créant des tableaux sonores différents pour chaque titre.  Le dernier "Fleurs" en bonus, va nous laisser une impression décisive.
Saluons une réelle réussite dû au travail abouti du compositeur et au choix d'une belle équipe qui joue un jazz actuel, vif et brillant.  ( A noter que Fred Maurin est de la partie, en coulisse).
 
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